A la tête d’un réseau d’eau potable vieillissant mais incitées de manière de plus en plus pressante à réduire les pertes, les collectivités n’ont pas le choix : il leur faut gérer leur patrimoine dans la durée et en assurer progressivement le remplacement. Les techniques sont là, des aides sont disponibles mais la redevance devra en payer l’essentiel. Tour d’horizon d’un paysage très disparate…
Fin mars 2023, devant un lac de Serre-Ponçon partiellement asséché, Emmanuel Macron annonçait un Plan Eau . Une des mesures prévues consiste à améliorer le rendement des réseaux d’eau potable, avec à la clé un (modeste) effort financier supplémentaire pour que les Agences de l’eau puissent aider les collectivités responsables – sous réserve de respecter des « objectifs de performance de gestion de leur patrimoine ». Le Plan avance même un chiffre « choc » : dans 170 collectivités, le réseau a un rendement inférieur à 50%. Autrement dit, plus de la moitié de l’eau potabilisée y est perdue.
Un chiffre à relativiser, d’une part parce que ne sont recensées que les communes ayant communiqué leurs résultats à la base de données nationale du Sispea : il y a donc certainement des « trous dans la raquette ». Mais surtout, d’autre part, parce que quelques centaines de communes, essentiellement rurales ou de montagne, sur une dizaine de milliers ne représentent pas grand-chose en termes d’habitants concernés. La tâche est cependant immense. La France compte environ 900000 kilomètres de réseau d’eau potable, avec un rendement général d’environ 80%. «Cela représente une perte de l’ordre d’un milliard de m3 par an, soit la consommation de plusieurs millions de Français. Les fuites d’eau doivent être considérées comme une ressource à part entière» souligne Paul Petit, chargé d’affaires et des relations institutionnelles chez Altereo. Bien entendu, ce rendement moyen cache des disparités régionales - l’Ouest du pays est en général mieux loti que le Sud-Est, par exemple, et la situation est encore plus dégradée en Outre-Mer. De même, les métropoles et grands syndicats s’en tirent mieux que les communes isolées. La raison de cette performance globalement médiocre? A la nécessaire amélioration des performances des réseaux s’ajoute la difficulté du vieillissement des infrastructures. «Actuellement, 40% des canalisations en France ont plus de 50 ans et 86% plus de 40 ans» selon Paul Petit.
Un constat
que partage Yann Ezan, Assessment
Services Business Leader chez Xylem:
«la moitié du réseau a été posée dans
les années 1960-70, pour une durée de
vie théorique de 50 à 80 ans. On arrive
donc en période sensible». Les collectivités doivent composer avec leur budget, forcément limité, donc planifier
les investissements, établir des priorités, bref construire un programme
de remplacement sur le moyen et long
terme. Pour cela, bureaux d’études,
grands opérateurs ou services techniques des régies importantes disposent de méthodes informatiques, etpeuvent même faire appel à des outils
de diagnostic. Avant de passer aux travaux proprement dits où, là aussi, différentes méthodes existent.
Suite au décret n° 2012-97 du 27 janvier
20123
«relatif à la définition d’un descriptif détaillé des réseaux des services
publics de l’eau et de l’assainissement et
d’un plan d’actions pour la réduction des
pertes d’eau du réseau de distribution
d’eau potable», l’Astee, avec l’Onema, a
d’ailleurs édité une série de guides à
destination des collectivités.
D’ABORD CONNAÎTRE SON RÉSEAU
C’est une évidence : avant de songer à réhabiliter ou remplacer son patrimoine, encore faut-il le connaître. L’établissement d’un SIG reste donc une étape obligée. «Aux Assises de l’eau 2018, 42% des élus locaux disaient mal connaître leur réseau. Le niveau de connaissance des infrastructures reste trop faible» déplore Paul Petit (Altereo). Depuis une dizaine d’années, les Agences de l’eau soutiennent donc financièrement des programmes d’inventaire du patrimoine - et d’instrumentation du réseau pour détecter les fuites. Des prestataires comme Altereo, Ax’eau, Geomod ou 1Spatial avec la solution 1Water par exemple proposent ce genre de service, avec des outils logiciels propres ou du commerce. Le logiciel de modélisation hydraulique en charge InfoworksWSPro, commercialisé par Geomod, automatise, par exemple, la connexion à des applications tierces telles que les systèmes SIG et la télémétrie, ce qui permet ainsi d’effectuer des analyses rapides utiles à la décision, même sur des modèles de très grande taille utilisant tous types de conduites, et prenant en compte une très large gamme de pompes et vannes. Malgré ces efforts, il reste encore beaucoup à faire, surtout pour les petites collectivités.
