Les solutions qui permettent de raccorder vite, bien et à coup sûr se multiplient. À tel point que les identifier constitue parfois une vraie difficulté. Dans tous les cas, la mise en œuvre et le respect des prescriptions édictées par le fabricant restent essentiels.
En matière de branchements comme en matière de raccordements, pas de réseau sans raccord. Ce composant, sans lequel rien n’est possible, permet d’assembler, de dévier, de dériver, d’ajuster ou d’adapter le réseau à son environnement local et finalement d’en déterminer les structures et les contours autant que les fonctionnalités.
Quoiqu’invisible et peu coûteux au regard de la valeur de l’infrastructure qu’il permet de créer et des sommes engagées pour le poser, il est déterminant. Judicieusement choisi et correctement posé, il se fera oublier et remplira son office sans que nul ne s’en préoccupe plus jamais après la pose et pendant toute la durée de vie du réseau. Mais s’il s’avère inadapté ou mal posé, il se révèlera être immanquablement un point de vulnérabilité critique susceptible de générer des dysfonctionnements majeurs et des interventions très coûteuses.
D’où l’importance d’identifier les solutions les plus adaptées pour raccorder vite, bien et à coup sûr.
Sur certaines parties du réseau, comme par exemple sur la partie branchement qui désigne l’ensemble du dispositif conduisant l’eau de la conduite de distribution à l’installation de l’abonné, il est omniprésent. Mais sous des formes parfois très différentes, souvent déterminées par la nature de la conduite de distribution. Très logiquement, la grande diversité des matériaux proposés en matière d’adduction d’eau potable entraîne une non moins grande diversité de raccords, manchons, tés, coudes qui doivent s’adapter aux caractéristiques de la conduite à laquelle ils se rattachent. Comme souvent en pareil cas, il n’existe pas de mauvaise solution, seulement des solutions inadaptées.
Neuf : l’électrosoudable progresse au rythme du PE
Les solutions disponibles sur le marché sont larges et ont fait leurs preuves, poussées par de nombreux fabricants qui font valoir l’homogénéité et l’unicité du réseau soudé. « Une fois réalisée, la soudure ne constituera jamais le point faible, souligne Damien Moine chez GF Piping Systems. Elle sera toujours au moins aussi résistante que le reste du tuyau ». GF Piping Systems a développé des systèmes d’électro-soudage reposant sur un système modulable qui permet, à partir de quelques pièces seulement, de réaliser différents assemblages sur des diamètres allant de 20 à 400 mm. « Nous proposons également un système baptisé Elgef® Plus, orientable avant soudure, c’est-à-dire que la partie haute peut être orientée avant la soudure, ce qui facilite le branchement », explique Damien Moine. Pour les applications plus spécifiques, GF Piping Systems a présenté à Pollutec 2016 une nouvelle solution de tests non destructifs permettant de valider la qualité des soudures sur les gammes bout à bout ecoFIT (PE), PROGEF (PP), ainsi que sur la gamme électro-soudables ELGEF (PE), sans découpe de la canalisation. Basée sur une technologie ultrasonique, la radiographie des soudures permet de répondre à certains besoins du marché en proposant une alternative aux solutions métal, avec une équivalence en termes d’assurance qualité tout au long du processus de soudage.
« La solution PE soudé est clairement celle qui permet d’augmenter les rendements des réseaux, insiste également Corinne Collas chez Plasson. C’est la raison pour laquelle nous avons été pionniers en matière de solutions d’électro-soudage en anticipant le développement de ces techniques d’assemblage. Aujourd’hui, notre gamme est l’une des plus larges du marché et permet de souder de la conduite de distribution jusqu’au compteur grâce à une multitude de pièces (coudes, té, manchons de transition…) associées à un outillage qui permet de faire face à toutes les configurations et toutes contraintes ».
Chez Aliaxis, tout en continuant d’innover dans la gamme électrosoudable, notamment avec la nouvelle prise de branchement DAA avec poignée de mise en place rapide, on ne néglige pas les entreprises frileuses à s’équiper pour souder, avec les solutions mécaniques Push-Fast (tube avec emboîtement verrouillable autobuté, dn 90 à 250 mm) et Aquafast (manchons et adaptateurs à brides autobutés dédiés PE et PVC, dn 75 à 315 mm).
« Le Push-Fast est également plébiscité sur les chantiers d’accès difficile ou qui demandent une cadence de pose élevée, en alternative au touret, particulièrement en ville, explique Clément Musard, responsable Technique. Quant à l’Aquafast, les adaptateurs à brides peuvent servir de joints de démontage pour la robinetterie et, associés à une plaque pleine, de bouchons temporaires pour éprouver des tronçons particuliers ».
