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Aération de surface : des systèmes pour tous les terrains

26 février 2025 Paru dans le N°479 à la page 43 ( mots)

Agiter ou oxygéner une masse d’eau à partir de sa surface, c’est possible. Moins coûteux, plus rapides à installer et plus faciles à maintenir que les systèmes immergés, les aérateurs de surface interviennent en STEU, en lagunage, en bassins industriels et en général dans toute masse d’eau ne pouvant rester au repos.


Qu’il s’agisse d’éviter la fermentation d’une masse d’eau ou d’y favoriser la digestion aérobie des matières organiques, il est souvent nécessaire d’installer des aérateurs de surface, ou à tout le moins des systèmes de brassage. La configuration - plutôt brassage ou plutôt aération - et la puissance demandées dépendront des situations. 

Lagune de la raffinerie Valero Oil à Pembroke (Royaume-Uni), équipées de turbines rapides AER-AS d’Aquaturbo.

Lagunage naturel d’eaux usées municipales, étangs, pisciculture, lagunage industriel ou bassins de boues activées dans une STEU n’auront en effet pas les mêmes exigences. En France, le marché des aérateurs de surface est rythmé par des entreprises telles qu’Europelec, Biotrade, Kamps, ou Emo en particulier pour les bassins activés, mais des acteurs comme Aquago (Techsub), Aquaturbo, Axflow, Faivre, Fuchs, Isma, Landustrie, Ozeau ou SCM Technologie interviennent également, ou entrent sur le marché français forts de leur expérience dans d’autres pays. Ils proposent le plus souvent des turbines, lentes ou rapides, même s’il existe d’autres systèmes comme par exemple des hydroéjecteurs ou des aérateurs à vis hélicoïdale (procédé breveté par la société Fuchs). 

Toutes ces machines peuvent s’installer sous passerelle - ce qui implique évidemment un niveau fixe dans le plan d’eau - ou être munies de flotteurs. Chaque exploitant fera son choix en fonction de ses contraintes propres, aussi bien économiques que techniques. 

BOUES ACTIVÉES EN STEU : OXYGÉNER LES BACTÉRIES 

Dans un bassin de boues activées, la concentration de boues (en fait des amas bactériens) en suspension est par principe assez élevée et réclame une oxygénation conséquente, tout au moins pour la phase aérobie du traitement. Cela suppose des systèmes d’aération puissants, qui représentent d’ailleurs la plus grande part de la facture énergétique d’une STEU. Premier dilemme pour l’exploitant: décider entre un système immergé et une aération de surface. La profondeur du bassin reste le premier critère de choix. 

«La profondeur d'utilisation optimale des aérateurs de surface est généralement fixée autour de 4 mètres, seuil en dessous duquel la fine bulle perd de son efficacité. Pour les bassins moins profonds, il est préférable d’opter pour des aérateurs de surface, tandis qu’au-delà de 4 mètres, l’aération de fond est plus adaptée. Toutefois, la véritable limite d’un aérateur de surface varie entre 3 et 8 mètres, selon sa puissance. De plus, des industries telles que les laiteries, les papeteries ou les abattoirs génèrent des effluents trop agressifs pour les membranes des aérateurs «fines bulles» immergés. Là, l’aération mécanique s'impose (de fond ou de surface)» plaide Mathieu Lorquet, Area sales manager chez Aquaturbo, une société belge active dans l’aération depuis près de 50 ans, avec de nombreuses références en France et à l’étranger. Interviennent également des considérations économiques comme l’investissement initial ou la charge de maintenance, évidemment plus élevés pour les solutions immergées. La division environnementale du groupe SFA propose par ailleurs l’Aquaeromix®, un aérateur directionnel conçu pour assurer à la fois le mélange des eaux usées et leur oxygénation. 

