Baignade lors des JO 2024 ou pas, les travaux engagés pour la qualité de l’eau en Marne et en Seine sur l’usine de Seine-Valenton représentent un des plus importants investissements jamais réalisés par le SIAAP depuis sa création, soit 506 millions d’euros. Le processus de désinfection par acide performique et le collecteur VL8 sont les deux chantiers clés que le syndicat s’apprête à mettre en service début 2024.
Particularité de la Seine : « elle a un très faible débit, à l’image d’un ruisseau le long duquel neuf millions de Franciliens exercent une forte pression anthropique ; pression beaucoup plus élevée que celle subie par les autres grands fleuves tels le Rhin à Strasbourg, la Loire à Nantes ou le Rhône à la traversée de l’agglomération Lyonnaise », introduit Sam Azimi, directeur adjoint Innovation lors de la visite de presse du 12 juillet dernier. Malgré ce contexte plutôt défavorable, différents ouvrages installés au cours des trente dernières années ont permis d’améliorer son écosystème. « L’oxygène augmente au gré des années, l’azote baisse et le corolaire de tout cela est qu’on recense, aujourd’hui, 36 et 37 variétés de poissons respectivement dans la Seine et la Marne comparées aux 3 espèces recensées dans les années 70 », poursuit-il.
Si le programme de construction de ces 30 dernières années a eu un rôle structurant pour améliorer la qualité des eaux du fleuve, l’enjeu, depuis la signature en octobre 2019 d’un protocole d’engagement de l’État et des collectivités, est désormais de rendre baignable 23 sites franciliens d’ici 2025. L’investissement dans le cadre de ce programme a été réparti en deux grandes enveloppes, l’une dédiée aux actions menées pour garantir la qualité de l’eau par temps sec et l’autre aux ouvrages à construire pour améliorer la qualité de l’eau par temps de pluie.
Accroître le niveau de désinfection de
l’eau traitée à l’usine de Valenton
« Entre 2016 et 2018, nous avons étudié différents procédés de désinfection chimique dont l’acide performique. Celui-ci présente la particularité, si on lui laisse le temps de mélange suffisant, de dégrader les bactéries encore présentes dans les eaux sortant de l’usine tout en assurant une innocuité pour la Seine et son environnement , poursuit Sam Azimi, donc parfaitement adapté du fait de la situation de l’usine de Seine-Valenton qui dispose d’un canal de rejet de 3.6km ». L’équipement composé d’une citerne d’acide formique catalytisé et d’une citerne de peroxyde d’hydrogène est capable de traiter, in situ, les 400 000 m3 d’eaux transitant chaque jour par l’usine. Mis en route le 27 juin dernier, l’équipement, en fonctionnement continu pendant la période estivale, représente un investissement de 13 millions d’euros contre 80 millions d’euros si des réacteurs UV avaient été mis en place, souligne le SIAAP.
Un nouveau collecteur de 8,5 km
Construire un collecteur de 2,5 à 3 m de diamètre sur 8,5 km de long, sans siphon, disposant de 5 puits et équipé d’un carneau d’arrivée sur l’ouvrage Sesame situé en amont de l’usine de Seine Valenton est un chantier d’envergure. L’objectif est d’acheminer les eaux usées issues principalement du syndicat de l’Orge (SYORP) et du Syndicat mixte pour l’Assainissement et la Gestion des eaux du bassin versant de l’Yerres (SyAGE) vers la station d’épuration de Seine Valenton. « Sur les 8,5 km du projet, trois groupements Bessac/Chantiers Modernes Construction, Eiffage/NGE et Bessac/Sade/Razel-Bec creusent en parallèle les galeries définitives de 3 m de diamètre jusqu’à l’arrivée de la machine au puits d’Orly pour le lot 1 » explique Benjamin Laloua de de l’entreprise toulousaine Bessac, dernier fabricant de tunneliers français capables de concevoir et réaliser des tunneliers jusqu’à 7 mètres de diamètre. Sur le lot 1, l’excavation est réalisée par un tunnelier à pression de terre fabriqué par Bessac à Saint Jory et pour assurer l’avancement du tunnelier, des voussoirs en béton préfabriqués sont fabriqués à proximité de la ville de Reims et acheminés par camions.
« A la cadence industrielle de 15 m par jour de creusement en période de « croisière », le groupement met en œuvre ses moyens maximum soit une centaine de personnes pour tenir le planning et mettre en service le collecteur en mai 2024 » assure Benjamin Laloua. Ainsi, 75 personnes sont mobilisées en rotation, 24h/7j accompagnées de 25 personnes pour la maintenance et l’encadrement. Et au-delà, 315 millions d’euros pour ce collecteur stratégique.
Pascale Meeschaert