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La réhabilitation des réseaux visitables : choisir les techniques adaptées aux dégradations constatées

03 octobre 2016 Paru dans le N°394 à la page 73 ( mots)
Rédigé par : Christophe BOUCHET de EDITIONS JOHANET

Les techniques de réparation et de réhabilitation des collecteurs visitables sont aussi nombreuses que les ouvrages auxquelles elles s’adressent. Associées les unes aux autres ou mises en œuvre isolément, elles per­mettent de faire face à un grand nombre de problématiques dont les dimen­sions sont tout à la fois techniques et financières. Bien que le marché soit en nette progression, les contraintes financières croissantes qui pèsent sur les collectivités, incitent trop souvent à l’attente, générant des travaux souvent plus lourds et des coûts plus élevés.

Il en va des réseaux d’assainissement comme de toutes les autres infras­tructures liées à la gestion de l’eau : ils constituent des investissements consé­quents et nécessitent une gestion rigou­reuse pour assurer une qualité de service optimale. Les enjeux liés à la gestion patri­moniale des réseaux d’assainissement sont lourds : ils concernent, en France, un linéaire de 329 000 km (eaux usées + eaux pluviales). Or, selon une étude réalisée par l’OIEau, 158.500 km posés avant 1967 devront être renouvelés avant 2027, repré­sentant un coût de 41 milliards d’euros !

En France, la réglementation propose des durées réglementaires d’amortissement de 50 à 60 ans pour les réseaux d’assainisse­ment. Mais en pratique, le taux de renouvel­lement actuellement observé conduit à des durées d’exploitation bien plus longues, pouvant atteindre 80, voire même 100 ans ou plus. Or, selon la même étude, près de 30 % du linéaire aurait plus de 50 ans.

Les défaillances, qu’elles soient fonction­nelles ou mécaniques, trouvent donc sou­vent leur origine dans l’ancienneté des réseaux eux-mêmes : fissuration, perfora­tion, casse, ovalisation… entraînant des pertes d’eaux usées dans les sous-sols ou à contrario le drainage d’eaux claires. Mais l’âge du réseau n’explique pas tout. « Les canalisations les plus anciennes ne sont pas nécessairement les plus dégradées », souligne Alexandre Lapeyre, Directeur Commercial chez Amiantit France. Cer­tains désordres sont liés à une concep­tion initiale inadaptée : matériaux inadap­tés, techniques de mise en œuvre défail­lantes, défaut de raccordement, mauvaise appréciation des débits, compactage non-conforme, contre-pente, charges roulantes imprévues… etc. Et le problème de la dégradation va bien au-delà de ces mani­festations physiques. «.Il concerne aussi les capacités effectives des équipements qui ne s’avèrent plus forcément compa­tibles avec les exigences de qualité et les objectifs du service.», comme le souligne Dominique Labeille, directeur technique chez HOBAS France.

Les défaillances, qu’elles soient fonctionnelles ou mécaniques, trouvent souvent leur origine dans l’ancienneté des réseaux.: fissuration, perforation, casse, ovalisation… entraînant des pertes d’eaux usées dans les sous-sols ou à contrario le drainage d’eaux claires.

Reste que dans tous les cas, ces défail­lances engendrent des dysfonctionnements importants, tant au niveau de la collecte qu’au niveau du traitement des effluents, rendant la mise en œuvre d’un programme de réhabilitation indispensable. Proprié­taires et exploitants se trouvent alors confrontés à un choix difficile : réparer, réhabiliter, ou encore remplacer. Un choix qui requiert un important travail préalable d’identification, de hiérarchisation et de priorisation des besoins, lequel passe par une bonne connaissance de l’état du patri­moine. Cette connaissance a progressé ces dernières années. Ce travail repose pour une large part sur le savoir-faire des exploi­tants. Dans ce cadre, le partage horizon­tal de connaissances, tel que pratiqué sur le forum FluksAqua, permet de faire appel à l’expérience de milliers de collègues et donc mieux hiérarchiser les priorités d’in­vestissement : des dizaines de milliards d’euros sont ici en jeu.

