Les techniques de réparation et de réhabilitation des collecteurs visitables sont aussi nombreuses que les ouvrages auxquelles elles s’adressent. Associées les unes aux autres ou mises en œuvre isolément, elles permettent de faire face à un grand nombre de problématiques dont les dimensions sont tout à la fois techniques et financières. Bien que le marché soit en nette progression, les contraintes financières croissantes qui pèsent sur les collectivités, incitent trop souvent à l’attente, générant des travaux souvent plus lourds et des coûts plus élevés.
Il en va des réseaux d’assainissement comme de toutes les autres infrastructures liées à la gestion de l’eau : ils constituent des investissements conséquents et nécessitent une gestion rigoureuse pour assurer une qualité de service optimale. Les enjeux liés à la gestion patrimoniale des réseaux d’assainissement sont lourds : ils concernent, en France, un linéaire de 329 000 km (eaux usées + eaux pluviales). Or, selon une étude réalisée par l’OIEau, 158.500 km posés avant 1967 devront être renouvelés avant 2027, représentant un coût de 41 milliards d’euros !
En France, la réglementation propose des durées réglementaires d’amortissement de 50 à 60 ans pour les réseaux d’assainissement. Mais en pratique, le taux de renouvellement actuellement observé conduit à des durées d’exploitation bien plus longues, pouvant atteindre 80, voire même 100 ans ou plus. Or, selon la même étude, près de 30 % du linéaire aurait plus de 50 ans.
Les défaillances, qu’elles soient fonctionnelles ou mécaniques, trouvent donc souvent leur origine dans l’ancienneté des réseaux eux-mêmes : fissuration, perforation, casse, ovalisation… entraînant des pertes d’eaux usées dans les sous-sols ou à contrario le drainage d’eaux claires. Mais l’âge du réseau n’explique pas tout. « Les canalisations les plus anciennes ne sont pas nécessairement les plus dégradées », souligne Alexandre Lapeyre, Directeur Commercial chez Amiantit France. Certains désordres sont liés à une conception initiale inadaptée : matériaux inadaptés, techniques de mise en œuvre défaillantes, défaut de raccordement, mauvaise appréciation des débits, compactage non-conforme, contre-pente, charges roulantes imprévues… etc. Et le problème de la dégradation va bien au-delà de ces manifestations physiques. «.Il concerne aussi les capacités effectives des équipements qui ne s’avèrent plus forcément compatibles avec les exigences de qualité et les objectifs du service.», comme le souligne Dominique Labeille, directeur technique chez HOBAS France.
Reste que dans tous les cas, ces défaillances engendrent des dysfonctionnements importants, tant au niveau de la collecte qu’au niveau du traitement des effluents, rendant la mise en œuvre d’un programme de réhabilitation indispensable. Propriétaires et exploitants se trouvent alors confrontés à un choix difficile : réparer, réhabiliter, ou encore remplacer. Un choix qui requiert un important travail préalable d’identification, de hiérarchisation et de priorisation des besoins, lequel passe par une bonne connaissance de l’état du patrimoine. Cette connaissance a progressé ces dernières années. Ce travail repose pour une large part sur le savoir-faire des exploitants. Dans ce cadre, le partage horizontal de connaissances, tel que pratiqué sur le forum FluksAqua, permet de faire appel à l’expérience de milliers de collègues et donc mieux hiérarchiser les priorités d’investissement : des dizaines de milliards d’euros sont ici en jeu.
Le développement de la gestion patrimoniale permet aux collectivités de peu à peu mettre en œuvre une approche prévisionnelle de la réhabilitation du réseau d’assainissement tenant compte de l’état réel du réseau, de son environnement et… des stratégies financières permettant son entretien et son renouvellement. Car l’enjeu est bien souvent financier. La baisse des dotations de l’État et les capacités d’investissement de plus en plus contraintes des collectivités poussent à réparer ou à réhabiliter plutôt qu’à renouveler. Plus inquiétant encore, les réhabilitations sont plus souvent curatives que préventives, générant des travaux souvent plus lourds et des coûts plus élevés. « Même si les réseaux visitables peuvent faire l’objet de diagnostics structurels détaillés et réguliers, on attend bien souvent la défaillance fonctionnelle pour intervenir » souligne Alexandre Lapeyre, chez Amiantit. Avec pour objectif immédiat, la conservation des caractéristiques essentielles du réseau au détriment de son évolution, en termes de capacité par exemple. La méthodologie de diagnostic des réseaux et les outils de diagnostics associés se trouvent alors contrecarrée par les contraintes financières croissantes comme le déplorent de nombreux professionnels.
