Lorsque le réseau d’eau potable est absent ou insuffisant pour la défense contre l’incendie, les communes, désormais responsables, doivent trouver d’autres moyens. Citernes enterrées, bâches à eau, points d’eau naturels : les solutions ne manquent pas, malgré des budgets parfois contraints.
Les maires - ou parfois les présidents d’établissements publics de
coopérations communale (EPCI)
à fiscalité propre - sont responsables de
la défense extérieure contre l’incendie
(DECI). A ce titre, ils doivent mettre à
la disposition des services d’incendie,
autrement dit les pompiers, les ressources en eau nécessaires sous la
forme de points d’eau incendie (PEI)
fixes, identifiés, alimentés, entretenus et
suffisamment nombreux. Une opération
relativement aisée en agglomération, où
le réseau d’eau potable irrigue tout le
territoire, mais qui nécessite des aménagements particuliers en zone rurale,
d’habitat dispersé, ou de manière générale dans toute situation où le réseau
est insuffisant ou absent.
Dès lors, de quelles solutions disposent
les communes rurales ? selon quelles
règles ? avec quels financements ? où
en est-on du déploiement de ces dispositifs ? quelle eau utiliser ?
DES RÈGLES DÉSORMAIS CLAIRES
En 2015, la DECI connait une redéfinition réglementaire majeure. Le décret du 27 février 2015 relatif à la défense extérieure contre l’incendie, puis un référentiel national édicté le 15 décembre, en posent les principes et la méthodologie.
La DECI est désormais un service public communal distinct du service public de l’eau, et n’est donc pas financée par la redevance mais directement par le budget municipal. Il appartient à chaque département de décliner les principes généraux du référentiel national en un Règlement départemental de DECI (RDDECI). Rédigé par le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), après consultation des différentes parties prenantes, il est arrêté par le Préfet de département (le Préfet de police en région parisienne). «La publication de ces RDDECI s’est étalée entre 2017 et 2022, selon les départements, dont la plupart avant l’échéance du 1er mars 2017, mais aujourd’hui tous l’ont fait» affirme Franco Novelli, chef adjoint du département «cycle de l’eau» à la FNCCR. Ce règlement fixe, entre autres précisions, la « grille de couverture » du risque incendie.
Autrement dit, en fonction de considérations comme le potentiel calorifique ou le risque de propagation du feu, il détermine le niveau de risque d’un bâtiment (habitation, établissement recevant du public, exploitation agricole…) et indique la quantité d’eau obligatoirement disponible ainsi que la distance maximale entre le point d’accès à cette ressource (le PEI) et le bâtiment à protéger. Par exemple 30 m3 d’eau utilisables en une heure à moins de 400 mètres d’une habitation isolée, 60 m3 à moins de 200 mètres en zone d’habitation dense, ou des volumes supérieurs (120 m3 ou plus) pour des établissements recevant du public. Il s’agit là d’ordres d’idées : dans chaque département, le SDIS établit des obligations répondant aux particularités locales. «Avant 2015, la loi imposait 120 m3 disponibles en 2 heures, en toute situation. Aucun poteau ne répondait à ça. De plus, une telle quantité est souvent surdimensionnée, ne serait-ce que pour une maison individuelle. D’autant qu’entretemps les techniques de lutte, comme par exemple les lances, ont évolué. Désormais, on applique des tableaux de dimensionnement propres à chaque département » explique Gilles Fouissac, responsable du centre de secours de Lavardac-Barbaste (Lot et Garonne).
Directement responsables de la DECI,
et chargées de sa police, les communes
doivent pour leur part édicter un arrêté
municipal (ou intercommunal pour les
EPCI) fixant l’inventaire des PEI. Pour
aller plus loin, par exemple analyser les
risques présents et à venir et planifier
des aménagements si la couverture
existante se révèle insuffisante, le maire
peut s’appuyer sur l’expertise du SDIS
et du service d’eau pour établir un véritable Schéma communal (ou intercommunal) de la DECI. Lorsque la commune
ne fait pas de Schéma, c’est le règlement
départemental qui s’applique directement. Si tous les départements sont
aujourd’hui à jour de leurs obligations,
la déclinaison communale est encore variable. «La mise en place d’un schéma
communal constitue un problème pour
les petites municipalités qui n’ont pas
forcément les services compétents et
doivent faire appel au SDIS. Toutes ne
l’ont pas encore fait aujourd’hui » rapporte Christophe Mialon, technicocommercial, responsable du Sud de la
France chez Labaronne-Citaf.
