Le « petit cycle » de l’eau s’inscrit évidemment dans le grand. Alcom, entre autres, propose des solutions logicielles destinées au territoire. INOUID, Cerc’Eau et Inn’EauV Management, trois acteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ont développé en commun un outil d’aide à la décision analysant les données de qualité de l’eau et des milieux aquatiques pour suivre les risques de pollution des masses d’eau. L’outil combine l’indispensable expertise humaine avec les données issues des capteurs d’analyse de l’eau, mais aussi des données externes notamment celles disponibles dans les bases de données ouvertes publiques. Ensuite grâce à l’IA, il peut d’une part envoyer des alertes en temps réel via une application mobile, et d’autre part interpréter les données et fournir un rapport pour accompagner les éventuelles décisions. A partir de données diverses, issues (parfois) de stations de mesure sur le terrain ou (le plus souvent) disponibles en open data auprès de divers services, les six outils de la gamme Aquasys peuvent prévoir des évolutions, éventuellement envoyer des alertes. Les services de l’Etat (BRGM, Dreal, etc.) utilisent souvent myliaQ, l’outil destiné à l’eau et aux milieux aquatiques.
iryQua, dirigé vers les eaux agricoles, est utilisé par les Chambres d’agriculture ou organismes publics de gestion de l’irrigation. acycliQ surveille les inondations et étiages, alors que matyQ est focalisé sur les pollutions. Les syndicats et régies d’eau potable peuvent utiliser seQoya, outil de surveillance des réseaux, alors que synaptiQ, destiné au suivi des campagnes RSDE (recherche et de réduction des rejets de substances dangereuses dans les eaux), intéresse les gestionnaires de l’assainissement. Stéphane Barthon, président d’Aquasys, cite trois exemples récents. Pour le compte de l’IIBSN (Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise), Aquasys a mis en place un outil acycliQ sur le bassin du Beuvron. « Au départ il existait simplement deux stations Dreal et une de pluviométrie sur tout le bassin. Nous avons récupéré tout ce qui est disponible open data et en cartographie concernant ce territoire, et petit à petit ils ont installé des capteurs, mis en place de la supervision, fait du terrain. Nous arrivons désormais, avec une solution mise en place en quelques mois, à prévoir de façon très précise les étiages à 3 et 10 jours » se souvient-il.
L’Association de protection de la nappe d’Alsace utilise également une solution Aquasys, à base d’IA, pour caler son modèle prévisionnel de calcul d’étiages et produire des courbes prévisionnelles à plusieurs mois, en fonction de différents scénarios de pluviométrie et de prélèvements. Enfin, Aquasys propose son outil seQoya à une grosse agglomération. « Ils ont un service hydrologie pour la supervision des ressources, un service matériel qui utilise un logiciel de GMAO, un service exploitation… chacun avec un superviseur mais sans vision commune. Notre hypervision va rassembler ces données et les exploiter pour présenter simultanément à tous ces services des indicateurs et actions à mener sur tel ouvrage ou telle partie du territoire. Par exemple, si une ressource très faible, le service production va le savoir et démarrer telle pompe sur telle partie et ralentir ailleurs » explique Stéphane Barthon.
PIXSTART associe pour sa part l’exploitation de données satellitaires à l’intelligence artificielle. Sa solution Waterwatch® permet
de suivre avec précision plusieurs paramètres clefs de la qualité
des eaux de surface : phytoplancton, cyanobactéries, sédiments
et transparence de l’eau. PIXSTART peut cartographier ces paramètres de manière hebdomadaire et à une échelle globale. Les
données collectées sont enrichies par des informations météorologiques, hydrologiques et géologiques, offrant ainsi une vision
globale des influences externes sur les écosystèmes aquatiques.
L’objectif est de fournir un diagnostic précis des milieux aquatiques,
facilitant ainsi la prise de décision pour les gestionnaires de l’eau.
Waterwatch® a permis, par exemple, de montrer comment l’ouverture de vannes utilisées pour réguler le niveau des lacs pouvait
favoriser la prolifération des cyanobactéries. Dans une autre situation, l’analyse a montré que la dégradation de la qualité d’un plan
d’eau était directement liée au déboisement d’une zone forestière
sur une pente adjacente. En dévoilant les conséquences parfois
inattendues de certaines pratiques, ces révélations soulignent
l’intérêt des outils avancés de surveillance et d’analyse pour une
gestion éclairée des ressources en eau.