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Epandage des boues de STEP : vers une hygiénisation généralisée ?

30 decembre 2020 Paru dans le N°437 à la page 35 ( mots)
Rédigé par : Patrick PHILIPON

En France, la majorité des boues de STEP retourne au sol. Moins coûteuse que l’enfouissement ou l’incinération, et environnementalement plus sensée, cette forme de valorisation soulève néanmoins la question de l’hygiénisation en cours de pandémie.

Les boues de STEP représentent annuellement plus d’un million de tonnes de matière sèche en France. Considérées comme des MB, elles sont riches en matières organiques et en éléments minéraux comme l’azote et le phosphore mais contiennent aussi, en faibles quantités, des microorganismes, des métaux et des micropolluants divers. Qu’en faire ? Les producteurs – collectivités et industriels – ont plusieurs possibilités : les envoyer en décharge contrôlée, les incinérer, les épandre soit directement, soit après compostage ou méthanisation. Quelle que soit la filière choisie, leur traitement représente une part importante du coût de l’assainissement. Certains acteurs avancent jusqu’à un tiers du montant total...
Le principe du procédé TERSOLYGE Aqualter pour hygiéniser les boues consiste à les chauffer à une température de 95°C pendant 5 à 6 heures avec une vis chauffante électrique.

Et de fait, l’enfouissement en décharge contrôlée revient à 100-150 euros/tonne, le compostage à 50 euros voire plus. L’épandage direct est moins cher, même si son coût varie selon que l’on déshydrate et/ou chaule la boue ou qu’on l’épand directement à l’état liquide, ce qui revient tout de même encore à quelques euros/m³ (stockage, épandage per se, ...). La « valorisation » des boues consiste donc, essentiellement, à trouver une utilité collective à ces matières. « Le retour des boues au sol, ce n’est pas une valorisation pour nous mais pour les terres agricoles » souligne ainsi Jean-Pierre Mignot chef du service assainissement de la Communauté de Communes Anjou Loir et Sarthe, qui regroupe neuf collectivités au Nord du Maine-et-Loir.

Le « retour au sol », spécificité française

Environ 80 % des boues retournent au sol en France, que ce soit pour l’agriculture ou le paysagisme urbain, selon un récent rapport (2019) de la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E) avec le BIPE1. Une moitié est compostée auparavant, l’autre est directement épandue, avec ou sans chaulage et déshydratation. « Dans le cas général et dans le respect de la réglementation bien entendu, le retour au sol est vertueux : il apporte au sol des éléments nutritifs, de l’azote et du phosphore notamment » plaide Vincent Darras, directeur général Études d’Aqualter. « En France, le retour au sol des boues de STEP évite la production de 6.000 tonnes d’azote et de 8.000 tonnes de phosphore, et concerne 2,5 à 3 % de la surface agricole utilisée (SAU) » précise Christelle Métral, Chef de Marché Transition Energétique et Economie Circulaire à Suez Eau France. Cela suppose tout de même qu’il existe aux alentours de la STEP des terres agricoles adaptées. « Nous utilisons beaucoup l’épandage dans l’Ouest, région de grande culture avec des habitats éloignés. Dans le Sud-Est, avec ses petites parcelles de vignes et de vergers, et des habitations proches, la mise en place de plan d'épandage est plus complexe, donc nous compostons », indique Pamela Macquet, ingénieure à Saur Valorisation.
Solution de réduction et d’hygiénisation des boues DEHYDRIS™ Ultra de Suez- Exemple d’installation en Chine.

Reste que ces boues ne sont pas un produit anodin : elles peuvent contenir des germes pathogènes et des micropolluants. La crise du coronavirus SARS-CoV-22 l’a bien montré, avec les arrêtés d’avril 2020 interdisant tout épandage de boue non hygiénisée. Un arrêté du 8 janvier 19983 précise ce que les autorités entendent par boue hygiénisée. Dès lors, quelles sont les différentes manières d’hygiéniser une boue ? Grosses et petites STEP sont-elles logées à la même enseigne ? L’actuelle pandémie, elle-même loin d’être terminée, va-t-elle modifier durablement les pratiques ?

La table d’épaississement de boue sans polymère Deshyvac, développée par SPF et Choquenet, offre une gamme de siccité et de structure obtenue par l’ajustement du niveau de vide, des taux de conditionnement et du débit.