UN MARCHÉ RENOUVELÉ MAIS DES BUDGETS LIMITÉS
Transfert de responsabilité, règles désormais claires : les textes de 2015 ont-ils créé un nouveau marché pour les fournisseurs de solutions alternatives au réseau d’eau potable (réserves d’eau avec leurs dispositifs d’aspiration et de raccordement) ? «Ce marché existait déjà car la directive de 1953 imposait aux établissements recevant du public, par exemple, de disposer d’une réserve d’eau avec un débit 60 m3 /heure pendant deux heures. C’est pour cela que les citernes les plus vendues faisaient 60 m3 ou 120 m3 . Le décret de 2015 a néanmoins « boosté » le marché puisqu’il a contraint les collectivités à se mettre aux normes » répond Thierry Moreau, adjoint de direction chez Citerneo.
« Jusqu’à récemment, le gros du marché concernait des unités de 120 m3 pour des établissements recevant du public mais aussi des lotissements, des zones artisanales ou commerciales…
Les schémas communaux
supposent aujourd’hui des réserves plus petites (30m3
ou 60 m3
) mais plus
rapprochées. Le marché bascule donc
vers des volumes inférieurs » complète
Christophe Mialon (Labaronne-Citaf).
Comment les municipalités concernées – celles où le réseau d’eau potable
ne répond pas à tous les besoins -
financent-elles ces aménagements,
ainsi que la maintenance des installations ? La séparation claire avec le service public de l’eau, qui ne finance plus la
DECI, ne facilite pas la tâche de municipalités au budget parfois très contraint.
C’est le cas de communes rurales, qui
de plus doivent souvent assurer la protection de plusieurs hameaux dispersés situés en bout de réseau (voire sans
réseau). «Certaines bénéficient de subventions. Nous avons ainsi récemment
fourni une citerne de 120 m3
à une petite
commune de Lozère. Le département en a
pris 50% à sa charge avec un plafond de
15000 €, et une DETR4
a apporté encore
30% de l’investissement» explique par
exemple Christophe Mialon (LabaronneCitaf). Reste la question du foncier : installer une réserve suppose une parcelle
protégée avec un accès permanent pour
les véhicules des SDIS. A défaut de la
posséder, la commune doit obtenir de
propriétaires particuliers la mise à disposition d’une telle parcelle.
EN L’ABSENCE DE RÉSEAU, DES SOLUTIONS DIVERSES
Réseau d’irrigation agricole, réserves à l’air libre, naturelles (cours ou plan d’eau) et artificielles, bâches à eau (citernes souples), citernes enterrées ou aériennes: il existe beaucoup de solutions alternatives au réseau d’eau potable. A condition bien entendu de répondre aux exigences de volume disponible. La commune choisira en fonction de paramètres comme les ressources naturelles, la présence de voirie, l’accessibilité, la disponibilité foncière, le risque de vandalisme… Réservoirs en béton pour Chapsol, Cimentub, citernes en acier pour Charot, Chaudronnerie Léon Veyret, France Metal Tank (FM Tank), Tubao ou Viacon, citernes souples pour Aco, Citerneo, LabaronneCitaf, Latim ou Pronal: les fournisseurs proposent différents types de réserves anti-incendies. Outre les éventuelles réserves naturelles, les communes optent le plus souvent pour des bâches à eau, qui représentent un investissement initial modéré. Spécialiste des citernes souples, Citerneo fournit ce type de solutions. La citerne en elle-même ne diffère pas des autres types de réserves de la marque, et emploie en particulier le même tissu technique. «Seuls les dispositifs d’entrée-sortie – aspiration, évent, raccordement – sont spécifiques à la défense contre l’incendie. Sur les quelque 4500 citernes que nous avons fabriquées en 2022, près de 2000 étaient des réserves d’incendie. C’est pour nous un débouché important, en tout cas sur le marché français » souligne Thierry Moreau. Certifié ISO 9001, QB (CSTB) et labellisé Origine France Garantie (OFG), Citerneo peut répondre à toute demande de 1 à 2000 m3 . Historiquement présent sur le marché des réservoirs de défense incendie, Pronal répond autant aux besoins de stockage temporaire que permanent pour de l’eau incendie.