Sa technologie combine un flux directionnel puissant et une injection d’air atmosphérique sous la surface de l’eau, optimisant ainsi l’efficacité du traitement. Disponible en version auto-aspirante ou avec soufflante, il s’adapte aux besoins des installations industrielles et municipales, notamment dans les lagunes et chenaux. De conception robuste et compacte, il est doté d’un moteur de surface IP56, de flotteurs en PEHD ou inox et d’une hélice anti-colmatage «Screwpeller® ». Alternative performante au pont brosse, l’Aquaeromix® offre une solution flexible et plus efficace pour le traitement des eaux usées, tout en réduisant les contraintes d’entretien. Proposé en version flottante ou fixe, avec des puissances allant de 5,5 kW à 22 kW, il représente une option innovante et adaptable pour les exploitants en quête de durabilité. 

Turbine lente de surface à débit axial Landy, de Reyers Technologies Environnementales, utilisée en France par la papeterie Gondardennes, ici avec un bassin de 6 mètres de profondeur

Lorsque le choix d’un système de surface est arrêté, il faut trancher entre les turbines rapides ou lentes. «Nous proposons les deux systèmes : notre turbine lente AER-GD ou la turbine rapide AER-AS. La première présente un meilleur rendement en termes de kg d’oxygène injectés par kW consommé. C’est particulièrement vrai sur les machines de puissances plus élevées. Cette technologie suppose par contre un investissement initial plus élevé et exige une maintenance suivie, ne serait-ce que pour changer l’huile du motoréducteur» explique Tijl Beets, Manager product Development & Engineering chez Aquaturbo. 

«Le choix d’une turbine rapide, moins onéreuse et plus simple à installer et à opérer, fait sens pour de petites puissances, jusqu’à 22 kW. Au-delà de 30 kW, l’optimisation énergétique devient un enjeu majeur, rendant la turbine lente particulièrement intéressante en termes de rendement» précise Mathieu Lorquet. Toutefois, si l’on considère l’investissement initial ainsi que les coûts de maintenance (manutention, pièces, heures), l’avantage reste clairement en faveur de la turbine rapide comme l’AER-AS. De plus, ce type d'équipement peut atteindre jusqu’à 160 kW en version flottante, offrant ainsi une flexibilité bien supérieure en termes de puissance». Autre élément à prendre en compte: l’encombrement. À puissance égale, une turbine lente, munie de son motoréducteur, est beaucoup plus lourde que son homologue rapide et demande donc une structure flottante plus imposante. «Le tripode flottant de notre turbine lente de 75 kW fait 11,50 mètres de diamètre, contre un flotteur unique de 3 mètres pour celui de notre turbine rapide de même puissance, et ce pour une gerbe d’eau de taille comparable. Il est en fait plus intéressant d’installer les turbines lentes sous passerelle, lorsque c’est possible. Cela suppose évidemment un niveau d’eau constant, alors que la turbine rapide sur flotteur est plus versatile» ajoute Mathieu Lorquet. 

Les turbines d’aération de surface de la gamme Aquameo, développées et commercialisées par la société Emo, se déclinent quant à elles en trois modèles : la RFL, une turbine rapide flottante adaptée à divers bassins sans passerelle; la LFI, une turbine lente fixe destinée essentiellement à une installation sur passerelle en béton; et la LFL, une turbine lente flottante visant à optimiser au maximum le rendement. Ces équipements se destinent notamment aux installations nécessitant un haut niveau d’oxygénation et un brassage maîtrisé, pour assurer un traitement fiable et efficace des eaux usées, qu’il s’agisse d’effluents urbains ou industriels. 

Quatre turbines lentes flottantes Aquameo d’Emo LFL de 55 kW pour traiter des effluents issus d’un procédé de l’industrie agroalimentaire

«Face à l’augmentation actuelle des coûts énergétiques, le passage des turbines rapides flottantes aux turbines lentes flottantes constitue une solution efficace pour réduire considérablement la consommation d’énergie. Une démonstration concrète de cette optimisation a été observée lorsqu’un industriel agroalimentaire a remplacé huit turbines rapides flottantes par quatre turbines lentes flottantes de 55 kW, équipées d’un rotor en composite. Cet industriel, spécialisé dans la production de poudre de lait, a ainsi réduit sa facture énergétique de 20 %, tout en maintenant un niveau d’oxygénation optimal», explique Mickael Merret, Chargé d’Affaires chez Emo. 

