Bien peu d'activités ont évolué aussi rapidement ces dernières années que celle du comptage de l'eau. Le compteur, jadis posé avant d'être oublié durant de longues années, est aujourd'hui considéré comme le point d'entrée du réseau. Fiable, précis, communicant et autonome en énergie, c'est sur lui que reposent désormais l'ensemble des systèmes de gestion à la base de ce que l'on appelle désormais les « réseaux intelligents ». Après une longue période de développement, Sensus déploie son offre commerciale en France.
Cette révolution qui touche l'ensemble des métiers
liés au comptage de de l'eau, Michel Jacquet, Directeur Commercial chez Sensus France, l'a vécu de près. D’abord par le biais de nouveaux
équipements, plus précis, plus fiables et toujours plus performants. « Aujourd’hui, près de la moitié de notre chiffre
d'affaires est réalisé grâce à des produits qui n’étaient pas commercialisés il
y a seulement dix ans », souligne-t-il.
Ensuite parce que ces avancées successives ont changé
la physionomie du métier. « Nous sommes passés d'une activité qui consistait a
développer puis commercialiser des solutions de comptage à un nouveau métier
qui consiste, bien au-delà du comptage, à développer des solutions permettant
de collecter l'information, de la transporter puis de l'exploiter pour
permettre aux gestionnaires d'assurer le monitoring de leurs réseaux de manière
à en optimiser la gestion ».
Cette mutation a entraîné de profonds bouleversements
dans le positionnement et l'organisation de l'ensemble des acteurs du métier. A
commencer par les fabricants de compteurs. « Nous sommes passés, en très peu de temps, d'un statut
d'industriel de la fonderie et de la mécanique à un statut plus proche
aujourd'hui de celui d'un prestataire de services. Nos objectifs eux-mêmes ont
évolué. Alors qu'ils étaient autrefois centrés sur le compteur, ils se sont
déplacés vers l'élaboration de solutions de gestion globale de la relation avec
l'abonné ». Ces bouleversements qui affectent les métiers du
comptage de l'eau ont modifié le regard porté sur ce qui en était autrefois le
composant principal, le compteur, dont le statut a lui aussi évolué. «
Nous
passons peu à peu d'une logique d'exploitation du compteur à une autre logique
basée sur l'exploitation des données qu'il produit, souligne Michel
Jacquet, ce
qui entraîne fatalement une modification de la vision, mais aussi des attentes
des exploitants par rapport à cet équipement ». Puisque c'est désormais sur
lui que reposent l'ensemble des systèmes qui contribuent à rendre les réseaux
plus intelligents, il se doit d'être tout à la fois fiable, précis, durable,
communicant et bien sûr autonome en énergie.
Des qualités qui supposent une vraie rupture avec les
compteurs d'eau traditionnels et une remise à plat dans la façon de concevoir
ses équipements pour en améliorer la métrologie et élargir les fonctionnalités.
Améliorer
la métrologie et élargir les fonctionnalités du compteur
Pour développer son iPERL, sur lequel repose désormais
ses nouveaux systèmes de relève et de télérelève, Sensus a misé sur trois
facteurs clé, la précision, la fiabilité et la disponibilité des données.
La précision repose sur la réduction des volumes d'eau
non comptabilisés. Bruno Humbert est chargé de nouvelles technologies chez
Sensus France. Il explique : « Le comptage volumétrique qui représente près de 85% du
parc de compteurs en France repose sur une technologie qui a fait ses preuves
mais qui présente certaines faiblesses. La performance des compteurs mécaniques
tend à se dégrader au fil des années ce qui entraîne peu à peu une
non-comptabilisation des très petits débits. Or, ces petits volumes, trop
souvent négligés, représentent une perte conséquente. Une fuite de 3 litres par
heure, 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365, entraîne un manque à gagner de 70
€ par an pour l'exploitant sur la base d'un mètre cube à 2,60 €».
Pour réduire ces volumes non comptabilisés qui, en se
multipliant, peuvent représenter des montants importants et assurer une bonne
tenue de la performance métrologique tout au long du cycle de vie de son iPERL,
Sensus a misé sur le principe de mesure statique électromagnétique décrits par
Faraday et Lorentz. Un principe sur lequel repose une technologie très protégée
qui permet d'éliminer toutes les pièces mobiles, par définition sujettes à
usure, et qui présente l'avantage de comptabiliser de très faibles débits sans
détérioration de la mesure dans le temps. Testé sur les bancs d'essais
accrédités Cofrac de 5 à 20.000 litres de son laboratoire de Neyron dans l'Ain,
l'IPERL affiche des performances impressionnantes.
