La vérification du niveau de liquides ou des solides, là où ils passent ou sont stockés, est une application des plus courantes dans l’industrie de l’eau. Face aux autres techniques, les capteurs radar ont le vent en poupe. Focus sur la technologie.
Alors que cette technologie est jugée compliquée et onéreuse lorsqu’elle s’adresse à nombre de secteurs industriels compte tenu de leurs contraintes de chaleur et d’agressivité du milieu, la forte constante diélectrique de l’eau (environ 76) en fait un produit simple à mesurer par réflexion radar.
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Une technologie très présente dans le domaine de l’eau
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Le principe utilisé pour mesurer les niveaux d’eau est évidemment le même que dans les autres secteurs de l’industrie. Un émetteur envoie des ondes électromagnétiques de fréquence radio vers la surface à mesurer et recueille l’onde réfléchie. Selon le guide pratique de l’agence de l’eau Rhin-Meuse, « (L’utilisation des ondes électromagnétiques) signifie que les ondes émises n’ont pas besoin de support pour se propager et qu’elles ne sont donc pas perturbées par les variations de température, les brumes, le vent, les mousses et les flottants ». Un avantage non négligeable dans le secteur de l’eau. À la vitesse de la lumière, soit 300.000 km/seconde, cette onde ne met que 3 milliardièmes de seconde pour parcourir 1 mètre. La mesure de temps de transit, qui sera convertie en distance, doit donc être extrêmement précise. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), « la qualité du signal dépend non seulement du matériau, de sa forme mais aussi de la fréquence du signal émis ».
Une offre qui s’élargit
Les distances à mesurer sont effectivement assez faibles dans le domaine de l’eau. Néanmoins, alors qu’Endress+Hauser a conçu son Micropilot FMR20 pour des mesures jusqu’à 20 mètres, et Kobold préconise ses NRM jusqu’à 23 mètres, d’autres ont fabriqué des modèles adaptés à des distances plus précises. Ainsi, Paratronic propose ses NRV420 ou NRV485 en version 3, 8 ou 12 mètres.
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de fréquence (FMCW).
La forme de l’antenne influe également. Qu’elle soit parabolique, conique, en cornet, en cierge ou en tige selon les fabricants, les performances ne sont pas forcément identiques. Tout dépend de la nature du liquide, de la forme et la taille du contenant. Après étude de la configuration de l’ouvrage à équiper, les fabricants proposent la solution la plus adaptée.
Xavier Buire, Chef de produits chez Emerson, Insiste sur l’importance de la technologie FMCW qui maximise la puissance du signal radar et produit une mesure robuste et fiable avec 30 fois plus de puissance sur la surface que les radars traditionnels à deux fils sans contact. « Plus que le temps de parcours de l’onde, c’est le temps de déphasage qui importe », explique-t-il.
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Le capteur 5408 d’Emerson est un transmetteur radar à deux fils conçu pour la mesure en continu des liquides et des boues. La mesure est basée sur le principe d'un balayage très rapide d'onde continue à modulation de fréquence (FMCW). Les signaux radar sont transmis en continu vers la surface du produit avec une fréquence de micro-ondes modulée sur une étendue d'échelle. Le niveau est proportionnel à la différence de fréquence entre le signal actuellement reçu et le signal transmis.
Liquides, poudres, mousses
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La précision des mesures avoisine aujourd’hui les deux millimètres. Mais attention : pour les fluides de faible constante diélectrique (solvants, gaz liquéfiés…), la technologie radar occasionne une zone d'imprécision de dix à quarante centimètres selon les modèles, car l’antenne du radar génère un bruit de fond qui rend le capteur moins sensible dans cette zone. « Ce n’est pas le cas de l’eau, de fort diélectrique, avertit Luc Heusch. Les radars 80 Hz sont capables de mesurer jusqu’à l’antenne ». Les performances désormais atteintes permettent la mesure de niveau sur des effluents composés de mousses ou de graisses, grâce au réglage automatique de la sensibilité et aux algorithmes des traitements du signal qui ont beaucoup évolués. Ces différents capteurs fonctionnent à des gammes de température allant de -196 °C à 200 °C mais dans le secteur de l’eau, le fluide est la plupart du temps à température ambiante. Même dans le cas des eaux usées, il est toujours inférieur à 80 °C. C’est la même idée qui guide les constructeurs au niveau de la pression (généralement de 1 à 3 bars). Pourtant, certains constructeurs comme Endress+Hauser avec son Micropilot FMR51 et Vega avec son Vegapuls 62, assurent leurs produits jusqu’à 450 °C et 160 bars mais spécifient que l’utilisation est réservée aux cas extrêmes dans l’industrie du pétrole, du gaz et de la chimie.
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La restitution du signal de mesure est disponible le plus souvent en courant 4/20 mA ou Modbus RS485 pour les capteurs Paratronic ou Kobold, avec en plus un choix en SDI12 pour la nouvelle gamme de Vega (Vegapuls C) ou Profibus et Fieldbus pour son WL 61. Les données peuvent être facilement récupérables par tout type de poste local (API, télégestion, etc.).
Des capteurs en voie de miniaturisation
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De son côté, Vega va présenter en ce mois de novembre 2019 une nouvelle gamme de capteurs radar encore plus compacts, les Vegapuls 11 (portée 8 m), 21 (portée 15 m) et 31 (portée 15 m + afficheur intégré). Leur poids a suivi ce mouvement de miniaturisation. Il s’est allégé de moitié en 10 ans.
Et la maintenance ?
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Enfin, le nerf de la guerre, le coût. Longtemps associés aux capteurs chers par rapport aux autres technologies, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le prix des composants a en effet chuté grâce à l’essor des capteurs de distance dans le secteur automobile, ce qui a profité aux constructeurs de capteurs radar pour les mesures de niveau. Il est aujourd’hui inférieur à 1.000 euros (avec des différences du simple au double) alors que le premier capteur radar Vega 4 fils à 5,6 Ghz coûtait 35.000 francs en 1991 et encore 8.000 francs en 1997.
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Fort de ses atouts et du prix aujourd’hui compétitifs de ces instruments de mesure, le marché des capteurs radars est en pleine explosion. Vega annonce ainsi une multiplication par trois des ventes de son Vegapuls 64 en seulement 3 ans.
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« Globalement, le marché français est 2,5 fois plus petit que le marché allemand. Mais dans le secteur de l’eau, nous sommes à égalité », déclare Luc Heusch. Le marché global représente quelques dizaines de milliers d’unités par an. « Ce chiffre a quasiment doublé en 5 ans du principalement à la mise en œuvre de l’autosurveillance des réseaux d’assainissement » renchérit Damien Jacquier.