Reste à définir ce que recouvre vraiment une réhabilitation. La norme NF EN 752 de 2008 définit trois concepts. Le remplacement, qui consiste à construire un branchement ou un collecteur neuf, sur ou hors de l’emplacement d’un branchement ou d’un collecteur existant, la fonction du nouvel élément intégrant celle de l’ancien. La rénovation, recouvre quant à elle les travaux intégrant l’ensemble ou une partie de la structure d’origine d’un branchement ou d’un collecteur grâce auxquels les performances sont améliorées. Quant à la réparation, elle remédie à des défauts localisés.
Ces concepts permettent de distinguer deux catégories de travaux.: les réhabilitations, fréquemment programmées, qui touchent directement à la structure de l’ouvrage et les travaux courants, correspondant aux réparations. Généralement non programmés, ils permettent de faire face rapidement à des défaillances fonctionnelles.
Faire face rapidement à des défaillances fonctionnelles
Il est moins cher de rénover que de remplacer et encore moins cher de réparer que de rénover. En vertu de ce principe, les interventions ponctuelles sur les réseaux d’assainissement sont fréquentes. Elles permettent de faire face à des désordres fonctionnels tout en gagnant un peu de temps avant la rénovation ou le remplacement. Par essence ponctuelles, ces interventions sont destinées à réparer des anomalies ou des défauts localisés tels que des branchements pénétrants, la présence de racines, des fissures circulaires ou longitudinales, des éclats, des joints non étanches ou décalés, voire des perforations ou des affaissements…
Elles reposent largement sur les techniques traditionnelles de maçonnerie (enduits, bouchage fissures) ou par la projection d’enduits à base de ciments, de bétons structurants ou de formulations chimiques. « Les formulations, comme les techniques de mises en œuvre, évoluent régulièrement », souligne Philippe Hénaut chez HERMES Technologie. L’entreprise propose depuis plus de 20 ans des matériaux et des techniques adaptés aux spécificités de réseaux d’assainissement permettant de répondre aux phénomènes de corrosion et à la nécessité d’imperméabiliser ces ouvrages tout en améliorant les performances mécaniques. Des produits de plus en plus spécifiques, conformes à la norme EN 1504-3 relative aux mortiers de réparation, capables de répondre à des niveaux d’exigences croissants. « La norme EN1504-3 n’est cependant pas spécifique aux réseaux d’assainissement, on y trouve des contraintes qui ne sont pas adaptées à ces problématiques » souligne Philippe Hénaut qui préfère se référer à la norme DIN 19573 en cours de déploiement en Allemagne. « Cette norme est intéressante car elle est spécifique à ce domaine très particulier qu’est l’assainissement. On y retrouve des contraintes que l’on ne retrouve que dans les réseaux d’assainissement comme par exemple la corrosion bio-sulfurique par l’H2S ou encore les résistances aux sulfates ». La problématique est régulièrement soulevée par les exploitants qui échangent, notamment sur FluksAqua, sur ces problèmes de corrosion et les types de béton à mettre en œuvre pour assurer leur tenue dans le temps dans ces milieux très agressifs.
En réseaux visitables, l’application sur la surface interne de la canalisation d’un revêtement par enduit se fait par application manuelle, par voie mouillée à la lance, par projection ou encore par centrifugation. Le colmatage des fissures, des joints et des points de perforation se fait par injection ou par calfatage manuels. Le développement, ces dernières années, de mortiers à liants hydrauliques et de coulis de ciments applicables en eaux usées et dotés d’une protection anticorrosion adaptée au type d’effluent, permettent de restituer aux ouvrages toutes leurs fonctions en quelques heures.