Reyers Technologies Environnementales représente en France le constructeur néerlandais Landustrie, lequel propose le Landy 7, une turbine lente de surface à débit axial alors que celles de concurrence ont un débit radial. «Cette machine a une performance supérieure à ce qu’on voit en France, puisqu’on peut injecter dans l’eau 2,1 kg d’oxygène par kW consommé. De plus, on peut l’utiliser pour des bassins allant jusqu’à 5,5 mètres de profondeur» affirme le gérant Jantoon Reyers. Ce rendement est aussi annoncé par Kamps, grâce à un très grand diamètre d'hélice. Mathieu Lorquet (Aquaturbo) souligne par ailleurs l’émergence d’un nouveau marché pour les aérateurs de surface: ils sont de plus en plus utilisés en complément d’une aération immergée dans certaines STEU d’industriels. 

En général, l’installation immergée fonctionne en permanence et l’aération de surface est démarrée lors des pics de charge. Elle permet également de refroidir l’effluent à traiter, contrairement à l’aération immergée qui a tendance à le réchauffer. C’est intéressant en été, par exemple, lorsque l’eau peut atteindre une température devenant problématique pour le processus biologique. C’est en particulier le cas dans des industries comme la papeterie, les abattoirs ou les fabricants de gélatine, qui produisent des effluents assez chauds. 

Aquaturbo a ainsi équipé en France le site d’Adisseo, à Commentry (Allier), un fabricant de produits pour la nutrition animale. «Ils ont remplacé un lagunage par des bassins d’aération, en combinant notre aérateur-mélangeur hyperboloïde de fond, l’AER-GS, et des turbines de surface pour l’été» précise Tijl Beets (Aquaturbo). La société revendique également des installations de ce type en Italie, en Afrique du Nord ou en Arabie Saoudite. La société Isma, qui propose ses aérateurs à vis Hélicoïdale Fuchs à fait le choix d’aérateurs d’équipements inclinés non verticaux. Plutôt que de générer une poussée verticale, ces aérateurs vont créer un courant horizontal sur tout le volume des bassins. «Ils sont spécifiquement étudiés pour des usages en lagunage et industriels sur flotteurs et en bassins à boue activée en remplacement de ponts brosses vieillissants sur cadres fixes, soit sur base de la passerelle de la brosse soit sur voile de bassin», explique Isma. 

Remplacement d’une brosse sur passerelle existante avec cadres sur mesures.

Spaans Babcock, fabricant d’aérateurs de surface O2Max, est également présent sur le marché du traitement des eaux usées depuis une quarantaine d’années. 

S’appuyant un vaste réseau international, l’entreprise propose des solutions d’aération destinées aux applications municipales et industrielles. Le fabricant développe actuellement la nouvelle génération d’O2Max, intégrant les exigences spécifiques de ses clients afin d’optimiser son design pour les industries lourdes confrontées à de fortes charges polluantes et à des concentrations élevées de matières en suspension. 

«L’O2Max fonctionne avec une maintenance minimaliste, offrant ainsi une solution rentable en termes de coût global de d’exploitation. Grâce à une combinaison d’efficacité énergétique, de fiabilité opérationnelle et de durabilité à long terme, l’aérateur O2Max constitue un choix particulièrement adapté aux stations d’épuration municipales et industrielles, garantissant des opérations durables et rentables», explique Spaans Babcock, dont les équipements sont proposés dans l’hexagone par France industries Assainissement (FIA), son concessionnaire français. 

LAGUNAGE MUNICIPAL : UN AUTRE MONDE 

Le traitement des eaux usées municipales par lagunage a longtemps été recommandé - à partir du début des années 1980 - pour des unités de petite capacité (jusqu’à 1000 EH) en milieu rural. De rares villes, comme par exemple Rochefort, l’utilisent également. Il se caractérise par un temps de séjour long des eaux usées et une emprise foncière importante. 