Le développement de la gestion patrimo­niale permet aux collectivités de peu à peu mettre en œuvre une approche pré­visionnelle de la réhabilitation du réseau d’assainissement tenant compte de l’état réel du réseau, de son environnement et… des stratégies financières permettant son entretien et son renouvellement. Car l’en­jeu est bien souvent financier. La baisse des dotations de l’État et les capacités d’in­vestissement de plus en plus contraintes des collectivités poussent à réparer ou à réhabiliter plutôt qu’à renouveler. Plus inquiétant encore, les réhabilitations sont plus souvent curatives que préventives, générant des travaux souvent plus lourds et des coûts plus élevés. « Même si les réseaux visitables peuvent faire l’objet de diagnostics structurels détail­lés et réguliers, on attend bien souvent la défaillance fonc­tionnelle pour intervenir » sou­ligne Alexandre Lapeyre, chez Amiantit. Avec pour objectif immédiat, la conservation des caractéristiques essentielles du réseau au détriment de son évo­lution, en termes de capacité par exemple. La méthodologie de diagnostic des réseaux et les outils de diagnostics associés se trouvent alors contrecarrée par les contraintes financières crois­santes comme le déplorent de nombreux professionnels.

Un guide pour prioriser les travaux et appréhender les investissements importants

Le guide sur la gestion patrimoniale des réseaux d’assainissement, publié par l’ASTEE, a pour objectif d’aider les collectivités en charge du service public de l’assainissement et du service public de gestion des eaux pluviales urbaines. Ceci afin qu’elles fixent les conditions minimales pour optimiser leurs investissements.

Ce guide construit une méthodologie pour prioriser les travaux et appréhender au mieux ces investissements importants et nécessaires, en s’engageant dans une démarche patrimoniale.

Il présente les outils permet­tant d’atteindre une bonne connaissance et une bonne surveillance du réseau, afin d’élaborer un descriptif détaillé des ouvrages d’assainissement, conformément au décret 2012-97 du 27 janvier 2012. Ces investigations conduisent à choisir les méthodes nécessaires au maintien en état des infrastructures d’assainis­sement tout au long de leur cycle de vie, en optimisant les coûts d’acquisition, d’exploitation ou de réhabilitation et en fournissant un niveau de service performant qui répond à la fois, aux besoins, en cohérence avec l’évolution des attentes des usagers, des tech­nologies disponibles, et du cadre réglementaire.

Il traite des objectifs de la gestion patrimoniale en assainissement, rappelle le cadre réglementaire, décrit la démarche de gestion patri­moniale et aborde les dimensions économique, financière et organisa­tionnelle de cette gestion patrimoniale.

Il est téléchargeable gratuitement à l’adresse : http://www.astee.org


Reste à définir ce que recouvre vraiment une réhabilitation. La norme NF EN 752 de 2008 défi­nit trois concepts. Le remplace­ment, qui consiste à construire un branchement ou un collecteur neuf, sur ou hors de l’emplacement d’un branche­ment ou d’un collecteur existant, la fonc­tion du nouvel élément intégrant celle de l’ancien. La rénovation, recouvre quant à elle les travaux intégrant l’ensemble ou une partie de la structure d’origine d’un bran­chement ou d’un collecteur grâce auxquels les performances sont améliorées. Quant à la réparation, elle remédie à des défauts localisés.

Ces concepts permettent de distinguer deux catégories de travaux.: les réhabili­tations, fréquemment programmées, qui touchent directement à la structure de l’ouvrage et les travaux courants, corres­pondant aux réparations. Généralement non programmés, ils permettent de faire face rapidement à des défaillances fonc­tionnelles.

Faire face rapidement à des défaillances fonctionnelles

Il est moins cher de rénover que de rempla­cer et encore moins cher de réparer que de rénover. En vertu de ce principe, les inter­ventions ponctuelles sur les réseaux d’as­sainissement sont fréquentes. Elles per­mettent de faire face à des désordres fonc­tionnels tout en gagnant un peu de temps avant la rénovation ou le remplacement. Par essence ponctuelles, ces interventions sont destinées à réparer des anomalies ou des défauts localisés tels que des branche­ments pénétrants, la présence de racines, des fissures circulaires ou longitudinales, des éclats, des joints non étanches ou déca­lés, voire des perforations ou des affaisse­ments…

