Dans un contexte de conflits et de catastrophes naturelles croissant, les situations d’urgence liées à l’interruption des services de l’eau ou aux risques de pollution des sols se multiplient. La gestion des évènements relève à chaque fois d’un défi logistique. Tour d’horizon des solutions et des organisations en présence sur ces zones à enjeu.
Alors que la tempête Aline plaçait le 20 octobre dernier une
nouvelle fois en vigilance
orange six départements, soit pour des
risques de vague-submersion (Bouches-du-Rhône, Var, Corse-du-Sud), soit pour
des alertes aux crues (Ardèche, Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence),
celle-ci rappelait qu’en France comme
partout dans le monde les situations
d’urgence ne font que s’amplifier et
s’accélérer.
En 2020, la tempête Alex faisait des
dégâts considérables, principalement
à cause des pluies diluviennes tombées
en quelques heures seulement. Le bilan
dressé par le rapport du Conseil général
de l’environnement et du développement durable et de l’Inspection générale de
l’administration est lourd : dans les Alpes-Maritimes, au moins une soixantaine de
kilomètres de routes ont été emportées.
17 stations d’épuration et plus de 10 stations de traitement ou captage d’eau
potable ont été touchées, près de 200 km
de réseaux d’eau ou d’assainissement ont
disparu ou ont été endommagés.
Pour faire face à la dépression Aline, un millier de pompiers et 530 gendarmes ont été prépositionnés pour intervenir rapidement en cas de besoin. Dans la vallée de la Vésubie, au-delà des équipes d’exploitation de Saur et de Veolia notamment, qui avaient acheminé du matériel technique sur sites, raccordé au réseau des canalisations et remis en service des unités d’épuration ou encore créé des unités de pompage provisoires, de nouvelles solutions avaient permis d’assurer un travail de qualité. Le pont qui reliait la commune de Saint Martin-Vésubie au reste de la vallée a été entièrement englouti. Pour rétablir rapidement le service d’eau potable, la régie Eau d’Azur a fait le choix de mettre en place une pose provisoire en encorbellement au-dessus du nouveau lit de la rivière. Le système Primus Line® a été retenu car outre sa gaine souple armée aramide qui offre une excellente tenue aux hautes pressions (jusque PN82), le conditionnement de 600 mètres par touret a permis à Altero Travaux Publics de boucler l’intervention en moins de 4 jours. «La commande a été priorisée et expédiée en 48 h (tous les diamètres sont tenus en stock sur l’équivalent de 3 terrains de footballs de tourets), puis 4 jours ont suffi à l’installation sans la moindre machine» souligne Dominique Ferrer.
Au total, 1200 m de tuyaux Primus Line d’un diamètre de 150 mm ont été installés dont 120 m insérés dans une gaine PVC suspendue au-dessus de la zone arrachée à la place du pont, se souvient Philippe Ferrer, directeur France Primus Line. «Nos produits ont été livrés sur deux tourets d’un poids de 1 700 kg chacun ce qui a permis d’héliporter les équipements. Aucun moyen de levage n’étant possible sur place, notre solution héliportable était donc la seule envisageable pour répondre à l’urgence de la situation et permettre au final que la population reste sur place, ce qui n’a pas été le cas sur d’autres zones». «Répondre aux situations d’urgence requiert beaucoup de réactivité, de la logistique et des moyens adaptés mais aussi des valeurs humaines et un fort esprit d’équipe pour relever à tout moment des défis, qui, par nature, sont imprévisibles, poursuit Lionel Mondelin, directeur des opérations CTP environnement. Cette promptitude est un service ancré dans l’ADN de CTP environnement, héritée de son activité historique de nettoyage d’équipements thermiques que nous avons étendu au service du traitement des effluents».
À l’action aussi lors des inondations de la vallée de la Vésubie, CTP environnement a déployé des unités de clarification des eaux usées couplées à de la déshydratation des boues en relais de petites STEP urbaines mises hors d’usage. Chaque unité mobile a été adaptée pour prendre en compte les contraintes du site: accès limités à cause des éboulements, place disponible, dénivelé, fonctionnement simple, robuste et autonome. Grâce à sa bonne connaissance du terrain et des industriels, un client Italien, qui lui avait fait confiance en 2017 pour traiter en urgence les eaux d’inondation d’un site alors polluées aux hydrocarbures, lui a réitéré sa confiance début novembre pour la même opération. «Ainsi, nous déployons un des fleurons de notre flotte d’unités mobiles de traitement: l’AEROMOBIL®. Ce flottateur a air dissout complètement automatisé avec un conditionnement chimique en amont permet, selon la charge entrante, une clarification jusqu’à 500 m3 /h et une turbidité de sortie inférieure à 30 NTU.»