C’est le cas des mortiers spéciaux Ergelit® distribués par HERMES Technologie qui ont été spécialement développés pour la réparation et la réhabilitation des ouvrages maçonnés ou en béton. Anticorrosion, résistants à l’H2S (classes d’exposition XA3 et XBSK), ils sont associés à des techniques de projection spécifiques permettant une remise en eau en quelques heures. HERMES Technologie a par ailleurs développé un procédé semi-automatique reposant sur une centrifugation horizontale via un chariot de projection. Autonome en énergie et contrôlé en partie depuis l’extérieur, ce procédé peut être mis en œuvre avec les mortiers Ergelit KS sur des ouvrages circulaires, ovoïdes ou en fer à cheval de DN 700 à 2 500 mm. « La technique de centrifugation permet d’apporter, avec une épaisseur de 1 à 1,5.cm de mortier, une protection efficace et durable contre la corrosion et une imperméabilisation de l’ouvrage à 5 mètres de colonne d’eau », souligne Philippe Hénaut. HERMES Technologie développe également des techniques complémentaires comme par exemple la reprise préalable de joints par extrusion. « Sur des canalisations maçonnées, lorsque les joints sont très creux, il peut être intéressant, dans le cadre d’une application centimétrique de mortier qualitatif, de remplir préalablement les joints en pompant un mortier que l’on extrude dans le joint ». La technique a été mise en œuvre à Cahors (46) sur une plus d’une centaine de mètres dans le cadre de la réhabilitation d’un T180 de 500 mètres ainsi qu’à Haguenau sur 200 mètres d’un T175. Elle permet d’aller encore plus loin dans la réhabilitation en prenant en compte l’ensemble des problématiques d’un ouvrage.
« Les points les plus importants pendant les phases d’applications sont : l’absence d’humidité, la bonne préparation des bétons.: ré-agréages et éventuel primaire d’accroche, la bonne application des tissus “mat” et des résines, l’épaisseur de la couche époxy de finition, ainsi que le respect des temps de séchage », précise Tonino, l’un des 3.000 exploitants présents sur FluksAqua. Breizheau, lui aussi contributeur, précise que « la détermination de la sévérité du milieu (concentration en ions agressifs, pH, risque de condensation d’eaux pures et lixiviation) nécessite une analyse chimique détaillée afin de déterminer le meilleur choix des matériaux de réparation ».
De son côté, Kerneos a développé SewperCoat®, un mortier à base d’aluminates de calcium composé de granulats synthétiques projeté avec des équipements usuels. Posé en un seul passage, il ne nécessite pas d’apprêt ni de treillis de fibres de verre. SewperCoat® débute son durcissement en 6 à 8.heures, pour atteindre plus de 40 MPa en 24 heures. Mais il est possible d’obtenir un durcissement en 30 minutes lorsque des contraintes opérationnelles l’imposent, ou lorsqu’il est intéressant d’éviter les coûts de dérivation d’un by-pass. SewperCoat® intègre un effet bactériostatique qui réduit la production d’acide par les bactéries, inhibant ainsi le processus de corrosion. Testé par l’IFSTTAR sur le réseau du Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon en deux points classés “XA2” et “XA3” en raison d’une teneur en H2S de 96 ppm avec des pics supérieurs à 300 ppm, le procédé a montré son efficacité en réhabilitation d’ouvrages soumis à la corrosion H2S, tout comme en “revêtement” de protection lorsque les conditions excèdent la classe XA3. Il est applicable en regards, puits de relevage, stations de pompage, tuyaux et collecteurs ainsi qu’en stations de traitement des eaux usées.
Afin d’assurer la stabilité des réfections, Colive, contributeur FluksAqua, conseille de « procéder à des carottages pour analyser la profondeur de pénétration du polluant, puis de réaliser une hydrodémolition sur la profondeur souhaitée avant de reconstruire par application de résine. Un chevillage sous la résine peut également éviter au produit de se décoller ».
Les mortiers techniques de réparation tendent à se spécialiser. « Plus qualitatifs, plus spécifiques, ils se substituent avantageusement aux restructurations systématiques avec des mortiers grossiers de 5 à 7 cm d’épaisseur tout en optimisant les diagnostics et les dimensionnements », comme le note Philippe Hénaut. Réhabiliter un collecteur en le protégeant de la corrosion tout en réduisant sa section le moins possible pour préserver sa capacité hydraulique reste l’enjeu prépondérant.
