Bien se protéger contre la foudre et les surtensions
31 octobre 2019Paru dans le N°425
à la page 97 ( mots)
Rédigé par : Christophe BOUCHET de EDITIONS JOHANET
Les ouvrages de gestion de l’eau et les équipements associés sont, par nature, très exposés aux effets de la foudre. Le développement tous azimuts ces dernières années de l’instrumentation, des réseaux de communication et des interconnexions, de même que l’arrivée prochaine de la 5G et le déploiement de l’IIOT, rendent plus prégnante encore la nécessité de déployer une stratégie de protection contre les risques associés à la foudre. C’est d’autant plus indispensable que les solutions adaptées existent et que les investissements requis sont plusieurs fois remboursés dès le premier incident évité.
Le risque foudre appartient à la catégorie des risques dits “NaTech”, contraction des mots naturel et technologique, qui désigne les conséquences directes ou indirectes que peut avoir une catastrophe naturelle sur une installation industrielle. Relèvent de cette catégorie les risques liés aux phénomènes extrêmes : inondations, séismes, feu de forêt, tempêtes, mouvements de terrains, avalanches, cyclones, grands froids, canicules et… impacts de foudre.
Même si les retours d’expérience restent fragmentaires, les risques liés à la foudre sont une réalité. En France, Météorage enregistre, selon les années, entre 330.000 et 725.000 impacts de foudre. La base de données ARIA, gérée par le ministère de la transition écologique, recense plus d’une centaine d’accidents liés à la foudre entre 1985 et 2019, et affectant des installations classées ou susceptibles de l’être. Les dommages recensés sont dus aussi bien aux effets directs de la foudre (explosions, incendies…) qu’aux effets indirects qui se matérialisent par des surtensions, courts-circuits, coupures d’électricité, pertes de redondance, entraînant bien souvent des destructions matérielles, cartes électroniques, automates… etc.
Bon nombre des sinistres recensés concernent les ouvrages de gestion de l’eau avec des conséquences souvent graves.
Qu’on en juge.
En juillet 2014, au cours d’un violent orage, la sonde de pression permettant de mesurer la hauteur de la retenue du barrage du Crozet (38) tombe en panne, de même que le transmetteur chargé d’acheminer les valeurs mesurées. L’exploitation à distance du barrage, notamment la gestion de la cote de la retenue, devient impossible. La surverse n’est évitée que d’extrême justesse grâce à un renforcement massif des turbinages.
En août 2015, dans les Deux-Alpes, un impact de foudre provoque l’ouverture intempestive d’un évacuateur de crue provoquant une élévation du débit en aval du barrage à 9 m³/s contre 3 m³/s, prévu par la consigne. Seule l’intervention manuelle d’un agent permet d’éviter la catastrophe.
En décembre 2017, la foudre provoque une interruption de l’alimentation électrique de la station d’épuration de Serent (56). L’absence de rejet au milieu naturel n’est due qu’à la continuité de fonctionnement de l’installation, assurée deux jours durant grâce à des groupes électrogènes.
En avril 2018, à Valenton (94), un impact de foudre perturbe la mesure du niveau d’un gazomètre de la station d’épuration (classée Seveso seuil haut), entraînant le dégazage intempestif de 215 Nm³ de biogaz par les soupapes de 2 digesteurs.
En juin 2018, un violent orage détruit le module de commande d’une vanne pilotant un réservoir de stockage de digestat d’une usine de méthanisation, entraînant l’ouverture de cette dernière. Un déversement de 150 t de digestat s’écoule vers le réseau pluvial et atteint La Grasse (31).
Le point commun à tous ces incidents ? Ils auraient pu être évités si les ouvrages impactés avaient été correctement protégés contre les effets de la foudre, et ceci moyennant un investissement plus d’une centaine de fois inférieur à celui des dégâts occasionnés, sans même évoquer les conséquences potentiellement catastrophiques qu’ils auraient pu avoir.
Tous sont également imputables à une sous-estimation du risque foudre. « Ce risque reste encore trop souvent perçu comme étant lié à un phénomène naturel, universel et surtout inévitable, explique Christian Macanda, Global Product Manager chez Citel, leader français de la protection contre la foudre. Or, si ses conséquences directes et indirectes sont réelles, elles sont aussi évitables, pourvu qu’un dispositif de protection adapté ait été mis en place ». Cela passe d’abord par une prise de conscience quant à la vulnérabilité du site.