Dans les territoires d’outre-mer, les scènes de désolation post événements météorologiques intenses ne manquent pas non plus. Fin 2022, la tempête Fiona touchait la Guadeloupe. Sur l’île de la Grande-Terre, une canalisation d’irrigation d’un diamètre DN 1000 avait notamment été rompue, privant d’eau l’ensemble des agriculteurs de l’île alors que la saison sèche approchait. Sur ce type de sinistre, la préparation d’une intervention demande une très bonne maitrise de l’environnement et un soutien technique sans faille y compris dans l’accompagnement de la pose des conduites, rappelle Jérôme Guilleautot, directeur commercial France chez Saint-Gobain PAM Canalisation.
«Grâce
à nos équipes sur place, nous avons pu
échanger avec nos clients pour bien comprendre leurs besoins afin de pouvoir,
depuis Paris, faire fabriquer en urgence
les pièces clés qui manquaient». Les
tuyaux de gros diamètre ont été acheminés par bateau depuis la France.
Pour les petits diamètres l’entreprise
de pose a pu utiliser les stocks sur
place. Malgré l’ampleur des travaux,
la conduite DN1000 a pu être remise
en eau en un mois, après tracé, terrassement du chantier, installation de
batardeaux en rivière et mise en siphon
des 90 ml de tuyaux jusqu’à 4 m sous
le lit de la rivière. «Pour chaque situation d’urgence, la gestion d’un sinistre
relève d’un défi logistique. Nous devons
nous rendre en permanence disponible
pour apporter notre appui technique
aux différentes phases de chantier. Dans
notre usine de Foug près de Nancy, nous
sommes capables de changer un planning
de fabrication pour pouvoir répondre au
plus vite à une demande exceptionnelle»,
commente Jérôme Guilleautot.
UNE ORGANISATION AD HOC
Crues, tempêtes, inondations, pollutions des sols et des nappes : pour répondre à tout type de risques et aux situations d’urgence, il est devenu impératif pour de nombreux acteurs d’optimiser les processus logistiques de plus en plus spécifiques et différenciés pour assurer ces missions capitales. Ainsi à la Guerche-de-Bretagne, le quartier général de Séché Urgences Interventions triple sa surface pour mettre sur pied une plateforme de pilotage totalement sécuritaire de l’ensemble des opérations d’urgence de Séché Environnement. L’activité relayée par 8 bases situées partout en France bénéficie désormais de près de 4000 m² de bâtiments contre 800 m² initialement.
Cette nouvelle installation permet ainsi à Séché Urgences Interventions de renforcer considérablement ses moyens matériels et humains, et d’intervenir sur tous les milieux, sinistres et substances, 7 jours sur 7, en moins de 4 h en France et avec une très grande réactivité dans le monde entier. Lancée en 2014, cette branche d’activité qui porte sur la sécurisation des lieux, la dépollution du site, l’acheminement des déchets dangereux et leur traçabilité, se situe désormais au cœur de la stratégie du groupe Séché. L’entité compte une trentaine d’experts permanents et près de 230 techniciens et chimistes de réserve mobilisables, continuellement formés à la maîtrise des procédés et moyens techniques.
Tous ses experts
sont habilités aux interventions d’urgence et disposent des compétences
dans la gestion des risques chimiques,
biologiques, pyrotechniques et radiologiques. Comptabilisant en moyenne
plus de 100 interventions par an, Séché
Urgences Interventions a notamment
dépollué de nombreux sites emblématiques ces quatre dernières années parmi
lesquels, le traitement de la marée noire
du Grande America en mars-avril 2019,
la décontamination du plomb dans la
crypte de Notre Dame de Paris, la récupération des fûts de produits chimiques
et hydrocarbures déversés dans les bassins de la Seine à l’occasion de l’incendie de l’usine Lubrizol en septembre 2019 et
l’opérations de pompage lors du déraillement d’un train d’acide phosphorique
dans les Ardennes en juin 2021.
