Présenté à Pollutec 2016, S4W, dernier né des postes locaux de télégestion de Lacroix Sofrel, démarre sa carrière sous l’œil averti et intéressé des acteurs du marché de l’eau. Ce produit, qui reprend l’esprit télégestion de ses prédécesseurs, intègre naturellement de nouvelles possibilités. En matière de communication tout d’abord : ce poste local, tout IP, intègre une carte modem 2G/3G, des entrées/sorties digitales et analogiques ainsi que différents ports de communication dont un port Ethernet. En matière d’automatismes ensuite, puisque S4W embarque désormais un atelier complet proposant tous les langages universels bien connus des automaticiens. Mais surtout, S4W, qui tourne la page du réseau commuté, s’inscrit désormais dans un véritable écosystème de différents composants, capables de communiquer entre eux pour répondre à la fois aux enjeux de cybersécurité et à l’efficacité d’exploitation de parcs télégestion importants. Quel est l’accueil réservé à ce nouveau produit qui reprend les qualités reconnues des postes locaux Lacroix Sofrel tout en transformant l’approche en matière de télégestion ? Rencontre avec Catherine Failliet, directrice générale de Lacroix Sofrel.
Revue
L’Eau, L’Industrie, les Nuisances : Quel est l’accueil réservé au S4W, six
mois après sa première présentation à l’occasion du salon Pollutec ?
Catherine
Failliet : L’accueil est bon et l’intérêt des exploitants pour S4W est
réel. Beaucoup d’entre eux connaissent bien nos produits. Chaque génération de
postes locaux a permis d’élargir successivement le nombre d’utilisateurs. Ils
sont donc nombreux à manifester de la curiosité vis-à-vis de S4W qui vient,
aujourd’hui, compléter la gamme et qui sera, demain, le produit de référence.
Mais
ce nouveau poste local de télégestion est en avance sur le marché. A la
différence des générations précédentes, il s’insère dans un écosystème de
composants qui permet de sécuriser et faciliter la gestion des
réseaux de télégestion. Cela signifie que nous devons mobiliser chez nos
clients plusieurs interlocuteurs correspondants à des profils différents, issus
de l’exploitation mais aussi des services informatiques et des
télécommunications, pour définir les bons
processus et tirer le meilleur parti du produit. C’est une approche nouvelle
qui nécessite du temps.
Revue
EIN : Comment se situe S4W par rapport à S500 sur le marché ?
C.F. :
Les positionnements différents de S500 et S4W font qu’ils se complètent plus
qu’ils ne se concurrencent. S500 gère tous les supports de communication, du
RTC et GSM Data aux réseaux IP 2G/3G ou ADSL. Ainsi, la prochaine version
permettra à la carte modem GSM-3 d’exploiter tous les modes du GSM (SMS,
GSM-Data, GPRS, EDGE, UMTS et HSDPA). S4W, résolument tourné vers l’avenir, est
tout IP. Il nécessite donc les réseaux télécoms et informatique industrielle
adéquats (APN/VPN). Si le poste local S4W évolue sur de nombreux points
matériels et logiciels, c’est surtout par son écosystème que cette solution se
différencie de tout ce qui existait auparavant.
Revue
EIN : Comment se structure cet écosystème ?
C.F. :
S4-Manager est le chef d’orchestre du réseau. Attendu par les exploitants
disposant de parcs importants, S4-Manager permet d’administrer de manière
centralisée l’ensemble des utilisateurs et configurations des postes locaux.
SG4000
permet la création de réseaux IP sécurisés (APN/VPN). Pour une souplesse
d’utilisation optimale, S4-Manager et SG4000 ont été conçus pour tourner sur
machine virtuelle.
D’autres
logiciels ‘compagnons’ sont également disponibles pour permettre la mise en
œuvre des S4W et des fonctions liées à la cybersécurité.
Lacroix
Sofrel est très attachée à la pérennité de ses solutions. Nous avons apporté un
soin tout particulier à la cohérence d’intégration des S4W dans les
architectures existantes. Ainsi, S4W et S500 peuvent communiquer en
inter-sites, il est possible d’importer les informations d’un S500 dans un S4W
et l’un et l’autre peuvent cohabiter au sein de S4-Manager ou de SG4000. Nous
prévoyons ainsi une transition en douceur des technologies, en laissant le
temps à nos clients d’évoluer à leur rythme, c'est-à-dire en fonction de
l’importance des réseaux déjà déployés et de leur technicité.
S4W a
probablement un peu d’avance, mais il est prêt à répondre aux besoins des
acteurs de l’eau quelle que soit leur exigence, en sachant que l’entreprise
saura accompagner chacun dans son déploiement.
Revue
EIN : Ou en êtes-vous aujourd’hui du déploiement de ce produit sur le
marché ?
C.F. :
Nous sommes entrés dans la phase de déploiement industriel. Le produit est
disponible sur le marché. Il est d’ores et déjà présent chez les premiers
clients qui le découvrent et le testent, à commencer par les grands comptes qui
doivent passer par des phases de validation technique qui dureront encore
quelques mois. Cette phase de contact avec le marché est essentielle et il est
tout à fait normal qu’elle précède le déploiement commercial. Le S500 répond encore largement aux attentes et aux
besoins, et ceci pour quelques années encore. Les clients pourront donc migrer
progressivement vers S4W, au rythme de leurs évolutions en matière de
télécommunications et d’informatique industrielle.
Revue
EIN : Quels sont vos objectifs commerciaux concernant S4W ?
