La sécurisation des ouvrages de gestion de l’eau vis-à-vis des risques associés aux surtensions dues à la foudre est essentielle. L’instrumentation systématique des ouvrages et la généralisation des réseaux et des équipements de communication augmentent la vulnérabilité des process de gestion de l’eau vis à-vis de ce risque, jusqu’à mettre en cause, parfois, la continuité du service. Le déploiement de la 5G et de l’Internet des objets (IoT) va rendre les équipements à protéger encore plus nombreux au moment où la nouvelle version de la norme NFC 15-100, attendue pour l’an prochain, doit rendre le parafoudre obligatoire pour toutes les installations industrielles et tertiaires. L’occasion de faire le point avec Christian Macanda, responsable produits chez Citel, spécialiste en solutions pour la protection des équipements électriques contre les surtensions transitoires dues à la foudre.
Revue L’Eau, L’Industrie, les
Nuisances : Pouvez-vous nous présenter Citel en quelques mots ?
Christian Macanda : Citel est un
groupe industriel fondé en 1937 qui conçoit, fabrique et commercialise des
solutions pour la protection des équipements électriques, informatiques,
télécom ainsi que pour les installations photovoltaïques ou les systèmes
d'éclairage LED contre les surtensions transitoires dues à la foudre.
A l’origine, le groupe dont l’acronyme signifiait « Compagnie Industrielle des Tubes Et Lampes », était spécialisé dans la conception et la fabrication de lampes d’éclairage à décharge néon. Cette spécialisation, qui repose sur la maitrise d’une décharge dans une enceinte gazeuse confinée, l’a conduit à développer puis à se spécialiser sur un autre produit qui repose sur une technologie analogue : l’éclateur à gaz.
Pendant des décennies, Citel
s’est spécialisée dans la fabrication de ce composant que nous fabriquons
encore aujourd’hui. Au début des années 1980, le groupe a commencé à développer
une gamme diversifiée qui ne repose plus sur un composant unique, mais sur un
ensemble de composants destinés à protéger tout type d’installation et tout
type d’équipement contre les surtensions dues à la foudre : les parafoudres
Revue E.I.N. : Quelle place occupe Citel
sur le marché de la protection contre la foudre ?
C.M. : En France, nous sommes
leaders sur le marché et par ailleurs le seul fabricant français dans ce
domaine. Le groupe, basé à Sèvres (92), emploie plus de 300 personnes dans le
monde et exerce 100% de ses activités dans la conception, la fabrication et la
vente de parafoudres. Notre production est répartie entre deux grands sites :
Reims, le site de production historique du groupe, et plus récemment Shanghai
qui fabrique désormais la majorité de nos gammes de parafoudres modulaires. Grâce
à de nombreuses filiales et distributeurs partout dans le monde, le groupe réalise
près de 80% de son chiffre d’affaires à l’export, ce qui le place, au niveau
mondial, dans le top 5.
C.M. : Elle est importante mais assez hétérogène. Les ICPE, soumis aux directives danger, doivent évaluer toutes les contraintes susceptibles d’entrainer une défaillance du site, dont celles liées aux risques dus aux surtensions imputables à la foudre. Cette évaluation, réalisée selon la norme NF EN 62305-2, les amène à solliciter un bureau d’étude certifié Qualifoudre, ce qui se traduit, le plus souvent, par la mise en œuvre de solutions reposant sur des parafoudres adaptés au site, à sa localisation et à la nature de ses activités.
Pour les autres
sites, qu’il s’agisse d’une usine de production d’eau potable, d’une station
d’épuration, ou de n’importe quel autre ouvrage de gestion de l’eau, c’est
souvent la mise en œuvre de capteurs ou d’équipements de télégestion qui
entraine, via l’équipementier ou l’intégrateur, la mise en place de solutions
anti-surtensions.
Mais un nombre de plus en plus important d’exploitants
savent aussi qu’il est nécessaire d’aller au-delà des exigences normatives pour
assurer véritablement la protection de leurs équipements et la continuité du
service. Cette exigence les conduit bien souvent à remettre, de manière volontaire,
leurs équipements à niveau pour augmenter le niveau de robustesse de leur
dispositif de protection.
C.M. : Oui, du fait de deux contraintes fortes que les exploitants doivent prendre en compte et savoir gérer. L’exploitation des différents ouvrages nécessite de transmettre de nombreuses données sur de longues distances entre des ouvrages géographiquement dispersés ce qui représente un accroissement important du risque. Et puis il y a la continuité du service : une interruption, même momentanée, du service est devenue inenvisageable.
Ces deux conditions font que le recours à des
solutions permettant de se prémunir contre les surtensions est devenu
quasi-systématique, même s’il n’est pas encore obligatoire.
Revue E.I.N. : Quelles sont les solutions disponibles aujourd’hui sur le marché pour se doter d’un niveau de protection compatible avec la gestion de l’eau ?