Trois procédés d’hygiénisation se détachent : le conditionnement thermique (séchage, hydrolyse, carbonisation hydrothermale), le compostage et le chaulage. La méthanisation thermophile est également considérée comme un moyen d’hygiéniser les boues, moyennant un fonctionnement en batch et non en continu, mais elle reste très minoritaire en France.

Adapter le chaulage

L’ajout de chaux dans la filière de traitement se fait classiquement après déshydratation, à dose moyenne, pour stabiliser les boues (arrêter la fermentation donc minimiser les odeurs) et apporter un petit gain de siccité. « On chaule les boues pour les stabiliser, essentiellement, même si les Américains les “pasteurisent” avec la chaux » précise Nicolas Ligouzat, de Sodimate, société spécialisée dans la manutention des poudres.
Sodimate met en place l’ensemble de la filière de chaulage, de mélange  et de manutention de boue de STEP.

Certaines des grosses STEP utilisent aujourd’hui un pré-chaulage avec de la chaux vive à réactivitée retardée, en poudre, au lieu du traditionnel lait de chaux, avant leur filtre-presse. « On peut l’introduire avant l’outil de déshydratation, ce qui permet une meilleure homogénéité, sans ajout d’eau. Elle réagira après la déshydratation ce qui finira d’assécher les boues car la réaction est exothermique » explique Marc Gombart, ingénieur conseil qui a développé et breveté l'utilisation de cette chaux (Codecal®) avec Carmeuse. Pour répondre aux exigences de l’arrêté de 1998, il faut en général augmenter les doses de chaux habituellement utilisées. Sodimate, entre autres, construit des systèmes capables de mélanger intimement la poudre avec la boue, encore liquide à ce stade de la filière. Les STEP moins importantes sont obli­gées, si elles veulent hygiéniser, de faire du post-chaulage après la déshydratation.

La société a ins­tallé des solutions de chaulage-hygié­nisation dans des STEP comme celle de Loches (avec Veolia).

En effet, les polymères organiques de conditionnement utilisés avec les outils de déshydratation comme les centrifugeuses, filtres à bande ou presses à vis ne supportent pas le pH élevé de la chaux. Mélanger les boues déshydratées avec de la chaux vive suppose des unités capables d’incorporer finement cette poudre dans la pâte, comme par exemple le mélangeur MBV de Sodimate. Sodimate a par exemple participé à l’installation d’une filière déshydratation-hygisénisation par chaulage à la STEP du Faouet (Bretagne) qui auparavant épandait directement des boues liquides.
« Le résultat du post-chaulage est variable en termes d’hygiénisation car le mélange n’est pas forcément homogène » avance pour sa part Marc Gombart. Il a développé, en association avec la Société Poitevine de Filtration (SPF) et Choquenet, une table de filtration sous vide, appelée Deshyvac. Placée en début de chaîne de traitement des boues, à la place des classiques tables d’égouttage, elle reçoit des boues conditionnées à la chaux et au chlorure ferrique (Fe Cl3). Résultat : des boues stabilisées et hygiénisées (pH supérieur à 12), à forte valeur agronomique. On peut soit épandre les boues encore liquides (6-8 % siccité) à la sortie Deshyvac, soit les envoyer vers un filtre-presse, dans les grosses STEP, soit les diriger vers une centrifugeuse ou une presse à vis, et obtenir boues à 30 % siccité. Un premier exemplaire installé dans une usine Mars a démontré son efficacité, et le système est aujourd’hui commercialisée.

« Une boue hygiénisée par chaulage devient un produit, et non plus un déchet4 soumis à un plan d’épandage, que si elle est normalisée », prévient Pamela Macquet (Saur). Il existe en effet un autre « stade » de traitement des boues, porté par la norme NF U 44-003. Problème : cette norme exige l’absence totale de polymères depuis le clarificateur, un préchaulage et une déshydratation par média filtrant sous pression (filtre presse). Autant dire que cela revient cher et ne peut techniquement concerner que certaines grosses STEP. Dans les faits, très peu d’opérateurs « norment » leurs boues : le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Le compostage gagne du terrain

L’autre grande option est le compostage avec des déchets verts, qui implique une déshydratation préalable des boues. Provoquant une élévation de température – au-delà de 55 °C – pendant une durée minimale de 72h selon réglementation, le compostage stabilise et hygiénise les boues. « La plupart du temps, il en résulte même un compost répondant à la norme NF U44-095, donc commercialisable », affirme Denis Rousset, de l’Agence de l’eau Loire Bretagne.
Semeo (groupe Semosia) déploie des unités mobiles équipées de filtres à bande ou, presses à vis ou centrifugeuses montées sur camion. Ici STEP de Pont-l’Evêque. 