Elles reposent largement sur les techniques traditionnelles de maçonnerie (enduits, bouchage fissures) ou par la projection d’enduits à base de ciments, de bétons structurants ou de formulations chimiques. « Les formulations, comme les techniques de mises en œuvre, évoluent régulière­ment », souligne Philippe Hénaut chez HERMES Technologie. L’entreprise pro­pose depuis plus de 20 ans des matériaux et des techniques adaptés aux spécifici­tés de réseaux d’assainissement permet­tant de répondre aux phé­nomènes de corrosion et à la nécessité d’imperméa­biliser ces ouvrages tout en améliorant les perfor­mances mécaniques. Des produits de plus en plus spécifiques, conformes à la norme EN 1504-3 rela­tive aux mortiers de répara­tion, capables de répondre à des niveaux d’exigences croissants. « La norme EN1504-3 n’est cepen­dant pas spécifique aux réseaux d’assainissement, on y trouve des contraintes qui ne sont pas adaptées à ces problématiques » sou­ligne  Philippe Hénaut qui préfère se référer à la norme DIN 19573 en cours de déploiement en Allemagne. « Cette norme est intéressante car elle est spécifique  à ce domaine très particulier qu’est l’assainissement. On y retrouve des contraintes que l’on ne retrouve que dans les réseaux d’assainissement comme par exemple la corrosion bio-sulfurique par l’H2S ou encore les résistances aux sulfates ». La problématique est réguliè­rement soulevée par les exploitants qui échangent, notamment sur FluksAqua, sur ces problèmes de corrosion et les types de béton à mettre en œuvre pour assurer leur tenue dans le temps dans ces milieux très agressifs. 

HERMES Technologie développe et propose des matériaux et des techniques adaptés aux spécificités de réseaux d’assainissement permettant de répondre aux phénomènes de corrosion et à la nécessité d’imperméabiliser les ouvrages tout en améliorant les performances mécaniques.

En réseaux visitables, l’application sur la surface interne de la canalisation d’un revêtement par enduit se fait par appli­cation manuelle, par voie mouillée à la lance, par projection ou encore par cen­trifugation. Le colmatage des fissures, des joints et des points de perforation se fait par injection ou par calfatage manuels. Le développement, ces dernières années, de mortiers à liants hydrauliques et de cou­lis de ciments applicables en eaux usées et dotés d’une protection anticorrosion adap­tée au type d’effluent, permettent de resti­tuer aux ouvrages toutes leurs fonctions en quelques heures.

C’est le cas des mortiers spéciaux Erge­lit® distribués par HERMES Technolo­gie qui ont été spécialement développés pour la réparation et la réhabilitation des ouvrages maçonnés ou en béton. Anticor­rosion, résistants à l’H2S (classes d’expo­sition XA3 et XBSK), ils sont associés à des techniques de projection spécifiques permettant une remise en eau en quelques heures. HERMES Technologie a par ail­leurs développé un procédé semi-auto­matique reposant sur une centrifugation horizontale via un chariot de projection. Autonome en énergie et contrôlé en par­tie depuis l’extérieur, ce procédé peut être mis en œuvre avec les mortiers Ergelit KS sur des ouvrages circulaires, ovoïdes ou en fer à cheval de DN 700 à 2 500 mm. « La technique de centrifugation per­met d’apporter, avec une épaisseur de 1 à 1,5.cm de mortier, une protection effi­cace et durable contre la corrosion et une imperméabilisation de l’ouvrage à 5 mètres de colonne d’eau », souligne Phi­lippe Hénaut. HERMES Technologie déve­loppe également des techniques complé­mentaires comme par exemple la reprise préalable de joints par extrusion. « Sur des canalisations maçonnées, lorsque les joints sont très creux, il peut être intéressant, dans le cadre d’une application centimétrique de mortier qualitatif, de remplir préalablement les joints en pom­pant un mortier que l’on extrude dans le joint ». La technique a été mise en œuvre à Cahors (46) sur une plus d’une centaine de mètres dans le cadre de la réhabilitation d’un T180 de 500 mètres ainsi qu’à Hague­nau sur 200 mètres d’un T175. Elle permet d’aller encore plus loin dans la réhabilita­tion en prenant en compte l’ensemble des problématiques d’un ouvrage.