Branchements : les raccords mécaniques priment largement
Le plus ancien, le laiton, conserve la faveur des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, très attachés aux qualités traditionnellement reconnues à ce matériau : robustesse, résistance à la corrosion, durabilité. « Nous pensons que c’est le matériau qui offre actuellement le plus de garanties en matière de sécurité, de fiabilité et de pérennité », indique Thierry Delwal, Responsable bureau d’études & Innovations chez Huot.
Leader sur le marché, Huot associe tradition et modernité en concevant et en fabriquant sur son site de Saint-Mihiel (53) une gamme très large de références conformes aux exigences de la norme EN 805 qui exige notamment une durée de vie des produits de plus de 50 ans et une conformité sanitaire des matériaux en contact avec l’eau potable. Des produits 100 % français, conçus et développés et sur la base d’un parc machines dernier cri reposant notamment sur la modélisation 3D, la CFAO au service de produits simples, rapides et faciles à poser. Car tous en conviennent : en matière de branchement, la pose de la pièce coûte souvent plus cher que la pièce elle-même. Du coup, permettre aux poseurs de gagner du temps en leur proposant des produits simples et rapides et surtout durables, constitue l’alpha et l’Omega du métier. De-là découlent l’essentiel des innovations proposées ces dernières années sur le marché.
« Nos gammes de raccords et robinets s’inscrivent dans une certaine continuité mais savent s’adapter aux contraintes d’aujourd’hui, explique Thierry Delwal chez Huot. Pour sécuriser la pose, nous développons par exemple des systèmes de serrage qui permettent de serrer sur butée, ce qui permet d’uniformiser le serrage en s’assurant que le produit sera étanche dans ses conditions d’emplois. Autre exemple, en matière de facilité de pose, nous avons été précurseurs en faisant évoluer notre raccord Rexuo en encliquetant les garnitures, presse étoupe, bague de crampage et roulette de flexion de manière à ce qu’ils ne soient pas perdus en cas de démontage ».
Dans le même esprit, le robinet de prise en charge universelle Yacuo a été développé pour permettre une prise en latérale ou verticale de manière à faciliter la pose en supprimant les sens de montage. Son embase tabernacle permet de le mettre en place très facilement une fois que la prise en charge est terminée.
Isiflo développe également deux gammes principales de raccords du 20 au 63 mm, parmi les plus larges du marché, qui répondent à la norme de résultat DIN 8076. “Isiflo Raccords à serrage extérieur”, monobloc, en laiton non-dézincifiable CW625N sans relargage de plomb ni de zinc, selon la norme EN12165. « La potabilité de l’eau et de l’environnement sont donc préservés grâce à une teneur maximum en plomb de 1,6 %. Notre laiton Isiflo RA455 est garanti 20 ans », souligne Philippe Oddone. En termes de sécurité de pose, Isiflo propose un serrage sécurisé avec l’écrou qui vient en butée sur le corps du raccord, ce qui indique que le serrage est terminé et l’étanchéité est assurée, même par forte pression. L’autre gamme, “Raccords Isiflo Sprint”, est sans serrage, en matière composite PA12 à base de polyamide et fibres de verre. « La résistance mécanique de ce composite est bien supérieure aux polypropylènes et autres polymères, surtout sur les parties filetées qui ne nécessitent pas d’être en métal et répondent également aux exigences de la DIN8076 », précise Philippe Oddone. Pour les réparations sur tous types de tubes tels que plomb, galva, divers plastiques rigides, “Isiflo Flexi Adapter”, en matière composite également, s’adapte à toutes les situations et contraintes du diamètre 15 au 63 mm.
Au-delà de la série 7, très utilisée dans le domaine de l’arrosage et de l’irrigation, Plasson a développé une gamme dédiée à l’eau potable, la série 1, qui ne nécessite pas de serrage. « En branchement d’eau potable, le laiton reste très utilisé, explique Corinne Collas chez Plasson. Et passer du laiton au plastique nécessite de réévaluer la force de serrage. Pour éviter les problèmes et les risques de dégradation de l’assemblage, nous avons développé un autre type de raccordement, sans serrage, qui permet, en plus de raccorder vite et bien et facilement ». Cette gamme, verrouillée, développée en alternative aux solutions électro-soudables et aux raccords en laiton, permet de réaliser des branchements en PE homogènes. « Les plastiques bougent un peu et ont tendance à se dilater lors des changements de températures, explique Corine Collas. En optant pour des raccords polymériques, on obtient un réseau homogène dont l’ensemble des composants se comportent de la même façon ». La série 1 s’adresse au branchement et à l’adduction principale jusqu’au diamètre 63.