Pierre Rampa, président des
Canalisateurs et fondateur de Rampa
Travaux Publics, constate cette disparité. «Les Métropoles, avec leurs services
structurés, connaissent bien leur réseau.
Les syndicats avancent sur cette connaissance. En revanche, les communes isolées,
sans service technique, le connaissent
mal en général» explique-t-il. «Dans
L’Ouest de notre bassin, les collectivités
connaissent bien leur patrimoine, ont
lancé des études et entamé un programme
de renouvellement. Cela pour deux raisons.
Certains secteurs, comme les Deux Sèvres
ou la Vendée manquaient d’eau depuis des
années. En Bretagne, c’est la qualité des
eaux brutes, et donc le coût du traitement, qui a motivé les collectivités. Dans
l’Est, en revanche, tout reste à faire…»
explique pour sa part Denis Rousset, chef
du service collectivités et industries à
l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (AELB).
L’AELB a par exemple soutenu Loches
Développement (devenue en 2017 Loches Sud Touraine, rassemblant 68 communes) pour l’établissement d’un SIG.
«La collectivité comptait alors 22 communes, avec autant de plans papier de
qualité variable… Après une campagne de
relevés GPS, les 700 kilomètres de réseau
sont maintenant intégrés dans un SIG»
se souvient Denis Rousset.
ETABLIR UN PLAN D’ACTION
«Pour les communes ayant déjà une bonne connaissance de leur patrimoine, l’enjeu est de maintenir leur niveau de performance et diriger les travaux de remplacement ou de réhabilitation vers les portions les plus à risque» affirme Denis Rousset (AELB).
Il semblerait logique de commencer par remplacer les plus vieux équipements, tout simplement. «L’âge seul ne suffit pas à expliquer la dégradation d’un réseau. De nombreux autres critères interviennent. Tout l’enjeu est d’identifier les plus pertinents, sur chaque réseau, pour sélectionner les tronçons à renouveler en priorité» explique toutefois Stéphane Ravanat, directeur d’offre Réseau, comptage et télérelevé chez Veolia Eau. Et de fait, la liste (non exhaustive) des critères à prendre en compte comprend des aspects liés au tronçon lui-même (date de pose, matériau, diamètre, profondeur), à ses conditions opérationnelles (pression de service, débit…) mais aussi des contraintes environnementales (nature du sol, climat, passage de voiries lourdes) ou socio-économiques (criticité). Tout peut intervenir.
«Des procédés industriels ont changé et il faudrait aussi prendre en compte les conditions de pose souvent méconnues. Par exemple, la tendance actuelle est d’amincir les tuyaux en fonte et de les protéger par un revêtement pour arrêter la corrosion. Il devient alors essentiel de ne pas dégrader ce revêtement lors de la pose, car étant moins épaisse, la défaillance peut arriver alors plus rapidement. » explique par exemple Stéphane Ravanat (Veolia).
Sans oublier qu’un réseau ne se limite pas à des canalisations : il y a aussi des joints (très sujets à l’usure), des embranchements, des équipements divers. A tout cela s’ajoute enfin l’historique et la localisation des défaillances (fuites, casses, détériorations…). Seuls des outils informatiques peuvent prendre en compte une telle quantité de données et de contraintes pour réaliser des études statistiques, établir des probabilités de casse et proposer des priorités de remplacement. La plupart des collectivités font appel à des bureaux d’études pour établir ce programme. Altereo (avec son logiciel HPO), IRH (groupe Antea, avec l’outil Phare AEP) interviennent sur ce marché. Les grands opérateurs utilisent leurs propres outils : Mosare et Vision pour Veolia, Aquacircle et NetScan pour Suez, par exemple. Les régies importantes, disposant des compétences techniques nécessaires, peuvent se tourner vers des logiciels publics comme Casses et Criticité, développés par le centre Inrae de Cestas (Gironde), avec le soutien des Agences de l’eau Loire Bretagne et Adour-Garonne.
