Bürkert France présente ses nouvelles installations en Alsace

Après trois ans de projets et travaux, c’est fait. Le 13 juillet 2023, à Triembach-au-Val (Bas-Rhin), Bükert Fluid Control Systems a inauguré les nouveaux bâtiments de son établissement alsacien. Siège français du groupe et centre mondial de compétence pour les capteurs industriels, ce site fondé en 1967 a en réalité subi une refonte complète. Au menu, de nouveaux locaux et une réorganisation globale des circulations (personnel et composants) autour d’un axe couvert central permettant d’envisager le renouvellement de l’opération si nécessaire. Le projet, lancé en 2020 et réalisé sans perdre une seule journée de production, aura coûté 15 millions d’euros. Raison de cet investissement : Bürkert anticipe une explosion des ventes de son FLOWave, un débitmètre sans contact, et se met en ordre de marche pour répondre à la demande. Un nouveau hall de production et ajustage est donc dédié à cet appareil. Par effet domino, le déménagement de l’activité FLOWave libèrera de la place dans les ateliers existants pour la production du Mass Flow Controler (MFC), un produit lui aussi en pleine expansion.

Des locaux à hautes performances

Autour d’un corridor reliant anciens et nouveaux bâtiments se greffent aujourd’hui un nouveau hall de production et de test (3600 m²) pour le FLOWave, une nouvelle plateforme logistique (1500 m²) qui remplace l’ancienne, détruite, et des locaux (450 m²) pour les services généraux et l’outillage. Sans compter une nouvelle centrale énergétique et divers aménagements du site. Treimbach-au-Val est par ailleurs un des rares sites de production à disposer de salles blanches, de métrologie et de R&D sur place. 

Réalisation phare de cette opération, le hall dédié au FLOWave est un bâtiment à hautes performances. En particulier, certains composants délicats de l’appareil exigent une régulation stricte de la température ambiante, à 24 +/-1°C. Pour obtenir cela sans dépense énergétique excessive, il a fallu concevoir un local doté d’une enveloppe très isolante et chauffé par une des rares dalles actives industrielles en France. De l’eau chaude (ou froide, selon la saison) circule dans des serpentins noyés dans l’épaisse dalle de béton. Pour ajuster la température à 24°C en hiver, un complément est apporté par un système de diffusion et répartition d’air chaud.

Après assemblage, chaque FLOWave est testé. La précision de cet appareil, de l’ordre de 0,01 %, exclut l’ajustage classique par référence. Il fallait donc passer à la pesée. C’est pourquoi deux rangées de bancs d’ajustage gravimétriques occupent une bonne partie du nouveau hall. Cinq « petits » bancs sont destinés aux appareils de diamètre nominal (DN) de 8 mm à 50 mm. Juste à côté, un énorme banc dimensionné pour tester des appareils jusqu’au DN 200 mm domine l’ensemble.

La plateforme logistique n’est pour sa part pas dotée de climatisation active. Isolation, inertie thermique, sas à toutes les ouvertures, circulation d’air, absence d’ouverture au Sud, calcul des ombres portées par les autres bâtiments suffisent à y réguler la température.

Une forte préoccupation environnementale

Bürkert ne s’est pas facilité la tâche en accordant une attention particulière aux aspects environnementaux de l’opération. D’un point de vue énergétique, tout d’abord, avec des bâtiments très performants et une autoproduction d’énergie « verte ». Le chauffage du site est désormais dévolu à une nouvelle centrale à biomasse de 350 kW. L’absence de nappe phréatique à Triembach excluait en effet la géothermie, un instant envisagé. Vendu par l’ONF, le bois provient de moins de 30 kilomètres à la ronde : il est issu des arbres malades des Vosges. Devançant la réglementation, les fumées sont filtrées (système électrostatique) pour éliminer les particules. La centrale fonctionne depuis décembre 2022 et un emplacement est prévu pour une deuxième unité afin d’atteindre l’autonomie totale, et en vue d’éventuelles extensions du site. Par ailleurs, les toitures sont couvertes de panneaux photovoltaïques pour une puissance de crête de 277 kW, soit 40 % des besoins du site. Au total, les nouveaux bâtiments devraient atteindre la neutralité carbone dès 2025. Le groupe dans son ensemble envisage d’ailleurs cet objectif pour 2030.

