L’ANSES vient de publier un rapport relatif aux procédés antitartre dits « non conventionnels » placés dans les réseaux de distribution d’eau destinée à la consommation humaine. L’Agence, qui regrette le peu de données disponibles sur le sujet, souligne qu’il revient aux fabricants et distributeurs d’apporter les preuves d’innocuité et d’efficacité de leurs produits. Elle émet des recommandations pour améliorer l’information des consommateurs.
Les dispositifs dits « conventionnels », sont ceux
qui sont autorisés par le ministère de la santé sur la base d’un effet
mesurable sur la qualité de l’eau du robinet : action sur le pH, le TH
et/ou le TAC ou ajout de phosphates). Ils sont listés dans les circulaires du
28 mars 2000 et du 7 mai 1990, ou bien autorisés par le ministère en charge de
la santé après avis de l’ANSES, ou bien encore possèdent une attestation de
conformité sanitaire (ACS) comme par exemple les membranes de nanofiltration.
A côté de ces dispositifs, sont apparus de nouveaux
procédés antitartre, dits « non-conventionnels », dont les principaux
reposent sur des procédés catalytiques, électrolytiques avec anode de zinc,
magnétiques ou électromagnétiques et électriques. Ils sont principalement
utilisés à l’intérieur des bâtiments notamment dans les réseaux d’eau chaude
sanitaire. Ce sont ces équipements que l’ANSES s’est attachée à évaluer en se
concentrant toutefois sur les dispositifs utilisant l’électrolyse à anode
consommable ou la catalyse, susceptibles de modifier la composition chimique de
l’eau.
Le ministère de la santé estime en effet que les
procédés qui ne modifient pas la composition chimique de l’eau peuvent être
utilisés à l’intérieur de bâtiments sous réserve de respecter les obligations
concernant les matériaux en contact avec l’eau potable. Les procédés
électromagnétiques et magnétiques, considérés comme tels par la DGS, ne sont
donc pas concernés par l’avis de l’ANSES, tout comme les procédés dits «
électriques » générant des courants dans l’eau sans utilisation d’anode
consommable. L’expertise ne porte donc que sur les procédés non conventionnels
utilisant l’électrolyse avec anode de zinc (utilisée seule ou couplée à la
cavitation) ou la catalyse.
Invoquant l’absence de données suffisantes pour
évaluer l’innocuité ou l’efficacité de ces dispositifs, tant dans le corpus
documentaire que dans les éléments de preuve fournis par les professionnels du
secteur, l’Agence estime ne pas pouvoir conclure à l’innocuité et à l’efficacité
des équipements utilisant l’électrolyse avec anode de zinc ou la catalyse.
Des bancs d’essais visant à simuler des conditions
réelles d’utilisation ont bien été développés en Allemagne et aux États-Unis
mais ils ne sont qu’en cours de développement en France. Quant aux
expérimentations in situ qui s’appuient sur des observations sur site (manchettes
témoin, fréquence de détartrage d’équipements, quantité et aspect des dépôts de
tartre, réduction de pannes, de pertes de charge), l’ANSES reconnait leur réalité
mais estime « qu’elles ne concernent que des situations particulières
propres à chaque installation et ne relèvent pas d’une démarche scientifique ».
Constatant qu’un traitement agissant de manière efficace sur les propriétés entartrantes d’une eau peut induire des effets indirects sur sa qualité (formation de particules de CaCO3, augmentation de la turbidité, décrochement de produits de corrosion et de biofilm, etc.), même dans les cas où il n’en modifie pas la composition chimique (TH, pH, TAC), les experts formulent plusieurs recommandations.
L’ANSES recommande notamment que ces
procédés fassent l’objet d’une démonstration appropriée d’efficacité et
d’innocuité comme c’est le cas pour les procédés conventionnels. L’agence encourage
par ailleurs le développement de la normalisation et de la certification « qui
pourraient être au cœur d’un dispositif d’évaluation et d’autorisation des
dispositifs placés sur les réseaux intérieurs et utilisés sur une eau déjà
conforme aux exigences de qualité ».
Le rapport de l’ANSES est accessible à l’adresse : https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0228Ra.pdf