Le prix moyen du mètre cube d'eau en France, s'est élevé en 2017 à 3,56 € TTC, redevances comprises, contre 4,01 € pour la moyenne de l'échantillon européen. C’est ce qu’indiquent les résultats du 11ème baromètre NUS Consulting publiés par la FP2E, qui compare les prix des services d’eau et d’assainissement constatés dans les 5 plus grandes villes de 10 pays européens. Ces prix sont observés sur la base d’une facture type annuelle de 120 m3 toutes taxes et redevances comprises.
Comme
les années précédentes, le Danemark est le pays où le prix des services d'eau
est le plus élevé (6,62 € le m3), tandis que l'Italie celui où il
est le plus bas (1,43 € le m3).
Entre
janvier 2015 et janvier 2017, le prix des services d'eau et d'assainissement en
France a progressé en moyenne annuelle de 0,6 %. Une évolution inférieure à
celle observée entre janvier 2013 et janvier 2015, où la variation annuelle
moyenne s'élevait à 2 %. Ces résultats montrent donc une relative stabilité du
prix des services d’eau. La part de la
dépense liée à la facture d’eau dans les budgets des ménages, de 0,8 %, est
stable depuis 1996. En France, la dépense liée à l’eau et à l’assainissement
est de l’ordre de 1 € par jour et par foyer en moyenne, pour environ 330 litres
délivrés puis traités quotidiennement.
Pour
satisfaisant qu’ils soient, ces résultats doivent toutefois être modérés. Car l’évolution
des prix résulte aussi des niveaux d’investissements réalisés dans chaque pays.
Le phénomène de hausse des prix constaté dans des pays comme l’Italie (+6 %
entre 2015 et 2017) par exemple, est lié à la nécessité d’investir en urgence
pour moderniser et adapter des réseaux de distribution et d’assainissement ne
permettant plus, dans certaines zones, une continuité de service. Or, une part de la stabilité des prix en France
est imputable à un sous-investissement chronique et préoccupant. Le taux de
renouvellement annuel des réseaux d’eau potable, qui ne concerne aujourd’hui
que 0,6 à 1 % du linéaire français, devrait, par exemple être doublé pour
éviter un vieillissement des infrastructures. Au rythme actuel, il faudrait 160
ans pour remplacer les réseaux de distribution, alors que la durée de vie d’une
canalisation est en principe de 30 à 80 ans. Autrement dit, l’effort
d’investissement annuel de renouvellement, qui est de l’ordre de 800 millions
d’euros, devrait être doublé et atteindre 1,6 milliards d’euros environ.
Par
ailleurs, sur certains territoires ruraux, les besoins de financement sont
particulièrement importants (canalisations, usines de traitement, prévention
des inondations, assainissement non collectif) notamment face au vieillissement
des infrastructures. Et si l’eau du robinet est de bonne qualité pour plus de
97 % des consommateurs, des disparités existent entre la qualité de l’eau
distribuée dans les villes et celle de l’eau distribuée dans les zones rurales.
Le taux de non-conformité
bactériologique de l’eau distribuée dans les zones les plus rurales est par
exemple 20 fois supérieur à celui des zones les plus urbaines…
La
FP2E a donc rappelé la nécessité d’adopter aux plans local et national une
politique de l’eau ambitieuse, qui stimule l’investissement. Les solutions, en matière
de financement, ne reposent pas uniquement sur une augmentation de la facture d’eau.
La France peut par exemple accéder à des
financements européens dédiés à la mise en œuvre de la Directive cadre sur
l’eau non utilisés. Lors des précédents programmes des fonds structurels, un
milliard d’euros, attribué mais non utilisé, est retourné à l’Union Européenne…
Reste
qu’une réflexion globale sur le financement de ces investissements s’impose. Raison
pour laquelle la FP2E s’est déclarée très satisfaite des récentes déclarations
du Chef de l’Etat quant à la création prochaine d’Assises de l’eau visant à
penser le financement de ces investissements.