Prendre conscience de la vulnérabilité du site
« Avec les installations télécom, les ouvrages de gestion de l’eau figurent parmi les infrastructures les plus exposées au risque foudre, souligne Olivier Pellissier, Product Manager chez Phoenix Contact. Et comme par hasard, les deux se retrouvent fréquemment sur les mêmes sites ! ». De fait, les châteaux d’eau, situés sur les points hauts sont fréquemment privilégiés par les opérateurs GSM qui les choisissent pour y installer leurs antennes relais. Ils sont donc particulièrement sujets au foudroiement direct. Mais les réservoirs ne sont pas les seuls concernés. « Les ouvrages de captage, les stations de pompage, de relevage, de re-chloration, souvent isolés, alimentés en aérien, sont particulièrement vulnérables au risque foudre, poursuit Olivier Pellissier. C’est également le cas des usines de production d’eau potable et des stations d’épuration du fait de la présence de bassins, même si ces ouvrages sont généralement situés en basse altitude ». Leur étendue, la présence de bâtiments et d’équipements interconnectés, alimentés en courants forts et faibles, abritant des réseaux de transmission de données reliés à des équipements sensibles tels que capteurs, analyseurs, automates de télégestion, centrales d’acquisition, SNCC…, les rendent particulièrement sensibles aux effets de la foudre.
En France, la réglementation ICPE impose depuis 2008 la réalisation d’une analyse du risque foudre (ARF), d’une étude technique, et la mise en place de vérifications périodiques une fois les dispositifs installés. Elle permet, sur ces sites, de déterminer les besoins en prévention et protection contre les effets de la foudre, et de se prémunir contre les pertes en vies humaines à la suite d’un impact. « Elle concerne la sécurité des personnes et, dans une moindre mesure, les risques liés aux atteintes à l’environnement, mais pas à la continuité du service et encore moins à la protection des matériels » souligne Olivier Pellissier.
Certains systèmes de prévention déterminent également la sévérité d’un orage, ce qui permet aux ouvrages de gestion de l’eau de disposer à la fois d’une information sur le risque de foudroiement, mais aussi sur les autres aléas associés comme les rafales de vent, la grêle ou encore les fortes précipitations.
Tous les spécialistes en conviennent, Il faut donc aller beaucoup plus loin, et pas seulement sur les sites classés. « D’une manière générale, les exploitants sont souvent insuffisamment informés, estime Régis Reeb, Directeur technique chez Dehn France. Un effort important s’impose, autant sur le nombre des sites à protéger que sur le niveau et la qualité de la protection déployée ». C’est d’autant plus souhaitable qu’en matière de protection foudre, l’investissement réalisé est plusieurs fois remboursé, et ce dès le premier incident.
« En effet, lorsque le sujet de la continuité de fonctionnement ou de la protection de l’outil de production est abordé avec l’exploitant, il saisit aisément l’intérêt de la protection et c’est encore plus rapide s’il est informé d’événements liés à la foudre ayant concerné les installations dont il est responsable », souligne Jérôme Marcuz, Responsable produit chez ADEE Electronic.
Mais la configuration du marché français ne facilite pas les choses. « L’un des effets pervers de la réglementation, c’est que les démarches imposées se font souvent à minima, c’est-à-dire que l’on se limite à ce que les textes imposent. Elle laisse par ailleurs penser à ceux qui ne sont pas concernés qu’une protection n’est pas nécessaire, alors que rien n’est plus faux », déplore Olivier Pellissier chez Phoenix Contact. Par ailleurs, dans le domaine de l’eau, « Celui qui construit et qui finance n’est pas toujours celui qui exploite et qui porte le risque, souligne Régis Reeb chez Dehn. Lors des appels d’offres, rares sont donc les intégrateurs ou les tableautiers qui prendront le risque de se pénaliser en allant au-delà du strict minimum ».
« En fonction du type de contrat, les prestataires chargés de la maintenance ne voient pas toujours un intérêt immédiat à proposer une protection foudre pouvant réduire le nombre d’interventions », estime par ailleurs Jérôme Marcuz chez ADEE Electronic.
« Au niveau des équipements, les choses évoluent cependant favorablement. Certains fournisseurs ne garantissent par leurs équipements s’ils ne sont pas protégés par un parafoudre, analyse Olivier Pellissier. Mais globalement, bon nombre d’ouvrages restent mal, voire pas du tout protégés ».
