Par Alain Rousseau, expert foudre chez Seftim et président de commissions techniques de normalisation pour l’Afnor
La notion de Smart SPD (parafoudre intelligent) est apparue en normalisation internationale pour la première fois en septembre 2015. L’objectif était alors d’anticiper l’utilisation de ces parafoudres dont quelques types existaient déjà de façon embryonnaire en Chine. Des fonctions variées étaient alors associées à ces parafoudres comme par exemple :
- être informé de l'état des parafoudres en temps réel avec surveillance de tous les composants d’un parafoudre.
- être informé des contraintes auxquelles l’installation a été soumises, ces informations pouvant conduire plus largement à la notion de qualité de l’alimentation.
- estimation de la durée de vie restante, basée par exemple sur l'énergie cumulée et le nombre d'impulsions subies. Cela devrait être basé sur la conception typique de chaque parafoudre.
Ce projet a finalement abouti fin 2021 à la proposition d’un projet de norme pour les « SMD » dispositif de surveillance des parafoudres qui sont utilisés pour surveiller l'état de fonctionnement et les paramètres du parafoudre et pour les communiquer localement et/ou à distance.
Au plus près du besoin
La définition du besoin reste une des clés d’un plan de protection réussi. La norme de référence est la norme d’Analyse du Risque Foudre NF EN 62305-2 qui traite de toutes les causes de défaillances liées à la foudre (choc de foudre direct, champ magnétique rayonné, surtensions induites…). Le principe de cette approche est de ne pas avoir d’a priori sur les solutions nécessaires. Elle permet de comparer différentes solutions de protections et de fixer de façon économique la plus adaptée. Un paratonnerre peut être utile mais si 90 % des problèmes viennent des lignes, des parafoudres seront plus adaptés et plus économiques. Toutes les lignes elles-mêmes n’ont pas le même poids et on peut décider d’en protéger certaines et pas d’autres. La nouvelle version de cette norme, attendue pour tout début 2023 sera un outil des plus adaptés pour la protection des ouvrages de gestion de l’eau. En effet, la norme qui est aujourd’hui surtout dédiée à certains besoins (par exemples les sites ICPE, via le risque incendie et la notion de risque tolérable) va s’ouvrir vers une plus grande prise en compte de chaque cas à travers la notion de fréquence de dommage. Elle permettra de déterminer le nombre de fois où un équipement particulier va être détruit dans les années qui suivent et de prendre des mesures de protection en fonction de la facilité à dépanner cet équipement et la durée de perte de service associée. La solution s’appuiera toujours sur des calculs précis mais permettra plus de finesse dans l’analyse et un échange plus grand entre spécialiste foudre et utilisateur, dans la recherche de solutions adaptées et notamment de parafoudres.
Améliorer le schéma de protection
Le retour d’expérience reste une des clés d’une normalisation et d’un schéma de protection foudre réussi. La perte d’une installation de production d’eau potable est dans tous les cas préjudiciables mais elle peut devenir critique sur des systèmes insulaires par exemple. Les informations sur les dégâts occasionnés remontent donc plus facilement pour les cas critique que sur les cas simples. Ils sont pourtant tous riches d’enseignement. L’analyse d’un cas est rarement significative, mais une analyse sur une région, sur un type d’application ou au niveau d’un syndicat professionnel permet généralement des avancées importantes dans les normes et notamment les normes d’application. Par exemple, faut-il utiliser la norme d’analyse du risque foudre pour les installations liées à l’eau ou ne faut-il pas développer une version simplifiée de cette norme comme c’est le cas par exemple pour les applications photovoltaïques ?
Une norme adaptable
Le message que je veux délivrer ici est simple : la norme n’est pas une contrainte mais un outil. Vous pouvez participer aux normes de demain mais il est aussi possible d’adapter les normes d’aujourd’hui à vos besoins.