Kerneos a développé SewperCoat®, un mortier à base d›aluminates de calcium composé de granulats synthétiques projeté avec des équipements usuels. Posé en un seul passage, il ne nécessite pas d›apprêt ni de treillis de fibres de verre.

« Les points les plus importants pen­dant les phases d’applications sont : l’ab­sence d’humidité, la bonne préparation des bétons.: ré-agréages et éventuel pri­maire d’accroche, la bonne application des tissus “mat” et des résines, l’épaisseur de la couche époxy de finition, ainsi que le respect des temps de séchage », précise Tonino, l’un des 3.000 exploitants présents sur FluksAqua. Breizheau, lui aussi contri­buteur, précise que « la détermination de la sévérité du milieu (concentration en ions agressifs, pH, risque de condensa­tion d’eaux pures et lixiviation) néces­site une analyse chimique détaillée afin de déterminer le meilleur choix des maté­riaux de réparation ».

Réhabiliter le radier d’un collecteur visitable en améliorant ses caractéristiques hydrauliques

ACO propose depuis plus de 20 ans une gamme de cunettes en Béton Polymère destinées à la réhabilita­tion des radiers des ouvrages visitables.

« La pose de cunettes en Béton Polymère permet de rénover le radier dégradé par l’abrasion et la corrosion tout en augmentant les capacités hydrauliques et l’étanchéité de l’ouvrage », souligne Thomas Gau­debert, Chef de marchés chez Aco.

Les cunettes sont proposées dans toutes sortes de profils de collecteurs : coupes transversales ovales, formes asymétriques, coupes transversales circu­laires, etc. Elles sont proposées en pièces monobloc de grande longueur afin de limiter les joints ou en éléments d’un mètre pour faciliter leur manipulation dans les puits d’accès et ouvrages restreints. « Notre bureau d’études est également capable d’étudier des profils spécifiques pour répondre aux contraintes de chaque chantier en termes de dimensions ou de formes, en développant par exemple une cunette demi-ronde, une cunette dotée d’une banquette intégrée ou encore une cunette en V ».

Les propriétés du Béton Polymère, mélange de matières minérales liées par une résine thermodur­cissable, confèrent au nouveau radier une résistance accrue à l’abrasion (indice CNR 0,95) et à la corro­sion, ainsi qu’une robustesse mécanique face à la compression. Étanches dans la masse, leur flexion est 2,5 fois supérieure à celle du béton traditionnel.

La pose peut être réalisée collée par mortier sur l’ancien radier ou encastrée pour conserver, voire amé­liorer la capacité hydraulique de l’ouvrage. « Dans tous les cas, les légères pertes de sections occasionnées par une pose collée au sein du collecteur, sont largement compensées par les pro­priétés du Béton Polymère, notamment par les caracté­ristiques hydrauliques de la surface lisse intérieure qui permet d’améliorer les écoulements », affirme Thomas Gaudebert. Aco a ainsi fourni près de 2.200.ml de cunettes en Béton Polymère pour la rénovation d’un collecteur unitaire U200/105 et U230/130 au sein de la nouvelle ZAC du quarter de la Folie à Bobigny (93). Associée à une restructuration mécanique de l’ouvrage par injection de coulis de ciment et à une réhabilitation des voûtes par projections de mortier, le chantier a permis de rénover intégralement l’ouvrage en moins de 36 mois.



De son côté, Kerneos a développé Sew­perCoat®, un mortier à base d’aluminates de calcium composé de granulats synthé­tiques projeté avec des équipements usuels. Posé en un seul passage, il ne nécessite pas d’apprêt ni de treillis de fibres de verre. SewperCoat® débute son durcissement en 6 à 8.heures, pour atteindre plus de 40 MPa en 24 heures. Mais il est possible d’obtenir un durcissement en 30 minutes lorsque des contraintes opérationnelles l’imposent, ou lorsqu’il est intéressant d’éviter les coûts de dérivation d’un by-pass. SewperCoat® intègre un effet bactériostatique qui réduit la production d’acide par les bactéries, inhibant ainsi le processus de corrosion. Testé par l’IFSTTAR sur le réseau du Syn­dicat Intercommunal du Bassin d’Arca­chon en deux points classés “XA2” et “XA3” en raison d’une teneur en H2S de 96 ppm avec des pics supérieurs à 300 ppm, le pro­cédé a montré son efficacité en réhabilita­tion d’ouvrages soumis à la corrosion H2S, tout comme en “revêtement” de protection lorsque les conditions excèdent la classe XA3. Il est applicable en regards, puits de relevage, stations de pompage, tuyaux et collecteurs ainsi qu’en stations de traite­ment des eaux usées.

