Comment améliorer la qualité perçue de l’eau du robinet ? De nombreuses technologies permettent aujourd’hui d’améliorer cette perception par les consommateurs sans pour autant contribuer à une hausse des coûts d’exploitation. Les enjeux sont importants car au-delà même de la valorisation du service public de l’eau, ils permettent de redonner du pouvoir d’achat au consommateur (l’achat d’eau en bouteille représente un coût de 300 €/an pour un ménage de 3 personnes) tout en participant à une réduction non-négligeable de déchets plastiques.
Depuis
l’industrialisation des procédés de traitement de l’eau au début du
21è siècle, nous nous sommes attachés à mettre en place des technologies
de traitement permettant de produire une eau potable au sens
réglementaire du terme : turbidité, matière organique, métaux, pathogènes,
etc... Les usines et les traitements ont évolué tout au long des 30 dernières
années. Parmi les technologies les plus utilisées, la clarification
floculation, les traitements sur charbon actif (en poudre et en grains),
ainsi que l’affinage par micro ou ultrafiltration, restent des traitements
efficaces.
L’eau du
robinet n’a jamais été aussi sûre qu’aujourd’hui. Pour autant, selon une étude
du Commissariat Général au Développement Durable, 39% des usagers du service de
l’eau déclarent consommer principalement de l’eau en bouteille comme
boisson. C’est un chiffre qui a triplé en trente ans. En plus de
représenter un coût financier supplémentaire pour les usagers, l’impact
écologique est également relativement important eu égard au transport et aux
déchets générés par quelques 6 milliards de bouteilles en plastique chaque
année en France.
Les raisons
de mécontentement invoquées par les usagers sont multiples comme le
montre la représentation graphique
ci-dessous.
Les goûts et
odeurs
Le premier
mécontentement exprimé concerne les qualités organoleptiques de l’eau qui
influencent de manière significatives la perception que l’on a de l’eau
potable. Elles sont notamment responsables de la « flaveur », la sensation
ressentie en bouche lors de la consommation de l’eau, que les consommateurs
désignent naturellement par le « goût ».
La dureté
La seconde
cause d’insatisfaction concerne les eaux calcaires et les désagréments
qu’elles occasionnent :
· Entartrage des systèmes de chauffage de l’eau et des équipements
électroménagers : accroissement du vieillissement, de l’entretien et du
remplacement, surconsommations énergétiques
· Formation de dépôts sur la robinetterie, les
appareils électroménagers, les parois des douches et lavabos...
· Colmatage des canalisations et robinetterie qui
provoquent un vieillissement prématuré des installations
· Diminution des propriétés détergentes des lessives et des savons,
entrainant leur surconsommation
· Agression de la peau
En plus des désagréments et des coûts cachés
ci-dessus, le calcaire entraine souvent des dépenses supplémentaires pour les
ménages, soit par consommation de produits anti-calcaire, soit par achat et
entretien d’adoucisseurs individuels. Des solutions collectives de traitement
existent, avec des impacts modérés sur le prix de l’eau, ce qui permet aux
ménages de faire des économies importantes. Ces procédés éprouvés ont fait
l’objet d’un article dans l’EIN N°376 et ne seront donc pas repris ici.
Dans ce précédent numéro, les procédés y sont décrits en détail.
Les 5
technologies principales de traitement de la dureté, adaptées aux collectivités
sont les suivantes :
· La décarbonatation sur réacteur à recirculation de boues
· La décarbonatation sur réacteur catalytique
· La décarbonatation ou l’adoucissement sur résines échangeuses d’ions
· La décarbonatation sur membranes
· La décarbonatation électro-catalytique
Toutes les technologies sont applicables sur le marché
français. De nombreuses collectivités se sont depuis penchées sur la question
du calcaire de leurs ressources. Certaines ont d’ailleurs décidé d’investir
pour la mise en place d’une unité de décarbonatation collective sur leur
usine. C’est le cas notamment de la Communauté urbaine d’Alençon, du Syndicat
Mixte pour la Gestion du Service des Eaux de Versailles et Saint-Cloud
(SMGSEVESC) à Louveciennes, du Syndicat des eaux de la presqu’ile de
Gennevilliers (SEPG), ainsi que du Syndicat des eaux du valenciennois.
La Haute qualité Sanitaire
Le troisième paramètre pouvant
influencer la perception sur l’eau du robinet est « la haute qualité
sanitaire ».
