A l’occasion d’une expertise publiée en 2016 sur les conditions de travail des égoutiers, l’Anses avait conclut à l’existence d’effets sanitaires à long terme en mettant en évidence des expositions à de multiples agents chimiques et biologiques, dont des composés cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques présents dans les eaux usées et dans l’atmosphère des réseaux de collecte. L’Agence vient de publier des résultats complémentaires qui confirment ce constat. Elle recommande une série de mesures techniques et organisationnelles pour réduire l’exposition des personnels.
Au
cours de leurs activités professionnelles, les égoutiers sont exposés à de
nombreux agents chimiques et biologiques présents dans l’air ou dans l’eau, par
inhalation de gaz, de vapeurs ou d’aérosols, par contact cutané ou encore par
ingestion.
Dès
2004, l’INRS avait mis en évidence une surmortalité des égoutiers parisiens,
notamment du fait de maladies digestives et de cancers. Ces résultats, confirmés
lors d’une actualisation de l’étude en 2009, ont conduit l’ANSES à évaluer les
risques sanitaires spécifiques à la profession d’égoutier en tentant d’identifier
les causes de cette surmortalité.
Ainsi,
au mois de juin 2016, l’Agence a publié un premier avis relatif aux
facteurs de risques professionnels éventuellement liés à la surmortalité des
égoutiers. Mais du fait de la faible disponibilité des données, un travail de
recherche a été demandé à la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile de
France (CRAMIF) pour disposer de données plus précises sur les agents
biologiques potentiellement présents dans l’air des réseaux de collecte.
Compte
tenu de la complexité de la campagne de mesures relative aux agents
biologiques, le rapport d’expertise publié en 2016 n’avait pu intégrer les
données sur ces contaminants biologiques, raison pour laquelle l’ANSES vient de
les publier.
« Les
résultats de cette étude mettent en évidence dans l’air des égouts des
concentrations en endotoxines et flores microbiennes (dont Aspergillus
Flavus) importantes, parfois préoccupantes selon le référentiel des valeurs
guides utilisées par le réseau Assurance maladie – Risques professionnels »,
indique l’ANSES. Ces résultats confirment que le réseau de collecte dans lequel
évoluent quotidiennement les égoutiers est un milieu particulièrement insalubre
(…). Certaines tâches apparaissent particulièrement exposantes, notamment les
travaux d’extraction de bassin de dessablement ainsi que le nettoyage à haute
pression ».
Pour
faire face aux risques notamment biologiques, l’agence recommande de
caractériser la nature des agents pathogènes présents dans l’air des égouts. Elle
préconise également l’élaboration d’un socle commun de bonnes pratiques de
prévention et d’hygiène assorti d’une évaluation sur le terrain. « Au
regard des concentrations élevées en polluants chimiques et microbiologiques
dans l’air des égouts, il est nécessaire que les travailleurs au contact des
eaux usées puissent a minima avant toute descente dans le réseau, ventiler de
façon naturelle ce dernier », précise-t-elle. Elle recommande également la
mise en place de mesures simples permettant de réduire les expositions. Par
exemple, une meilleure coordination des équipes pour éviter une trop longue
présence au même endroit dans le réseau, une augmentation de la fréquence du
curage pour abaisser les niveaux en microorganismes et en endotoxines, ou
encore une rotation des équipes.
L’ANSES
souligne également l’intérêt d’engager une réflexion sur la possibilité
d’élaborer un référentiel permettant de qualifier les risques sanitaires
associés aux dangers microbiologiques pour les professions potentiellement les
plus exposées.