Depuis une dizaine d’années, le traitement de sols impactés par des composés organiques - principalement des HCT- par désorption thermique sur site (et plus rarement par voie in-situ) est mis en œuvre ponctuellement sur des chantiers de réhabilitation. Cette technique peut en effet s’avérer pertinente comparée à d’autres solutions de gestion - du moment où un certain nombre de para-mètres sont maitrisés et qu’une méthodologie structurée est appliquée pour sécuriser le projet – tant dans sa phase amont de conception, qu’en période d’exploitation.
C’est
dans ce contexte qu'Ortec-Soleo est intervenu sur un site industriel situé
en Haute Savoie (74). Le site, en cessation d’activité depuis 2018, a fait
l’objet d’études environnementales qui révélaient l’existence d’une pollution des
sols et des eaux souterraines en hydrocarbures et PCB et dans une moindre
mesure en COHV et BTEX.
La
pollution étant située sous le bâtiment principal et l’acquéreur du site
souhaitant conserver le bâti, une solution de traitement in-situ était
recherchée. Or, les PCB sont des composés particulièrement récalcitrants pour
lesquels il n’existe quasiment pas de solution de traitement in-situ. Cette
problématique est généralement gérée par excavation ou le confinement sur site.
Une
phase de tests de laboratoire et d’essais pilotes terrain a donc été lancée sur
plusieurs techniques de manière à identifier les solutions envisageables,
valider la faisabilité et acquérir les données de dimensionnement pour un
déploiement à pleine échelle.
Dans ce cadre, Ortec-Soleo s’est
orienté vers un traitement de la zone polluée par désorption thermique in-situ,
considérant les atouts de cette technique vis-vis des caractéristiques de la
pollution (mixte et complexe), du milieu et des contraintes locales. Le procédé
consiste à monter le sol en température afin d’approcher les températures
d’ébullition des composés cibles. Les polluants passent sous forme de vapeurs
et ces gaz chauds sont collectés au niveau d’ouvrages d’extraction puis sont
condensés afin de concentrer la pollution sous forme liquide.
En 1ère
étape du dimensionnement, les tests de laboratoire de désorption thermique en
colonne ont, entre autres, permis de préciser la température cible de
traitement et de mettre en évidence des taux d’abattement de l’ordre de 99 % en
hydrocarbures et en PCB. Un essai pilote a ensuite été mis en œuvre sur une
zone restreinte en respectant les données acquises au laboratoire. Il a
démontré, dans les conditions réelles de terrain, qu’il était possible
d’atteindre des températures maximales de l’ordre de 200°C, aboutissant à des
abattements massiques de 84 à 98 %.
Cette
démarche a permis de choisir la meilleure solution technique, en l’occurrence
la solution de désorption thermique in-situ, et de la dimensionner précisément
tant d’un point de vue process que chimique. Elle a également permis de
rassurer tous les intervenants (client, AMO, administration) sur la capacité de
la technique à atteindre et sur les objectifs visés.
Le
traitement mis en œuvre couvre une surface de 1500 m² et permettra de traiter
in-situ plus de 12 000 tonnes de terres impactées. Le dispositif est
composé de 360 aiguilles chauffantes, de 66 puits de pompage d’eau et d’air et
d’une unité de traitement des effluents gazeux et aqueux. L’ensemble des
installations est géré par un automate, ce qui permet un pilotage précis et
réactif des installations ainsi qu’une gestion à distance du traitement. Il est
associé à un suivi technique et environnemental poussé afin de garantir la
qualité des rejets et la stabilité du bâti.
Le
chauffage des sols se déroulera sur une durée de 9 mois et devrait permettre
d’extraire plusieurs dizaines de tonnes d’hydrocarbures et de PCB, avec un coût
de traitement tout à fait compétitif comparée à une excavation avec traitement
hors site des terres polluées.