Lacroix Sofrel a fait le choix d’une compatibilité électromagnétique de haut niveau pour l’électronique de ses équipements en garantissant ses produits 3 ans dès lors qu’ils sont associés aux parasurtenseurs proposés dans le catalogue de la marque. « Au travers de la protection de nos équipements de télégestion, c’est le process entier que nous protégeons, analyse Benoit Quinquenel, Chef de projets chez Lacroix Sofrel. Nous préconisons à nos clients de placer des parasurtenseurs au niveau des lignes de communication filaires, de l’alimentation des équipements ainsi que sur chaque capteur réparti ».
Les pratiques pourraient cependant évoluer prochainement du fait d’une évolution importante de la norme NFC15100 actée au niveau européen et déjà applicable en Italie, en Allemagne ou en Grande-Bretagne. « Cette évolution va avoir pour effet de rendre le parafoudre quasiment obligatoire sur tous les réseaux basse tension », explique Christian Macanda chez Citel. Elle bouleverse le postulat actuel qui conditionne la mise en place d’un dispositif de protection au contexte extérieur, en passant directement à l’examen du type de protection le plus adapté indépendamment des conditions extérieures au site. « A terme, toutes les installations industrielles, tous les ouvrages de production, et les installations relevant du public, à l’exception du petit tertiaire et du domestique, devront être équipés de parafoudres, indépendamment des conditions extérieures au site », souligne Christian Macanda.
Bon nombre d’exploitants, qui s’estimaient jusqu’à présent non concernés, vont donc devoir s’équiper de dispositifs de protection adéquats. Pour ceci, une analyse de risques devra être menée qui permettra également d’identifier les solutions de protection adaptées.
Identifier les solutions de protection adaptées
Probabilité de foudroiement, mode d’apparition des surtensions, topographie du site, zone d’exposition, réseaux de communication… les paramètres à prendre en compte au niveau des ouvrages sont d’autant plus nombreux qu’il faut y ajouter ceux concernant les équipements à protéger. L’omniprésence de l’électronique et des automatismes dans les installations de traitement d’eau les rend particulièrement vulnérables aux surtensions susceptibles de paralyser rapidement l’ensemble d’un process de traitement. « Pour ce qui est des équipements, l’un des premiers paramètres à prendre en compte, c’est le degré d’immunité de l’équipement que l’on veut protéger, indique Alain Cridel, Directeur commercial chez Paratronic. Il faut aussi prendre en considération le nombre de fils que l’on souhaite protéger et, bien sûr, les tensions d’utilisation de l’équipement concerné ».
Des normes existent qui permettent d’aider l’exploitant à évaluer le risque encouru. C’est le cas de la norme NF EN 62305 partie 2 qui traite des principes généraux de l’évaluation du risque contre les effets directs de la foudre. La protection des systèmes et des matériels contre les effets indirects de la foudre est quant à elle traitée par la norme NF C 15-100 ainsi que par le guide pratique UTE C 15-443 intitulé “Choix et installation de parafoudres”.
« La solution la plus simple consiste cependant à faire appel à une société certifiée Qualifoudre ce qui se traduira par la mise en œuvre d’une solution adaptée », souligne Régis Reeb chez Dehn France, fabricant labellisé Qualifoudre.
« La certification Qualifoudre est un gage d’expertise technique, normative et réglementaire et de fiabilité à toutes les étapes du projet de l’exploitant (analyse, étude, fourniture, installation, maintenance et vérification) qui peut s’adresser à un interlocuteur formé et qualifié en cas d’interrogations », confirme Jérôme Marcuz chez ADEE Electronic.
Le paratonnerre protège un bâtiment contre les impacts directs et facilite l’écoulement du courant électrique vers le sol en minimisant l’impédance du chemin empreinté par la foudre. Plusieurs types de paratonnerres peuvent être mis en œuvre : ceux à dispositif d’amorçage (PDA selon norme NF C 17-102), qui permettent la formation d’un traceur ascendant et sa propagation vers le traceur descendant du nuage d’orage, les paratonnerres à tige simple (PTS), des protections de type cage maillée sur un bâtiment (norme NF EN 62305-3) ou encore les fils tendus au-dessus de la zone à protéger (norme NF EN 62305-3).
La protection contre les effets indirects de la foudre repose sur les parafoudres, dont le type est fonction de l’équipement à protéger, de la localisation du parafoudre au sein de l’installation électrique et de la présence ou non d’un paratonnerre. Les normes actuelles classent les parafoudres pour réseaux basse tension en 3 types. Les parafoudres de type 1 pour des installations où le risque foudre est très important, permettent d’écouler une onde très énergétique. Les parafoudres de type 2 sont généralement posés en tête d’installation (TGBT) ou à proximité d’équipements sensibles. Quant aux parafoudres de type 3, ils sont placés près d’équipements particulièrement sensibles.