DES CITERNES RECONNUES À L’EXPORT
Pour les professionnels des citerne souples, si le marché de l’urgence à l’export bénéficie d’un potentiel énorme, il doit s’accompagner d’un renforcement des solutions personnalisables et de la nouvelle donne climatique. «Face à tous ces défis, la résilience hydrique est devenue une nécessité. C’est notre capacité technique et collective de retenir le maximum de cette ressource qui est aujourd’hui mise à l’épreuve», reconnaît Citerneo dont le produit phare est la citerne EXOM+ traitée contre les UV et les moisissures, garantissant. Exportée sur les cinq continents, la citerne souple, spécialement conçue pour le stockage de l’eau potable, offre de nombreux avantages, notamment une installation facile, sans nécessité de gros travaux de terrassement ou d’excavation. En seulement trente minutes, deux personnes peuvent installer un réservoir de 100 mètres cubes, prêt à être rempli immédiatement, affirme le fabricant. «Cette rapidité d’installation est indispensable en situation d’urgence, où chaque instant compte. De plus, lorsqu’elle est vide, la citerne se plie facilement, se stocke aisément et peut être rapidement déployée sur un autre site d’urgence».
En 2022, plusieurs citernes souples ont été livrées pour venir en aide aux réfugiés climatiques du Somaliland notamment et tout récemment, Citerneo a fait don de plusieurs citernes souples destinées à la distribution d’eau potable aux populations marocaines sinistrées suite au séisme du 8 septembre. Labaronne Citaf, autre major du domaine, est un fournisseur historique de citernes de stockage d’une capacité de 500 l à 10 m3 livrées aux principales ONG pour des camps de sinistrés, camps de réfugiés, missions d’aide au développement, maintien de la paix ou encore programmes de reconstruction. Depuis la conception jusqu’à l’installation, depuis 30 ans, le maître mot en situation d’urgence est de garantir la réactivité tout en respectant les cadres normatifs les plus stricts et l’usage quotidien, confirme Elisabeth Neyrand, chargée de projets humanitaires chez Labaronne Citaf: «en 2010, le tremblement de terre en Haïti a soulevé chez nous une mobilisation générale. Nos équipes ont travaillé jour et nuit pour pouvoir produire les solutions dans les meilleurs délais. Depuis, notre service s’est structuré et agrandi. Notre volume d’affaires croît chaque année de 10 à 15% et nous sommes actuellement en campagne de recrutement».
Pour compléter les unités de potabilisation livrées en urgences aux villages marocains touchés par le tremblement de terre du 8 septembre dernier, ou pour assurer le stockage d’eau potable en Ukraine, Labaronne Citaf a notamment fourni 20 citernes de 10 m3 à la fondation Veolia. «Nous sommes également présents au Moyen-Orient avec l’Unicef, où nous avons fourni 70 kits complets avec tout le matériel nécessaire: la citerne, les tuyaux de connexion, la rampe de distribution avec des robinets, mais également des pelles, des pioches, des tournevis pour monter et installer le matériel dans les zones reculées», détaille la chargée de projet. Chez Pronal, qui propose également des citernes souples de stockage en élastomère depuis 62 ans, l’export bat tous les records puisqu’il représente 65% du chiffre d’affaires de l’entreprise. «Notre entreprise a plus de 60 ans, et au fil des années, nous avons tissé des relations étroites avec les organismes de défense de plusieurs pays et les ONG. Aujourd’hui, nous commençons à développer notre activité auprès des collectivités pour les services de secours lors de catastrophes naturelles, comme des inondations ou des tremblements de terre» avance Cédric Ehrhart, responsable marketing chez Pronal.
En Malaisie, où l’entreprise est implantée
depuis 2010, elle a récemment livré une solution clé en main développée avec un
partenaire des stations de potabilisation
mobiles et des citernes pour garantir
aux populations locales une solution de
secours en cas d’inondations. «Ces situations sont de plus en plus fréquentes sur la
péninsule, déplore Cédric Ehrhart. Nous
sommes intervenus sur place pour former
notre client, l’armée Malaisienne, pour
qu’il puisse à l’avenir installer et déplacer lui-même les stations et les citernes en
fonction des besoins». L’eau filtrée peut
provenir des rivières, des étangs ou des
eaux inondées. Une buse en amont fait
office de pré-filtre. L’eau est ensuite
acheminée vers la station de potabilisation pour subir trois niveaux de filtration: 200 µm, 50 µm et 0,015 µm.
