Le marché français de la bioanalyse est en pleine forme. Et les perspectives de croissance s’annoncent prometteuses. C’est ce que révèle une étude publiée par Xerfi intitulée « Le marché de la bioanalyse à l’horizon 2020 ».
C’est
ainsi qu’après une hausse de plus de 5,5% par an en moyenne entre 2011 et 2017,
le chiffre d’affaires des entreprises du secteur devrait progresser au rythme
de 4% par an en moyenne à l’horizon 2020, selon les prévisions des experts de
Xerfi.
Il
faut dire qu’entre le durcissement des normes environnementales et celles
relatives à la sécurité des produits, les mesures des industriels pour protéger
leur image de marque, la prise de conscience écologique ou encore la montée en
gamme des industriels, les moteurs ne manquent pas. Le potentiel de croissance
reste immense notamment dans le domaine de l’eau : la France a notamment
pris du retard par rapport à son objectif d’atteindre un bon état écologique
des eaux de surface à 100% d’ici 2027 (ce taux atteignait seulement 43% en
2013). Par ailleurs, de nombreux scandales sanitaires et alimentaires ont
régulièrement émaillé l’actualité, créant un terreau propice aux sociétés
bioanalytiques.
Depuis
l’ouverture à la concurrence en 2006, l’offre privée n’a cessé de gagner du
terrain sur l’offre publique, notamment grâce à une politique active de
communication et de veille de la part des opérateurs, même si certains
laboratoires publics tentent de réagir en créant des groupements pour partager
leur expertise, mutualiser les coûts et investir dans du matériel plus sophistiqué.
Si
le dynamisme du marché profite à l’ensemble des acteurs privés, les plus grands
d’entre eux, en tête desquels Eurofins et Carso, tirent sans conteste leur
épingle du jeu, selon les experts de Xerfi. Dans une activité caractérisée par
d’importants coûts fixes, ils se sont lancés dans une course effrénée à la
taille pour réaliser des économies d’échelle. Ces leaders, qui représentent déjà
plus de 40% du chiffre d’affaires, devraient continuer à faire leurs emplettes
pour s’accaparer l’essentiel du marché français. Déjà vive, la concurrence
intra-sectorielle pourrait donc donc encore monter d’un cran. Cette course à la
taille risque de pénaliser les plus petits acteurs au rayonnement local. A
terme, le marché de la bioanalyse pourrait muter vers un marché à deux
vitesses.
La
stratégie de volume des leaders va multiplier les zones de tension. Les experts
de Xerfi ont ainsi identifié le risque d’éviction (en particulier pour les
petits indépendants), le risque de déstructuration (effet indirect des
multiples rachats d’entreprises ayant des organisations différentes), le risque
d’image/réputation (exposition accrue aux critiques) et un risque
déflationniste/de qualité (pressions sur les prix et offres standardisées).
Face
à cette évolution du marché, les challengers cherchent à diversifier leur offre
dans la formation, le conseil en affaires réglementaires, l’évaluation des
risques ou encore l’analyse sectorielle. A titre d’exemple, Alpa propose de
collecter et d’acheminer des prélèvements sous température dirigée vers une des
plateformes du groupe en moins de 24 h. Quant au groupe Wessling, il s’est doté
d’un pôle audit, formation et conseil. L’enrichissement des prestations de
services permet en effet d’augmenter les revenus des laboratoires mais
également la valeur perçue de l’offre, de l’avis des experts de Xerfi.
Proposer
des offres intégrées aux clients et se positionner comme leur unique
prestataire de référence, y compris à l’étranger, est une autre piste à ne pas
négliger, tout comme la capacité d’accompagnement des clients dans leur
déploiement à l’international. En somme, les laboratoires tentent de s’extraire
des pressions tarifaires et de se différencier de la concurrence en
sophistiquant leur offre.
Le
marché de la bioanalyse – Xerfi Research – Mars 2018