Partant du principe qu’une pompe sur mesure est une pompe parfaitement fiable et performante, comment aller plus loin en matière de personnalisation ? L’impression 3D par fusion laser, dont les avantages ne se limitent plus au prototypage, pourrait constituer un élément de réponse selon les ingénieurs de KSB. Explications.
Depuis la fin du 19ème
siècle, l’industrie ne fabrique que les produits dont la production en grandes
quantités permet d’être rentabilisée. Qu’il s’agisse de chaines de production
classiques ou de centres d’usinage automatisés, la règle est partout la
même : investir dans des installations automatisées et coûteuses n’est
rentable que pour quantités importantes.
Pour pouvoir
proposer à l’utilisateur un produit répondant parfaitement à ses besoins, les ingénieurs
de KSB ont très tôt développé, dès le début des années 1930, une grille de
sélection, avec un inconvénient pour le fabricant : seule une gestion très
efficace de la complexité lui permet d’être rentable. Cette contrainte existe
encore aujourd’hui : rien que pour les pompes normalisées à eau Etanorm, plus
de 40 tailles de corps différentes sont proposées ! À cela s’ajoutent
diverses versions de matériaux et de garnitures d’étanchéité d’arbre. Si bien
qu’à l’heure actuelle, la taille moyenne des lots dans la production Etanorm
est d’environ 1,4. Le web-shop de KSB donne un aperçu significatif des possibilités
de configuration offertes de nos jours au client lors de la sélection d’une
pompe centrifuge.
Une pompe sur-mesure est une pompe parfaitement fiable et
performante
Pourtant, la fabrication,
dans le domaine des pompes, pourrait aller encore plus loin en matière de personnalisation.
Des possibilités nouvelles que les méthodes de fabrication actuelles ne
permettent pas de réaliser de manière rentable pourraient ouvrir de nouvelles pistes
dans l’exploitation des pompes. Ainsi, l’avenir pourrait être à des « pompes
sur mesure » qui se distingueraient par des coûts d’ingénierie maîtrisés à
chaque étape, de l’attribution du marché au traitement de l’offre jusqu’à la
mise en service. Dans les cas extrêmes, une « pompe sur mesure »
n’existerait qu’en un seul exemplaire destiné à une installation requérant une
pièce unique. Gare, cependant, à ne pas confondre une pompe sur mesure avec un prototype
qui nécessite encore des essais. Mais les ingénieurs en sont convaincus et le
savoir-faire accumulé sur des modèles antérieurs le démontre : une pompe
sur mesure (« tailor-made pump ») est une pompe parfaitement fiable
et performante.
Reste qu’une pompe
sur mesure repose sur des exigences contradictoires. Alors que sa qualité et sa
fiabilité doivent être excellentes, ses coûts de fabrication doivent être bas
et les délais de livraison courts. Compte tenu de la forte concurrence qui
règne parmi les fabricants de pompes, ces critères pourraient revêtir une
grande importance à l’avenir.
Parmi d’autres techniques
de fabrication, la fusion laser pourrait jouer ici un rôle décisif à l’avenir.
Cette technique
permet de fabriquer un élément couche par couche à partir de poudre métallique
à l’aide de microprocédés de soudage (Photo 1). Il en résulte un composant de
forme quasi définitive et physiquement dense, produit dans un lit de poudre (Photo
2). Les coordonnées conceptionnelles sont générées par un logiciel CAO.
L’impression 3D est absolument silencieuse.
Le procédé est économique
en termes de consommation d’énergie et de matériau puisqu’il n’utilise et ne
traite thermiquement que la quantité de métal effectivement nécessaire à la
réalisation du produit. Des calculs réalisés par KSB ont montré que des
économies de matériau variant de 50 à 70 % étaient possibles lors de la production
de composants en ajustant leur conception aux exigences du processus de
fabrication. Cela s’explique d’une part par l’absence presque totale de déchets
pendant l’impression 3D et, d’autre part, par la réutilisation de toute la
poudre résiduelle. L’ensemble du processus de production se déroule sous
atmosphère inerte pour protéger les matériaux oxydo-sensibles lors de la
fusion. Le produit final diffère par sa structure métallographique, mais non
par la composition de la poudre métallique à partir de laquelle il est produit.
Depuis fin 2014,
KSB dispose dans son usine de Pegnitz de deux installations puissantes de
fusion laser (Photo 3). Les spécialistes en matériaux étudient les potentiels
de l’impression 3D pour le développement et la fabrication. Des composants
métalliques appropriés sont fabriqués à titre expérimental à partir des données
CAO. Il reste encore à démontrer que les pièces fabriquées à partir de la poudre
métallique présentent la même résistance et les mêmes caractéristiques que les
composants comparables fabriqués par des procédés classiques. Le Centre de
Recherche et Développement de Gradignan (France) dédié à la robinetterie
papillon, exploite également la fabrication additive métallique pour réaliser
très rapidement des pièces avec des géométries complexes, difficilement
réalisables avec des procédés de fonderie ou de forge.
Par ailleurs, de
nouvelles directives de conception doivent être élaborées, car la fusion laser
représente un nouveau domaine d’activité pour la construction de pompes et de
robinetterie. La liberté de conception, ainsi que la disponibilité des
composants en tout lieu et à toute heure, ouvrent de nouvelles perspectives
pour le développement, la fabrication et la logistique.
À ce jour, en
termes de technologie et de rentabilité des coûts, les limites de l’impression
3D se situent encore au niveau de la taille des composants et de la vitesse de
fabrication. Toutefois, les installations de fusion laser les plus importantes
affichent déjà une chambre de construction d’un volume de 160 litres. De fait,
les progrès techniques rapides devraient permettre ouvrir la voie à des
imprimantes de taille supérieure. La rentabilité de ce processus de fabrication
se mesure à la quantité de matériau fondu. Pour l’heure, la fabrication de
composants de grande taille n’est rentable que si ces composants ne sont plus
disponibles, ou s’il s’agit de prototypes.
C’est le cas dans
de nombreux secteurs comme par exemple la fabrication de pièces de rechange
pour des voitures, des motos ou des avions anciens.
Pour le
constructeur de pompes, il s’agit avant tout d’exploiter les avantages de ce
nouveau procédé de production qui constitue une étape importante vers
l’Industrie 4.0 en tirant le meilleur parti de ses potentialités. Pour l’instant,
les avantages de l’impression 3D se situent dans la fabrication de composants
de petite taille et hors standard ou quand une grande quantité peut être
fabriquée en un seul processus (Photo 4). Qu’en sera-t-il à plus long terme
pour les composants de grande taille ? Quelles innovations résulteront des
diverses possibilités offertes par l’impression 3D ? Les données CAO
existantes permettent la fabrication de produits partout dans le monde. La
fusion laser va sans doute générer d’importants changements dans la
disponibilité des composants au niveau mondial et permettre d’aller encore plus
loin dans l’individualisation de pompes.