Bayard propose de son côté une gamme de raccords Pushfit pour tuyaux en PE de diamètres 25 à 63 mm. Le principe de raccordement repose sur la pression de l’eau : après l’insertion du tube, lorsque les pièces ne sont pas sous pression, le joint torique assure l’étanchéité à l‘eau tandis que la bague d’ancrage garantit le maintien. La pression de l’eau amène le joint torique contre la bague d’ancrage qui, comprimée contre le cône du corps, s’accroche sur le tuyau. Ainsi, l’étanchéité augmente au même rythme que la pression de l’eau. Dans des conditions de pression négative, le joint torique reste dans son siège initial, assurant une étanchéité efficace par dépression. La gamme Grippa permet, quant à elle, le raccordement des tuyaux PE à des tuyaux plomb, cuivre ou acier de diamètres 15 à 34 mm.
Raccordements : sécuriser les connexions tout en élargissant les plages de pose
Bayard a développé de son côté sur ses colliers de prise en charge “ROC” un dispositif de sécurité breveté avec système de butée et détrompeur qui permet, quel que soit le couple de serrage, de ne pas compromettre l’intégrité des tubes en PVC ou PE sur lesquels il se pose.
De même, Electrosteel a développé une bague de joint RSE® pour permettre le verrouillage de tous les raccords Express Electrosteel DN 80 à 300. Ce joint, qui allie la double fonction d’étanchéité et de verrouillage par insert métallique, permet une vérification simple de son positionnement avant et après l’assemblage. Les solutions de perçage en charge développées par Huot ou EIE permettent également de gagner du temps tout en sécurisant les connexions et ceci sans interrompre le service.
Les solutions de raccordement doivent aussi répondre à un nouvel enjeu : simplifier la gestion des stocks en limitant les approvisionnements et en les rationalisant. Diminuer le nombre de composants nécessaires pour répondre à un large spectre d’applications. Et pour ceci, élargir les plages de pose en développant des solutions à “grande tolérance”. C’est par exemple la vocation du collier fonte revêtu époxy LP 88 de Huot, large plage d’AVK, Alphaclic de Sainte Lizaigne ou encore ROC GT PLUS de Bayard qui s’adaptent à n’importe quel matériau : PEHD, fonte, PVC, acier… Etc.
Supa Maxi™ d’AVK pose également de nouveaux jalons en termes de tolérance. 10 manchons- adapteurs suffisent pour couvrir du DN 50 au DN 400 avec ±4° de déviation angulaire de chaque côté, indépendamment du serrage. Ces manchons sont dotés du système breveté SupaGrip™ qui associe un support de joint à géométrie variable à un concept exclusif d’accroche, garantissant ainsi une étanchéité et une résistance à la traction supérieures pour tous les DN et tous les tuyaux. Grâce à une grande profondeur d’insertion, le tuyau ne se déplace pas vers l’intérieur lors du serrage.
De son côté, Bayard a lancé à Pollutec 2016 le GIBAULT PLUS, une version optimisée de ce manchon qui a fait ses preuves depuis plus de 70 ans sur le marché. « Sa facilité de pose a été encore accrue grâce à une plus grande longueur d’emboîtement, la plus importante sur le marché à l’heure actuelle, assure Stéphanie Vachet chez Bayard. Le serrage se fait d’un seul côté grâce au dispositif à vis TRCC. Le nouveau joint permet par ailleurs d’avoir 6° de déviation angulaire de chaque côté afin de pallier au problème de mauvais alignement des canalisations. L’étanchéité a également été renforcée grâce aux joints larges situés dans les brides de serrage ».
Chez Von Roll, la technique de verrouillage BLS®-/VRS®-T est conçue pour de très hautes pressions, jusqu’à 100 bar ou, selon le diamètre nominal, des forces de traction mécaniques jusqu’à 200kN. « Les forces résultant des pressions internes et externes reçues par la canalisation sont transmises au terrain environnant par le frottement de celles-ci, explique Alain Siozard. La transmission de la force entre deux tubes est assurée par un cordon de soudure sur l’embout mâle du tube et des clés installées dans la chambre de verrouillage de la tulipe ». Grâce à une déviation angulaire jusqu’à 5°, il est possible d’installer une conduite de canalisation servant un rayon de 69?m sans utiliser de raccord ni de butée.