Comme l’explique Julien Blanvillain, directeur de Semeo, qui gère une plateforme de compostage dans la Vienne, « tout repose sur l’autocontrôle, même s’il arrive qu’un inspecteur de la DREAL vienne vérifier. Nous devons assurer la traçabilité des flux, l’analyse de conformité, la pesée, la localisation de l’épandage... ». Saur Valorisation opère 25 sites de compostage en France. « Nous faisons payer l’apporteur de boue à la tonne à des tarifs variables selon les territoires » expose Pamela Macquet. C’est cette redevance à l’entrée qui finance le compostage, et non la vente du compost normé à quelques euros la tonne. Suez dispose pour sa part d’une cinquantaine de plateformes en France. Aqualter pratique également le compostage, que ce soit sur plateforme ou directement sur le site de grandes STEP.

SEDE, filiale de Veolia dispose d'un réseau de plus de 60 sites de compostage en propre et partenaires pour valoriser les boues, en toute traçabilité. En 2020, l'outil de gestion des filières d'épandage, Suivra est passé au cloud et au digital avec l'univers de mySuivra Hub. Fort de ses 12.300 exploitations agricoles, de ses 4.000.000 tonnes de déchets traités annuellement ou valorisés et de ses 120.000 ordres de transport émis chaque année, mySuivra opère ainsi une révolution digitale. La plateforme sécurisée communique avec l'ensemble des protocoles numériques des professionnels des filières de l'économie circulaire et des services administratifs, permettant ainsi une dématérialisation complète des échanges en temps réel. MySuivra Hub sera déployé au 1er trimestre 2021.

Sécher pour épandre ?

Le but premier du séchage des boues est de diminuer les tonnages à transporter vers les filières d’élimination, ainsi que les redevances à payer puisqu’elles sont facturées à la tonne de matière brute. Le retour au sol direct n’est en général pas envisagé. Le séchage thermique est certes reconnu comme moyen d’hygiénisation mais trop gourmand en énergie. C’est l’apanage des STEP de grosses agglomérations, qui produisent trop de boues pour les terres alentour et ont les moyens financiers de sécher leurs boues avant de les incinérer. « Certaines agglomérations traitent les boues par une filière de séchage et incinération. Elles combinent ainsi limitation du transport et valorisation énergétique » explique Pamela Macquet (Saur). Reste le séchage solaire, évidemment plus sobre en énergie payante (et carbonée). C’est ce que proposent par exemple Aqualter, avec son sécheur Tersolair® ou Suez avec Heliantis®. « L’Anses ne considère pas le séchage solaire comme hygiénisant au sens de l’arrêté de 1998. Contrairement à certains sécheurs thermiques, il n’a pas démontré sa capacité à maintenir une température assez élevée pendant suffisamment longtemps » explique toutefois Christelle Métral (Suez).

C’est pour cela qu’Aqualter a développé le procédé Tersolyge®. Fonctionnant avec une boue en entrée à 50 ou 60 % de siccité, donc en sortie de séchage, il est constitué d’une vis sans âme en inox, chauffée électriquement par effet Joule. Elle porte la boue jusqu’à 95 °C (la température est réglable) pendant 6 heures. « Nous avons prouvé que la boue est hygiénisée à la sortie » affirme Vincent Darras. Elle rem­plit en effet tous les critères de l’arrêté de 1998 en termes de taux de salmonelles, œufs d’helmintes, et d’entérovirus. Après un essai gran­deur nature à Thoiry, la première unité opérationnelle a été installée en 2016 à Papeete (Polynésie française), où la boue résultante est uti­lisée comme fertilisant dans les jar­dins publics. Une deuxième unité d’un sécheur solaire Tersolair® est installée à Artenay (Loiret).

