Les stations dites « d’épuration filtre » plantées de roseaux offrent un procédé cumulant l’action épuratoire naturelle de ces plantes aux effets filtrants des milieux granulaires tels que le sable, le gravier, les galets, etc.
Toutes les infrastructures de traitement des eaux usées aimeraient pouvoir revendiquer un effet directement bénéfique sur l’environnement dans lequel ils sont implantés. Tel est le cas des bassins de lagunage, qui ont parfois même une capacité de restauration de la faune locale, comme dans la station d’épuration du Barcarès, située dans les Pyrénées Orientales. Des dizaines de poussins y ont récemment fait leur apparition grâce au lagunage, propice au développement de certaines espèces.
Avec les effets combinés du soleil, du vent, des plantes, des algues et des micro-organismes, cette technique d’épuration des eaux usées parvient à éliminer les matières organiques et les substances pathogènes au fil d’une succession de bassins. Des plans d’eau riches en plancton où les oiseaux nicheurs, migrateurs et hivernants trouvent des quantités de plancton suffisantes pour se nourrir.
Composé de cinq bassins, le site qui s’étend sur une superficie de 17 hectares abrite une faune dont la bonne santé est régulièrement contrôlée, ainsi que sa végétation. Le calme du lieu et son humidité rendent par ailleurs l’endroit particulièrement propice à la nidification de certains oiseaux aquatiques.
Les procédés de traitement naturels de ce type démontrent depuis maintenant plusieurs années l’utilité qu’ils peuvent avoir pour le traitement de l’eau et la variété des procédés via lesquels ils peuvent être déclinés : en Corse, la méthode de traitement des filtres en roseaux s’est en effet illustrée cette année à Luri, où a été inaugurée au printemps 2024 une station d’épuration permettant de traiter l’eau grâce à des roseaux.
Situées à proximité du village de Santa-Severa, ces installations fonctionnent grâce à des roseaux plantés dans des casiers, couplés à des filtrants granulaires (sable, gravier) pour mettre en œuvre un cycle naturel d'épuration.
« Ce sont les rhizomes, les racines des roseaux, qui, sous l'effet du vent, oxygènent toute la boue contenue dans les casiers, cette boue pourra ensuite être retirée, après six années dans les bassins », explique Raymond Bragoni, ingénieur au sein de la société Ingenium qui a conçu l'ouvrage, pour le compte de la commune, et qui doit permettre de traiter l’eau pour un bassin de vie de 2500 habitants.
A l’autre bout de la France, toujours grâce à des roseaux, deux installations phytoflottantes développées par la société Aquatiris avaient également été inaugurées dans les Yvelines en octobre 2023. Situées à Port-Marly, celles-ci sont spécifiquement destinées à nettoyer les eaux usées des péniches d’habitation situées en bord de Seine.
« L'eau usée arrive sur le sable directement grâce à une pompe. Toutes les matières grossières vont être retenues en surface au pied des roseaux et fonctionner comme de l'engrais. Toute la pollution diluée dans l'eau passe à travers le sable et va être consommé par les bactéries présentes en racine des roseaux », détaillé Benjamin Restif, responsable du projet d'Aquatiris.