Selon une étude publiée en 2022 par l’Union des industries et entreprises de l’eau (UIE), les besoins d’investissement pour le renouvellement s’élèvent à environ 3 milliards euros annuels. En principe, « l’eau paye l’eau », c'est-à-dire que les financements doivent provenir de la redevance payée par les consommateurs, qu’elle soit directement perçue et utilisée localement par le service de l’eau ou, en partie, redistribuée par l’intermédiaire de l’Agence de l’Eau
A l’évidence, toutes les collectivités n’auront pas les
moyens de faire face. Certaines communes rurales cumulent les
handicaps : leurs réseaux très longs desservent peu (et même de
moins en moins) d’habitants, qui de plus ont un niveau de revenu
inférieur à la moyenne nationale.
Faut-il alors compter sur la solidarité nationale ? Les 180 millions annuels annoncés en avril font en tout cas figure de goutte
d’eau. « Les moyens supplémentaires restent faibles au regard
des besoins qui se chiffrent en millards manquants chaque année,
même en comptant l’effet de levier » souligne ainsi Pierre Rampa
(Canalisateurs). Avant même ce Plan, les Agences de l’eau ont
parfois bénéficié de financements nationaux, par exemple à l’occasion de la relance « post Covid » ou au titre de soutien aux
zones de revitalisation rurale. Au-delà des aides financières de
l’Agence de l’eau, les collectivités ne disposant pas des compétences (moyens humains) nécessaires pour se lancer dans l’élaboration d’un plan de remplacement peuvent s’adresser à leur
Conseil général pour un soutien technique.
Reste que c’est bien la redevance qui doit financer l’essentiel
des besoins. Avec des tarifs s’élevant en moyenne à moins de
3 euros au m3
d’eau potable, là encore avec de fortes disparités,
cela semble difficile. « Nous insistons sur l’adéquation du tarif
du service public. L’Agence de l’Eau peut aider mais la redevance
directe doit au moins pouvoir « amorcer la pompe ». Les collectivités les plus en difficulté devront mettre en place le juste prix. Il
reste même encore à certains endroits des tarifs régressifs, que
nous déconseillons fortement. La révision de la tarification est
d’ailleurs mentionnée dans le Plan eau » insiste Denis Rousset
(AELB). « Il faudra discuter du vrai tarif de l’eau. En l’absence de
dotations d’amortissement, d’anticipation du renouvellement, certaines communes du territoire ne pouvaient plus faire face à leurs
besoins. Elles ont adhéré à la Roannaise des Eaux pour notre capacité à investir dans la durée. Certaines appliquaient même un tarif
forfaitaire… » se souvient pour sa part Frédéric Méjassol, directeur
général des services de la Roannaise de l’Eau.