Entre la relance des programmes immobiliers, la montée en puissance du statut de tiers demandeur ou encore le soutien d’organismes publics comme l’Ademe, les spécialistes de la réhabilitation des sites et sols pollués devraient retrouver le sourire. C’est en tout cas ce qu’annonce Xerfi, qui vient de publier une étude détaillée sur le sujet .
« C’est d’autant plus vrai
qu’ils pourront également compter sur plusieurs débouchés à fort potentiel, à
commencer par la reconversion de friches en installations renouvelables,
estime Xerfi. Dans ces conditions, la
dynamique de la filière va persister d’ici 2020 avec une hausse de 4% à 7% du
chiffre d’affaires par an, selon les prévisions du ministère de la transition
écologique et solidaire ».
Les experts de Xerfi s’attendent, eux, à une croissance dans la fourchette
basse du ministère. La filière évolue en effet de façon très hétérogène selon
le positionnement, la taille et la certification des acteurs. A tel point que
l’écart de croissance du chiffre d’affaires devrait varier du simple au double
entre les PME et les grands groupes à court terme.
Les experts de Xerfi avancent trois explications à cet écart de croissance.
Le premier est le déséquilibre des relations entre les sous-traitants et les
maîtres d’œuvre. Le deuxième est le chemin ardu (coût, procédures…) pour
accéder à la certification et donc aux contrats, favorisant ainsi les grands
groupes. Enfin, la dégradation continue des marges des professionnels limitent
les capacités d’investissement des PME de la filière.
Aujourd’hui, cinq profils d’intervenants se disputent le marché, selon
Xerfi : les acteurs des services de l’environnement, les prestataires
spécialisés, les groupes de construction, les ingénieristes et les opérateurs
de l’inspection technique. Face à l’intensification de la concurrence, deux
profils sont particulièrement bien placés pour gagner des parts de marché, de
l’avis des experts de Xerfi. Il s’agit d’une part des majors du BTP (comme Bouygues,
Eiffage ou Vinci) dotés de capacités financières conséquentes et qui vont
bénéficier du statut de tiers demandeur en raison de leur connaissance
historique du marché immobilier. Et d’autre part des acteurs de l’environnement
comme Veolia ou Suez. Bien implantés sur la chaîne de valeur, ils se sont
renforcés sur des segments porteurs comme l’assainissement nucléaire. Ils
tireront également profit de leur renommée dans l’économie circulaire.
En outre, nombre de majors du BTP et de l’environnement disposent de
plateformes multimodales de traitement des terres.
Après une période de sous-investissement, un nouveau cycle de dépenses en
R&D est attendu, en particulier du côté des PME. L’objectif est bien sûr de
mettre au point des techniques innovantes, en particulier dans la
phytoremédiation. Xerfi cite le projet DePlassMétaux qui vise à développer un
procédé d’élimination des métaux lourds dans les sols par des plantes vivaces.
Les autres pistes de recherche portent sur l’amélioration de la détection des
polluants, l’association de techniques pour traiter des pollutions difficiles
ou encore la numérisation des procédés.
Au-delà de la recherche, l’intégration de la filière (comme tiers demandeur
ou comme gestionnaires intégrés des terres polluées), le ciblage de certains
marchés porteurs plus spécifiques comme le nucléaire ou la dépollution pyrotechnique sont aussi au
programme. Autant de pistes à creuser ou à explorer pour se différencier et
s’extraire des pressions tarifaires.
[1] « La réhabilitation des sites et sols pollués – Statut de
tiers demandeur, débouchés à fort potentiel, nouvelles techniques « vertes » :
quels leviers et perspectives de croissance d’ici 2018 ? »