C’était probablement l’une des nouveautés les plus attendues sur le salon Pollutec qui s’est déroulé du 29 novembre au 2 décembre dernier à Lyon. En présentant le S4W, son tout dernier poste local de télégestion, Lacroix Sofrel tient ses promesses et transforme en profondeur l’approche de la télégestion des réseaux d’eau.
Le secret avait été bien gardé. Il a fallu attendre
l’ouverture du salon Pollutec, le 29 novembre, pour découvrir les premiers détails
d’une nouveauté annoncée plusieurs semaines auparavant. Et quelques heures de
plus pour en suivre la présentation officielle, laquelle a eu lieu en marge du
salon, au cours d’une soirée festive organisée sur les berges du Rhône, le 30
novembre au soir, en présence de nombreux invités parmi lesquels des clients,
fournisseurs et de nombreuses personnalités du secteur.
La courte allocution de bienvenue prononcée par Vincent Bedouin, Président du Groupe LACROIX, a permis de re-situer Lacroix Sofrel au sein d’un groupe dont l’essentiel des activités consiste à développer des équipements pour la voirie intelligente, la gestion du trafic, l’éclairage public et, depuis le rachat de Neavia Technologies, les véhicules connectés et autonomes. « Des activités passionnantes qui consistent à connecter les hommes à travers les flux urbains en favorisant les échanges mais aussi la sécurité, a-t-il souligné. Des activités qui consistent à développer des fonctions électroniques intelligentes dans de nombreux secteurs de l’industrie en cultivant l’esprit d’innovation et la capacité d’anticipation, sans pour autant forcément sacrifier à la dernière technologie à la mode. Et sans dissocier non plus la recherche et le développement de la production : « 100 % des produits vendus par Lacroix passent par des usines Lacroix » a souligné Vincent Bedouin.
Un modèle à l’allemande dont profite directement sa
filiale Lacroix Sofrel qui, avec 40 M€ de chiffre d’affaires, réalise près de
10% du CA du groupe. « Lacroix Sofrel, c’est près de 500.000 ouvrages
équipés à travers le monde et plus de 3.000 clients, a ensuite détaillé
Catherine Failliet, Directrice Générale. C’est aussi 150 salariés pleinement
impliqués dans un métier qui consiste à mettre l’intelligence au service de la
maitrise de l’environnement. C’est enfin un gros effort en termes de R& D
qui nous conduit chaque année à y investir plus de 10 % de notre chiffre
affaires ». Un effort tout entier tendu vers le développement de nouveaux
produits dont le S4W se veut le digne représentant. « Cela fait plus de 5
ans que nous travaillons sur ce produit, a indiqué Catherine Failliet, nous avons
consacré plusieurs millions d’euros d’investissements à cette nouvelle
plateforme et son écosystème, en y associant, au fil des années, plus de 90
experts. Nous avons décrit et typé près de 1.500 besoins fonctionnels, tous testés
et validés en interne sur la base de 4.000 tests effectués par nos équipes de
recette pour être sûrs de vous présenter un produit qui marche » a-t-elle
souligné.
Le résultat, c’est donc ce fameux S4W, un poste
local de nouvelle génération, compact et modulaire, chargé de faire entrer
la gestion à distance des ouvrages dans une nouvelle ère, celle de la
télégestion 4.0.
Faire entrer la télégestion dans une nouvelle ère
Mais qu’est-ce que la télégestion 4.0 ?
Michel Bouffard, directeur des études chez Lacroix
Sofrel, s’est employé à retracer les grandes étapes qui ont rythmé, ces trois
dernières décennies, l’essor de la télégestion. « Tout a commencé en 1987,
avec le lancement du S10, un produit simple, emblématique de la télégestion
1.0, qui, pour la première fois, permettait aux exploitants, grâce à un jeu de
questions/réponses, d’adapter le fonctionnement d’un produit de télégestion aux
spécificités de leur installation. Bien accueilli, il a été prolongé en 1996
par le S50, un poste local robuste, à l’électronique durcie, puis en 2004 par
le S500, un produit ouvert, capable d’intégrer les communications IP, le GPRS,
des automatismes standards mais aussi le langage ST, conforme à la norme 1131-3.
Le S4W, 4ème génération de postes locaux, hérite des principales caractéristiques
de ses prédécesseurs : il est simple à utiliser, robuste, ouvert, mais
aussi connecté ».
De fait, le vocable ‘connecté’ est sans doute ce
qui caractérise le mieux le S4W. Physiquement d’abord puisqu’il intègre une
carte modem 2G/3G/GPRS, des entrées/sorties analogiques et différents ports de
communication dont un port Ethernet. Mais surtout, le produit, qui tourne
la page du réseau commuté, s’inscrit désormais dans un véritable écosystème de différents
composants capables de communiquer entre eux.