Disponibles sur catalogue en dimension standard et en dimension spécifique à la demande, ses réservoirs souples ou bâches souples sont fabriqués à partir d’un matériau plastomère et renforcés d’une armature textile haute résistance qui leur confèrent une grande résistance à la déchirure. «Agréés par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), l’avantage des citernes souple pour eaux brutes est qu’elles offrent une économie sur la consommation d’eau allant jusqu’à 50%, ce qui permet aux exploitants au regard du faible investissement d’amortir l’achat de la citerne sur environ 3 ans» explique Cédric Ehrhart, responsable marketing chez Pronal. Autre grand de ce marché, LabaronneCitaf a demandé et obtenu en 2010 une certification du CSTB pour ses réserves incendie. «Renouvelé régulièrement, cet avis technique certifie le volume stocké, l’étanchéité et la résistance mécanique » affirme Christophe Mialon. La société équipe des communes comme Saint-Martin-Curton ou Bouglon (Lot-et-Garonne), Fargues (Gironde), Mayronnes (Aude), Boussenac (Ariège) et intervient sur toute la France pour les collectivités et les professionnels.
«Les citernes allant jusqu’à 120 m3 constituent le gros de notre marché. Les industriels, les établissements recevant du public, les plateformes logistiques peuvent néanmoins nous demander des volumes beaucoup plus importants, jusqu’à 2000 m3 . Nous allons par exemple en installer une de 1300 m3 sur la plateforme Logitia à Montbartier (82) pour la protection contre l’incendie» ajoute-t-il. Si les techniques de fabrication, dont le procédé de soudure breveté, sont restées les mêmes chez LabaronneCitaf, ce sont les progrès des tissus techniques qui permettent aujourd’hui de construire des citernes de grande capacité. Citerneo n’est pas en reste sur les innovations produit et cycle de vie. «Nous avons développé avec un fournisseur français, en 2021, un tissu technique composite avec des caractéristiques mécaniques renforcées et contenant jusqu’à 30% de PVC en moins » reprend Thierry Moreau. La société Latim (La Toile Imperméable) est également une marque française spécialiste de la citerne souple et des stockages sur mesure qui intervient en sécurité incendie pour la réalisation de réserves d’eau artificielles (Reconnus par le SDIS) avec ses membranes depuis plus de 50 ans.
Tout comme Aco, avec les citernes horizontales à enterrer de Remosa, dont le matériau, la résine de polyester renforcée de fibre de verre, assure la flexibilité et la fiabilité des raccords en fonction du besoin et de la position. Enterrées ou hors sol, toutes les réserves à incendie sont munies des raccords pompiers RP4. Expert dans le pliage de tôles d’acier galvanisé de grande longueur pour créer des ossatures légères, FM Tank conçoit des systèmes de stockage d’eau potable, d’eau de pluie ou d’eau brute de n’importe quelle taille. Tous ses réservoirs métalliques boulonnés sont étanchéifiés par une membrane PVC armée, préfabriquée en usine aux dimensions du modèle et repose sur un feutre géotextile anti-poinçonnement également fabriqué sur mesure. Si les marchés de prédilection de FM Tank sont l’industrie, les traiteurs d’eau et collectivités font également partie de ses références. Tubao propose un tout autre type de solution: des réserves rigides enterrées, fournies avec tout l’équipement nécessaire, en conformité avec les exigences des SDIS.