Même si des solutions alternatives ont émergé pour les petites communes, plusieurs milliers de lagunes municipales fonctionnent aujourd’hui en France. Il existe différentes filières, cependant un système de lagunage comporte souvent une succession de bassins avec en premier lieu la décantation des matières en suspension et une première dégradation de la matière carbonée par des organismes anaérobies, puis un traitement de l’azote et du phosphore par des organismes aérobies et enfin, éventuellement, un bassin tertiaire de type ZRV (zone de rejet végétalisée) avec des iris, des roseaux, des joncs… 

Turbines lentes flottantes d’Europelec utilisées chez l’industriel «les volailles de Keranna»

En lagunage naturel, l’oxygénation se fait grâce au simple contact de la surface avec l’atmosphère dans ces nappes d’eau étendues et peu profondes. Selon la configuration, ou lorsqu’il devient nécessaire d’augmenter la capacité de traitement à surface constante, les exploitants se tournent vers des systèmes de brassage, voire d’aération. La frontière est d’ailleurs floue puisque le brassage améliore également l’oxygénation, en mettant toute la masse d’eau en contact avec l’atmosphère à un moment ou un autre. En tout état de cause, les puissances nécessaires sont bien inférieures aux exigences des bassins de STEU classiques puisqu’ici, l’aération artificielle vient en complément de l’aération naturelle. 

Les constructeurs proposent différents types d’appareils pour ce domaine, qui présente certaines contraintes : les lagunes sont souvent situées à l’écart du réseau d’alimentation électrique, et leur éloignement limite les possibilités de maintenance. 

Pour ce type d’utilisation, Ozeau commercialise en France l’Oloïde, un système original fabriqué par la société suisse Oloïd Engineering GmbH. L’appareil utilise un galet de forme particulière (pour les géomètres, c’est l’enveloppe de deux cercles orthogonaux) animé d’un mouvement en 8 dans les trois dimensions. Installé sous flotteur, il est disponible en trois tailles, les Oloïdes 200, 400 et 600 consommant respectivement 80, 250 et 750 watts. «L’Oloïde reste imbattable en termes de puissance électrique consommée par mètre cube d’eau brassée. En lagune, on brasse jusqu’à 2000 m3 avec 200 W. Grâce à sa forme et son mouvement, il est parfaitement compatible avec les processus biologiques : il ne casse pas les amas bactériens, ne blesse pas les poissons, etc.» revendique Jean Grunenberger, gérant d’Ozeau. 

L’Oloïde se présente donc avant tout comme un système de brassage mais l’immersion du galet est réglable, ce qui permet d’incorporer plus ou moins de bulles d’air dans l’eau. «Il est parfaitement suffisant pour une aération légère, par exemple pour augmenter la capacité d’une lagune existante. Sur des installation plus poussées, l’Oloïde peut venir en complément de dispositifs d’aérations existants» précise Jean Grunenberger. «A la différence de plupart des machines, qui ont un flux radial centrifuge, l’Oloïde génère un flux dirigé qui permet par exemple de brasser un bassin en longueur. On peut même créer des relais à plusieurs machines pour installer une circulation globale dans un bassin étendu» complète-t‑il.

Connue pour ses activités de travaux subaquatiques, Techsub a créé Aquago, une division consacrée à la gestion et la restauration des milieux aquatiques, pour répondre à des demandes répétées. Aquago propose, entre autres, un aérateur de surface totalement autonome, le Sungo, destiné essentiellement aux lagunes et plans d’eau isolés et éloignés du réseau électrique. 

Turbines lentes tripodes de Biotrade

D’une puissance de 500 W à l’origine, le Sungo est alimenté par panneaux solaires. Il est de plus très facile et rapide à installer, et particulièrement robuste grâce à son moteur à courant continu. Un temps envisagée, l’alimentation par batteries a été abandonnée. «Sur site isolé, on recherche la robustesse et la simplicité. Les batteries - et l’électronique qui va avec - n’aiment guère les milieux aquatiques, et il faut multiplier les panneaux solaires pour les charger. Qui plus est, une lagune a besoin de périodes de brassages et de périodes de calme pour boucler le cycle de l’azote. Le solaire permet de brasser pendant la journée et laisser au repos la nuit» justifie Laurent Channac chargé du projet Aquago chez Techsub. 