La protection de ces équipements, très sensibles aux perturbations du réseau, doit être parachevée avec un parafoudre comportant un filtre EMI. En effet, le parafoudre doit être dimensionné pour couvrir les différentes lignes qu’il protège. « Les parafoudres pouvant remplir plusieurs fonctions sont également très présents sur le marché, on trouve couramment des parafoudres de type 1 ayant un niveau de protection leur permettant d’assurer la fonction d’un parafoudre de type 2 également au sein du même appareil, précise Jérôme Marcuz chez ADEE Electronic. Idem pour les parafoudres de type 2 ayant également les caractéristiques d’un parafoudre de type 3 permettant un niveau de protection très bas même lorsqu’ils sont mis en place en tête d’installation ».
Mais quels parafoudres choisir et où les installer ? « Un dispositif de protection doit s’appréhender de façon globale et reposer sur une analyse du risque permettant de guider vers un choix de protection optimale », souligne Christian Macanda chez Citel. Régis Reeb, chez Dehn France, plaide en faveur d’une protection renforcée des ouvrages de gestion de l’eau, bien au-delà de ce qu’exigent les normes. « Dans les régions les plus exposées, il faut conjuguer paratonnerre et parafoudres et privilégier, lorsque la continuité du service est en cause, les parafoudres de type 1 et non pas de type 2 comme on l’observe trop souvent. De même, dès lors qu’un site est alimenté en aérien, nous préconisons systématiquement le type 1 ». Même approche chez Phoenix Contact qui insiste également sur l’importance du dimensionnement du parafoudre et sur le choix du dispositif de protection associé (disjoncteur ou fusible).
Les besoins déterminés, il faudra passer en revue une offre en produits de protection abondante et diversifiée.
Une offre abondante et diversifiée
Citel, Dehn, Indelec, Mersen, Paratronic, Phoenix Contact, Pôle foudre Soulé & Hélita, Schneider Electric, Weidmüller… proposent des solutions parafoudres adaptés aux besoins requis par les ouvrages de gestion de l’eau.
Citel développe une gamme très large de parafoudres adaptés aux différents types de réseaux : énergie, télécom ou informatique, et coaxiaux. L’entreprise vient de procéder au renouvellement de sa gamme de parafoudres modulaires destinée à protéger les équipements des surtensions provenant du réseau électrique. « Ce renouvellement concerne toute la gamme existante, soit près de 1.000 références, avec, à la clé, une qualité de protection renforcée, une installation et une débrochabilité simplifiée, et une durée de vie accrue, souligne Christian Macanda. Conformément aux normes, ils sont équipés d’un indicateur de déconnexion et d’une fonction télésignalisation qui permet à l’exploitant de disposer d’une information précise et ainsi d’assurer un vrai suivi de l’état de son dispositif de protection. Ils offrent également une tenue optimisée aux TOV, c’est-à-dire aux surtensions temporaires susceptibles d’endommager des parafoudres classiques ». Certaines versions intègrent des fusibles additionnels, évitant ainsi le recours à des fusibles extérieurs ou proposent une compacité maximale (jusqu'à 2 fois plus compact). L’entreprise a développé une technologie spécifique dite VG qui associe des éclateurs à gaz spécifiques à des varistances, ceci pour réunir les avantages des deux technologies. « Implantée sur les parafoudres BT de type 1 et 2 et à la protection des réseaux DC pour photovoltaïque, elle procure de nombreux avantages en termes de fiabilité, de robustesse et de compacité », souligne Christian Macanda.
Dehn France, filiale française du fabricant allemand Dehn, développe pour les réseaux d’énergie et de puissance, une gamme de parafoudres de type 1, 2 et 3, avec ou sans fusible intégré pour les deux premières catégories. « Ne fabriquant pas de disjoncteur, contrairement à nos confrères généralistes, nous avons choisi d’intégrer le fusible dans notre parafoudre, ce qui nous permet de proposer un produit complet », explique Régis Reeb. Les parafoudres de type 1 reposent sur la technologie brevetée d’éclateur à air encapsulé, contrairement à la plupart des autres fabricants qui ont opté pour une varistance. « L’avantage, c’est que l’on absorbe fortement l’onde du choc foudre, explique Régis Reeb. Une varistance absorbe entre 30 et 40 % de l’onde alors que notre technologie en absorbe 99 % ». Plus chère, cette technologie cible d’abord les installations très techniques nécessitant une meilleure absorption de l’onde : le nucléaire, le militaire, les centrales hydroélectriques, les sites industriels… etc. Dehn, qui assume délibérément ce positionnement sur le marché, revendique l’équipement de plusieurs centrales hydro-électriques, notamment sur le Rhin et le Rhône.