Afin d’assurer la stabilité des réfections, Colive, contributeur FluksAqua, conseille de « procéder à des carottages pour ana­lyser la profondeur de pénétration du pol­luant, puis de réaliser une hydrodémo­lition sur la profondeur souhaitée avant de reconstruire par application de résine. Un chevillage sous la résine peut égale­ment éviter au produit de se décoller ».

Les mortiers techniques de réparation tendent à se spé­cialiser. « Plus qualitatifs, plus spécifiques, ils se subs­tituent avantageusement aux restructurations sys­tématiques avec des mor­tiers grossiers de 5 à 7 cm d’épaisseur tout en opti­misant les diagnostics et les dimensionnements », comme le note Philippe Hénaut. Réhabiliter un col­lecteur en le protégeant de la corrosion tout en réduisant sa section le moins possible pour préserver sa capacité hydraulique reste l’enjeu pré­pondérant.

Dans les cas où il est néces­saire de procéder au renforce­ment structurel de l’ouvrage (soit du fait d’une dégrada­tion trop importante au fil du temps, soit du fait de l’ajout de charges supplémentaires sur l’ouvrage (comme l’installation d’une ligne de tramway, par exemple…)), la mise en œuvre de ce type de mortiers (projeté sur l’ouvrage par voie mouillée) est éga­lement pertinente. Le plus souvent, il est alors mis en place une armature de treil­lis soudé mais employer des fibres métal­liques dites « amorphes » telles les Fibra­flex de Saint Gobain Seva peut également s’avérer pertinent : souples et totalement insensibles à la corrosion y compris en milieu aussi agressif que les réseaux d’as­sainissement, elles se substituent au treil­lis pour conférer au mortier les perfor­mances mécaniques requises (ceci pouvant désormais même être modélisé par note de calcul préalable). Le chantier gagne ainsi en pénibilité et délai de mise en œuvre et l’ouvrage réhabilité en durée de vie car n’ayant à subir aucune dégradation ulté­rieure liée à la corrosion des aciers…

Pour traiter joints et fissures en restau­rant l’étanchéité du collecteur, Sika, ParexLanko, Weber, Max Perlès &Cie ou encore Pci proposent également des poly­mères thermodurcissables résistants à la corrosion biogénique. Les additifs et adju­vants se développent également.

Les raccords multimatériaux FLEX-SEAL Plus® développés par Norham permettent de réaliser des réparations en urgence ou l’assemblage de conduites de matériaux et de diamètres différents.

Soucieux de promouvoir leurs matériaux, les fabricants de canalisations proposent également des solutions adaptées permet­tant de faire face aux détériorations. Saint Gobain PAM propose ainsi des solutions de réparation dédiés à la réparation de tuyaux endommagés par manchage externe : poro­sités, fissures, fuites ou casses franches. Multi-matériaux, ces manchons peuvent s’appliquer sur des tuyaux de fonte grise, fonte ductile, fibre-ciment, voire sur des tubes en acier et PVC. De même, des rac­cords multi-solutions ont été dévelop­pés par Norham ou Norma Group pour la réparation en urgence ou l’assemblage de conduites de matériaux différents et de dia­mètres différents, pour l’assainissement et les évacuations gravitaires.

Les techniques de réparation tradition­nelles par injection ponctuelle d’étanche­ment, avec ou sans manchon, profitent aussi du développement de nom­breux types de résines ou de coulis telles que les résines époxydiques, acryliques ou polyuréthanes.

Le chemisage total consiste à introduire dans le collecteur une chemise pré-imprégnée de résine. La chemise, étanche et restructurante, est plaquée contre la canalisation avant d’être polymérisée.