Aux Etats-Unis, Thermo-System a déployé une douzaine de sécheurs solaires répondant aux normes d’hygiénisation américaines. Les installations certifiées Class A de la « Environmental Protection Agency » (EPA) travaillent en batch et peuvent être complétées par une « Curing-Zone » pour atteindre des limites de germes pathogènes fixées.

Même option chez Huber Technology qui propose le procédé de séchage solaire SOLSTICE® avec plancher chauffant pour permettre le retour au sol hygiénisé de la matière organique et des éléments fertilisants. « Il y a 15 ans, nous avons fait le choix du séchage solaire pour l’élimination des boues d’épuration et mis notre savoir-faire de concepteur et fabricant de solutions de dégrillage innovantes au service des acteurs qui participent au développement des territoires, notamment les collectivités, et les agriculteurs. Le principe de base du procédé, consiste à faire sécher des boues dans une serre en utilisant l’énergie solaire qui y pénètre. Comme nous sommes dépendants de l’énergie solaire disponible, le procédé comble le déficit hivernal en énergie solaire en récupérant les calories contenues dans l’effluent en sortie de station d’épuration. L’usage d’une pompe à chaleur spécifique avec échangeur « eau-eau » permet le transfert de l’énergie complémentaire nécessaire à travers un plancher chauffant », résume Régis Ertz, directeur d’Huber Technology France. L’évacuation de la boue séchée se fait de manière automatique dans une fosse de stockage placée en bout de serre ou dans un container à l’aide d’un convoyeur à vis. Sur une quarantaine d’installations déployées en France, 4 disposent de la presse à vis Q-PRESS® Huber permettant ainsi aux stations d’épuration d’intégrer un dispositif d’hygiénisation des boues à des couts maitrisés.

Suez a choisi une autre voie. Le Dehydris® Ultra promet en effet une « ultra déshydratation ». Procédé breveté, il est en fait constitué du couplage d’un conditionnement thermique peu gourmand en énergie (carbonisation hydrothermale) avec une presse à piston Bucher Unipektin. « L’ensemble permet de réduire de 75 % le volume de boues, consomme 3 à 4 fois moins qu’un sécheur thermique classique et produit un biochar à 65 % de siccité, hygiénisé au sens réglementaire et sans polymères, qui peut être épandu, composté ou incinéré » énumère Christelle Métral. Après avoir opéré un démonstrateur pendant un an en Chine, Suez s'apprête à déployer le procédé en France sur des STEP de grandes collectivités. Par ailleurs, Suez s’est vue attribué dans le cadre de la joint-venture formée avec John Holland et Beca outh East Water, le contrat de modernisation de l’usine de traitement et de recyclage des eaux usées de Boneo, située dans la péninsule de Mornington (Etat du Victoria). Le contrat qui prévoit la conception et la construction de l’extension de l’usine ainsi que son exploitation pour une durée de 10 ans, déploie toute une gamme de technologies destinées à réduire les consommations énergétiques, et notamment l’atelier de déshydratation poussée (Dehydris™ Twist) intégrant les presses à piston HPS de Bucher Unipektin, en remplacement des 2 centrifugeuses existantes. Les travaux qui ont débuté en février 2019 permettront d’atteindre une capacité de 31.200 m³ d’eaux usées par jour (contre 14.300 m³/jour) et les eaux usées traitées seront recyclées pour garantir l’irrigation des terres agricoles.

Présent sur ce marché depuis plus de 30 ans, Huber Technology conforte sa position 
de leader de la déshydratation par presse à vis avec maintenant près de 160 références en France.

En plus d’offrir des avantages sérieux en termes de déshydratation mécanique des boues, la presse Bucher HPS, peut comme un filtre presse, être associée à un conditionnement FeCl3-Chaux permettant de garantir hygiénisation et stabilisation des boues conformément à l’ordonnance du 8 janvier 1998 et se conformer à la norme NF U 44-033 sans équipement complémentaire.

OTV, filiale de Veolia Eau Solutions & Technologies propose de son côté Solia™+. Fondé sur la combinaison du séchage solaire et du bioséchage, Solia™+ sèche et stocke les boues dans une serre de type horticole soumise à une circulation continue d’air sec provenant de l’extérieur. Afin d’optimiser la performance énergétique de la serre, le système de contrôle commande ACoDry, par l’analyse et l’adaptation à des paramètres clés de l’installation divise par deux la consommation électrique pour une même performance de séchage. Le procédé Solia™+ revendique des siccités au-delà de 90 %, et est applicable à tous les modes d’élimination : valorisation agricole, compostage, enfouissement, incinération et co-incinération.