Comme ses confrères, Phoenix Contact développe de son côté une gamme diversifiée de solutions dédiées à toutes les applications et signaux courants. Elle associe à l’ensemble des normes liées aux parafoudres les contraintes plus spécifiques des installations situées en zone ATEX, des boucles de sécurité qui requièrent une certification SIL, ou encore la protection des équipements connectés au réseau Ethernet POE (Power Over Ethernet).
Phoenix Contact a présenté lors de la foire de Hanovre 2019 ImpulseCheck, un système d’assistance intelligent capable de surveiller les parafoudres basse tension en proposant également une analyse complète des ondes de chocs et surtensions. Le système repose sur un capteur capable de scanner les courants de choc et les impulsions de tension haute fréquence qui traversent le parafoudre. Connecté à l’Internet via Proficloud, le cloud de Phoenix Contact, ce capteur transmet les données recueillies à un algorithme déporté chargé de les interpréter, avant qu’elles ne redescendent vers l’exploitant pour lui permettre de paramétrer ses notifications et d’organiser sa maintenance en lui donnant une orientation plus prédictive. « En comptant les impulsions différentes et en analysant les différents résultats en fonction des critères d’amplitude, de charge et d’énergie spécifique, ImpulseCheck permet à l’exploitant de connaitre, en temps réel, l’état de santé actuel de son parafoudre et ainsi de déterminer à quel moment il est le plus opportun de le changer » explique Olivier Pellissier. ImpulseCheck est un module à part entière qui s’ajoute à un parafoudre Phoenix Contact, même ancien. Il prolonge vers l’industrie 4.0 et le Big data le Checkmaster 2 qui permet de contrôler manuellement les connecteurs des parafoudres basse tension et constitue une réponse aux besoins exprimés par les exploitants en matière de pilotage et d’identification du statut du parafoudre.
Citel travaille également beaucoup sur la télésignalisation. « Le mode de gestion de la fin de vie du parafoudre est essentiel car il permet à l’exploitant d’être informé et ainsi de faire évoluer sa maintenance vers des règles d’exploitation plus strictes » estime Christian Macanda.
Paratronic, s’est créée en 1984 sur le créneau de la protection contre les effets de la foudre. L’entreprise développe et fabrique depuis son origine ses propres parafoudres, en se focalisant sur les parasurtenseurs de types 2 et 3, spécifiquement conçus pour protéger capteurs et centrales d’acquisition contre les effets indirects de la foudre. Même si aujourd’hui ses activités se sont diversifiées, l’entreprise, qui ne travaille que dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, reste un spécialiste reconnu dans le secteur. « Nos gammes ont en commun de privilégier la capacité d’écoulement de la surtension à la terre pour que le parafoudre soit capable d’encaisser de nombreux chocs de foudre selon leur intensité, explique Alain Cridel. Dans le domaine de l’eau, des capacités d’écoulement de 8 à 10 kA sont généralement retenues pour les sites peu exposés notamment en milieu urbain. Pour les sites les plus exposés, c’est-à-dire les réservoirs sur tours, stations de pompage isolées, ou équipements en zone rurales, nous retenons en général des capacités d’écoulement de 15 à 20 kA ». Paratronic, qui développe également de nombreux capteurs et centrales d’acquisition, a également beaucoup travaillé pour élever le degré d’immunité de ses équipements. « L’électronique intégrée à nos capteurs piezo a été durcie afin de pouvoir résister à des chocs de foudre jusqu’à 20kA sans avoir besoin d’installer de parafoudre, nous permettant ainsi d’assurer une garantie de 2 ans sur ces matériels » souligne Alain Cridel.
De son côté, ADEE Electronic propose depuis près de 40 ans des parafoudres type 2 et 3 basés sur la technologie à diode Zener et fabriqués en France sous la marque Fusadee®. Cette spécificité technique offre des performances particulières en matière de temps de réaction et de niveau de protection (Up) garantissant ainsi la pérennité des équipements les plus sensibles même en cas d’impact foudre à proximité. Cette alternative permet aux exploitants de bénéficier d’un recours dans le cas où les technologies conventionnelles ne donneraient pas satisfaction. ADEE Electronic propose également des parafoudres conventionnels sous la marque Vario®, des paratonnerres à dispositif d’amorçage sous la marque Defystorm® et une gamme de services à ses clients (formation, support technique, vérifications) grâce à sa labellisation Qualifoudre depuis 2006.