Parmi ceux-ci, SG-4000, véritable pierre angulaire
de l’écosystème S4W, spécialement développé pour lui, permet de sécuriser la communication
GPRS entre les différents postes locaux par la création d'un VPN. « Il
s’inscrit dans le droit fil de SG-1000 tout en s’en différenciant nettement, a expliqué
Michel Bouffard. La principale nouveauté, c’est que SG-4000 est un logiciel
alors que SG-1000 est un boitier physique. Il est conçu pour tourner sur une
machine virtuelle et peut gérer différentes configurations en simplifiant la
redondance. Il reste cependant capable de gérer les S500.
Autre composant majeur de cet écosystème,
S4-Manager qui centralise de nombreuses fonctions dont l’administration des
différentes configurations. « Toute modification de configuration
effectuée sur un poste local par le logiciel S4-Tools sera centralisée,
sauvegardée, et renvoyée vers l’ensemble des S4-Tools des autres utilisateurs
qui disposeront ainsi d’une base homogène de configurations. Cette fonction
était attendue par les entités qui concentrent des parcs importants de postes
locaux avec une multitudes d’intervenants sur le terrain » détaille Michel
Bouffard. S4-Manager intègre également le ‘versioning’, c’est-à-dire la liste
de tous les postes locaux avec leur numérotation logicielle et l’historique de
leur configuration ».
Côté process, S4W embarque un nouvel atelier
d’automatismes qui intègre plusieurs langages bien connus des automaticiens.
Ces performances sont décuplées puisque le cycle de S500, de 200 ms, passe à 20
ms pour S4W. « Mais attention, prévient cependant Michel Bouffard, S4W reste
un poste de télégestion avec une composante automatismes qui se développe, sans
pour autant chercher à concurrencer les API ».
De fait, le produit reste simple et facile à
utiliser. Le design et la configuration 100 % logicielle facilitent et sécurisent
la prise en main du produit. Les borniers, débrochables, sont de type ‘push-in’
pour être manœuvrés d’une seule main. La carte Sim est directement accessible
sur le côté, sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir le boitier ni de manipuler une
carte électronique. Le paramétrage est également simplifié grâce à des
assistants conviviaux, des possibilités d’import/export Excel et une gestion dynamique
des erreurs qui permet de détecter les éventuelles incohérences au fur et à
mesure de la saisie de la configuration.
Mais surtout, S4W a été conçu pour relever les
enjeux liés à la cybersécurité, un enjeu désormais majeur pour tous les exploitants.
Relever les enjeux liés à la cybersécurité
Qui dit connecté, dit adresse IP et donc risques
associés. Des risques qui augmentent notablement avec l’interconnexion de
systèmes d’information de plus en plus ouverts. « A partir du moment ou
l’on est connecté, le risque d’une intrusion malveillante sur le réseau existe,
même sur un réseau privé », a souligné Michel Bouffard. La cybersécurité est
donc devenue un sujet de préoccupation majeur pour tous les exploitants.
Pour faire face à ces enjeux, l’ANSSI, l’autorité
nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d’information, a
édicté un certain nombre de règles auxquelles les opérateurs d’importance
vitale (OIV), dont font partie les services de l’eau et de l’assainissement, doivent
désormais se conformer. « S4W, en cours de labellisation, intègre toutes
les technologies qui permettent de répondre aux exigences de l’ANSSI", a
expliqué Michel Bouffard. Ainsi, les utilisateurs sont désormais soumis à authentification
par le biais d’un login et d’un mot de passe personnel. De même, les
équipements qui communiquent avec S4W sont eux aussi soumis à authentification
par le biais de certificats.
Enfin, S4W intègre aussi du chiffrement : toutes
les communications sont chiffrées selon des protocoles adéquats pour garantir l’absence
de toute écoute parasite.
Mais la sécurité implique également un contrôle et
un monitoring permanent. S4W a donc été développé pour détecter et mémoriser
tout évènement susceptible d’être considéré comme anormal en assurant la
traçabilité de l’ensemble des activités qui affectent le réseau de télégestion.
Chaque évènement, considéré comme potentiellement anormal, fera l’objet d’un
traitement via la technologie syslog-ng qui permettra ainsi de disposer d’un
historique complet de tout opération ayant affecté un ou plusieurs postes
locaux.
S4W permet donc de maitriser les risques liés aux
postes locaux et aux applications de télégestion qui y sont associées. Reste à
chaque exploitant à assurer le contrôle de ses applications et des tierces
personnes qui les gèrent.
Ce nouveau poste local de télégestion a donc été
armé pour faire face aux grands enjeux actuels mais aussi futurs, que ceux-ci
soient d’ordres fonctionnel ou sécuritaire. « II a été conçu pour durer,
comme l’a souligné Catherine Failliet dans sa conclusion. Mais S4W ne remplace
pas S500 qui continue à être commercialisé ». Il sera donc positionné sur
les applications les plus exigeantes, en attendant que le marché, c’est-à-dire
les exploitants, ne décident eux-mêmes d’achever leur transition. Les
obligations nouvelles qui pèsent sur les opérateurs d’importance vitale en
matière de cybersécurité devraient faciliter le succès de S4W.
Vincent Johanet