C.M. : les solutions parafoudre disponibles reposent sur trois familles de composants. Les éclateurs à gaz, les varistances, très utilisées pour les réseaux d’énergie, qu’ils soient alternatifs, photovoltaïque ou continu, et puis les diodes d’écrêtage rapide, en association avec des éclateurs, très utilisées lorsqu’il s’agit de protéger les linges de données. Ces technologies, désormais matures, évoluent assez peu.
En revanche, elles se combinent pour assurer une protection optimale. Les éclateurs à gaz spécifiques GSG, développés par Citel, associés à des composants varistances, permettent de réunir les avantages des deux technologies. Cette technologie dite « VG », a été implantée sur les parafoudres BT de type 1 puis étendue aux parafoudres BT de type 2 et à la protection des réseaux DC pour photovoltaïque.
Elle procure de nombreux
avantages en termes de fiabilité, de robustesse et de compacité. On peut donc,
en s’équipant, ou en remettant son dispositif de protection à niveau, à volume
égal, avoir des parafoudres plus fiables, plus robustes, c’est-à-dire capables
de supporter des agressions nettement supérieures à ce qu’il était possible
d’absorber précédemment.
Revue E.I.N. : Vous avez procédé au
renouvellement complet de votre gamme de parafoudres modulaires au début de
cette année. Quelles sont les gammes concernées ?
C.M. : Tout à fait. Notre gamme de parafoudres modulaires pour alimentation se répartit en trois grandes catégories : les parafoudres pour réseaux d’énergie alternatif, photovoltaïque et continu. Ce renouvellement concerne toute la gamme déjà existante, soit, à terme, près de 1.000 références entièrement renouvelées !
Il est le fruit de deux décennies d'expérience, et de plusieurs années de recherche et développement intense et de multiples échanges avec nos clients. Supervisé par nos experts membres des comités de normalisation nationaux et internationaux, il a permis de développer des parafoudres conformes aux normes d’aujourd’hui, mais aussi anticiper celles de demain, tout en cherchant la meilleure performance possible.
Ces nouveaux parafoudres,
testés et validés par des laboratoires reconnus (dont ceux de Citel disposant
de certification), bénéficient d’une garantie de 5 ans.
C.M. : Ils sont nombreux et se traduisent globalement par une qualité de protection renforcée, une installation et une débrochabilité simplifiée, et une durée de vie accrue. Conformément aux normes, ils sont équipés d’un indicateur de déconnexion et d’une fonction télésignalisation qui permet à l’exploitant de disposer d’une information précise et fiable et ainsi d’assurer un vrai suivi de l’état de son dispositif de protection.
C’est
une sécurité supplémentaire. Ils offrent également une tenue optimisée aux TOV,
c’est-à-dire aux surtensions temporaires susceptibles d’endommager des
parafoudres classiques. Certaines versions intègrent des fusibles
additionnels, évitant ainsi le recours à des fusibles extérieurs ou proposent
une compacité maximale (jusqu'à 2 fois plus compact).
Revue E.I.N. : En quoi les avancées en
termes de pilotage et d’identification du statut du parafoudre pour réseau de
communication sont-elles importantes ?
C.M. : Le parafoudre n’est pas un composant à défaillance régulière. Ce n’est pas un fusible. C’est un composant à longue durée de vie mais qui peut être soumis à des agressions extrêmes, susceptibles de le rendre défaillant.
Jusqu’à présent, pour les parafoudres destinés aux réseaux de communication, le mode de fin de vie traditionnel était la mise en court-circuit. Pour affiner ce dispositif, nous avons développé des gammes de parafoudres intégrant des systèmes de télésignalisation de défauts à distance qui permettent d’avertir l’exploitant, et surtout d’identifier le parafoudre défaillant.
Jusqu’à présent, cette
fonctionnalité n’était pas jugée essentielle par tous les exploitants, le taux
de défaillance d’un parafoudre étant très faible. Mais les règles de
maintenance sont de plus en plus strictes et le parafoudre n’échappe pas à
cette tendance.
Revue E.I.N. : Comment voyez-vous
l'avenir du parafoudre ?
C.M. : Concernant les parafoudres pour réseau basse tension, la nouvelle version de la norme NF C15-100 qui va rendre le parafoudre obligatoire pour toutes les installations industrielles et tertiaires, va contribuer à changer son statut : jusqu’à présent accessoire, il devient un composant essentiel sur lequel repose le bon fonctionnement de la plupart des process.
Mais au-delà, pour toutes les installations nouvelles et
sensibles, tels les réseaux de communications, l'IoT, l'éclairage LED, le
Photovoltaïque, les bornes de recharge pour VE, les réseaux 5G, le stockage
DC…le parafoudre s'affirme comme un élément incontournable de fiabilisation.
L'avenir du parafoudre s'annonce donc radieux….
Propos recueillis par Vincent Johanet