Parmi les personnes ayant
déclaré ne pas boire l’eau du robinet pour des raisons de pollution, la moitié craint
plus particulièrement les pollutions d’origine agricole (35 % pour les
pesticides et 14 % pour les nitrates). Un quart des Français ne boit pas l’eau
du robinet par crainte des résidus toxiques d’origine industrielle. Enfin, le
plomb présent dans les canalisations, et plus marginalement les résidus
médicamenteux et produits chimiques, suscitent également des inquiétudes.
Haute
qualité sanitaire : les sujets d’actualité
Grâce à de nombreux développement techniques et à ses
innovations, SUEZ apporte des solutions sur mesure, au cas par cas, qui
permettent de lutter contre ces désagréments exprimés par les consommateurs
pour leur fournir la qualité d’eau qu’ils attendent. En voici quelques
exemples.
VERS DE
NOUVELLES FILIÈRES DE TRAITEMENT POUR LA RÉDUCTION DES GOUTS DE L’EAU
Selon leur nature, les matières organiques peuvent
générer des goûts et des odeurs. Elles doivent être éliminées au maximum dans
les filières de traitement.
La coagulation optimisée permet d’éliminer les
matières en suspension dont le carbone organique particulaire en formant des
flocs qui seront retirés du milieu lors des étapes de clarification et de
filtration. Elle permet d’éliminer aussi une partie du carbone organique
dissous grâce aux phénomènes d’interactions qui interviennent entre les
particules lors de l’étape de coagulation et d’adsorption d’une part, et à la
surface des flocs lors de l’étape de floculation en influençant la polarisation
des molécules d’autre part.
La matière
organique peut également être réduite par une adsorption sur charbon actif qui
éliminera les molécules organiques apolaires et de poids moléculaires élevés
grâce à des interactions de type Van der Waals[1] qui se font entre les sites
d’adsorption du charbon et les molécules. C’est par ce moyen que les
micropolluants apolaires sont éliminés.
Les
meilleures connaissances sur la compétition matière organique/micropolluants
vis à vis de l’adsorption sur charbon actif d’une part et sur les
mécanismes d’élimination de la matière organique par coagulation-floculation-clarification
d’autre part permettent aujourd’hui de définir pour chaque cas étudié la
filière de traitement la plus pertinente pour éliminer au maximum la matière
organique.
Par ailleurs, les caractéristiques de la ressource utilisée pour la production de l’eau destinée à la consommation humaine nous oriente sur le choix de filière à considérer. En voici quelques exemples :
MES = Matières En Suspension
COT = Carbone Organique Total
CAP = Charbon Actif en Poudre
Pulsazur = décanteur lamellaire à lit de charbon actif
en poudre pulsé
Pulsatube = décanteur lamellaire à lit de boue pulsé
1/ Pour des eaux à COT faible ou moyen, le réacteur ascendant (Upflow)
Carbazur Up garant de performances stables, avec une grande compacité (coût
d’investissement réduit)
SUEZ a développé depuis le début
des années 1980 le filtre Degremont® à CAG[1] Biflux constitué de deux cellules en
série, dont la première est à flux ascendant : les 2 cellules étaient
remplies de CAG, l’ensemble assurant un temps de contact élevé et donc une eau
finale de grande qualité. La vitesse dans la cellule à flux ascendant était
limitée pour ne pas avoir d’expansion notable et donc de départ du media vers
l’aval. Forts de l’expérience de ce procédé utilisé sur les installations de
traitement d’eau potable (ex. Alençon, Mont Valérien), les experts de SUEZ ont
décliné un réacteur ascendant à CAG fin complétant ainsi la gamme de ses
réacteurs charbon actif (lits pulsés Pulsatube et Pulsazur et filtres à
CAG classiques).
Carbazur Up est un réacteur
compact d’adsorption sur charbon actif à flux ascendant pour
l’élimination simultanée des substances organiques (responsables notamment des
goûts et odeurs) et des micropolluants (polluants émergents…).
L’eau à affiner est admise de façon uniforme dans le bas de l’ouvrage pour
traverser le lit de charbon actif de bas en haut.
La maîtrise de l’expansion d’une grande masse de charbon actif autorise une
grande vitesse de passage tout en maintenant un temps de contact suffisamment
long pour adsorber les molécules les plus réfractaires. L’eau affinée est
récupérée en haut de l’ouvrage.
