L’utilisation des systèmes d’information géographique (SIG) dans le domaine de l’eau et de l’assainissement n’est pas récente mais elle nécessitait jusqu’à récemment des compétences ingénieur rarement accessibles aux petites collectivités. L’évolution fulgurante des NTIC permet aujourd’hui la migration de ces solutions dans le Cloud, avec les avantages associés : grande robustesse et haute disponibilité, absence de charges techniques, meilleure accessibilité… Le développement de solutions génériques associé à la possibilité d’y accéder par simple abonnement permet aujourd’hui aux petits syndicats de bénéficier à plein de cette technologie.
Les systèmes d’information géographique (SIG), qui permettent de recueillir, stocker, gérer et présenter des données en fonction de leur localisation spatiale et géographique, sont un outil puissant pour donner sens à ces données extraordinairement nombreuses et hétérogènes. Une fois les équipements géo-référencés, positionnés sur un fond de plan et associés à des données alphanumériques (type de matériaux, date de pose, etc.), il est possible de valoriser ces informations en les croisant entre elles ou avec d’autres, extérieures au système.
Des solutions génériques, ergonomiques et nomades
Les outils disponibles sur le marché sont souvent développés autour de SIG existants, notamment ArcGIS for Water utilities d’Esri, Carl Maps Gis de Carl Software, Geomap-Imagis avec sa gamme complète autour du logiciel Imares, ou Geoserver (open source), Géotech avec ViSit Anywhere®, GiSmartware avec Netgeo® et SmartGeo©, Sirap avec X’map®, Ingéo Géomatique avec Résothys®, ou encore Hexagon SI avec la solution GeoMedia Smart Client. Geomod, distributeur des produits Innovyze, propose de son côté, des logiciels intégrés à ArcGIS comme par exemple InfoWater et, en stand alone, plusieurs outils comme les logiciels de la gamme InfoWorks dédiés aux métiers de l’eau.
1Spatial, pour sa part, a développé son propre système d’information Elyx qui permet de s’adresser à tous les métiers concernés par des réseaux. Sa solution Elyx Aqua est construite autour d’Elyx. Elle intègre des fonctions métiers “eau et assainissement” mais elle peut aussi s’interfacer avec des applications gérant la clientèle ou les factures par exemple. Il devient facile et rapide de contrôler l’équipement, localiser les fuites, optimiser les interventions, gérer les coupures d’eau, analyser les anomalies, faire de l’assistance au renouvellement, ou gérer la couverture incendie. « Nous avons récemment intégré dans Elyx Aqua le nouveau référentiel national de la défense extérieure contre l’incendie (DECI), confie Roland Mousset, directeur technique de 1Spatial. Il est maintenant possible de prendre en compte les distances et acheminements entre les points d’eau incendie et les bâtiments en fonction des risques (présence de crèches, d’hôpitaux,…), des équipements et des volumes d’eau disponibles. Nous avons également étendu les applications en 3D pour être en mesure de fournir les courbes isobares par étage de pression, c’est-à-dire les niveaux de pression d’eau à partir de la hauteur des réservoirs d’eau et du modèle numérique du terrain. Dans le domaine de l’assainissement, nous avons développé des applications exploitant la 3D, pour fournir des profils en long 3D et pour être à même de vérifier que le positionnement des réseaux est conforme à la réglementation (écartement entre les canalisations, profondeur,…) ».
Somei de son côté propose des modules métiers regroupant les fonctions de gestion et d’exploitation de réseaux dans la suite logicielle Wat.gis. Cette dernière permet notamment de gérer et d’optimiser les arrêts de service nécessaires à l’entretien des réseaux (calcul des zones de coupure, indication des équipements à manœuvrer, repérage automatique des branches ou antennes isolées, simulation des réalimentations, etc.), planifier et visualiser les programmes de maintenance réaliser les interventions terrains, et répondre automatiquement aux demandes d’informations de type DT, DICT et ATU (passerelles intégrées avec dict.fr de Sogelink, réponse générée dans le respect des normes, …). Il s’interface nativement avec le logiciel de gestion du patrimoine technique (wat.ems), le logiciel de gestion clientèle (Wat.erp), le logiciel de gestion des travaux (Wat.pro), l’outil de statistiques (Wat.view) et celui de mobilité (Smart Mobility), permettant ainsi de couvrir les grands processus métiers de l’entreprise par une solution digitale globale.
Geosigweb propose deux applications selon qu’il s’agit du réseau d’eau potable (eau potable @ la carte) ou du réseau d’assainissement (assainissement @ la carte). Ces solutions permettent de gérer l’ensemble du patrimoine d’une collectivité, de planifier les interventions d’entretien et de gérer les autorisations de travaux et les demandes de raccordement par exemple. Une partie gestion offre des fonctions de suivi des interventions techniques et de gestion des incidents (représentation géographique du problème avec documents associés). L’outil inclut également des services administratifs (demandes de raccordement, permis de construire, certificats de conformité, édition de documents officiels,…). Un tableau de bord permet d’afficher les indicateurs statistiques choisis par le client selon ses besoins d’analyse.