«Nous avons développé l’outil de calcul HPO, basé sur l’intelligence artificielle (IA), qui produit une carte des risques de défaillance pour chaque canalisation. Cela permet d’une part d’optimiser les investissements pour le renouvellement et d’autre part de cibler les opérations de maintenance. Nous proposons de changer de paradigme : remplacer avant que les fuites n’arrivent. Les solutions existent, la nôtre ou celles de concurrents, mais certaines collectivités hésitent encore à recourir à l’IA. Ce n’est pourtant que de l’analyse de données » souligne Paul Petit (Altereo).
Sa société a par exemple réalisé une étude pour le renouvellement du réseau du Grand Annecy. «Nous avons comparé avec un plan classique basé uniquement sur l’âge des canalisations : le programme élaboré avec HPO évite deux fois plus de fuites » affirme-t‑il. Altereo a également établi le programme de renouvellement de Limoges Métropole, qui souhaitait accorder une priorité aux usagers sensibles (écoles, hôpitaux, zones économiques) dans un contexte de changement climatique. «L’intérêt de l’IA est de pouvoir élaborer des programmes sur mesure, en tenant compte des contraintes ou priorités propres à chaque maître d’ouvrage » plaide Paul Petit. Autre grande référence pour Altereo: le Sedif. « Ils ont un très bon rendement. Leur problématique est plutôt la gestion d’un patrimoine de 8000 kilomètres de canalisations.
Avec HPO, nous allons réaliser automatiquement, chaque année, leur programme de renouvellement - à raison de 44 kilomètres par an. Au-delà du risque de casse, leur priorité est le remplacement de canalisations en fonte installées entre les deux guerres » détaille Paul Petit. Veolia utilise son logiciel maison Mosare, en constant développement. «Nous allons maintenant vers les canalisations vers les canalisations de gros diamètre pour lesquelles les défaillances sont rares.
C’est l’intérêt de l’IA: elle peut prendre en
compte une combinaison de nombreux
facteurs, même s’il y a peu de données
pour chacun. L’informatique de nouvelle génération nous aide à faire évoluer l’outil» explique Frédéric Blanchet,
chargé de Réglementation et expertises
transverses à la Direction des Affaires
Publiques de Veolia Eau.
Dans l’idéal, un programme de renouvellement du réseau d’eau potable ne prend
en compte «que» les dimensions propres
aux installations, à leurs conditions d’exploitation, leur environnement et leur
historique de casse. Mais des considérations autres interviennent également.
«Même si nous n’y sommes pas très favorables, les collectivités prennent souvent
en compte l’interaction avec des chantiers prévus sur la voirie. Un programme
résulte donc de compromis, qui peuvent
se faire au détriment de l’eau potable»
déplore Denis Rousset (AELB). Ce que
confirme Pierre Rampa (Canalisateurs).
«Une part non négligeable des chantiers se décide sur des critères autres
que âge-matériau et historique des casses.
L’opportunité vis-àvis de travaux prévus
pour la voirie ou les transports est souvent
déterminante» constate-t-il.
DIAGNOSTIC PHYSIQUE : UN APPORT NÉCESSAIRE ?
Outre les caractéristiques propres du réseau, l’historique des casses est déterminant pour établir un programme de renouvellement. Or il n’est pas toujours bien renseigné et, surtout, inexistant pour les canalisations de transport de gros diamètre, qui cassent rarement. C’est essentiellement pour ce marché que des sociétés comme Acwa Robotics, Axeo TP, Dron’Eau, Bathy Drones Solutions, CT2MC ou Xylem proposent des outils de diagnostic physique.
Techniques électromagnétiques, acoustiques, par ultrasons, radio, thermographie, laser, vidéo…: il existe des outils pour tous les types de canalisation ou de problématique. Sans oublier le diagnostic destructif par prélèvement d’un échantillon et analyse au laboratoire. «Sans données, en particulier sans historique de casse, il est impossible de prédire la rupture d’une canalisation. C’est pourquoi nous proposons de «scanner» les grosses conduites par l’intérieur sans interrompre le service puis d’exploiter les données recueillies» explique Yann Ezan. Xylem a pour cela monté une division spéciale: Xylem Vue. Le robot Pipe Diver (développé par Pure Technologies, aujourd’hui intégré à Xylem), analyse par une technique électromagnétique l’état de canalisations métalliques, ou des parties métalliques de canalisations Bonna ou béton précontraint.