Le charbon actif est renouvelé par soutirage en partie basse du lit puis
par injection de charbon neuf en partie haute.
La fine granulométrie du charbon actif permet sa régénération.
Le procédé Carbazur Up est simple d’exploitation et nécessite peu
d’équipements électromécaniques.
Carbazur Up s’adapte à différents types de charbons actifs pour
laisser à l’exploitant plus de choix sur le fournisseur, donc une
meilleure maitrise de ses coûts d’exploitation sur le long terme.
Les avantages du Carbazur Up :
· Des performances stables dans le temps
- Le renouvellement régulier du charbon actif permet de maintenir une efficacité
d’adsorption constante, sans risque de relargage
- Le dosage de charbon actif est ajustable en fonction de
l’évolution de la qualité de l’eau brute.
· Un coût d’exploitation réduit
- De par sa granulométrie, le charbon actif est régénérable et
peut donc être réutilisé. La régénération (par chauffage haute température) détruits
les matières retenues, le procédé ne génère donc pas de boues à traiter.
- Aucun réactif chimique (ni coagulant, ni floculant) n’est nécessaire.
· L’ultra compacité
- Une vitesse élevée (de 10 à 20 m/h en fonction de la
qualité d’eau) associée à une hauteur limitée d’ouvrage
optimisent l’empreinte au sol et le volume occupé.
Il existe également une
combinaison innovante encore plus compacte, avec une ligne piézométrique
optimale : le Carbazur Up Biflux.
La configuration Biflux déjà mise en œuvre sur plusieurs installations,
combine deux ouvrages à grande vitesse : un réacteur d’adsorption sur charbon
actif et un filtre à sable.
La conception intégrée de ces deux ouvrages permet la réduction des
linéaires de canalisations et des équipements (moins de robinetterie…).
2/ La juste dose de chlore pour maîtriser les goûts et odeurs de
l’eau : La membrane d’ultrafiltration facteur d’amélioration de la qualité
gustative de l’eau.
Depuis les années 2000, les
études réalisées sur les installations de traitement d’eau équipées d’une étape
membranaire d’ultrafiltration ont montré une réelle efficacité des membranes
vis-à-vis des bactéries, des virus et des pathogènes. Ces performances optimisent
la qualité de l’eau en sortie d’usine et permettent de réduire la quantité de
chlore utilisée dans la désinfection finale. Cette réduction améliore largement
la perception de l’eau au robinet pour le consommateur.
Cependant, sur les eaux superficielles,
la technologie membranaire devait être précédée d’une filtration sur sable, ce
qui la rendait onéreuse en comparaison avec une filière filtration sur sable
suivi d’une désinfection par rayons ultra-violets.
SUEZ a su proposer une filière
membranaire efficace à coût équivalent : voici l’exemple de Montours (35)
avec une ultrafiltration directement sur eau décantée
Poussé par le Syndicat Mixte de Production de la Basse Vallée du Couesnon
(SMPBC) souhaitant une technologie de pointe optimisée, SUEZ a proposé en 2013
une filière de traitement membranaire en réponse à l’appel d’offres portant sur
la construction de la nouvelle usine de production d’eau potable d’une
capacité de 150 m3/h.
Le cahier des charges avait pour
objet la construction d’une filière de traitement constitué des étapes
suivantes :
Filière de base du cahier des charges (usine du SMPBC)
Pour répondre au souhait du Syndicat de disposer d’une solution optimisée, SUEZ a proposé une solution alternative :
Solution alternative proposée par SUEZ
La solution proposée par SUEZ consistait à substituer
les étapes de filtration sur sable et de désinfection UV par une unique étape
de filtration membranaire. Cette configuration est rendue possible par l’absence
d’utilisation de polymère (facteur colmatant des membranes) sur les ouvrages
amont, ce qui est une spécificité des technologies à lit pulsé (Pulsatube,
Pulsazur).
·
Une eau parfaitement limpide
(< 0,1 NTU)
·
La
division par 3 du chlore nécessaire pour la maîtrise bactériologique dans le réseau
·
Un réseau protégé et hygiénisé (sans
biofilm)
·
Une élimination physique des
pathogènes
·
La réduction des THM[1]
·
Un investissement équivalent,
tout en optimisant le délai des travaux (moins d’ouvrages de génie Civil)
La collectivité a finalement
retenu cette solution séduisante qui lui apportait de meilleures garanties tout
en respectant son enveloppe budgétaire. Après deux ans de travaux, l’usine de
production d’eau potable du Syndicat Mixte de Production de la Basse Vallée du
Couesnon a été mise en service en janvier 2016.