Le cas des petites STEP

Un grand nombre de petites STEP, en général en zone rurale, sont dites « liquides » car elles produisent des boues non épaissies, destinées à l’épandage direct en sortie du bassin de clarification. « Elles disposent en général de silos pour stocker les boues liquides entre les périodes d’épandage » précise Pamela Macquet. Ni déshydratation ni hygiénisation, donc. La crise sanitaire, avec les arrêtés d’avril 2020, a obligé ces collectivités à rechercher des méthodes alternatives pour gérer leurs boues. Outre les solutions logistiques (stockage quand c’est possible, transport vers des STEP mieux équipées, etc.), deux possibilités se détachent : la déshydratation avant envoi en compostage ou le chaulage des boues liquides. « Nous finançons le retour au sol, par chaulage ou compostage » confime Denis Rousset (Agence de l’eau Loire Bretagne). Les Agences de l’eau ont en effet financé en grande partie ces solutions, les petites collectivités ne pouvant supporter seules les investissements nécessaires.

Adequatec pionnier et spécialiste de l’épaississement et la déshydratation par presse à vis, a enregistré depuis le début de l’été une explosion des demandes sur ses presses à vis Adequaress H, de la gamme d’ADEQUAPRESS®, capable à la fois d’épaissir et/ou de déshydrater les boues biologiques. « Nous avons même reçu des demandes de certains de nos clients qui souhaitent transformer leurs ADEQUAPRESS TH, dédiés à l’épaississement, en ADEQUAPRESS Hybrides afin de pouvoir diriger leurs boues en filières de compostage ou d’avoir simplement la possibilité de les chauler à moindre coûts. C’est probablement la conséquence la plus marquante de l’incertitude qu’a générée le COVID19 sur la pérennité des filières d’évacuation des boues biologiques. Pour le coup, nous sommes contents de pouvoir offrir aux exploitants cette gamme de presse à vis éco-conçues et sobres, qui leur permet à la fois de s’adapter à toutes les situations et de pérenniser leurs Investissements » se félicite Alexandre Olivry, ingénieur réalisation et SAV.

Pour la déshydratation, ce sont des fabricants ou prestataires de service comme Adequatec, Altantique Industie, Centri-Boet, MPO Environnement, Semeo qui envoient des unités mobiles, autrement dit des filtres à bande, presses à vis ou centrifugeuses montés sur camion.

Malgré un parc de machines de déshydratation mobile conséquent (17 centrifugeuses, 5 filtres-presses, 5 filtres à bandes, unités de pré-traitement de dégrillage et de dessablage...), SEDE complète son offre avec des presses à vis plus adaptées pour ces petites collectivités. Cette solution est simple d'utilisation, offre des coûts de maintenance relativement réduits et une qualité de boues compatible avec un compostage.

Les unités mobiles de déshydratation de boues de Centriboet ont leur propre système de préparation du floculant. Le fabricant offre une large gamme d’unités mobiles allant de 3 m³/h à 90 m³/h de capacité de traitement hydraulique.

Avec parfois quelques difficultés car l’accès peut être délicat dans certaines petites STEP, qui par ailleurs ne sont pas toujours en mesure d’absorber de grandes quantités centrats ou filtrats repartant en tête de traitement, ce qui oblige à fractionner les interventions. Ainsi épaissies, les boues sont envoyées en plateforme de compostage. « Nous sommes intervenus à Craon, à Besançon et dans diverses STEP de l’Ouest opérées par des groupes comme Suez ou Saur, qui disposent de plateformes de compostage mais pas d’unités mobiles de déshydratation », précise Julien Blanvillain (Semeo).

C’est aussi cette solution qu’a choisie la Communauté de Communes Anjou Loir et Sarthe sur ses cinq STEP à boues activées. « Nous avons fait venir des centrifugeuses sur semi-remorque. Le centrat est retourné en tête de station et les boues, qui ressemblent alors à du terreau, sont parties vers un compostage » rapporte Jean-Pierre Mignot. Coût de l’opération : de 40 à 67 euros le m³ selon la siccité. Même avec l’aide de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, il a fallu augmenter le tarif d’assainissement pour les abonnés... « Le compost n’a pas la même consistance que les boues liquides, donc ne demande pas le même matériel d’épandage, ce qui peut poser des problèmes aux agriculteurs ayant un contrat avec certaines collectivités » ajoute Denis Rousset.