«Nous pouvons quantifier en% la perte d’épaisseur due à la corrosion. En parallèle, nous mesurons l’ovalisation de la conduite. Cela donne enfin des données utilisables, que nous croisons ensuite avec les données du constructeur et les caractéristiques connues de résistance des matériaux. Une IA établit alors une courbe de risque de rupture. Nous pouvons identifier les endroits où il reste de la marge et ceux où la limite de résistance est atteinte ou dépassée» détaille Yann Ezan. Avec son robot Pathfinder, qui en un seul passage dresse une vision exhaustive de la canalisation, Acwa Robotics gagne du terrain. La start-up déploie actuellement plusieurs projets pilotes, sur toute la France et envisage une commercialisation de sa solution mi-2024. Selon la plupart des observateurs, l’utilisation de ces techniques reste toutefois minoritaire. «Il faut d’abord savoir ce que l’on recherche et cibler le plus pertinent avant de se lancer dans un diagnostic physique. Les tuyaux en Bonna sont très résistants, ce sont les joints qui posent problème. Pour la fonte, c’est plutôt la corrosion.
La destructuration des sols agit sur tous… Nous utilisons donc ces outils de façon ciblée, sur les secteurs où nous pensons, après une analyse des données patrimoniales, qu’ils vont ajouter quelque chose à ce que nous savons déjà, mais pas en première intention» insiste par exemple Stéphane Ravanat (Veolia). Le diagnostic physique peut cependant révéler de bonnes surprises. «On peut trouver des tuyaux en bien meilleur état que leur âge le laissait prévoir. Là est l’enjeu: mieux discriminer pour gagner en efficacité, se laisser des marges de manœuvres. L’inspection peut d’ailleurs se programmer sur le long terme : diagnostiquer chaque année une petite portion du réseau. Cela permet de ne pas remplacer inutilement des canalisations encore saines» souligne Stéphane Ravanat (Veolia).
Une donnée intéressante lorsqu’il faut monter un dossier
de demande de financement et justifier
les dépenses…
«Après inspection, nous n’identifions
en général que de 1 à 3% du linéaire
de conduites ayant subi des dommages
importants nécessitent un renouvellement partiel ou une réparation» confirme
Yann Ezan (Xylem). Sa société a par
exemple examiné un réseau en Bonna
pour le compte du Sedif, au centreville d’Ivry. «Ils se posaient la question
du renouvellement de cette conduite
étant donné son historique de fuite. Le
Pipe Diver n’a identifié que trois tronçons avec quelques brins cassés, donc sans
urgence. Nous avons amené une bonne
nouvelle : seuls 0,44% du linéaire nécessitent une surveillance accrue» se souvient Yann Ezan. Autre opération, pour
le compte de Sénéo (avec Suez): l’inspection de trois conduites historiques
amenant l’eau de la Seine à l’usine d’eau
potable du Mont Valérien, qui alimente
Nanterre, Suresnes et la GarenneColombes. «Il s’agit de tuyaux en Bonna
mais aussi en fonte grise des années 1920.
C’est un tronçon stratégique, évidemment,
mais situé en plein centre de Suresnes,
sans aucun accès. Sénéo veut donc avoir
une vision globale de la conduite : si des
travaux de voirie sont programmés à un
endroit où nous avons détecté un problème, ils en profiteront pour accéder à
la conduite. Le rapport n’est pas finalisé
mais, là encore, il n’y a pas d’urgence»
révèle Yann Ezan. Tout récemment, dans
le cadre de la planification des investissements à réaliser sur des canalisations en fonte ductile, la technologie
acoustique ePulseTM développée par
la société Echologics pour le compte
de Saint-Gobain PAM Canalisation a
aidé fortement la communauté d’agglo
du Grand Belfort Communauté à anticiper et répartir un budget de renouvellement estimé à plusieurs millions d’euros.