Après six mois d’exploitation, les principaux retours sur le
fonctionnement de l’usine sont plus que satisfaisants comme en témoignent les
graphes ci-après.
Suivi du carbone organique total à chaque étape de la
filière de traitement
Suivi de la turbidité sur la filière de traitement
Suivi du de la perméabilité membranaire à 20°C sur la
filière de traitement
Les premiers retours sur la
qualité de l’eau produite par l’usine de Montours sont extrêmement positifs : « on
note un gain de qualité gustative et sanitaire indéniable »[AL1] , « l’eau a un
meilleur goût qu’avant » ont été des réactions entendues
plusieurs fois lors de l’inauguration de l’usine. Le nouvel équipement permet aussi au syndicat de
réduire ses pertes en eau et de faire des économies d’énergie (l’ancienne usine était
devenue obsolète).
Montours peut ainsi être considéré comme la première
référence entièrement réussie en France de filière courte d’ultrafiltration
(absence de filtre à sable) sur des eaux de surface.
3/ La haute qualité sanitaire
des eaux de boissons : exemple d’un
traitement membranaire avancé pour le traitement multi-paramètre des
eaux souterraines du Syndicat des eaux du Valenciennois (traitement simultané de
la dureté, de la matière organique, des perchlorates).
a. Contexte
Le territoire du Syndicat est
alimenté en eau potable par plusieurs usines, elles-mêmes alimentées par différents
forages. La nature calcaire du sous-sol de ce territoire fait que les eaux de
l’ensemble des forages sur le périmètre du syndicat sont assez dures (TH[1]
de 40 à 50°F) et alcalines (TAC[2]
de 30 à 35°F). Bien que ces eaux ne posent pas de problème sanitaire, elles
génèrent des désagréments du fait de leur très haut potentiel de précipitation
du carbonate de calcium communément appelé « le calcaire ». Ces
désagréments se retrouvent à tous les niveaux (cf. paragraphe sur la dureté).
Ces dernières années, des analyses plus poussées sur l’ensemble des forages ont mis en évidence la contamination de certains d’entre eux par des perchlorates (probable héritages des batailles de la première guerre mondiale dans la région. Enfin, pour d’autres forages, les concentrations en ions indésirables comme les nitrates ou les sulfates peuvent être assez significatives sans pour autant dépasser les valeurs réglementaires (50 à 60% des limites et recommandations de qualité).
La médiatisation locale des
problématiques liées aux perchlorates, cumulée aux désagréments liés au
calcaire ont détourné les usagers de la consommation d’eau du robinet au profit
d’eau en bouteille dans des proportions un peu supérieures à la moyenne
nationale.
Lors du renouvellement du
contrat de délégation du service publique de l’eau potable, le Syndicat a
souhaité réconcilier ses usagers avec la consommation d’eau du robinet en s’attaquant
à ces deux principaux griefs qui lui étaient faits.
Les concentrations rencontrées
et la disponibilité des différents forages étaient telles qu’il n’était pas
envisageable d’abandonner les forages incriminés, ni de créer des
interconnexions ou encore de traiter le problème par dilution.
Sur le premier site de
Bouchain/Thiant, un traitement par adoucissement et la réduction des
perchlorates sous la limite des 4 µg/L recommandée étaient demandés dans la
consultation.
Dans ce cadre, nous avons étudié les deux solutions qui permettent de
répondre à ce besoin :
- Une solution
conventionnelle de réduction de la dureté par un traitement d’adoucissement
physico-chimique sur le mélange des forages combinée à traitement spécifique
des perchlorates par échange d’ions pour les forages concernés.
- Un traitement membranaire sur le mélange de tous les forages pour réduire à la
fois la dureté et retenir les perchlorates.
Les caractéristiques principales
moyennes des eaux à traiter sont résumées dans le tableau ci-dessous :
paramètre |
Bouchain |
Thiant |
Débit |
80% |
20% |
TH |
40°F |
44°F |
TAC |
32°F |
31°F |
Calcium |
136 mg/L |
144 mg/L |
Perchlorates* |
8.5 µg/L |
nd |
Indice de Larson |
0.37 |
0.4 |
*quelques pointes de perchlorates ont été relevées un peu
au-dessus des 15 µg/L
b. Solution conventionnelle
La filière de traitement associe le traitement de la
dureté par décarbonatation chimique dans un réacteur à recirculation de boues au
traitement des perchlorates sur une résine échangeuse d’ions.
