Les collectivités gestionnaires de plans d’eau de baignade connaissent bien la difficulté de maintenir une qualité sanitaire de l’eau conforme aux exigences légales tout au long de la saison estivale. La gestion de l’ouverture des zones de baignade s’avère complexe, notamment en raison de l’apparition des cyanobactéries en cours de saison. Les modifications des précipitations (période, densité), de l’urbanisation, du paysage rural et l’augmentation des températures favorisent la stabilité de la colonne d’eau dans les plans d’eau douce, entrainant une prolifération précoce des cyanobactéries. Anticiper leurs présences n’est pas facile en dehors d’une surveillance quotidienne n’empêchant pas malgré tout les interdictions de baignade. Cette situation n'est pas satisfaisante pour les collectivités dont l’attractivité touristique repose pour beaucoup sur la présence de zones de baignade sur les sites concernés.
C’est
dans ce contexte qu’Arcadis France a lancé avec l’université de Rennes 1 un
programme expérimental de gestion des cyanobactéries à l’aide de peroxyde
d’hydrogène sur le lac du Tanchet aux Sables d’Olonne (85). La méthodologie
employée dans cette expérimentation intègre une surveillance hebdomadaire du
plan d’eau contrôlé par des paramètres pertinents (phycocyanine, chlorophylle a)
et une phase d’essais en laboratoire permettant de doser les concentrations minimales
et efficaces en peroxyde d’hydrogène nécessaires en fonction de la présence des
matière organiques et de la concentration et diversité des espèces de cyanobactéries
présentes dans le milieu. C’est dans ces conditions de moindre impact sur
l’environnement que le peroxyde d’hydrogène est appliqué au milieu naturel.
Les résultats de cette expérimentation ont été présentés par Luc Brient, ingénieur à l’Université de Rennes 1, au Carrefour des Gestions Locales de l’Eau 2021.
L’une des difficultés du projet résidait dans la complexité de l’application du peroxyde d’hydrogène pour une diffusion dans la masse d’eau qui se devait d'être rapide avec prise en compte de l’aspect sécuritaire de mise en œuvre. Arcadis a confié à la société Aquago la mission de réaliser l’application du peroxyde d’hydrogène au dosage défini, ainsi que la dispersion du produit dans la colonne d’eau grâce à des brasseurs Sungo.
Eté 2020
Sur le Lac du Tanchet, les deux applications réalisées au cours de l’été 2020 ont permis de réguler les cyanobactéries et de les maintenir en dessous des seuils interdisant les activités nautiques.
L’accès
au plan d’eau a été interdit durant 24 heures, afin de permettre le traitement.
A l’issue des applications, un abattement de 90% des cyanobactéries a été
observé en quelques heures entrainant un taux d’oxygène à 80 % et une
amélioration de la transparence de l’eau. Aucune mortalité n’a été observée sur
les poissons, oiseaux, les mammifères, invertébrés ou macrophytes. La ré-ouverture du site a
été autorisée en raison de l’absence de détection du peroxyde d’hydrogène dans
le plan d’eau et le respect des seuils réglementaires relatifs aux
cyanobactéries.
Cette première expérimentation sur le Lac de Tanchet en conditions réelles permet d’envisager l’application de ces techniques à d’autres plans d’eau de baignade de taille modérée, toujours à titre expérimental à ce stade des connaissances et en concertation avec les autorités sanitaires.