Le chemisage partiel par manchon­nage ou gainage (150 à 600.mm) présente le double avantage d’étan­cher tout en réparant de façon structurante. Il est mis en œuvre lorsqu’il faut faire face à la répara­tion des fissures circulaires, cas­sures, perforations, joints déboîtés, emboîtements insuffisants, épau­frures, etc. Classiquement, une manchette en composite impré­gnée de résine thermodurcissable, est introduite dans la canalisation, à l’aide d’un manchon gonflable. Elle est plaquée contre la paroi défectueuse, par mise en pression du manchon. Une polymérisation, par chauffage du manchon, per­met de durcir la résine pour assu­rer la solidité et l’étanchéité de la réparation. Le manchon est ensuite dégonflé et retiré. La technique est couramment mise en œuvre par Axeo, Atlantique Réhabilita­tion, M3R, Sade, Telerep ou encore Hydrovide avec son célèbre pro­cédé ASS, applicable sur des canalisations de diamètre 150 à 600 mm en ciment, PVC, grès… etc.

Elle est, avec le tubage, de plus en plus sou­vent mise en œuvre dans le cadre de réha­bilitations en continu, par essence pro­grammées, qui peuvent dans certains cas toucher à la structure de l’ouvrage pour en restaurer les caractéristiques mécaniques.

Réhabiliter en restaurant les caractéristiques mécaniques de l’ouvrage

La norme NF EN 752 définit la réhabilita­tion comme « toute mesure entreprise pour restaurer ou améliorer les performances d’un réseau d’évacuation et d’assainisse­ment urbain ». Elle est réalisée par une action ou une combinaison d’actions telles que remplacement, rénovation ou répara­tion de composants ou d’ouvrages. « Mais pour être considérée comme restructu­rante, une solution de rénovation doit atteindre un niveau de performance éta­bli par calcul conformément aux Recom­mandations pour la Réhabilitation des réseaux d’Assainissement publiées en 1998 par l’ASTEE », souligne Dominique Labeille chez HOBAS.

La gaine Alphaliner UP de RelineEurope, spécialement conçue pour la rénovation des collecteurs d’eaux usées, permet de rénover jusqu’à 300.m de canalisations par jour. Des variantes comme l’Alphaliner1500 ou la nouvelle gaine Alphaliner1800 ont été optimisées
pour la réhabilitation de grands profils.

Plusieurs techniques répondent à ces exi­gences.

C’est le cas de la réhabilitation de canali­sation par chemisage, à laquelle s’in­téressent un nombre croissant d’ex­ploitants, comme en témoignent leurs échanges sur le forum d’entraide tech­nique FluksAqua. « Les exploitants présents sur notre forum partagent de très bons retours d’expérience sur ces travaux sans tranchées », indique ainsi Olivier Le Marois, Président de la start-up à l’origine de cette pla­teforme dédiée aux exploitants de l’eau et de l’assainissement. Parmi ces différentes techniques, le chemi­sage total consiste à introduire dans le collecteur une chemise pré-impré­gnée de résine. La chemise, étanche et restructurante, plaquée contre la canalisation avant d’être polymérisée. Adaptée à des tirs de longueurs impor­tantes, la technique permet de garan­tir l’étanchéité et la restructuration d’un collecteur de regard à regard, ou entre deux ouvrages de visite en lui redonnant son intégrité structurelle. Les efforts et contraintes sont repris par la chemise, les caractéristiques mécaniques de l’ancienne canalisa­tion étant considérées comme nulles. Sur le marché, les procédés de chemi­sage total se différencient par 4 cri­tères : la résine employée (époxy, polyester ou vinylester), la gaine (feutre ou fibres de verre), la mise en œuvre (traction ou inver­sion) et la polymérisation (électrique, eau chaude, vapeur ou UV). Parmi les entre­prises proposant ce type de réhabilita­tion, les exploitants présents sur FluksA­qua mentionnent notamment l’entreprise Barriquand du groupe Vinci, la Sade, Atlan­tique Réhabilitation ou encore Telerep du Groupe Sarp, avec de bons retours d’ex­périence.

Le tubage par enroulement hélicoïdal consiste à fabriquer in situ un tuyau par enroulement hélicoïdal d’un profilé spécial assemblé par clipsage ou à utiliser un tuyau préfabriqué, et à le pousser à l’aide d’un vérin à l’intérieur de canalisation dégradée. Procédé Damby de Telerep.