Ce sont des cuves monoblocs construites à partir des buses aux parois ondulées en acier galvanisé Z 725 qui font la réputation de la société. Relativement légères (elles ne nécessitent pas de moyens de levage lourds pour leur installation), elles ont obtenu en 2022 une certification CSTB. «L’étanchéité et la résistance à la corrosion ont été testées. Grâce à une paroi de 3 mm d’épaisseur, ces réserves présentent une durabilité analogue à celle des autres composants entrant dans la composition des réseaux, soit une durée de vie de conception égale à 50 ans. Le prix d’achat est certes supérieur mais le coût de possession est très compétitif par rapport à des solutions d’autres solutions à plus courte durée de vie » affirme Alexandre Dagicour, responsable communication et marketing chez Tubao. Les réserves enterrées évitent – ou au moins minimisent – le problème du foncier. Elles peuvent s’installer sous des espaces verts, des parkings, des voiries y compris en nappe (les citernes Tubao supportent même sans châssis les voiries à circulation lourde, à partir de 80 cm de remblai)… Autre avantage: elles sont moins vulnérables au vandalisme. «Ce n’est pas anodin. Nous remplaçons de plus en plus de citernes souples à cause de ce problème. Une commune dans les Vosges, par exemple, en est à sa troisième citerne percée en cinq ans…
Elle est donc passée à notre solution enterrée » plaide Alexandre Dagicour. Ces deux dernières années, Tubao a vendu plus de 500 ouvrages de défense contre l’incendie en France, que ce soit pour des industriels, en ville (protection de la Sorbonne à Paris, d’un futur complexe sportif à Nantes, de lotissements, de stades) ou auprès de communes rurales, y compris en montagne où la légèreté de ces cuves permet l’héliportage. Autre acteur des structures visitables enterrées en acier galvanisé à chaud double face depuis 30 ans, Viacon France (ex Tubosider France). Son offre réside dans les cuves enterrées TuboFIRE® dont la durée de vie est estimée à près de 50 ans. «Sans entretien ni réapprovisionnement en eau car l’évaporation est nulle, les cuves TuboFIRE® sont fabriquées les selon les contraintes du site à desservir (définis par le SDIS) avec les équipements demandés (canne pompier, anti-vortex, …). Grâce à un poids de moins de 5 T pour une cuve de 120 m3 , la TuboFIRE® ne nécessite aucun radier ni dalle béton pour l’ancrage ou la circulation poids lourds, ce qui lui confère l’impact écologique le plus faible du marché français pour les cuves enterrées », avance Frédérick Cousin, président de la société, qui revendique plus de 2000 références de chantiers en DECI en France depuis leur lancement. Charot, en tant que spécialiste des cuves chaudronnées simple et double paroi, propose quant-à-lui des réservoirs de conception similaires aux réservoirs de stockage d’hydrocarbure.
« Ils présentent de nombreux
avantages, pour des volumes unitaires
jusqu’à 120 m3
et jumelables. Robustes,
avec des parois de 5 à 6 mm d’épaisseur
d’acier, ces cuves peuvent être enterrées, y compris sous voirie, les préservant des éventuels actes de vandalisme.
Elles sont parfaitement étanches, testées
en atelier, assurant la présence d’eau
en toutes circonstances. Le revêtement
extérieur diélectrique assure une protection contre le percement de la paroi
par les courants vagabonds, détaille
Pascal Charot, son directeur général.
Ces qualités lui assurent une durée de
vie de plus de 50 ans. La conception avec
trous d’homme permet également une
grande modularité des équipements,
même à posteriori afin de répondre
parfaitement aux exigences des SDIS».
Chez Chapsol, toutes les options, de
quelques dizaines à plusieurs milliers
de m3 : enterrés, semi-enterrés ou hors
sol, ses ECOBASSIN®, peuvent être mises
en œuvre sur une ou plusieurs files, en
parallèle ou en série afin de répondre
aux volumes de stockage. Visitable et
nettoyable, le système d’assemblage par
serrage mécanique, et non par emboitement, permet de garantir des poses
simples et rapides, de 4 h pour la mise en
œuvre d’un ECOBASSIN® de 5 éléments,
soit environ 100 m3
, indique le fabricant.
Enfin, Saint-Gobain PAM Canalisation
propose des réservoirs constitués par
assemblage de tuyaux en fonte ductile
de DN600 à DN2000.
LE RACCORDEMENT : À NE PAS NÉGLIGER
Lorsqu’une équipe de secours arrive sur un incendie, il n’est plus temps de se poser la question du raccordement à la prise d’eau. Tous les PEI doivent être équipés du raccord tournant à tenons symétriques, de 100 mm de diamètre, qu’utilisent les pompiers.