En revanche, il existe le Submix, une version du Sungo pouvant se brancher sur secteur pour des puissance plus importantes convenant aux bassins très étendus, mais toujours avec une très faible consommation par rapport aux aérateurs classiques. 

«Nous travaillons plutôt en brassage. Le Sungo apporte peu d’oxygène par lui-même mais améliore le fonctionnement de la lagune en optimisant la surface de traitement. Par principe, une lagune produit son oxygène par photosynthèse. Le problème n’est donc pas l’apport d’O2 mais son transfert de la surface vers le fond. C’est précisément ce que font nos appareils» rappelle Laurent Channac (Aquago). Aquago a récemment installé huit Sungo dans le premier bassin de la station d’Epervans à Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire). La société a également équipé la ZRV en aval de la STEU de Vauvert (Gard) et revendique des réalisations au Viet Nam, en Australie ou aux Etats-Unis. «Outre le lagunage naturel, notre marché comporte les plans d’eau (lutte contre les cyanobactéries, les odeurs ou la mortalité piscicole, les bassins industriels (lixiviats, viticulture…) ou les réserves d’eau pour canons à neige dans les stations de ski pour éviter prise en glace» énumère Hélène Szulc, PDG de Techsub. 

«Notre solution est intermédiaire entre le lagunage naturel et le lagunage aéré proprement dit. Quand on passe à un vrai système d’oxygénation, on augmente le rendement de la lagune mais aussi la production de boue : c’est un fonctionnement totalement différent» ajoute Laurent Channac (Aquago). Et de fait, il existe aussi des systèmes de lagunage aéré, au fonctionnement plus proche des bassins de boues activées des STEU, et qui logiquement demandent des aérateurs plus puissants, généralement à base de turbines. 

La société Kamps a développé quant à elle il y a une dizaine d'années le Solairmax, version solaire et hors réseau de sa turbine lente flottante Airmax, dont la puissance peut aller de 0,5 à 5 W. L'hélice reste la même que l'aérateur classique, mais la vitesse de rotation varie en fonction de l'intensité solaire. «À intensité maximale, nous alimentons le moteur à 50Hz et obtenons une bonne aération. Si l'intensité diminue, la vitesse de rotation diminue, et l'aérateur se transforme en mélangeur. Les panneaux PV sont embarqués sur la structure flottante de l'aérateur. Cette solution s'adapte très bien à des lagunes avec un léger manque d'oxygène. La vitesse lente de l'hélice et son grand diamètre, permettent un très bon mélange et un respect du milieu naturel», détaille Kamps .

LAGUNAGE INDUSTRIEL : SURTOUT BRASSER

Le lagunage est également très utilisé par les industriels produisant des effluents chargés en matière organique (laiteries, papeteries, AA, etc.). Le but premier est alors d’éviter la fermentation.
Turbine d’aération AIRMAX de 55kW produite et installée par KAMPS en lagunage industriel

Disposant en général d’une alimentation électrique sur site, ces bassins sont en général agités et/ou aérés par des turbines classiques, lentes ou rapides, pouvant atteindre des puissances considérables, plus encore qu’en STEU municipale. Reyers commercialise surtout les Landy 7 en industrie. «Il a fallu du temps pour implanter le Landy 7 en France, plutôt auprès d’industriels qu’en STEU municipale car l’appareil est assez coûteux. La gamme va jusqu’à 250 kW. Nous installons rarement une telle puissance en France mais c’est assez fréquent en Afrique du Nord, par exemple» explique Jantoon Reyers. 

