Ce sont des polluants «parfaits»: ubiquitaires, toxiques, persistants et très difficiles à traiter car leurs molécules sont très stables. Il existe plusieurs milliers de PFAS, dont certains extrêmement courants, utilisés par exemple pour stabiliser la mousse des extincteurs d’incendie ou fabriquer des vêtements de pluie, les premières poêles anti-adhésives, etc.
« La France est globalement en retard sur les Etats-Unis sur ce
sujet. Les techniques actuelles, appliquées à quelques chantiers,
se résument à du lavage des terres, et il faut traiter l’eau ensuite.
Des tests sont effectués un peu partout » indique Annelise Gauthier,
responsable du laboratoire Ginger T-Lab dédié aux essais de faisabilité de traitement du groupe Ginger. « Beaucoup de sociétés de travaux font des essais actuellement. Comme ce sont des
molécules très difficiles à casser, cela se résume à passer les
eaux de lavage sur du charbon actif. Le problème est que, une
fois chargé en PFAS, le charbon n’est pas régénérable. Il faut le
mettre en décharge, d’où un coût élevé. Il n’y a pas de solution de
recyclage actuellement » complète Sylvain Petit (Ginger Burgeap).
« Il existe quelques techniques de traitement d’eau de lavage mais
rien qui fonctionne au stade industriel. Nous travaillons sur le développement de nouvelles technologies » affirme ainsi Christophe
Chêne (Ortec Soleo). « Les seules solutions existantes actuellement
reposent sur l’adsorption sur charbon actif. Ce n’est pas vraiment
du traitement » confirme Arnault Perrault (Colas Environnement).
Sa société s’est elle aussi lancée dans la recherche, participant au
projet européen (H2020) Promisces, avec entre autres le BRGM.
Lhotellier préfère capitaliser sur son unité Alizeo de lavage des
terres (Alizay, Eure). « Nous lançons des études de caractérisation
de certains sols pour voir si notre solution de lavage pourrait traiter
ces polluants, et quelles incidences cela aura sur les eaux de lavage.
Nous récoltons des échantillons, avons installé un pilote opérationnel et aurons rapidement un retour » affirme Julien Alix (Lhotellier).
« Nous abordons cette problématique avec plusieurs chantiers de
lavage de sols contaminés dont un de 6000 tonnes de terres traitées sur place, sur une zone d’entraînement à la lutte contre les
incendies chez un client industriel. C’est une première en France. En
Belgique, nous allons traiter 30 000 tonnes sur notre plateforme de
Grimbergen. Nous sommes parmi les premiers en Europe à savoir
traiter de telles quantités de sols » estime pour sa part Olivier Sibourg
(Sarpi Remediation). HPC International, qui est spécialisé dans la
gestion de polluants de la chimie spéciale, immobilise les PFAS
dans les eaux souterraines et les aquifères via des injections colloïdales de certaines charbons actifs, et pour la dépollution des sols
par le lavage in-situ via des nouveaux biopolymères protéiniques.