Une préoccupation constante : la qualité des données
Pour aider les exploitants dans cette tâche souvent ardue, les éditeurs de SIG fournissent des outils pour récupérer et intégrer facilement les données dans le système d’information géographique. Les applications @la carte de Geosigweb, par exemple, permettent de créer d’un clic tout composant du réseau (canalisation, bouches de lavage, branchements, compteurs, vannes, etc.) et d’y associer une fiche de renseignements (matériaux, date de pose, historique d’intervention,…) ainsi que tout autre type de fichiers (photos, plan de triangulation ou de récolement,…). De nombreux SIG sont également en mesure d’intégrer les résultats des opérations d’inspection vidéo des canalisations. « Nous disposons d’une application qui permet aux acteurs spécialisés en inspection vidéo de formater leurs données pour qu’elles soient intégrables dans le SIG, précise Roland Mousset. Les endroits où existent des anomalies, comme des obstructions par des racines ou des éboulements, peuvent ainsi être localisés. Cette valorisation des inspections vidéo est encore peu développée. Nous sommes les leaders dans ce domaine ».
Les supports de mobilité, qui permettent des gains de temps notables sur la maintenance, sont un autre moteur de qualité des données. L’opérateur de terrain peut en effet noter directement les interventions qu’il réalise et modifier ou compléter les informations recueillies sur place (canalisation en PVC et non en fonte, etc.). « Les agents de terrain sont le rouage essentiel des SIG, rapporte Roland Mousset. Ils sont devenus les leaders de l’utilisation et de l’amélioration de la qualité des données en lieu et place du bureau de dessin qui était jusque-là le maître à bord. C’est une évolution notable du métier ! ».
Fluidifier la gestion des données et faciliter la tâche des opérateurs, c’est aussi ce qui a incité le français Gismartware a acquérir la start-up Mappia éditrice depuis 2015 de la plateforme collaborative GOvalid® et des outils GOsuite®. Cette acquisition permet aux utilisateurs des solutions GiSmartware, opérateurs de réseaux (télécom, eau, énergie…) et aux collectivités, de mettre un terme aux incohérences pouvant survenir lors du déversement des données dans leur système d’information. Ils évitent ainsi tout travail chronophage de ressaisie et répondent aux enjeux de traçabilité grandissants posés par les évolutions réglementaires (réforme DT/DICT, évolution des plans de réseaux en zone urbaine…).
Les outils de simulation pour optimiser l’exploitation
« La plupart des logiciels disponibles sur le marché sont des outils statiques, confirme Jean-Paul Ducatez, chef du département Inland Water Solution dans le bureau d’études DHI. Ils croisent des données géo-référencées dans un SIG pour fournir, par exemple, le taux de renouvellement nécessaire du réseau. L’approche adoptée dans le logiciel Mike Urban est dynamique. Elle s’intéresse au fonctionnement hydraulique du réseau pour savoir s’il est capable de délivrer le débit à la pression souhaitée partout, dans quelles conditions, et ainsi d’envisager son optimisation ». MikeUrban permet, en cas d’extension pour alimenter un nouveau lotissement, de savoir si le réseau va continuer à fonctionner normalement ou bien s’il va falloir augmenter le diamètre des tuyaux, de combien et où. Une autre application fréquente concerne la défense incendie. Il s’agit de savoir si le réseau est dimensionné pour assurer une pression suffisante en cas de demande de gros volumes d’eau. Simuler des scénarios avec différents diamètres de tuyau conduit à identifier les modifications nécessaires du réseau. « MikeUrban utilise les données géo-référencées du SIG et un modèle du réseau fourni par l’exploitant, précise Jean-Paul Ducatez. Il valorise ainsi les modèles hydrauliques réalisés à l’occasion d’un diagnostic réseau et qui dorment ensuite par manque de compétences pour les faire vivre ».
De plus en plus de solutions dans le Cloud
Geosigweb pour sa part est un pionnier du SIG 100 % web et ses solutions @la carte sont disponibles en mode SaaS. G2C Informatique, une filiale d’Altereo, a remplacé en 2016 le SIG Carte@jour par la solution KIS, commercialisée en mode SaaS et accessible par simple navigateur web par plusieurs utilisateurs simultanément, chacun pouvant avoir des profils de droits différents. Cette nouvelle solution KIS facilite le travail collaboratif en temps réel, le partage d’informations avec différents niveaux de lecture et d’accès, ainsi que l’échange de données avec d’autres outils en ligne. Elle se combine avec les outils d’aide au renouvellement SIROCCO et Indigau, également développés par G2C, pour exploiter les données patrimoniales, et est interopérable avec la plupart des outils en ligne du marché.
Mike Urban assainissement, mais aussi Mike Flood avec lequel il peut être couplé, fonctionnent donc pour le moment uniquement sur les serveurs des clients de DHI. Le logiciel Mike Flood évalue la réaction des réseaux face à une inondation et devrait s’enrichir prochainement d’outils de suivi des débordements en temps réel et de prévision en s’appuyant sur les données télégérées classiques, les données et prévisions météorologiques, et les modèles hydrauliques. Des solutions plus légères et disponibles dans le Cloud devraient néanmoins sortir dans les prochaines années.