C.F. :
Nous avons positionné S4W comme une offre premium, susceptible d’intéresser les
exploitants exigeants et soucieux de faire évoluer leurs outils de télégestion
en bénéficiant dès maintenant des fonctionnalités du produit. Nous ne nous
sommes pas fixés d’objectifs en termes de ventes car le périmètre fonctionnel
de S4W n’est pas le même que S500. Il repose sur un écosystème de composants
qui n’est pas encore tout à fait complet et ne le sera qu’avec la V2 en 2018,
et plus complètement encore avec la V3 l’année suivante.
S4W
démontre que Lacroix Sofrel reste à la pointe de l’innovation en matière de
nouvelles technologies, en apportant une réponse aux enjeux de cybersécurité,
et de nouvelles possibilités en matière d’automatismes et de
télécommunications. Pour autant, il ne se substitue à aucun produit. Il vient
compléter une gamme de postes locaux pérennes qui ont fait leurs preuves,
laissant ainsi aux exploitants la possibilité d’évoluer lorsqu’ils en
ressentiront la nécessité.
Revue
EIN : Justement, quels sont les raisons susceptibles d’inciter les
exploitants à franchir le pas et opter pour S4W ?
C.F. :
En 2016, nous avons organisé plus d’une vingtaine de journées technologiques
régionales, non pas pour parler de nos produits, mais pour échanger avec nos
clients sur les évolutions
technologiques notamment celles liées aux télécoms. Ce tour de France
nous a permis de constater combien les exploitants, et parfois au sein d’un
même service, pouvaient avoir des angles de vue différents, quelquefois même
opposés, sur ces sujets-là. Ceci pour dire que l’un des enjeux auxquels nous
sommes confrontés est de pouvoir satisfaire des besoins et des niveaux de
technicité très différents. S4W va trouver son marché à mesure que les supports
de communication vont évoluer et que les systèmes d’informatique industrielle
se développeront chez nos clients.
Revue
EIN : La physionomie du marché évolue rapidement, n’est-ce pas un risque
pour S4W de le précéder ?
C.F. :
La structure du marché, notamment de l’eau municipale en France, évolue
rapidement. Des prestations de service, des contrats d’exploitation ou de
travaux, jugés plus souples, plus modulaires, se substituent parfois aux
traditionnelles délégations de service public telles que nous les connaissions
jusqu’à présent. Mais au-delà des relations contractuelles qui régissent leurs
rapports, les opérateurs publics continuent souvent à s'appuyer sur les opérateurs
privés, dont l’expertise reste une référence.
L’offre
évolue encore plus vite. C’est vrai en matière de communication mais aussi
d’automatismes.
Aujourd'hui,
avec le tout IP et l’automatisation toujours plus poussée des installations,
les périmètres couverts par nos postes locaux de télégestion et ceux couverts
par les automates viennent se superposer davantage, chacun cherchant à étendre
son périmètre. La principale différence entre ces deux approches, à la fois
concurrentes et complémentaires, réside dans la simplicité de mise en œuvre et
d’exploitation, les postes locaux étant paramétrables et non programmables. Ce
côté ‘user friendly’ a pour objectif l’efficacité et la fiabilité de la
solution déployée sur le terrain en permettant à l’ensemble des techniciens
intervenants sur les installations d’en garder l’entière maîtrise.
Revue
EIN : Quels sont, dans ce contexte, les atouts des produits de Lacroix
Sofrel ?
C.F. :
Ils sont nombreux. Nos produits déjà bien plus faciles à intégrer et à
exploiter que les PLC et les RTU. Ils rendent les exploitants plus efficaces en
intégrant de nombreuses fonctionnalités spécialement développées pour répondre
à leurs besoins. S’ils sont plus chers à l’achat, leur coût global est optimal
: si vous prenez un PLC et que vous l’assemblez avec une alimentation secourue,
un modem et toutes les unités d’œuvre requises pour parvenir à faire ce que
fait un poste local de télégestion, vous constaterez que ce dernier est très
économique ! Il est de plus pérenne, car, sur la durée de vie du produit
comprise entre 10 à 15 ans, les composants matériels et logiciels vont évoluer
de concert.
Revue
EIN : Dans quels sens vont-ils évoluer ?
C.F. :
Notre cœur de compétences, c’est la communication au sein d’un réseau, dans un
regard, sous un tampon en fonte ou dans une cellule en béton. Nous sommes
capables d’exploiter toutes les possibilités de chaque support de communication
tout en interfaçant nos équipements avec l’ensemble des instruments présents
dans un réseau. C’est stratégique car demain, tous ces équipements seront
communicants. Associés aux automatismes et aux fonctionnalités que nous avons
développés, ces outils contribueront à rendre l’exploitant plus performant dans
les services qu’il rend à la collectivité, tant sur le volet de la préservation
de la ressource que sur celui de l’efficace énergétique.
Revue
EIN : Vous êtes confiants sur la pénétration de S4W ?
C.F. :
Oui absolument. Elle se fera au rythme de l’évolution de l’informatique
industrielle de nos clients, de l’évolution des supports de communication et
des grands choix qui en découleront. La route comporte des jalons que nous
partagerons avec nos clients que nous sommes prêts à accompagner et aider dans
l’intégration des produits à l’architecture qu’ils retiendront. Sur le terrain,
le déploiement, des nouvelles technologies va contribuer à accroitre la masse
des données à traiter, ce qui rendra nécessaire l’utilisation d’outils plus
complets. C’est tout l’intérêt de S4W qui constitue un vrai levier
d’amélioration du métier de l’exploitant.
Propos
recueillis par Vincent Johanet