Cette filière globale est répartie sur deux sites. Le
traitement des perchlorates est prévu sur le site de l’usine existante de
Bouchain où deux filtres sous pression dédiés au traitement du manganèse sont
transformés en échangeurs d’ions. Celui de la dureté sera quant à lui mis en
œuvre sur le nouveau site de Thiant.
Ces deux filières de traitement
sont présentées dans les schémas suivants :
Schéma de la filière résines de
Bouchain et d’adoucissement chimique de Thiant
Une fois débarrassées des
perchlorates, les eaux sont acheminées sur le site de Thiant afin d’y
subir un adoucissement.
Ce dernier traitement génère des
résidus de carbonate de calcium qui, une fois déshydratés, sont évacués en
épandage agricole.
L’eau traitée présente alors les caractéristiques
suivantes :
Qualité moyenne de l’eau traitée
paramètre |
Valeurs |
Réduction par rapport à l’eau brute |
TH |
< 24°F |
-42% |
TAC |
< 20°F |
-38% |
Perchlorates |
< 4 µg/L |
|
Indice de Larson |
0,68 |
+61% |
|
|
|
La filière de traitement membranaire est
présentée dans le schéma ci-dessous, elle s’insère en bypass des réseaux qui
alimentent les réservoirs existants à partir des deux groupes de forages.
Schéma de la filière membranaire
de Bouchain/Thiant
Etant donné que seule la
ressource provenant de Bouchain est contaminée par les perchlorates et qu’elle
est majoritaire dans la production, elle est la seule ressource traitée sur les
membranes.
De plus, comme les
concentrations en perchlorate dans l’eau brute sont relativement faibles, le
perméat aura une concentration en perchlorates bien inférieure aux 4 µg/L
recommandés. Par conséquent, une fraction du débit peut être by-passée pour
réduire le coût du traitement tout en gardant la concentration en perchlorates
dans l’eau traitée sous les 4 µg/L. En outre, le traitement membranaire
réduisant fortement la minéralisation de l’eau, le by-pass partiel des eaux de
Bouchain permet de maintenir une minéralisation minimale.
Les eaux des différents forages
de Bouchain sont mélangées et homogénéiser avant de rejoindre le réservoir où
elles sont stockées, puis distribuées.
Un groupe de 4 pompes à haute
pression alimente individuellement chacune des 4 unités de filtration
membranaire.
Le dimensionnement retenu permet de faire fonctionner les unités
membranaires de manière indifférente avec au minimum deux modèles de membranes
commercialisés par deux fabricants internationaux (cela permet de sécuriser
l’approvisionnement en membranes pour les décennies à venir). Parmi les
membranes testées en pilote, celles retenues sont interchangeables et pourront
être installées sur les unités sans impact sur les consommations énergétiques
ni la qualité de l’eau traitée.
L’eau filtrée riche en CO2 et
faiblement minéralisée est ensuite mélangée avec les eaux by-passées de
Bouchain et l’eau des forages de Thiant en des proportions contrôlées en
continu afin de maintenir un niveau de minéralisation constant et une
concentration en perchlorates inférieure à 4 µg/L.
Une cascade permet d’éliminer l’excès de gaz carbonique et de limiter la
quantité de soude nécessaire à la mise à l’équilibre de l’eau. La désinfection
est assurée classiquement au chlore.
L’eau traitée par cette filière
présente les caractéristiques moyennes suivantes :
Qualité moyenne de l’eau traitée
paramètre |
Valeurs |
Réduction par rapport à l’eau brute |
TH |
< 24°F |
-42% |
TAC |
< 20°F |
-38% |
Perchlorates |
< 3 µg/L(1) |
|
Calcium |
< 70 mg/L |
-50% |
Nitrates |
<25mg/L(2) <15mg /L(3) |
-4(2) à -42%(3) |
Chlorures |
< 21 mg/L |
-66% |
Sulfates |
< 25mg/L |
-46% |
Indice de Larson |
0.3 |
-25% |
(1) valeur dans l’eau traitée tenue jusqu’à 20 µg/L de perchlorate
dans l’eau brute.
