Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « Le marché du traitement de l’eau - Valorisation des boues d’épuration, REUT, internationalisation : axes de développement des acteurs et perspectives du marché d’ici 2018 »
« Entre
le vieillissement des infrastructures, le rebond des dépenses des collectivités
et le développement de nouvelles filières vertes, à l’image de la réutilisation
des eaux usées traitées (REUT), les professionnels français du traitement de
l’eau ont une belle carte à jouer ». Telles sont les principales
conclusions de l’étude du cabinet Xerfi sur les perspectives de développement
du marché de l’eau en France d’ici à 2018.
Sur
le fond, cette étude souffle tout à la fois le froid et le chaud.
Le
froid car les revenus des gestionnaires des services d’eau potable, pénalisés
par l’érosion structurelle des volumes consommés, devraient se contracter à
nouveau de l’ordre de 3% par an d’ici 2018 tandis que ceux des services gérant
les eaux usées devraient stagner ou enregistrer une légère hausse (+0,5%),
d’après les prévisions des experts de Xerfi.
Le
chaud car malgré les difficultés qui les assaillent, l’étude anticipe une reprise
de l’investissement des collectivités locales, notamment du bloc communal, qui
pourrait ainsi dépasser les 30 milliards d’euros en 2018 (+ 4 à 5 % par an). Le
parc français de stations
d’épuration est vieillissant et près de 20% des ouvrages datent de
plus de 30 ans, soulignent ainsi les auteurs.
Les
bureaux d’études et d’ingénierie devraient être les premiers à profiter de
cette dynamique. En perte de vitesse sur les exercices 2015 et 2016, leur
chiffre d’affaires pourrait progresser de 2% en 2017 et en 2018. L’activité des
entreprises de construction et de génie civil intervenant dans le traitement de
l’eau devrait également bénéficier de cette reprise en progressant de 5% en
2017 et de 2 % en 2018.
Les
équipementiers, quoique soumis à une rude concurrence de la part d’un nombre
croissant d’opérateurs étrangers, devraient également tirer leur épingle du
jeu. La croissance pourrait être en revanche plus modérée pour les fournisseurs
de produits pour le traitement de l’eau qui devraient, selon les experts, pâtir
de la baisse globale des volumes consommés, de la diminution des polluants
rejetés par l’industrie et d’un recours plus systématique aux produits naturels
dans plusieurs secteurs comme par exemple l’agriculture biologique.
Comment
tirer le meilleur parti possible de cette reprise qui semble s’annoncer ?
Les
experts de Xerfi formulent deux réponses.
La
première consiste à différencier son offre au niveau des produits mais aussi des
services pour s’imposer comme interlocuteur unique et se mettre à l’abri des
politiques tarifaires trop agressives. La compétence
généraliste n’intéresse plus personne, jugent en substance les auteurs de l’étude.
La
seconde consiste à « verdir » son offre pour pouvoir coller au
verdissement des pratiques. Car dans tous les domaines du traitement de l’eau,
ce sont les solutions vertes qui suscitent l’engouement le plus vif comme le
souligne l’étude.
La
tendance concerne aussi bien les fabricants de produits chimiques qui cherchent
à développer des solutions plus écologiques, que les équipementiers qui misent
sur la généralisation des systèmes de biofiltration ou de filtration plantée en
station d’épuration dont le nombre a doublé en 5 ans.
Tous
les maillons de la chaine de valeur sont concernés et peuvent profiter des
opportunités liées à ce verdissement observé des pratiques, de l’analyse en
ligne qui permet de répondre à de nombreux enjeux, au développement de systèmes
connectés permettant d’optimiser la gestion des ouvrages en abaissant les
coûts, jusqu’au développement de process à énergie positive.
Deux
filières à fort potentiel devraient cependant tirer le marché ces deux
prochaines années. La réutilisation des eaux usées traitées qui pourrait
bénéficier d’un desserrement prochain de l’étau réglementaire qui bride son
développement et la valorisation énergétique des boues sous forme de biogaz
injecté, pratique que les experts imaginent même se substituer aux procédés
traditionnels tels que l’épandage agricole ou l’incinération…