L’UNITÉ MOBILE BAT DES RECORDS
Chez Veolia, les interventions d’urgence à l’export concernent principalement les industriels. Les interventions auprès des collectivités sont plus rares. «Les temps de réponse sont souvent longs, même en situation d’urgence, regrette Laurent Hanique, directeur des produits et services technologiques au MoyenOrient pour Veolia Water Technologies. La situation à Mayotte en ce moment en est un bon exemple». A Damman, en Arabie Saoudite, Veolia Water Technologies a notamment investi dans son offre de services de traitement d’eau mobiles avec la construction d’un centre de régénération et de recyclage. Qu’il s’agisse d’une rupture de canalisation, de construction d’une future station de potabilisation ou d’opérations de maintenance d’usines, les unités sont conçues comme des lego pour porter leurs capacités de traitement de 500 m3 /j à 2500 m3 /j en y associant les technologies de traitement adaptées: filtration simple, osmose inverse, etc.
«C’est une flotte dans laquelle nous avons investi plus de 50 M€ par an. Car, c’est un marché qui se développe énormément», reconnaît Laurent Hanique. Ici, les stations sont souvent dédoublées, avec une deuxième chaîne de traitement mise à disposition pour répondre aux situations d’urgence». Avec une forte expérience acquise dans des projets dit «sensibles», les principales sociétés positionnées sur ce marché, BWT, Chemdoc, Nijhuis Saur Industrie, Polymem, Suez ou Toro Equipment renforcent leur stratégie de développement produit en apportant des solutions plus pérennes, plus robustes, plus compactes, plus économiques. Elles s’appellent Aquamem Express chez Polymem, Water as a service (waas) chez Chemdoc WT ou encore NSI Mobile Water Solutions (MWS) chez Nijhuis Saur Industries.
«MWS propose non seulement des solutions temporaires de traitement de l’eau en cas d’urgence mais également un plan de “Sécurisation de traitement d’eau, ReAct», commente Olivier Leclerc, division Sales Manager chez MWS. Concrêtement, il s’agit d’un audit complet pour éviter des temps d’arrêt coûteux en cas de situations imprévues qui couvre autant l’analyse des besoins en termes de qualité et de quantité d’eau et la liste du kit de raccordement requis que la procédure d’intervention avec les équipements nécessaires et les schémas d’implantation. «Un tel plan simplifie considérablement nos interventions. Il nous permet de rassembler toutes les informations nécessaires pour une réponse optimale. En conséquence, notre solution d’urgence peut être mobilisée, connectée et mise en service rapidement, sans avoir à se rendre sur place au préalable».
Fortement utilisées dans les situations
d’urgence, les unités mobiles de déshydratation doivent également être
opérationnelles en quelques heures,
de sorte que le fonctionnement de la
station d’épuration ne soit pas interrompu. «Nous avons eu récemment l’expérience d’un incendie dans une station
d’épuration d’une grande ville, qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. En
quelques heures, nous avons installé une
unité mobile avec une centrifugeuse de
50 m³/h et, les jours suivants, six autres
unités mobiles de centrifugation pour
traiter un total de 450 m³/h, ce qui a
permis de garantir la continuité du service», témoigne Lluís M. Boet d’Andreu
Boet Equipaments S.L.
DES SOLUTIONS ÉCONOMES EN ÉNERGIE ET EN MAINTENANCE
Tous les pays ne disposent cependant pas des moyens pour faire face au stress hydrique. C’est pourquoi, pour répondre aux besoins des communautés les plus isolées, Osmosun a signé en juillet dernier un partenariat avec la fondation Architectes de l’Urgence pour la livraison d’un prototype de production d’eau potable baptisé WHESS (Water Hydrogen Energy Sustainable System). Capitalisant sur les installations OSMOSUN® qui fonctionnent par l’énergie solaire de manière autonome du lever au coucher du soleil, l’unité permet de subvenir aux besoins en eau et en énergie en site isolé. WHESS est capable de fournir près de 5 m3 d’eau potable par jour grâce à l’osmoseur OSMOSUN® et 6 kW/h d’électricité (220v). Cette première version compacte (270 kg), mobile, et déployable en 30 minutes a été présentée avec succès en juin.