En France, Reyers a équipé trois papeteries, dont celle de Gondardennes, avec un bassin de 6 mètres de profondeur. «L’originalité de notre solution réside dans son rotor, et il nous arrive aussi de simplement échanger le rotor sur un moteur existant afin de limiter les frais» ajoute Jantoon Reyers. De son côté, Kamps a installé des turbines dans plus de 10 sites industriels en lagunage ces dernières années. Le but principal étant de réduire la consommation par le gain de rendement d'aération. Aquaturbo est aussi présent sur ce marché, et a par exemple équipé la lagune de la raffinerie Valero Oil à Pembroke (Royaume-Uni) de turbines rapides AER-AS. «Les industriels disposant de très grandes lagunes, par exemple en papeterie, peuvent choisir les turbines rapides malgré leur moindre rendement, pour leur facilité d’installation et de maintenance» justifie Tijl Beets (Aquaturbo). 

Pour sa part, Europelec intervient également pour optimiser l’aération chez l’industriel «les volailles de Keranna». Afin d’améliorer l’efficacité énergétique de sa STEP, le site a remplacé ses aérateurs inclinés de 22 kW, au rendement insuffisant, par cinq turbines lentes flottantes hautes performances équipées de moteurs IE4, réduisant ainsi la consommation d’énergie. «Pour sécuriser et simplifier la maintenance, des passerelles d’accès ont été installées. De plus, deux agitateurs flottants Euromix de 22 kW assurent une homogénéisation optimale lors des phases d’anoxie. Grâce à cette solution, l’industriel bénéficie d’un traitement des effluents plus efficace, économique et durable, répondant pleinement à ses objectifs de performance énergétique et environnementale », précise Europelec. 

S’il s’agit essentiellement de brasser l’effluent sans apporter beaucoup d’oxygène, d’autres solutions sont envisageables. Aquaturbo propose ainsi un hydroéjecteur horizontal, l’AER SL, qui associe une hélice ouverte à triple spires SCREWPELLER® à une chambre à vide (système Venturi). Ce brasseur - qui disperse toutefois des bulles d’air sous la surface, apportant donc un peu d’oxygène - peut être monté sur flotteur. «L’Oloïde peut agir jusqu’à 5 mètres de profondeur, et est souvent utilisé pour le brassage de lixiviats de plateformes de compostage ou de centres d’enfouissement, qui doivent homogénéiser l’eau pour éviter les odeurs » affirme de son côté Jean Grunenberger (Ozeau). Il est également présent dans des stations de ski alpines, pour homogénéiser la température des réserves d’eau destinées aux canons à neige et empêcher leur prise en glace. 

Plus original: l’ Aquarium de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) a intégré un Oloïde dans son bassin à poissons tropicaux. « Il est monté avec un variateur de fréquence pour simuler l’action des vagues sur les récifs coraliens. En plus, il réduit le dépôt d’algues au fond du bassin» précise Jean Grunenberger.

Spécialisée depuis plusieurs décennies dans les domaines de l’agitation, de l’aération de surface et des préparations de réactifs, la société TMI (Techniques du Mélange Industriel) propose également une large gamme d’aérateurs pour le traitement des eaux usées provenant des industries ou des communautés urbaines. « Installés dans les stations d’épuration, lagunes ou étangs, les aérateurs TMI assurent l’apport nécessaire en oxygène pour permettre aux micro-organismes de se développer, le mélange de l’effluent à la boue biologique ainsi que le maintien en suspension de celle-ci », détaille l’entreprise, qui propose des aérateurs à vitesse lente fixes (AVL) ou flottants (AVLF) de puissances allant de 1,1 kW à 45 kW. 

« Ils peuvent être fixés à l’aide de plaque de pose et support de plaque sur les passerelles de génie civil ou installés sur une charpente équipée de flotteurs pour l’installation sur des lagunes. Ces aérateurs sont composés de turbines entraînées à vitesse lente par un motoréducteur », précise TMI. 


FAUT-IL RÉGULER ? 

Etant donné la consommation d’énergie des systèmes d’aération des boues activées, les exploitants de STEU ont depuis longtemps pris le parti des réguler leur fonctionnement en l’asservissant aux besoins réels en oxygène. Mais est-ce aussi vrai pour les aérateurs de surface qui, contrairement aux systèmes immergés, n’ont pas besoin de compresseurs? «Que ce soit en surface ou en immergé, il faut apporter grosso modo la même puissance électrique pour oxygéner un m3 . La régulation est donc tout aussi importante, sachant que l’aération à elle seule représente environ 65 % de l’énergie consommée par une STEU», répond sans hésiter Jean-Pierre Grasa, dirigeant de Biotrade. La régulation classique consiste à asservir l’aérateur - via un variateur de fréquence installé sur le moteur - au niveau d’oxygène relevé dans le bassin, ou à son potentiel rédox, voire à la mesure de l’ammonium. 