Les ADEQUAMOBILE® sont des unités mobiles compactes et peu énergivores conçues autour de la nouvelle génération de presse à vis d’Adequapress® connectés. Celles-ci disposent d’un réacteur de floculation dimensionné pour chaque projet comme une étape de traitement à part entière afin de minimiser les retours en tête de polymères excédentaires. A ce titre, Adequatec garanti le taux de traitement à ±10 % près de la valeur trouvée par JAR TEST. ADEQUAMOBILE® apporte à l’exploitant plusieurs bénéfices : une économie substantielle sur les consommables, réduit les effets indésirables des retours en tête sur les ouvrages et sur l’aération et évite les à-coups hydrauliques qui dégradent l’efficacité de sa filière de traitement biologique.

Adequatec propose des unités mobiles moins puissantes et très compactes, de capacités comprises entre 20 et 200 kg MS/h, équipées de la nouvelle génération d’Adequapress® connectées. Ces unités mobiles, disponibles sur remorques ou en containers maritimes 10 ou 20 pieds, peuvent être installées partout et se branchent le plus souvent sur le réseau électrique de la STEP évitant ainsi le recours à un groupe électrogène. Conçues pour fonctionner en toute autonomie sous la surveillance de l’exploitant, elles permettent le suivi à distance par le prestataire via une tablette ou un PC. « Le choix de la capacité est un compromis entre le temps disponible pour le traitement du gisement de boues et la capacité hydraulique de la station. En effet, la déshydratation par unité mobile se déroule souvent en opération commando. La STEP subit un à-coup hydraulique, ce qui lessive les ouvrages et perturbe durablement son fonctionnement. Les unités mobiles d’Adequatec permettent d'éviter ces problèmes. Elles réduisent les coûts à la fois pour le client final et pour le prestataire qui n’a plus à immobiliser son personnel sur site » résume Alexandre Olivry.

Pour des besoins ponctuels en substitution ou en complément de traitement des boues, Faure Equipements conçoit et construit des unités mobiles de déshydratation par filtre presse dont les tailles de ces filtres presses varient ainsi de 250 à 6 000 litres de gâteaux par cycle, ce qui représente environ de 100 à 4 500 kg de matières sèches pour des siccités pouvant atteindre 30 à 80 % selon le type de boue (organique ou minérale). Les unités intègrent tout type de filtres presses – chambrés ou Mixed Pack – ainsi que tous les éléments nécessaires au conditionnement et convoyage des gâteaux.Spécialiste des solutions techniques d'épaississement et de déshydratation, Atlantique Industrie propose des skids en location courte, moyenne ou longue durée et des installations clef en main pour la déshydratation des boues.

EMO (groupe Semosia) propose une presse à vis simple et robuste, ce qui lui permet de répondre en tout point aux contraintes d’exploitation et de maintenance du marché français. Chaque machine est équipée d'une grille de filtration démontable pour faciliter le remplacement du joint de raclage et permettre une installation sur un espace réduit (unité mobile, container, bâti existant).

Très actif aussi sur le marché français de la presse à vis, EMO passe le cap des 50 installations d'unités de traitement de boues fixes (en bâtiment ou modul’bloc) ou mobiles (sur remorque ou conteneur). De conception simple et robuste, EMO offre tous les types de modèles avec une capacité de traitement pouvant aller jusqu'à 1.000 kg MS/h. Chaque machine est équipée d'une grille de filtration démontable pour faciliter le remplacement du joint de raclage et permettre une installation sur un espace réduit (unité mobile, container, bâti existant).

Pour une semaine, un mois, un an ou plus, la presse à vis proposée par MPO démontre des performances comparables aux centrifugeuses et affiche un ratio capacité/performances élevé. Reconnue comme moins énergivore et offrant une siccité comprise entre 15 et 35 % selon la nature des boues, ses principaux avantages résident dans son faible encombrement : 6 m x 2,50 m, le débit des retours en tête limité, la consommation électrique de l’ordre de 3 kW.

