Après plusieurs années d'études pilotes, et une première expérience concluante en grandeur réelle, Choquenet propose un nouveau procédé de déshydratation des boues.
Un filtre-presse sur les plateaux duquel sont adaptées des électrodes (anode pour l'un, cathode pour l'autre). C'est ainsi que l'on pourrait rapidement décrire DesHyBou®, le nouveau procédé de déshydratation des boues développé par Choquenet. Il repose sur le principe de l'électro-déshydratation, qui consiste à créer un champ électrique dans la boue liquide avant de la filtrer. Résultat : les particules en suspension, qui sont en général électriquement chargées, migrent vers la cathode ou l'anode. "Ce sont les coagulants et floculants qui en général neutralisent électriquement les particules pour pouvoir les agréger. Or notre procédé n'utilise aucun produit : ni chaux, ni chlorure ferrique, ni polymères" souligne Jessica Desabres, responsable R&D chez Choquenet.
Dans les faits, l'application du champ électrique entraîne des phénomènes physiques assez complexes au sein de la boue, mais le résultat est là. En faisant passer un courant au début du cycle de formation des gâteaux, on obtient un taux de siccité bien supérieur à celui résultant d'une filtration classique. "Pour une boue biologique, par exemple, nous obtenons jusqu'à 60% de siccité, au lieu de 30 à 40% avec un "simple" filtre-presse " affirme Jessica Desabres. Le tout sans additif et en un temps record puisque, par exemple, il faut 40 minutes au DesHybou® pour fournir un gâteau à 50% de matière sèche à partir de boues de forage, contre huit heures à un filtre-presse classique pour obtenir 32% de matière sèche. Pour aller au-delà, il faut recourir à un séchage thermique, beaucoup plus coûteux en énergie. Selon leur nature, les boues produites pourront aller en compostage (boues biologiques), être valorisée en BTP (boues minérales) voire recyclées si la matière première est réutilisable (bentonite par exemple).
Relativement simple en principe, l'électro-déshydratation reste toutefois assez délicate à mettre au point pour une application industrielle. En collaboration avec l'UTC de Compiègne, Choquenet a d'abord lancé des études en laboratoire puis une série d'essais pilotes auprès d'une dizaine d'industriels de différents secteurs (forage, stations thermales, pisciculture, boues biologiques, chargées en hydrocarbures, etc.). Un DesHybou® de taille réelle fonctionne depuis un an chez un industriel, et Choquenet s'estime désormais prêt à commercialiser le procédé. La société dispose d'une unité pilote mobile pour réaliser des essais de faisabilité dans chaque situation.
Patrick Philipon