L’entreprise française Ax’eau, spécialiste de la détection de fuites, s’associe à Nordikeau pour créer Ax’eau Canada. Objectif : structurer une réponse technique et pérenne aux défis d’exploitation et de maintenance des réseaux d’eau potable québécois, en conjuguant diagnostic non-destructif et expertise territoriale.
Dans un contexte où la réduction des pertes d’eau devient un impératif technique et environnemental, l’arrivée d’Ax’eau sur le marché québécois, via une coentreprise avec Nordikeau, marque un tournant significatif pour les collectivités locales canadiennes. La création de Ax’eau Canada vise à mutualiser deux expertises distinctes mais complémentaires : celle du diagnostic non-invasif des réseaux enterrés, développée depuis 2004 par Ax’eau en France, et celle de l’ingénierie et de la gestion de patrimoine hydraulique municipal, cœur de métier de Nordikeau.
L’enjeu est d’envergure. Au Québec, le rendement moyen des réseaux d’eau potable avoisine les 75 %, ce qui implique une perte d’un quart du volume distribué, souvent non localisé et non quantifié. L’approche d’Ax’eau, fondée sur des méthodes de recherche de fuites non-destructives – corrélation acoustique, gaz traceur, électroacoustique et sectorisation dynamique – permet d’intervenir sans altérer les structures, tout en assurant une précision de localisation compatible avec les exigences d’interventions ciblées.
Cette compétence technique vient s’intégrer aux missions de Nordikeau, qui opère déjà sur le terrain en accompagnement des municipalités dans la gestion opérationnelle, la modélisation et la planification stratégique de leurs infrastructures hydrauliques. Ensemble, les deux structures entendent proposer des audits complets, allant du diagnostic de terrain à la cartographie des réseaux, avec une logique d’optimisation patrimoniale intégrée.
« Ce projet, on ne l’imagine pas : on le concrétise, maintenant », indiquent les deux partenaires dans leur communication commune, soulignant la volonté d’inscrire rapidement cette coopération dans le paysage opérationnel québécois. Derrière cette formule, une ambition pragmatique : proposer une expertise externalisée aux municipalités qui peinent à maintenir leurs infrastructures en bon état de fonctionnement, faute de ressources ou de compétences spécifiques en interne.
La création de Ax’eau Canada intervient dans un moment où les politiques publiques canadiennes accentuent la pression sur les municipalités pour améliorer la connaissance et la performance de leurs réseaux. La nouvelle entité pourrait ainsi jouer un rôle dans les futurs programmes d’aide à la réduction des pertes d’eau, au moment où les indicateurs de rendement des réseaux deviennent des critères de financement.
Cette implantation s’inscrit également dans une tendance plus large d’hybridation des savoir-faire, entre diagnostic haute technologie et ingénierie de proximité. Elle ouvre la voie à de futures évolutions techniques, notamment l’intégration de l’intelligence artificielle pour la priorisation des zones de recherche, ou encore l’exploitation de données issues de capteurs permanents pour construire des modèles prédictifs d’évolution des réseaux.
Enfin, le projet porte aussi une dimension symbolique. Jean-François Bergeron, président actuel de Nordikeau, avait fondé des années auparavant une entreprise baptisée… Axeau. Une homonymie devenue aujourd’hui réalité stratégique, au service d’un objectif commun : rendre les réseaux d’eau potable plus fiables, plus durables, et techniquement maîtrisés.