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Entreprises

Projet CENSE : l’aventure de l’industrialisation

25 février 2021 Paru dans le N°440 à la page 36 ( mots)

L’eau potable. Le domaine n’est pas nouveau pour Camille Triffaux qui, depuis janvier 2021, a rejoint les équipes d’EFS SA pour bâtir la stratégie de commercialisation de la nouvelle sonde en France, en Europe et dans le monde. Outre l’implantation de la technologie, le responsable du marché Eau explore des partenariats métier pour optimiser l’exploitation et l’usage des données collectées par la sonde. Quelques experts du traitement et valorisation de la donnée, software as a service (SaaS) bien connus des exploitants ont déjà été approchés. D'autres sont invités à le faire. Explications.

L’eau, l’industrie, les nuisances : Un an et demi après l’annonce du financement de la sonde d’analyse en continu par la Commission européenne dans le cadre du programme « Instrument PME – Horizon 2020 » ou en êtes-vous de la mise en œuvre du plan d’industrialisation ? Est-il ralenti par la crise du Covid-19 ?

Camille Triffaux : Ce qui fait la particularité des gammes EFS et du projet CENSE en particulier, c’est que nous maitrisons par nature autant la conception que la fabrication de nos produits. Même si nous observons quelques tensions sur la chaîne d'approvisionnement en composants en raison du contexte Covid-19, notre planning de lancement des premiers prototypes reste inchangé.

La stratégie de lancement du produit consiste maintenant à faire la preuve du concept sur des installations en condition réelle. D’abord sur le marché français, en travaillant en synergie avec tous les acteurs privés du marché de l’exploitation, qu’ils soient leaders ou challengers.

Puis avec les grandes collectivités qui remunicipalisent leurs services d’eau potable à l’image de Paris, Metz, Grenoble ou Chambéry. Et aussi avec les petites régies. L’objectif étant de tenir informés tous les services de l’avancement du projet CENSE et de valider avec eux l’évolution de leurs besoins pour réaliser un scénario complet d’industrialisation. A ce titre, nous collaborons activement avec les services R&D de ces grandes collectivités. 

En phase 2 du plan de commercialisation, nous étudierons les marchés potentiels de la communauté européenne en structurant notre analyse sur 3 facteurs déterminants : les linéaires de canalisations d'eau potable, les capacités d’investissement afférentes aux activités Eau des pays visés, les politiques en faveur de la gestion durable de la ressource en eau, qui sont déterminantes pour les métiers de distribution d’eau potable.

En phase 3, nous souhaitons nous appuyer sur le réseau de distributeurs de notre gamme Eau pour accompagner le développement du produit à l’international. Le succès du développement à l’export d’EFS étant dû en partie à la sélection de bons distributeurs locaux, ce modèle doit jouer un rôle important dans l’implantation de la sonde à l’international.

EIN : La mesure seule n’étant pas une réponse suffisante aux enjeux d’exploitation, vous envisagez le couplage avec des fournisseurs de software pour proposer des outils capables d’améliorer les services fournis aux opérationnels. Quels développements et partenariats envisagez-vous ?

C.T : A l’image de ce qui s’est passé pour l’assainissement, avec l’équipement des stations d’épuration avant d’outiller les réseaux de collecte des eaux usées, nous assistons à une demande de plus en plus forte du secteur de l’eau potable pour instrumenter les réseaux en analyse qualitative. L’ambition du projet CENSE consiste dans ce contexte à introduire sur le marché une sonde d’analyse continue autonome pouvant être facilement installée en différents points des réseaux de distribution pour garantir la sécurité de la distribution d’eau potable et anticiper toute contamination qu’elle soit d’origine naturelle ou criminelle.

Si aujourd’hui la majorité des opérateurs privés et des grandes régies ont la capacité de tirer parti des données collectées par la sonde pour agir de façon efficiente, la mise en œuvre de toute la gestion intelligente des données demande en revanche de nouvelles compétences et des budgets en conséquence pour les petites régies.

En l’état actuel des choses, nous pensons que les petites collectivités seront le facteur limitant de la diffusion de la technologie. Pour tirer le plein potentiel de vente de la sonde, nous devons donc répondre à leurs différentes problématiques. En l’occurrence, les problèmes soulevés sont nombreux. Ils portent sur des très grands linéaires de réseaux pour un faible nombre d’habitants desservis, sur l’absence de maillage des réseaux qui affecte mécaniquement la qualité de l’eau, sur des zones blanches voire assez mal desservies en termes de télécommunication.

Déterminer les points de mesure critique, optimiser le traitement et le rapatriement des données, développer des fonctionnalités avec une base de données représentative des problèmes rencontrés par ces collectivités, sont les enjeux auxquels les bureaux d’études, les fabricants d’instrumentation ainsi que les spécialistes de traitement de la donnée doivent aborder ensemble afin d’offrir une chaine de valeurs cohérente avec les besoins client.

Ce sont ces domaines que nous cherchons à explorer avec des experts de l’intelligence embarquée. Pour le moment, nous avons pris contact avec Aquassay, avec lequel nous animerons un groupe de travail à l’occasion du 100ème congrès de l’Astee, et avec le bureau d’étude ICAPE, qui est spécialisé dans la gestion de projets liés à l’eau potable et à l’assainissement pour les petites et moyennes collectivités territoriales. 

Ces démarches ne sont pas exclusives. Nous souhaitons inciter les éditeurs de solutions logicielles à évaluer l'intérêt de notre solution et à lancer avec nous des réflexions sur le potentiel de fonctionnalités avancées au service des collectivités. C’est cette philosophie qui guide notre plan de commercialisation.

EIN : Cette étape dans la phase d’industrialisation pose-t-elle de nouvelles questions dans le contexte actuel de sécurité des données ?

CT : Nous ne nous y trompons pas. Chaque communication vers un réseau, qu’il soit filaire ou non est une brèche potentielle qui nécessite la plus grande attention. EFS, par son historique, maitrise parfaitement les dernières technologies de communication IoT. Les nouvelles applications qui en découlent nécessiteront de prendre en considération ces risques.

Dans le cadre des démarches que nous avons entamées avec les grands comptes, nous constatons d’ailleurs que les équipes DSI chargées des opérations de sécurité sont de plus en plus proactives et jouent un rôle essentiel dans la boucle de décision. Elles sont de plus en plus nombreuses à participer aux projets, ce qui nécessite chez nous en même temps de comprendre à quel point le protocole de communication de la sonde doit s’adapter à l’infrastructure logicielle visée. 

Propose recueillis par Pascale Meeschaert

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