Agitateurs solaires Sungo d’Aquago en Corse.

Il existe cependant des solutions plus sophistiquées faisant appel à des algorithmes et de l’intelligence artificielle (IA) pour prendre en compte le fonctionnement global de la STEU. Createch 360, Purecontrol ou Biotrade proposent ce type de logiciels. Bioperf, de Biotrade, comporte d’une part un algorithme de pilotage en temps réel en fonction données redox et oxygène et, d’autre part, un système d’analyse quotidienne du fonctionnement global du bassin biologique grâce à l’IA. Cette analyse s’appuie sur des données de terrain (12 paramètres) et une bibliothèque de cas de figure basée sur une dizaine d’années de retour d’expérience. L’analyse débouche sur des propositions d’action - par exemple sur la concentration de boues ou la puissance d’aération. Biotrade revendique environ 15 % d’économie d’énergie avec cette solution. Lynne Bouchy, Country Manager chez Createch 360, ajoute: «Nous avons aussi installé des plateformes de pilotage en temps réel intelligentes CREA sur des systèmes aérés par turbines, sur des sites allant de 1200 m3 /jour à 125 000 m3 /jour. Les gains moyens obtenus en termes d’aération sont compris entre15 et 25 % sur l'aération, et ce même sur de l'aération de surface. Au-delà du gain économique, nos solutions permettent de fiabiliser le process, et dans certains cas de booster la déphosphatation biologique», explique Lynne Bouchy, Country Manager chez CREAtech360. 

Mais la régulation est-elle toujours nécessaire? «Nos aérateurs peuvent être équipés de variateurs (que nous ne fournissons pas). Chaque STEU a toutefois son mode de gestion. Si le bassin est équipé de plusieurs aérateurs, mieux vaut fonctionner en tout ou rien, en jouant sur le nombre d’aérateurs en fonctionnement simultanément. Le rendement énergétique est meilleur car les systèmes fonctionnent à leur régime optimum» nuance ainsi Mathieu Lorquet (Aquaturbo). Jantoon Reyers est également réservé. «On peut certes réguler le fonctionnement du Landy avec un variateur de fréquence. Mais ce variateur lui-même implique une perte, et l’aérateur ne tournera pas toujours à son meilleur régime. L’optimisation du système devient délicate pour l’exploitant» souligne-t‑il. 

Lynne Bouchy de CREAtech360 confirme: «Nous observons sur les sites que nous avons travaillé à optimiser que les variateurs sont généralement peu utilisés. Au plus, nous pouvons travailler sur deux vitesses. Mais en modulant le nombre de turbines en fonctionnement, il est déjà possible de réguler pour optimiser et obtenir des bénéfices tangibles en termes de maîtrise de process et d’économies». 

L’Oloïde, fabriqué par la société suisse Oloïd Engineering GmbH, et commercialisé en France par Ozeau

Reste que si la régulation est très répandue en STEU, son intérêt devient plus discutable dans installations comme les lagunes dont consommation énergétique est inférieure. «En théorie, le Sungo pourrait être asservi mais en pratique cela apporte une complexité peu compatible avec le lagunage… Par exemple, il faut nettoyer la sonde régulièrement, sur un site parfois retiré. De plus une variation de fréquence n’apporterait pas grand-chose sur un système qui fonctionne avec le soleil. Nous avons réalisé des études sur plusieurs années avec l’Agence de l’eau Artois Picardie, qui ont montré qu’un fonctionnement permanent avec régulation n’a aucun intérêt en lagunage» affirme ainsi Laurent Channac, d’Aquago. 

Toutefois pour Kamps, «une simple régulation permet déjà d'améliorer fortement l'économie d'énergie»


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