Le site alsacien est membre d’Energiessen, un réseau associatif local de production et consommation d’électricité décarbonnée, fondé en 2022 par la communauté de communes de Villé et cinq entreprises (Bürkert, Egelhof, Ejot, Sengler et Super U Villé), et s’ouvrant dès cette année à d’autres entreprises, commerces, agriculteurs ou collectivités, en attendant l’arrivée des particuliers en 2024-25.

La gestion de l’eau n’a pas été oubliée. Bien que disposant à Triembach-au-Val d’un très vaste foncier constructible, Bürkert a implanté ses nouveaux bâtiments exclusivement sur des zones déjà artificialisées afin de préserver le reste du site qui est en zone humide protégée. Les parkings et la voirie sont drainants afin de ne pas bloquer l’infiltration de la pluie. Un bassin d’orage naturel (sans membrane, arboré) retient l’eau de ruissellement des toitures pour la déverser progressivement dans le Giessen, le cours d’eau qui longe le site. 

Des produits innovants

Deux produits, dans la vaste gamme de Bürkert, ont motivé l’extension du site. Le FLOWave, un débitmètre à ondes acoustiques de surface, se présente comme un tube en inox à la lumière totalement libre. Les capteurs n’étant pas au contact du liquide, l’appareil est conforme aux normes d’hygiène et, en particulier, compatible avec le nettoyage en place (NEP) ou la stérilisation en place (SEP). Il existe de plus des versions certifiées ATEX/IECEx, II 3G/D. Principe de fonctionnement : deux capteurs piézométriques, disposés aux extrémités, mesurent la propagation des ondes acoustiques de surface. Ce « bruit » de l’eau, ou de tout liquide conducteur ou non, permet d’en déterminer la vitesse, donc le débit dans le tube calibré. Une plateforme électronique, elle aussi développée et construite sur place, assure l’affichage, le paramétrage et la communication (en mode numérique). Outre le débit, l’appareil peut mesurer la densité, donc le débit massique. D’autres paramètres, comme par exemple le taux d’alcool ou de sucre sont en développement, par « simple » traitement des données issues des mêmes capteurs. Actuellement, la gamme s’étend de 8 mm à 80 mm de diamètre nominal, pour des débits allant de 0-1,7 m³/h à 0-200 m³/h.

Les Mass Flow Controler (MFC) sont pour leur part une famille de contrôleurs de dosage associant dans un même boîtier compact un capteur de débit massique, une électronique de régulation et une électrovanne proportionnelle sans frottement. Il en existe diverses versions, dédiées aux liquides comme aux gaz.

Des prévisions très optimistes

Dimensions du hall dédié au FLOWave - qui peut sans peine recevoir un, voire deux gros bancs de test supplémentaires - ou organisation autour d’un corridor central prévu pour « greffer » d’éventuels nouveaux bâtiments : tout est pensé dans une optique de croissance soutenue.

Par exemple, Bürkert produisait un millier de FLOWave par an ces dernières années (3000 en 2022) mais envisage d’en sortir rapidement jusqu’à 100 000 unités annuelles, en particulier des exemplaires de petite taille destinés à intégrer des machines, en tant que composants. Les marchés de l’agroalimentaire, de la pharmacie et de l’eau industrielle sont fortement demandeurs de cet appareil que Bürkert estime très compétitif, en termes de performances comme de prix ou d’encombrement.

De même, les marchés de l’hydrogène (surtout), de la pharmacie et de l’agroalimentaire demandent de plus en plus de Mass Flow Controlers. Bürkert emploie actuellement 230 salariés à Triembach-au-Val et la filiale commerciale en compte cinquante, pour un chiffre d’affaires cumulé en France de 83 millions d’euros. Le site alsacien envisage à court terme l’embauche d’une dizaine de personnes spécialisées pour compléter son effectif.

De manière plus générale, le groupe inaugurera en octobre 2023 un centre de production, de technologie et de logistique à Taicang Port, en Chine. Dans les deux ans à venir, Bürkert investira près de 70 millions d’euros sur différents sites allemands comme Criesbach, Öhringen ou Gerabronn, dont plus de 60 millions pour la seule usine de Hohenlohe.

Patrick Philipon