Dans les cas où il est nécessaire de procéder au renforcement structurel de l’ouvrage (soit du fait d’une dégradation trop importante au fil du temps, soit du fait de l’ajout de charges supplémentaires sur l’ouvrage (comme l’installation d’une ligne de tramway, par exemple…)), la mise en œuvre de ce type de mortiers (projeté sur l’ouvrage par voie mouillée) est également pertinente. Le plus souvent, il est alors mis en place une armature de treillis soudé mais employer des fibres métalliques dites « amorphes » telles les Fibraflex de Saint Gobain Seva peut également s’avérer pertinent : souples et totalement insensibles à la corrosion y compris en milieu aussi agressif que les réseaux d’assainissement, elles se substituent au treillis pour conférer au mortier les performances mécaniques requises (ceci pouvant désormais même être modélisé par note de calcul préalable). Le chantier gagne ainsi en pénibilité et délai de mise en œuvre et l’ouvrage réhabilité en durée de vie car n’ayant à subir aucune dégradation ultérieure liée à la corrosion des aciers…
Pour traiter joints et fissures en restaurant l’étanchéité du collecteur, Sika, ParexLanko, Weber, Max Perlès &Cie ou encore Pci proposent également des polymères thermodurcissables résistants à la corrosion biogénique. Les additifs et adjuvants se développent également.
Soucieux de promouvoir leurs matériaux, les fabricants de canalisations proposent également des solutions adaptées permettant de faire face aux détériorations. Saint Gobain PAM propose ainsi des solutions de réparation dédiés à la réparation de tuyaux endommagés par manchage externe : porosités, fissures, fuites ou casses franches. Multi-matériaux, ces manchons peuvent s’appliquer sur des tuyaux de fonte grise, fonte ductile, fibre-ciment, voire sur des tubes en acier et PVC. De même, des raccords multi-solutions ont été développés par Norham ou Norma Group pour la réparation en urgence ou l’assemblage de conduites de matériaux différents et de diamètres différents, pour l’assainissement et les évacuations gravitaires.
Les techniques de réparation traditionnelles par injection ponctuelle d’étanchement, avec ou sans manchon, profitent aussi du développement de nombreux types de résines ou de coulis telles que les résines époxydiques, acryliques ou polyuréthanes.
Le chemisage partiel par manchonnage ou gainage (150 à 600.mm) présente le double avantage d’étancher tout en réparant de façon structurante. Il est mis en œuvre lorsqu’il faut faire face à la réparation des fissures circulaires, cassures, perforations, joints déboîtés, emboîtements insuffisants, épaufrures, etc. Classiquement, une manchette en composite imprégnée de résine thermodurcissable, est introduite dans la canalisation, à l’aide d’un manchon gonflable. Elle est plaquée contre la paroi défectueuse, par mise en pression du manchon. Une polymérisation, par chauffage du manchon, permet de durcir la résine pour assurer la solidité et l’étanchéité de la réparation. Le manchon est ensuite dégonflé et retiré. La technique est couramment mise en œuvre par Axeo, Atlantique Réhabilitation, M3R, Sade, Telerep ou encore Hydrovide avec son célèbre procédé ASS, applicable sur des canalisations de diamètre 150 à 600 mm en ciment, PVC, grès… etc.
Elle est, avec le tubage, de plus en plus souvent mise en œuvre dans le cadre de réhabilitations en continu, par essence programmées, qui peuvent dans certains cas toucher à la structure de l’ouvrage pour en restaurer les caractéristiques mécaniques.
Réhabiliter en restaurant les caractéristiques mécaniques de l’ouvrage
La norme NF EN 752 définit la réhabilitation comme « toute mesure entreprise pour restaurer ou améliorer les performances d’un réseau d’évacuation et d’assainissement urbain ». Elle est réalisée par une action ou une combinaison d’actions telles que remplacement, rénovation ou réparation de composants ou d’ouvrages. « Mais pour être considérée comme restructurante, une solution de rénovation doit atteindre un niveau de performance établi par calcul conformément aux Recommandations pour la Réhabilitation des réseaux d’Assainissement publiées en 1998 par l’ASTEE », souligne Dominique Labeille chez HOBAS.
Plusieurs techniques répondent à ces exigences.