(2) avec membrane de Nanofiltration
(3) avec membrane d’osmose inverse
d. Comparatif
Bien que les deux solutions étudiées permettent
d’atteindre les objectifs fixés pour l’élimination des perchlorates et la réduction de la dureté, les coûts associés
et la qualité de l’eau finale n’en sont pas moins différents comme le montre le
tableau suivant :
Comparatif entre les solutions
étudiées
paramètre |
Solution conventionnelle |
Solution membranaire |
Coût d’investissement |
120 |
100 |
Coût d’exploitation annuel |
150 |
100 |
Compacité |
- |
+ |
Evolutivité |
- |
+ |
Exploitabilité |
- |
+ |
Apport en Sodium |
- |
+ |
Réduction des chlorures |
= |
+ |
Réduction des sulfates |
= |
+ |
Réduction des nitrates |
= |
+ |
Réduction de la matière organique |
- |
+ |
Corrosivité de l’eau (Indice de Larson) |
- |
+ |
Au-delà du respect des objectifs
fixés, la solution membranaire réduit la teneur en nitrates, réduit la teneur
en matière organique génératrice de goût et est le seul traitement
d’adoucissement qui n’augmente pas la corrosivité de l’eau. En outre, la solution
membranaire est celle qui a l’emprise au sol la plus faible et surtout qui
coûte la moins chère en investissement et en exploitation.
e. Synthèse
Dans le cas du projet du
syndicat du Valenciennois, la solution membranaire s’est imposée d’elle-même.
De manière générale, si
plusieurs types de paramètres sont à traiter (nécessité alors de plusieurs
étapes de traitement conventionnelles), une solution membranaire avancée est
une alternative intéressante.
Dans le cas particulier d’un
traitement d’adoucissement, cette technologie est la seule qui limite l’impact
sur la corrosivité de l’eau (indice de Larson).
De plus, selon le type de
membrane retenue (Nanofiltration ou osmose inverse basse pression), une
réduction substantielle de la concentration en éléments indésirables (nitrates par
exemple), même si elle n’est pas requise par la réglementation, peut également
être atteinte, ce qui peut réconcilier l’usager avec la consommation de l’eau
du robinet comme eau de boisson.
SUEZ a intégré à ce projet la
mise en œuvre de traitements membranaires avancés sur deux usines de la
collectivité pour faire bénéficier chaque consommateur d’une eau de
qualité irréprochable à un coût maitrisé. SUEZ a de ce fait valoriser le
service public de l’eau et promu la consommation de l’eau du robinet.
Dans le cadre du contrat de
délégation du service public, cette ambition s’est traduite de façon très
concrète par un engagement contractuel fort de Suez : augmenter de
façon significative le pourcentage de consommateurs d’eau du robinet.
CONCLUSION
Grâce à ses expertises, à son
offre diversifiée et à son large portefeuille de produits innovants, SUEZ
adapte les filières de traitement au cas par cas avec l’objectif d’apporter des
solutions sur mesure et d’accompagner les collectivités dans l’atteinte de
leurs objectifs qualité, dans l’évaluation de solutions pertinentes et dans la
conception d’installations de traitement qui répondent à leurs besoins, et
notamment à l’amélioration de la qualité perçue de l’eau du robinet.
Améliorer cette perception par les consommateurs, c’est aussi leur permettre de
diminuer leurs dépenses en eau en bouteille et donc leur redonner du
pouvoir d’achat (en effet, l’achat d’eau en bouteille représente pour
un ménage de 3 personnes un coût de 300 €/an, et un volume non-négligeable de
déchets plastiques), et s’inscrire dans la valorisation du service public de
l’eau.
[1] Le TH
(Titre Hydrotimétrique) est une valeur d’analyse de la minéralisation d’une
eau. Une eau ayant un TH inférieur à 15°F est dite « douce », on parle d’eau «
dure » à partir d’un TH de 15° à 20°F
[2] Le TAC (Titre
Alcalimétrique Complet) est une valeur d’analyse utilisée pour mesurer les taux
d’hydroxydes, de carbonates et de bicarbonates d’une eau, il exprime
l’alacalinité d’une eau. Avec le TH, il permet de déterminer la capacité
d'entartrage d’une eau
[AL1]Paroles
entendues lors de l’inauguration du 24 septembre, reprises plusieurs fois par
les visiteurs.
[1] THM =
Trihalométhanes : sous-produits d’oxydation des matières organiques lors
de la désinfection par le chlore
[1] Charbon
Actif en Grains
[1]
Interaction électromagnétique de faible intensité entre atomes et molécules