Et l’eau doit arriver, avec le débit et les quantités attendus. C’est l’affaire de fontainiers comme AVK, Bayard, Saint-Gobain PAM Canalisation connus pour les bouches et les poteaux incendie « rouges », soit ceux situés sur le réseau et fournissant une eau en permanence sous pression. Ceux-ci peuvent être éventuellement sécurisés par des systèmes de fermeture Abloy, Locken LSA par Iseo pour se mettre en conformité avec l’arrêté du 10 septembre 2021 ou par des applications de surveillance à l’image du système Apilink développé par Birdz ou Cerbere proposé par PAM, qui sont compatibles avec la majorité des marques et modèles de poteaux incendie. Pour les ressources alternatives, sans pression et nécessitant donc une aspiration, les points d’accès sont peints en bleu. Poteaux sensiblement similaires aux bornes urbaines, prises déportées en col de cygne, prises directes, tout est possible, pourvu bien évidemment que le raccord tournant DN 100 des pompiers soit présent. Logiquement ces équipements doivent répondre aux mêmes exigences que leurs équivalents rouges, mais jusqu’à récemment ils n’étaient pas normés (hormis le raccord). C’est pourquoi Citerneo a sollicité l’Afnor en 2012 en ce sens. Un groupe de travail comprenant entre autres Bayard, Citerneo, Labaronne-Citaf, des fontainiers et des SDIS a élaboré trois normes , parues en 2017 et concernant les dispositifs d’aspiration et les citernes souples. Les solutions Citerneo et Labaronne-Citaf répondent bien évidemment à ces normes. Tubao a pris en considération les mêmes contraintes pour ses cuves prééquipées. «Nous proposons quatre types de PEI conformes aux exigences des SDIS. Dans tous nos équipements, le client dispose en standard d’un robinet à flotteur (qui garantit une cuve en eau et prête à l’utilisation à tout moment), un évent protégé par une grille anti-intrusion et un système de raccordement calibré selon les exigences du SDIS local, car il peut y avoir quelques spécificités selon les régions. Le raccord DN 100 final, lui, est normé depuis longtemps » précise Alexandre Dagicour.
TOUTES LES EAUX, OU PRESQUE
Eau potable, eau naturelle (de rivière, de nappe ou de plan d’eau), eau de pluie, eau d’irrigation, eau industrielle : en principe, tout est bon pour éteindre un incendie… avec quelques réserves. « Hors zone urbaine, on utilise les eaux naturelles ou de citernes. Même en présence du réseau, on « attaque » avec de l’eau potable mais, si l’opération doit durer, on pose des lignes d’aspiration ou on met en place une noria vers une eau naturelle ou un canal. Quitte ensuite à nettoyer et remplir les camions à l’eau potable une fois rentrés à la caserne » explique Gilles Fouissac.
« Les réserves
sont remplies si possible avec de l’eau
du réseau, sinon de l’eau pluviale mais
pas de l’eau de ruissellement pour éviter la présence d’hydrocarbures » précise pour sa part Alexandre Dagicour
(Tubao). Le contexte actuel de sécheresse risque toutefois de rendre difficiles à la fois le recours à l’eau
potable et à l’utilisation de ressources
naturelles…
Quant aux eaux usées, la loi est claire :
« Les eaux usées des installations de
traitement des eaux (lagune notamment)
ne doivent pas être utilisées par principe. En cas d’utilisation en situation
exceptionnelle, des mesures de protection des personnels porte-lance doivent
être prises, intégrant le risque de contamination par aérosol (pulvérisation de
l’eau). » Reste à déterminer ce qu’est
une « situation exceptionnelle ». La
pénurie d’eau prévisible pour cet été,
alliée à des risques d’incendie accrus,
est susceptible de multiplier ce type
de situation.
Et les eaux usées traitées (REUT)? Sont elles éligibles pour lutter contre l’incendie ? « La REUT est actuellement
au stade expérimental en France. On
peut solliciter une autorisation préfectorale pour un projet mais des usages
sont d’ores et déjà interdits (hôpitaux, ERP…), il est donc peu probable d’obtenir l’autorisation d’asperger des
habitations avec de l’eau de REUT.
Etant donné son coût, bien supérieur à
celui de l’eau potable, la question ne se
pose d’ailleurs pas, à mon sens » ajoute
Alexandre Dagicour. Même prudence
du côté de Nicolas Condom, président
d’Ecofilae. S’il souligne l’existence d’une
« porte entr’ouverte », techniquement,
par le décret 2022-336 du mars 2022,
qui encadre les expérimentations, il n’a
pas connaissance de projet dans ce sens
actuellement.