C’est le cas de la réhabilitation de canalisation par chemisage, à laquelle s’intéressent un nombre croissant d’exploitants, comme en témoignent leurs échanges sur le forum d’entraide technique FluksAqua. « Les exploitants présents sur notre forum partagent de très bons retours d’expérience sur ces travaux sans tranchées », indique ainsi Olivier Le Marois, Président de la start-up à l’origine de cette plateforme dédiée aux exploitants de l’eau et de l’assainissement. Parmi ces différentes techniques, le chemisage total consiste à introduire dans le collecteur une chemise pré-imprégnée de résine. La chemise, étanche et restructurante, plaquée contre la canalisation avant d’être polymérisée. Adaptée à des tirs de longueurs importantes, la technique permet de garantir l’étanchéité et la restructuration d’un collecteur de regard à regard, ou entre deux ouvrages de visite en lui redonnant son intégrité structurelle. Les efforts et contraintes sont repris par la chemise, les caractéristiques mécaniques de l’ancienne canalisation étant considérées comme nulles. Sur le marché, les procédés de chemisage total se différencient par 4 critères : la résine employée (époxy, polyester ou vinylester), la gaine (feutre ou fibres de verre), la mise en œuvre (traction ou inversion) et la polymérisation (électrique, eau chaude, vapeur ou UV). Parmi les entreprises proposant ce type de réhabilitation, les exploitants présents sur FluksAqua mentionnent notamment l’entreprise Barriquand du groupe Vinci, la Sade, Atlantique Réhabilitation ou encore Telerep du Groupe Sarp, avec de bons retours d’expérience.
Pionnier de la technologie, Insituform® revendique par exemple plus de 22.000 km de gaine à travers le monde. Le chemisage repose sur une chemise en feutre, tractée ou inversée soit avec de l’air, soit avec de l’eau. La polymérisation est réalisée avec de la vapeur ou avec de l’eau chaude. Les tests effectués, associés à un recul de 35 années, confirment que le chemisage est un produit structurel caractérisé par une durée de vie supérieure à 50 ans. Parmi les autres avantages de la technique, une absence d’espace annulaire, une minimisation de la réduction de diamètre à l’intérieur de la conduite et l’absence de raccords susceptibles de se dissocier dans le temps. Pour la réhabilitation de collecteurs de moyens et grands diamètres (600 à 2 200 mm) Insituform a développé iplus Composite™, un produit renforcé par des fibres de verre et de carbone possédant une résistance et une rigidité supérieures à celles des produits de chemisage classique. Ses fibres de renforcement structural permettent par ailleurs de réduire de moitié l’épaisseur de la paroi de la chemise.
Pour la réhabilitation de grands diamètres, la fabrication, la logistique et la mise en œuvre sur chantier doivent être optimisés. Pour faciliter la manutention des gaines, qui peuvent peser jusqu’à plusieurs tonnes, des logistiques adaptées ont été mises au point. RelineEurope propose un produit équipé d’une couche d’usure définie avec un facteur sécuritaire de 2 par rapport à l’abrasion. Les nouveaux produits en développement augmentent le facteur sécuritaire pour passer à 3. RelineEurope a par ailleurs développé des conteneurs interchangeables. Sur le chantier, les gaines de grandes dimensions sont introduites dans la canalisation grâce à des tapis de transport mobiles. La gaine Alphaliner UP, spécialement conçue pour la rénovation des collecteurs d’eaux usées, permet de rénover jusqu’à 300 m de canalisations par jour. Des variantes comme l’Alphaliner1500 ou la nouvelle gaine Alphaliner1800 ont été optimisées pour la réhabilitation de grands profils. La technologie de durcissement par UV permet un durcissement rapide et économique sur le chantier. Elle a par exemple été mise en œuvre à Tournai (Belgique) sur un site inscrit au patrimoine de l’UNESCO pour la réhabilitation d’un ovoïde si dégradé que sa résistance mécanique était considérée comme nulle. Après avoir envisagé une remise à neuf par chantier traditionnel, la ville a opté pour une réhabilitation sans tranchée reposant sur des gaines, du fait de la rapidité de la mise en œuvre, du peu de matériel requis sur le chantier ainsi que du faible impact pour les habitants du centre-ville. Le paramètre financier a également joué, le coût d’un chantier à ciel ouvert étant au minimum trois fois plus élevé. Après un reprofilage de la forme de l’ouvrage à l’aide de coques en PRV fournies par RelineEurope, un chemisage a été réalisé à l’aide d’un Alphaliner1500 épaisseur 16,3 millimètres.
La souplesse des techniques de chemisage avec polymérisation en place permet d’adapter la résistance du produit final aux contraintes effectives que subit le réseau à réhabiliter. Ces techniques sont celles qui ont le plus progressé ces dernières années. « Elles sont bien adaptées aux plans techniques et économiques jusqu’à un diamètre de 1.000 à 1.500 mm, souligne Alexandre Lapeyre chez Amiantit. Au-delà, le nombre d’opérateurs capables de les mettre en œuvre sont peu nombreux, ce qui a pour effet de faire grimper les prix ».