Pionnier de la technologie, Insituform® revendique par exemple plus de 22.000 km de gaine à travers le monde. Le chemisage repose sur une chemise en feutre, tractée ou inversée soit avec de l’air, soit avec de l’eau. La polymérisation est réalisée avec de la vapeur ou avec de l’eau chaude. Les tests effectués, associés à un recul de 35 années, confirment que le chemisage est un produit structurel caractérisé par une durée de vie supérieure à 50 ans. Parmi les autres avantages de la technique, une absence d’espace annulaire, une minimi­sation de la réduction de diamètre à l’in­térieur de la conduite et l’absence de rac­cords susceptibles de se dissocier dans le temps. Pour la réhabilitation de collec­teurs de moyens et grands diamètres (600 à 2 200 mm) Insituform a développé iplus Composite™, un produit renforcé par des fibres de verre et de carbone possédant une résistance et une rigidité supérieures à celles des produits de chemisage classique. Ses fibres de renforcement structural per­mettent par ailleurs de réduire de moitié l’épaisseur de la paroi de la chemise.

Pour la réhabilitation de grands diamètres, la fabrication, la logistique et la mise en œuvre sur chantier doivent être optimisés. Pour faciliter la manutention des gaines, qui peuvent peser jusqu’à plusieurs tonnes, des logistiques adaptées ont été mises au point. RelineEurope propose un produit équipé d’une couche d’usure définie avec un facteur sécuritaire de 2 par rapport à l’abrasion. Les nouveaux produits en déve­loppement augmentent le facteur sécuri­taire pour passer à 3. RelineEurope a par ailleurs développé des conteneurs inter­changeables. Sur le chantier, les gaines de grandes dimensions sont introduites dans la canalisation grâce à des tapis de trans­port mobiles. La gaine Alphaliner UP, spé­cialement conçue pour la rénovation des collecteurs d’eaux usées, permet de réno­ver jusqu’à 300 m de canalisations par jour. Des variantes comme l’Alphaliner1500 ou la nouvelle gaine Alphaliner1800 ont été optimisées pour la réhabilitation de grands profils. La technologie de durcissement par UV permet un durcissement rapide et économique sur le chantier. Elle a par exemple été mise en œuvre à Tournai (Bel­gique) sur un site inscrit au patrimoine de l’UNESCO pour la réhabilitation d’un ovoïde si dégradé que sa résistance méca­nique était considérée comme nulle. Après avoir envisagé une remise à neuf par chan­tier traditionnel, la ville a opté pour une réhabilitation sans tranchée reposant sur des gaines, du fait de la rapidité de la mise en œuvre, du peu de matériel requis sur le chantier ainsi que du faible impact pour les habitants du centre-ville. Le paramètre financier a également joué, le coût d’un chantier à ciel ouvert étant au minimum trois fois plus élevé. Après un reprofilage de la forme de l’ouvrage à l’aide de coques en PRV fournies par RelineEurope, un che­misage a été réalisé à l’aide d’un Alphali­ner1500 épaisseur 16,3 millimètres.

A Savigny-sur-Orge (91), la solution de tubage en tuyaux PRV HOBAS avec comblement du vide annulaire en coulis de ciment-bentonite a été retenue pour sa capacité à répondre à la fois à une ré-étanchéification et à une restauration des capacités mécaniques de l’ouvrage.

La souplesse des techniques de chemi­sage avec polymérisation en place per­met d’adapter la résistance du produit final aux contraintes effectives que subit le réseau à réhabiliter. Ces techniques sont celles qui ont le plus progressé ces der­nières années. « Elles sont bien adap­tées aux plans techniques et économiques jusqu’à un diamètre de 1.000 à 1.500 mm, souligne Alexandre Lapeyre chez Amian­tit. Au-delà, le nombre d’opérateurs capables de les mettre en œuvre sont peu nombreux, ce qui a pour effet de faire grimper les prix ».

C’est également le cas de certaines tech­niques comme, par exemple, le tubage par enroulement héli­coïdal manuel ou mécanisé. Couram­ment mise en œuvre sur des diamètres de 150 à 2.500.mm, elle consiste à fabriquer in situ un tuyau par enroulement hélicoï­dal d’un profilé spé­cial en PVC ou PEHD assemblé par clipsage à l’intérieur de canali­sation dégradée. L’espace annulaire, entre la canalisation existante et le tube est rem­pli par une injection de coulis dont l’épais­seur est fonction de la résistance méca­nique et de la section finale désirée.