Une installation réalisée par Atlantique Industrie dans un abattoir sur de la déshydratation de boue.

L’autre solution consiste à hygiéniser ces boues liquides avec du lait de chaux concentré, ce qui suppose un système de brassage. Cette méthode un peu expérimentale demande un bon suivi du pH pour s’assurer qu’il dépasse bien 12. « Au départ, l’Anses était très réservée sur l’efficacité de cette hygiénisation des boues liquides, et a privilégié l’approche déshydratation-compostage » se souvient Pamela Macquet. Saur a donc travaillé sur un pilote de post chaulage des boues liquides, démontré l’efficacité du procédé durant l’été 2020 et le proposera au printemps 2021. « Nous avons déja mis en oeuvre cette filière d'hygiénisation avant épandage sur 15 STEP en septembre 2020 suite à la validation du respect des exigences réglementaires sur 3 pilotes aux configurations de stockage et d'agitation variables. Nous allons étendre cette filière en 2021. Cela convient uniquement aux STEP ayant un agitateur dans leur silo. Nous avons cependant fait des essais directement dans des fosses déportées, en faisant venir un brasseur agricole » ajoute Pamela Macquet, qui précise que le procédé de chaulage revient à 10-15 euros/m³. Sodimate est également « intervenu dans ce domaine », précise Nicolas Ligouzat.

Un avenir pour la boue non hygiénisée ?

L’épisode du coronavirus aura soulevé des questions quant au retour au sol de boues non hygiénisées. Un retour intégral à l’épandage direct est-il possible ou un « cran » a-t-il été franchi ? Nul ne connait la réponse...
SEDE complète son offre avec des presses à vis plus adaptées pour les petites collectivités.

Pour Pamela Macquet, « la crise aura forcément un impact, d’autant que rien ne dit qu’il n’y aura pas d’autres pandémies. La réglementation de l’épandage, qui date de 1998, est d’ores et déjà en révision ». Elle souligne également le fait que les épandages sont déjà très contrôlés sur les quantités de métaux et micropolluants organiques épandus. « Les paramètres et les seuils vont probablement évoluer à la lumière des nouvelles connaissances sur, par exemple, les résidus médicamenteux » ajoute-t-elle. « Les acteurs doutent d’un retour en arrière, d’autant que l’épandage est mal accepté en Europe. Il y a de plus en plus de restrictions et la filière a besoin d’une stratégie globale » plaide de son côté Julien Blanvillain, qui considère le chaulage comme une méthode provisoire en attendant la généralisation du compostage.

Reste qu’un arrêt définitif de l’épandage sans hygiénisation poserait des problèmes de financement. « Il faudrait alors équiper les STEP « liquides » de systèmes pérennes de chaulage, avec ou sans déshydratation. L’investissement pourrait s’amortir sur plusieures années, d’autant qu’elles bénéficieraient d’aides des agences de l’eau » estime Pamela Macquet. « Les collectivités ont mis en place des solutions provisoires d’hygiénisation mais espèrent revenir à l’épandage direct, solution la moins coûteuse pour elles » prévient Denis Rousset. « Nous pensons garder l’épandage dans un premier temps. Ensuite, nous devrons nous concerter avec les exploitants agricoles qui comptent sur cet apport. La question se pose pour nous car de plus en plus d’exploitants passent en Bio, où aucun épandage n’est autorisé » rapporte pour sa part Jean-Pierre Mignot. La Communauté de Communes Anjou Loir et Sarthe envisage cependant une solution avec centrifugation et chaulage pour sa future STEP.
Le flou actuel sur l'évolution de la réglementation, qu'il s'agisse des critères de qualité pour l'épandage, des conditions de sortie du statut de déchet4 ou de la place des boues dans l'économie circulaire, n'aide pas à prendre des décisions. 

1. voir https://fp2e.org/flowpaper/BIPE-2019/#page=1

2 l'agent de la Covid-19

3 Arrêté du 8 janvier 1998 fixant les prescriptions techniques applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles pris en application du décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997 relatif à l'épandage des boues issues du traitement des eaux usées. Voir https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000570287/2020-09-12/>

4. https://www.vie-publique.fr/consultations/21598-projet-darrete-fixant-les-criteres-de-sortie-du-statut-de-dechet-pour-l


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