C’est également le cas de certaines techniques comme, par exemple, le tubage par enroulement hélicoïdal manuel ou mécanisé. Couramment mise en œuvre sur des diamètres de 150 à 2.500.mm, elle consiste à fabriquer in situ un tuyau par enroulement hélicoïdal d’un profilé spécial en PVC ou PEHD assemblé par clipsage à l’intérieur de canalisation dégradée. L’espace annulaire, entre la canalisation existante et le tube est rempli par une injection de coulis dont l’épaisseur est fonction de la résistance mécanique et de la section finale désirée.
Autre technique de réhabilitation restructurante, le re-tubage classique avec espace annulaire qui permet de réhabiliter rapidement des ouvrages circulaires. « Au droit d’un regard, on procède à l’ouverture d’une cheminée pour dégager l’accès au collecteur et descendre des éléments de 2 ou 3 m que l’on va riper à l’intérieur de l’ouvrage avant de les emboîter en avançant de regard en regard », explique Alexandre Lapeyre, Amiantit. Les tubes utilisés sont, selon les cas, semblables à ceux utilisés en tranchée ouverte, ou équipés de manchons spécifiques.
HOBAS a ainsi développé une gamme spéciale relining qui se caractérise par une épaisseur de tube accrue pour pouvoir placer le manchon dans l’épaisseur de la canalisation, supprimant ainsi toute excroissance. Le re-tubage, de plus en plus utilisé en hyper-centres urbains, permet de réduire considérablement les nuisances en surface. « Nous avons de nombreux projets sur lesquels les regards sont espacés de 300 mètres », indique Alexandre Lapeyre chez Amiantit. Il est bien adapté aux diamètres importants, même si, au-delà de 3.000 mm de diamètre, le béton projeté tend à devenir économiquement plus compétitif. Mais même en très grands diamètres, la solution re-tubage conserve des avantages. HOBAS a ainsi réalisé récemment un important tubage en DN 3600 sur 132 ml sous l’A81 entre Laval et Le.Mans. « La solution initiale reposait sur une réhabilitation en béton projeté, explique Dominique Labeille chez HOBAS. Mais à la suite de plusieurs inondations, le chantier a dû être arrêté, rendant impossible la mise en œuvre de la solution préconisée. Les délais du chantier étant incompressibles, l’entreprise a proposé en alternative une solution de retubage à l’aide de tuyaux PRV en DN 3600 afin de raccourcir les délais et permettre une exécution rapide. La solution a été retenue et la réhabilitation a pu être menée à bien en moins de 4 mois ».
Une autre technique bien adaptée aux ouvrages non circulaires, également restructurante, consiste à réhabiliter un ouvrage par tubage au moyen de coques ou de demi-coques en PRV. Proposées par HOBAS, Amiantit France, Aco, Stanton Bonna ou Interface Développement, ces coques, fabriquées sur la base de moules existants ou sur mesure, associent facilité de pose, étanchéité et résistance mécanique. « Bien que souples et légères, elles permettent de reprendre l’ensemble des charges en s’adaptant parfaitement au profil du collecteur à réhabiliter », souligne Alexandre Lapeyre chez Amiantit qui rénove actuellement par ce procédé l’un des collecteurs principaux de la ville de Thionville sur un linéaire de 400 mètres (T120). HOBAS a procédé de son côté à la réhabilitation d’un aqueduc fragilisé par un trafic ferroviaire intense à la Chapelle de Guichay sur la ligne SNCF Paris-Marseille. Pour retuber l’ouvrage aux dimensions 1600 x 700 mm, HOBAS a fourni des coques NC Line dimensions 1250 x 530 mm, épaisseur 24 mm. « Cette réhabilitation qui visait à rétablir les capacités initiales de conduite d’eau de pluie dans des conditions de fiabilité et de sécurité optimales, a été menée à bien en un mois, souligne Dominique Labeille. La ligne de produits NC line étant titulaire d’une Attestation de Conformité Sanitaire, elle peut également être utilisée pour la réhabilitation des aqueducs gravitaires d’eau brute ou d’eau potable ».
Alexandre Lapeyre, Amiantit, souligne de son côté que la technique de réhabilitation par coques peut aussi être mise en œuvre de façon non structurante, par exemple pour améliorer l’hydraulique ou restaurer l’étanchéité d’un collecteur.