Il y a quatre ans, TenCate Aquavia, entité du groupe TenCate, dédiée à la conception des textiles oléo-dépolluants, lançait TenCate GeoClean® pour le traitement des eaux pluviales à la source dans des ouvrages décentralisés d’infiltration. Le 7 décembre dernier, les résultats d’une série d’expérimentations conduites par le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement aménagement (Cerema) et le laboratoire Eau, environnement et systèmes urbain (Leesu) attestent de l’efficacité de cette solution sur la fixation et la biodégradation des hydrocarbures et HAP1. Aujourd’hui l’entreprise lance InDi’Green pour les revêtements perméables.
Avec les lois « Gemapi » et « Climat et résilience », une dynamique nouvelle s’est enclenchée en faveur du bon état écologique des eaux pluviales. « Un sujet de préoccupation touchant notamment les entreprises qui cherchent à renforcer leurs programmes RSE pour limiter leur impact environnemental mais aussi conforter leur réputation auprès de leurs publics, sensibles aux démarches écoresponsables. De fait, les projets d’aménagement de parkings et de centres urbains perméables (laissant la pluie d’infiltrer directement) fleurissent partout en France » se félicite Jean-Pascal Mermet, président de TenCate AquaVia.
Désimperméabiliser les sols,
déconnecter les eaux pluviales
En ligne de mire, le marché des parkings perméables, le plus mature actuellement en termes de gestion durable des eaux pluviales. « Nous savons que les eaux pluviales sont polluées, en particulier en hydrocarbures et HAP. Or, on ne peut pas laisser une eau pluviale polluée s’infiltrer dans le sol sans traitement. C’est antinomique avec la notion même de durabilité alors que 25% de la biodiversité se situe sous terre ». En proposant un prix de 7 euros/m2 fourni et posé, l’industriel veut démocratiser son textile oléo-dépolluant et considère que le soutien des agences de l’eau à la désimperméabilisation des sols et à la déconnexion des eaux pluviales renforce la compétitivité de l’offre. « Avec nos aquatextiles, nous avons la solution pour les traiter et restituer aux sols une eau propre. Avec InDi’Green, nous rendons cette technologie accessible partout et à l’ensemble des acteurs publics et privés » insiste Jean-Pascal Mermet.
InDi pour Infiltration Directe
Visant à nettoyer naturellement les eaux pluviales des hydrocarbures (dont les HAP) lors de leur infiltration dans le sol, InDi’Green est dimensionné pour les revêtements perméables de type minéral ou végétal. Ses applications sont spécifiques aux parkings et places de stationnement, aux voiries urbaines, aux plateformes logistiques et aux entrées de garage. C’est ce qui le différencie de la gamme d’aquatextiles GeoClean®, choisie déjà dans plus de 300 projets franco-européens en seulement quatre ans et adaptée pour gérer des charges de polluants plus lourdes provenant d’infrastructures plus importantes, nécessitant un dimensionnement technique. InDi’Green est tout de même capable de traiter les hydrocarbures dans les cas de pollution diffuse (fuites d’huile…) ou accidentelle localisée (accident, vidange sauvage…).
Textile technique structuré en
bi-couche, de couleur vert d’eau, InDi’Green est conçu pour traiter les eaux
pluviales en Infiltration Directe, d’où son préfixe : « InDi ». Caractéristique
importante du produit, il permet de s’affranchir d’un géotextile en ayant une
très bonne résistance à la traction (20 kN). « Nous sentons chez les maîtrises d’ouvrage
une volonté forte d’infiltrer l’eau de pluie à la source. Comme infiltrer
propre est essentiel, le rôle de notre société est de faire bénéficier notre technologie
au plus grand nombre d’organisations dont les budgets ne suivent pas toujours.
InDi’Green est né de cette volonté à les aider dans leur transition écologique
et à fortifier leur politique RSE. Avec une solution adaptée et économique,
nous aidons les gens pour aider la nature » assure Jean-Pascal Mermet qui souligne
l’efficacité à long terme des aquatextiles, soit plus de 50 ans.
Performances écologiques
Une efficacité mise en exergue dans les
expérimentations menées en 2021 et 2022 par le Cerema et le Leesu pour mieux
cerner le rôle des aquatextiles dans le traitement des eaux de ruissellement
lors de leur infiltration dans le sol : « la première expérimentation
menée en 2021 consistait à mesurer les performances de fixation des HAP tandis
que la deuxième expérimentation, menée en 2022, visait à mettre en situation l’aquatextile
dans une structure d’infiltration typique. L’objectif étant de voir comment
cette structure se comportait en cas d’apports de polluants aux hydrocarbures
dans les eaux de ruissellement et de mettre en évidence les taux d’abattement et
les capacités en biodégradation de ces hydrocarbures » résume Dr.
Olivier Artières, directeur technique et innovation.
L’étude révèle une excellente performance des aquatextiles (gamme GeoClean®) pour fixer et biodégrader à hauteur de 99,9% les hydrocarbures classés C10-C40. Après passage par l’aquatextile, la teneur résiduelle en hydrocarbures dans l’eau est inférieure à 0,03 mg/L, « soit 167 fois moins que la norme légale de 5 mg/L (pour les séparateurs à hydrocarbures de classe 1) » insiste le chercheur.
Pour les HAP, qui constituent un
cocktail très dangereux dans les eaux de ruissellement, les résultats sont
aussi convaincants puisque la fixation est de l’ordre de 62 à 78% pour les 6
HAP les plus toxiques (cancérigènes possibles) et présents dans les eaux
pluviales. Pour le benzo(a)pyrène, classé comme cancérigène avéré, le taux de
fixation monte à 77%.
L’étude montre ainsi le rôle positif joué par les aquatextiles sur la biodiversité des sols, note Dr. Olivier Artières . « Les résultats de l’étude menée par le Cerema et le Leesu attestent que l’aquatextile a un pouvoir épurateur très important sur les hydrocarbures de type huile et graisses (C10-C40 ; HAP), et en même temps, elle démontre en conclusion des richesses et des diversités fonctionnelles plus importantes avec l’aquatextile que des solutions de traitement traditionnellement mises en œuvre, puisqu’il préserve la quasi-totalité de la diversité microbienne fonctionnelle des écosystèmes sols soumis à une pollution aux hydrocarbures ».
Pascale Meeschaert