Mais les maîtres d’ouvrage souhaitent aussi pouvoir exploiter les avantages de différents matériaux. Par exemple associer la flexibilité des plastiques avec la solidité de la fonte. Typiquement, prolonger des tronçons en PEHD avec des tronçons en fonte, capables d’absorber les charges roulantes dans les zones circulantes. C’est ce que permet la gamme BLUTOP® de Saint-Gobain PAM dont les diamètres extérieurs des tuyaux et des raccords sont compatibles avec ceux des canalisations plastiques (PE, PVC). « BLUTOP® permet d’exploiter pleinement les avantages de la fonte ductile en apportant une réponse pertinente en termes de mise en œuvre comme en termes de durabilité, souligne Jérôme Guilleautot. Transportables à la main, emboîtables à la barre à mine, ces canalisations apportent également une réponse en matière d’exploitation en remplaçant d’anciens tubes en plastique en se montant directement sur les réseaux en place et en utilisant un grand nombre d’accessoires de branchement. Les équipes de maintenance n’ont plus besoin de stocker plusieurs types de pièces de rechange ». Parmi les autres points forts de la gamme, le verrouillage des canalisations, permettant de remplacer les massifs de butée en béton et la forte déviation angulaire au joint (6°) qui permet de réduire le nombre de raccords en réalisant des courbes longues.
Dans le même esprit, IZIFIT® (de 63 à 225 mm) est une gamme complète de raccords en fonte polyvalents (coude, té, bride-uni, bride-emboîtement, cône, obturateur, manchon semi-coulissant, manchette d’ancrage…) qui permet de relier deux réseaux plastiques ou deux réseaux différents, par exemple l’un en fonte ductile BLUTOP®, l’autre en PE. « IZIFIT® assure l’étanchéité et le verrouillage en même temps, souligne Jérôme Guilleautot. Dès lors que la pose se fait dans de bonnes conditions et que les prescriptions du fabricant sont suivies, le raccord, dont les coefficients de sécurité sont deux fois plus élevés que la norme, devient l’élément le plus résistant du réseau ».
La gamme de raccords développés par Saint-Gobain PAM permet également de faire face à de nombreux cas particuliers. C’est par exemple le cas des raccords GEOFLEX® (100 à 1.800 mm), développés pour faire face à toute détérioration de la canalisation due à des aléas sismiques ou géologiques (glissement de terrain). Ce raccord associe un manchon coulissant avec deux rotules à brides articulées. Conforme à la norme ISO 16134, il offre une bonne tenue mécanique et une résistance élevée au déboîtement. « Bien au-delà des zones sismiques, on l’utilise par exemple dès lors que la canalisation peut subir des efforts tranchants provoqués par des terrains instables au voisinage d’ouvrages tels que des ponts, chambres de vannes etc. GEOFLEX® s’utilise également dans les zones montagneuses ou marécageuses où les contraintes de tassement/mouvement des terrains sont significatives. Ces raccords en fonte ductile revêtus d’époxy 250 microns sont, comme les autres raccords de Saint-Gobain PAM, titulaires d’ACS (attestation de conformité sanitaire) » assure Daniel Débois, responsable marketing chez Saint-Gobain PAM.
Viking Johnson (distribué en Europe par Aliaxis) propose, en parallèle de ses gammes dédiées fonte, acier ou PRV, le raccord universel UltraGrip qui, grâce à sa large plage de diamètres (DN 40 à DN 700) et de tolérances (jusqu’à 50 mm) et son ancrage par friction, autorise le raccordement entre virtuellement tous les types de matériaux, y compris l’inox de façon autobutée.
Réparation : des solutions multi-matériaux et pérennes
Hydroflex® de Norham est une solution multi-matériaux permanente qui repose sur une gamme de manchons en inox ou acier époxy (du DN 40 au DN 600) permettant de connecter et réparer des réseaux sous pression jusqu’à 24 bar en petit diamètre et 12 bar en DN 400. « Il se présente sous la forme d’un manchon ouvert, c’est-à-dire qu’il vient recouvrir la canalisation comme un pansement, sans qu’il soit nécessaire de couper la section endommagée, explique-t-on chez Norham. Il se distingue des manchons de réparation temporaire qui nécessitent une seconde intervention par le fait qu’il est doté d’un joint à lèvre hydraulique qui assure une étanchéité mécanique au serrage par gonflement du joint et qui utilise la pression du réseau pour rendre le manchon parfaitement étanche. Plus on monte en pression, plus le joint gonfle et renforce l’étanchéité ». Il accepte ainsi des déviations angulaires répétitives post-installation. Hydroflex®, qui existe depuis plusieurs années, a fait ses preuves sur de nombreux matériaux ce qui n’empêche pas que des améliorations ont été apportées dernièrement sur l’élargissement des plages d’utilisations pour permettre à un seul et même raccord d’offrir plus de possibilités.
Chez Straub, distribué en France depuis plus de 30 ans par WALTHER Sarl ou Aliaxis plus récemment, le raccord de réparation Rep-Flex® (manchette EPDM avec certifications) permet de réparer des conduites d’eau dans des matériaux les plus divers.