Autre technique de réhabilitation restruc­turante, le re-tubage classique avec espace annulaire qui permet de réhabiliter rapi­dement des ouvrages circulaires. « Au droit d’un regard, on procède à l’ouver­ture d’une cheminée pour dégager l’accès au collecteur et descendre des éléments de 2 ou 3 m que l’on va riper à l’intérieur de l’ouvrage avant de les emboîter en avançant de regard en regard », explique Alexandre Lapeyre, Amiantit. Les tubes uti­lisés sont, selon les cas, semblables à ceux utilisés en tranchée ouverte, ou équipés de manchons spécifiques. 

HOBAS a ainsi développé une gamme spé­ciale relining qui se caractérise par une épaisseur de tube accrue pour pouvoir pla­cer le manchon dans l’épaisseur de la cana­lisation, supprimant ainsi toute excrois­sance. Le re-tubage, de plus en plus uti­lisé en hyper-centres urbains, permet de réduire considérablement les nuisances en surface. « Nous avons de nombreux pro­jets sur lesquels les regards sont espa­cés de 300 mètres », indique Alexandre Lapeyre chez Amiantit. Il est bien adapté aux diamètres importants, même si, au-delà de 3.000 mm de diamètre, le béton pro­jeté tend à devenir économiquement plus compétitif. Mais même en très grands dia­mètres, la solution re-tubage conserve des avantages. HOBAS a ainsi réalisé récem­ment un important tubage en DN 3600 sur 132 ml sous l’A81 entre Laval et Le.Mans. « La solution initiale reposait sur une réhabilitation en béton projeté, explique Dominique Labeille chez HOBAS. Mais à la suite de plusieurs inondations, le chan­tier a dû être arrêté, rendant impossible la mise en œuvre de la solution préconi­sée. Les délais du chantier étant incom­pressibles, l’entreprise a proposé en alter­native une solution de retubage à l’aide de tuyaux PRV en DN 3600 afin de rac­courcir les délais et permettre une exécu­tion rapide. La solution a été retenue et la réhabilitation a pu être menée à bien en moins de 4 mois ».

Une autre solution bien adaptée aux ouvrages non circulaires, également restructurante, consiste à réhabiliter un ouvrage non par tubage au moyen de coques en PRV. Réalisation Amiantit.

Une autre technique bien adaptée aux ouvrages non circulaires, également res­tructurante, consiste à réhabiliter un ouvrage par tubage au moyen de coques ou de demi-coques en PRV. Proposées par HOBAS, Amiantit France, Aco, Stanton Bonna ou Interface Développement, ces coques, fabriquées sur la base de moules existants ou sur mesure, associent faci­lité de pose, étanchéité et résistance méca­nique. « Bien que souples et légères, elles permettent de reprendre l’ensemble des charges en s’adaptant parfaitement au profil du collecteur à réhabiliter », sou­ligne Alexandre Lapeyre chez Amiantit qui rénove actuellement par ce procédé l’un des collecteurs principaux de la ville de Thionville sur un linéaire de 400 mètres (T120). HOBAS a procédé de son côté à la réhabilitation d’un aqueduc fragilisé par un trafic ferroviaire intense à la Chapelle de Guichay sur la ligne SNCF Paris-Marseille. Pour retuber l’ouvrage aux dimensions 1600 x 700 mm, HOBAS a fourni des coques NC Line dimensions 1250 x 530 mm, épais­seur 24 mm. « Cette réhabilitation qui visait à rétablir les capacités initiales de conduite d’eau de pluie dans des condi­tions de fiabilité et de sécurité optimales, a été menée à bien en un mois, souligne Dominique Labeille. La ligne de produits NC line étant titulaire d’une Attestation de Conformité Sanitaire, elle peut égale­ment être utilisée pour la réhabilitation des aqueducs gravitaires d’eau brute ou d’eau potable ».

Alexandre Lapeyre, Amiantit, souligne de son côté que la technique de réhabilitation par coques peut aussi être mise en œuvre de façon non structurante, par exemple pour améliorer l’hydraulique ou restaurer l’étanchéité d’un collecteur. 






















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