Soupçonné de reprotoxicité, le bromure de sodium est désormais classé CMR de catégorie 2. Son utilisation dans l’industrie doit donc faire l’objet d’une évaluation documentée en vue de sa substitution, pour en limiter les risques au sens du code du travail. Si des solutions existent déjà, c’est aussi l’occasion pour les industriels de repenser leur stratégie de traitement des eaux à long terme.
Le bromure de sodium : des enjeux sanitaires et environnementaux
Très utilisé depuis les années 1970, le bromure de sodium a pour fonction de renforcer l’efficacité des biocides chlorés dans des eaux trop alcalines (pH>8). Aujourd’hui « suspecté » (CMR catégorie 2) de nuire à la reproduction et au bon développement du fœtus, le bromure de sodium pourrait à terme, dans le cadre d’une harmonisation européenne, se voir classé CMR « avéré » (cat. 1).
Pour les industriels, une mise en conformité par le remplacement de la substance, quand c’est possible, est à envisager rapidement afin de respecter les obligations du code du travail commune aux obligations générales sur les produits chimiques dangereux, dans un objectif de protection de leurs collaborateurs, à court, moyen et long terme.
Au-delà d’une forte suspicion de reprotoxicité, l’empreinte environnementale du bromure de sodium constitue également un argument de poids dans une limitation ou une suppression totale de son utilisation. Principalement importé d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique, son extraction, sa concentration et son transport sont en effet particulièrement polluants. Et c’est encore sans compter des rejets de brome dans des écosystèmes dont il est originellement absent, avec des conséquences encore inconnues sur le long terme.
Électrolyse de sel et traitement UV : alternatives au bromure de sodium
Afin de répondre aux besoins de désinfection des eaux dans les process industriels, plusieurs alternatives sont envisageables pour remplacer l’utilisation du bromure de sodium des stratégies de traitement des eaux : à commencer par l’élaboration in situ d’une solution désinfectante fraîche obtenue par électrolyse, uniquement à partir d’eau, de sel et d’électricité.
Outre des besoins en transport réduits et l’absence de manipulation de produits chimiques dangereux par les équipes, la solution désinfectante chlorée ainsi obtenue, non classée pour la santé et l’environnement, est particulièrement efficace : élaborée sur demande en fonction des besoins précis des systèmes et injectée immédiatement, elle tire de sa fraîcheur une parfaite efficacité biocide, sans ajout de produit complémentaire.
De la même façon, le traitement mixte UV-C, additivé de peroxyde d’hydrogène, peut s’avérer, selon les situations, une excellente alternative à l’utilisation du bromure de sodium : très efficace dans la prévention du développement bactérien et ne générant aucun sous-produit dans les rejets, ce traitement demeure une option sérieuse dans les études d’évaluation du remplacement du bromure de sodium des stratégies de traitement chimique d’eau des industriels.
Vers l’élaboration de nouvelles stratégies de traitement d’eaux dans l’industrie
S’il est urgent d’agir après la classification CMR du bromure de sodium, les études à mener peuvent aussi constituer l’occasion, pour les industriels, d’engager une réflexion de plus grande ampleur sur leurs stratégies de traitement d’eaux au sein de leurs unités de production.
En remontant la chaîne amont par exemple : avec des pré-traitements adéquats, il est possible de limiter l’alcalinité de l’eau, afin de conserver l’efficacité biocide des solutions chlorées, quelles qu’elles soient, sans recours au bromure de sodium. Un pré-traitement de l’eau par osmose inverse ou encore par décarbonatation acide, déjà largement utilisée dans les grandes installations, permet aussi d’en limiter le pH et donc de garantir l’efficacité du chlore.
Plus largement, la classification CMR du bromure de sodium doit être perçue comme un signal fort de marché. À terme en effet, toutes les formulations intégrant du brome pourraient se voir classifier de la même façon, et déstabiliser une nouvelle fois les opérations industrielles. Il s’agit donc, dès à présent, de poursuivre le développement de nouvelles stratégies de traitement hydrique de demain, à la fois plus respectueuses de l’environnement et de la santé, dans le cadre d’une analyse méthodique des risques (AMR) tenant compte de ces futures externalités potentielles.