Particularité du dispositif: sa capacité de production de 5 m3 d’eau potable par jour, qui est une réponse à la tendance des équipements logistiques dédiés aux derniers kilomètres qui doivent être capables de s’adapter à une pluralité de mode de transports et déployables rapidement, en près de 30 minutes, explique Maxime Therillion, directeur commercial chez Osmosun. «Conditionnée pour permettre le transport par voie aérienne, elle est intégrée sur remorque pour une logistique du dernier kilomètre facilitée». Présentée avec succès en juin, la Fondation entend désormais fabriquer à plus grande échelle ses solutions WHESS pour avoir la capacité de les déployer très rapidement en cas de crise dont OSMOSUN® restera le fournisseur exclusif de solutions.
Reconnue entreprise solidaire d’utilité sociale, InovaYa est également une des start-ups françaises toujours en quête de solutions nécessitant le moins de maintenance et de consommables possible pour gérer les situations d’urgence. Son système de potabilisation unYo® met en jeu un procédé d’ultrafiltration associé à des médias filtrants spécifiques pour une capacité de traitement de 5 à 20 m3 /h. «C’est un système peu énergivore piloté par un programme autonome qui offre une grande autonomie à l’utilisateur pour un faible coût au mètre cube», souligne Justine Vidil, responsable des opérations chez InovaYa. Un prototype a été installé en 2017 en Roumanie pour lutter contre une épidémie d’hépatite A dans un hôpital. Depuis, le fabricant a signé des partenariats avec le groupe Saur et des ONG dont Solidarités Internationale pour le déploiement de ses machines.
L’autre solution baptisée RecYf®, associe également l’ultrafiltration à l’utilisation de bombonnes de médias pour abattre les polluants spécifiques (capacité de traitement d’1 m3 /h). Alors que le média principalement utilisé est du charbon actif, la solution peut reposer sur d’autres types de médias, minéraux, algues, chaux, seuls ou associés, déterminés sur la base de l’analyse menée par laboratoire d’InovaYa en fonction de la qualité de l’eau recherchée. «Nous avons déjà déployé trois unités de traitement pour la Guadeloupe début 2023 pour traiter la pollution par le chlordécone et reminéraliser l’eau destinée à la consommation humaine.
Depuis, nous avons déposé un projet Life avec une fondation locale pour développer RecYf®, en Ukraine afin de pouvoir sécuriser le réseau en cas d’attaque sur une station de traitement d’eau potable», explique Justine Vidil. Distribuer de l’eau sans électricité, c’est aussi ce que la société Up Welling Pump a inauguré sur l’Ile de la Réunion en 2018. Entraînées par la pression d’une colonne d’eau manométrique, ses pompes peuvent ainsi être installées dans des zones dépourvues de réseau électrique pour des applications aussi diverses que la filtration et distribution d’eau potable, l’irrigation agricole ou le relevage d’eaux usées. Installé au niveau de points de captage d’eau, le système, grâce à sa conception et sa cylindrée, permet de démultiplier la pression d’alimentation du fluide dans un rapport de 4 à 5.
Un prototype à échelle 1, d’une masse d’environ 1200 kg, réalisé en acier inoxydable pour la régie municipale La Créole (100000 EH) a démontré un fonctionnement parfaitement automatique, grâce aux actionneurs pneumatiques, et permis le refoulement de 2000 m3 par jour sur les 5000 rejetés vers la mer. Une pression supplémentaire de 2,5 bars a été produite pour assurer la pression transmembranaire de microfiltration en traitement tertiaire, montrant ainsi que sans aucune autre énergie que celle de l’eau, un recyclage pouvait être réalisé avec une énergie renouvelable permanente.
«Intégrée dans un conteneur pour
une installation rapide, elle est la première véritable solution de captage et de
pompage d’eau pouvant être installée en
zones reculées ou difficiles d’accès, indépendamment de tout réseau électrique»
avance Alain Degletagne, responsable
technique Serap lors de la présentation
de la technologie à Pollutec. Elle est ainsi
idéale pour l’irrigation de parcelles agricoles en altitude, ou pour la distribution
d’eau et l’accès au réseau d’assainissement
de communes éloignées».
Pour l’heure, Up Welling Pump s’est
rapprochée du groupe Serap pour lui
confier la conception et l’industrialisation des systèmes actuellement en
plateforme de tests. L’installation, la
mise en oeuvre et la maintenance des
équipements resteront assurés par les
équipes techniques Up Welling, précise
la société.