CONCRÉTISER
Les choix étant arrêtés, il faut lancer les chantiers (voir par exemple EIN 453). Interviennent alors des sociétés de travaux publics comme comme Axeo TP, Altero TP, Rampa, Orea, Sade, entre autres. Les collectivités ont le choix entre des travaux classiques avec tranchée (on creuse, on enlève l’ancien réseau et on le remplace par des tronçons neufs), encore majoritaire, ou des techniques sans tranchée (tubage, chemisage, gainage, projection…). La question ne se pose guère pour le réseau de distribution: ses nombreux branchements exigent de toute façon de réaliser des fouilles, aussi les travaux avec tranchée sont-ils privilégiés. C’est pourquoi les collectivités préfèrent coordonner ces opérations avec des chantiers de voirie, de transport ou d’intervention sur d’autres réseaux… Les fournisseurs de matériel (canalisations, raccords, vannes, accessoires) se nomment alors AVK, Amiblu, Bayard, Dyka, Gebo, Huot, Hydro Pipe Solutions (HPS, nouvel entrant sur le marché français), Electrosteel, Molecor, Plasson, Saint-Gobain PAM Canalisation, Sainte-Lizaigne, Soval, Tubao, vonRoll hydro, Walther ou encore Wavin. Pour le réseau de transport, avec ses grandes longueurs sans embranchement, ou les franchissements difficiles qui interdisent les fouilles (passage sous une autoroute par exemple), les collectivités peuvent opter pour des techniques de réhabilitation sans tranchée, proposées par exemple par Aquarex, Hermes Technologie, Primus Line, Reline Europe et toujours Wavin.
«Les Techniques Sans Tranchée sont une
approche moderne et citoyenne pour la
réalisation des travaux souterrains. Elles
offrent des solutions qui réduisent considérablement les nuisances occasionnées
par les chantiers. La réhabilitation par
éclatement notamment, en plus de l’avantage qu’elle présente de poser une nouvelle canalisation neuve et structurante
en lieu et place, est la seule technique
capable d’augmenter la taille du réseau
existant. Vue l’évolution de la population,
cela n’est pas négligeable, surtout que les
gens se regroupent au même endroit,
ce qui demande potentiellement l’augmentation du volume de distribution»
argumente Florian Raynaud, d’Aquarex.
La technique classique avec tranchée
reste toutefois dominante, même pour
les réseaux de transport. Rampa TP a
ainsi renouvelé en 2022 (avec EHTP et
Colas) six kilomètres de conduite maîtresse pour le syndicat des Eaux RhôneVentoux. «La vieille conduite, qui datait
des années 1960, avait subi des ruptures
qui auraient pu mettre en danger l’approvisionnement de l’ensemble du syndicat» justifie Pierre Rampa. La société
a également remplacé une conduite de
fonte en encorbellement sous le pont de
Cairanne, pour le Syndicat Rhône Aygues
Ouvèze. A Vienne (Isère), un groupement
comportant Rampa TP, Guillaud TP et
Albertazzi a remplacé six kilomètres de
vieille conduite en béton par une canalisation en fonte. «Avec un investissement
total de 7 millions d’euros, les économies
d’eau se montent à 1.3 millions de m3
par an» précise Pierre Rampa.
QUELLES COLLECTIVITÉS ?
Selon l’observatoire Sispea, la France
comptait en 2020 quelque 11000 services d’eau potable pour environ
8200 collectivités ayant cette compétence. La loi NOTRe va induire une
nette diminution du nombre de services puisque, d’ici le premier janvier
2026, les communes assumant encore
seules cette compétence devront l’avoir
transférée à des EPCI, communautés de
communes, communautés urbaines ou
syndicats.
Là encore, des disparités régionales
apparaissent. «Dans notre bassin, nous
observons un gradient ouest-est. A
l’Ouest, ce sont plutôt des communautés de communes ou d’agglomérations,
voire des syndicats départementaux
(Vendée, Haute-Vienne, Morbihan), qui
gèrent l’eau. A l’Est, vers le Massif central, il reste plus de communes isolées»
explique par exemple Denis Rousset, de
l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (AELB)
La sécheresse de 2022 - et celle inévitable de 2023 - va peut-être accélérer
le mouvement de concentration. «Des
élus restent réticents à céder cette compétence mais la situation de 2022, où il
a fallu assurer le ravitaillement de communes isolées par des camions-citernes,
sera sans doute un déclic» espère Denis
Rousset. Une évolution indispensable
car ces milliers de communes seules,
souvent rurales, n’auront pas les moyens
financiers et techniques suffisants pour
assurer la pérennité de leur réseau.