Soigner la mise en œuvre
Éclateurs à gaz, varistances ou diodes d’écrêtage rapide, les technologies sur lesquelles reposent le parafoudre ont peu évolué ces dernières années. « Ces composants ont cependant fait de gros progrès en termes de fiabilité et de robustesse ce qui permet de développer des parafoudres plus robustes et plus fiables, capables d’encaisser des chocs plus importants » souligne Régis Reeb chez Dehn France. Autre grande avancée : l’encombrement. « Aujourd’hui, un parafoudre analogique est quasiment plus petit que deux bornes pour raccorder une boucle 4/20 mA sur une entrée automate » souligne Olivier Pellissier, chez Phoenix Contact. Même chose dans les domaines du monitoring du statut du parafoudre, et dans la gestion de sa fin de vie.
Les normes elles-mêmes évoluent, de même que les exigences des utilisateurs, et c’est surtout dans l’amélioration de la fiabilité, notamment pour les réseaux d’énergie, et dans l’amélioration du comportement du parafoudre sur des agressions supérieures à ce qu’il est censé supporter à l’origine que l’on note de fortes évolutions. De plus en plus, les normes exigent des tenues par rapport au TOV, les surtensions temporaires : il faut que le parafoudre absorbe le choc, se déconnecte, informe de sa déconnexion.
Mais tout ceci reste conditionné à une mise en œuvre de qualité, conformément aux normes en vigueur, (NF C 15-100 et guide UTE C 15-443). « Car mal installé, le meilleur des parafoudres ne sert à rien, souligne Olivier Pellissier. L’exploitant sera mieux protégé par un parafoudre moyen bien installé que par un bon parafoudre mal installé qui n’aura aucun effet ». De fait, un dispositif de protection contre les effets de la foudre ne s’embarrasse pas de demi-mesures : il protège ou il ne protège pas. Alain Cridel, chez Paratronic, rappelle également que le parafoudre n’est qu’un élément parmi d’autres au sein de la chaine de la protection : « Le parafoudre le plus performant qui soit ne servira à rien si les bonnes pratiques en matière de câblages ne sont pas respectées, si le réseau de terre n’est pas correct, ou si les liaisons équipotentielles ne sont pas réalisées, souligne-t-il. La cohérence d’un dispositif de protection doit être analysée de façon globale ».
Le niveau de protection du parafoudre peut également impacter la configuration du dispositif dans son ensemble. « Avec le bon parafoudre installé à l’endroit adéquat, il est possible d’éviter les mises en cascade de parafoudres qui risquent d’encombrer les tableaux électriques et de rendre complexe la vérification et la maintenance. Pour atteindre cette optimisation, le choix technologique et du type de parafoudre devient alors crucial, explique Jérôme Marcuz chez ADEE Electronic. La sélection du système de déconnexion du parafoudre doit aussi faire l’objet d’une étude dédiée. Aujourd’hui, la plupart des fabricants sont en mesure de fournir des solutions intégrant le déconnecteur associé dans des encombrements réduits : cette approche facilite grandement le travail des bureaux d’études lors de la prescription et celui des électriciens à l’installation ».
L’installation de parafoudres reste relativement complexe d’autant que malgré les gains réalisés en matière d’encombrement, les armoires électriques restent bien souvent surchargées. Une solution sûre et simple consiste à confier l’installation à un prestataire spécialisé puis à missionner un bureau de contrôle qui sera chargé de vérifier que l’installation a été correctement réalisée. « L’éventail normatif est étoffé, il faut le respecter et s’assurer qu’il a été respecté » estime Olivier Pellissier.
Le recours à un prestataire extérieur permet également de trancher certaines questions délicates comme par exemple celle du dimensionnement des parafoudres. Un degré d’immunité élevé des équipements courants faible permet-il d’alléger le dispositif de protection en amont ?
Pour les installations plus simples, il reste possible de s’appuyer sur les développements des fabricants visant à simplifier la mise en œuvre de leurs produits comme par exemple les coffrets précablés ou interfaces de précâblage qui permettent d’installer facilement des parafoudres modulaires conformément aux normes en vigueur, même s’ils ne permettent pas de s’affranchir des règles de base.
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