A bas débit tout d'abord, c'est-à-dire à partir de 5
litres/heure, seuil à partir duquel la mesure d'un compteur volumétrique
devient incertaine, jusqu'à 0,2 litre/heure, l'iPERL assure une mesure fiable,
validée sur bancs. Un résultat qui justifie amplement le choix du principe de
mesure électromagnétique : « En dessous d'un litre/heure, nous obtenons des
performances inatteignables avec un compteur à ultrasons, une technique de
mesure plutôt issue du monde de l'énergie thermique, dont nous disposons
également », souligne Bruno Humbert. La performance métrologique
est également très satisfaisante à hauts débits. « Au-delà de Q4, c'est-à-dire au-delà du
débit maximum du compteur, on est toujours dans la limite de + ou - 2%. La
limite de ce compteur, c'est donc la limite de la physique matérialisée par la
cavitation ».
Précis, fiable et constant dans le temps, l'IPERL a également
été conçu pour être facile et rapide à poser, dans toutes configurations
possibles et imaginables. « La pose qui peut se faire dans n’importe quel sens et
sans longueur droite minimale à respecter n’a aucune incidence sur la précision
du compteur. Le dépassement d'un seuil volume et d'un seuil débit indique au
compteur son sens de fonctionnement. La présence d'un index de retour d'eau
permet de mesurer le volume qui retourne dans le compteur avec la même
précision que dans le sens aller. Le fait de pouvoir offrir une précision égale
dans les deux sens est unique sur le marché ». L’iPERL apporte également une
solution à la dérive de la métrologie. Le compteur s'autocontrôle une fois par
minute pour vérifier ses performances métrologiques. Il est capable de détecter
une dérive de sa métrologie quelle qu'en soit la cause (fraude, perturbations,
fuites, retours d'eau, évènements divers) en émettant une alarme en
conséquence.
Car si la collecte d'informations précises et fiables
est un point essentiel, la disponibilité de ces données aux fins d'exploitation
ne l'est pas moins. C?est la raison pour laquelle l'iPERL intègre un module de
communication permettant un accès fiabilisé et ouvert aux données collectées.
Un
accès fiabilisé et ouvert aux données collectées
Le système iPERL a été développé pour être opérable
indifféremment en Walk-by, Drive-by ou en réseau fixe. « Il est susceptible d'être utilisé dans
chacun de ces trois modes de relève, sans programmation spécifique et peut être
utilisé à tout moment dans l'un ou l'autre de ces modes sans paramétrage
particulier et sans que les investissements réalisés ne soient remis en cause », précise Bruno
Humbert.
Le système est équipé en natif de la technologie radio
intégrée basse fréquence de Sensus, 433 MHz ou 868 MHz, qui permet de
bénéficier d'une architecture mono et bidirectionnelle. « Sa capacité de lecture est de environ
500 compteurs à la minute. Il va relever les index ainsi que les alarmes s'il
en existe. Mais il va également permettre d'entrer en contact avec le compteur
par le biais d'une demande d'informations complémentaires, par exemple en cas
d'anomalies ».
Parallèlement au système radio propriétaire de Sensus,
l'iPERL intègre également en natif une plateforme Wireless M-Bus,
interopérable, mais dont les fonctionnalités sont plus réduites en termes de
quantités de données récupérables (dû au respect de la norme internationale). «
Il est donc
parfaitement possible de cumuler ouverture et expertise avancée du produit en
opérant en mode interopérable Wireless M-bus sur le terrain puis en utilisant
le mode SensusRF pour la récupération des données en cas de besoin
d'informations complémentaires ». Le système, souple et
évolutif, pourrait encore connaitre de nouveaux développements. « Nous travaillons sur l'élaboration d'une
solution de lecture mobile, très rapide et très simple, destinée aux petites et
moyennes collectivités qui pourrait offrir des services sensiblement similaires
à ceux d'un réseau fixe mais sans qu'il soit nécessaire d'effectuer des
investissements lourds », indique Michel Jacquet.
Pour l'heure, un pilote a été déployé au printemps
2013 sur la commune de Neyron (Ain). La précision métrologique de l'iPERL a
déjà permis de détecter, lors de la pose, des fuites sur deux compteurs ainsi
qu'un retour d'eau. Le système de relève mis en place permet de collecter en
drive-by les informations transmises à la volée par des iPERL posés en regards
sans qu'il soit nécessaire de définir un sens de tournée. « La portée du système est de 1,5 km en
champ libre et d'une centaine de mètres si le compteur est enterré à 1 mètre de
profondeur sous un tampon métallique », indique Bruno Humbert. Les
données collectées peuvent ensuite être transmises en GSM/GPRS via un simple
Smartphone. « L’exploitant
peut aussi opter pour des logiciels de gestion de tournées proposées par
Dioptase, Jidelec ou encore Nogema ».
Pour compléter son offre, Sensus va développer de son
côté des solutions complètes permettant d'interpréter, de diagnostiquer et
d'analyser les données collectées. Objectif : réduire au maximum les volumes
non comptabilisés exploitant la précision métrologique de l'iPERL, prévenir les
abonnés de fuites éventuelles en intervenant en amont et non plus en aval, et
améliorer la qualité du service en offrant notamment aux abonnés un suivi
analytique de leurs consommations.
L’offre iPERL est donc désormais pleinement opérationnelle.
Sensus vient d'ailleurs d'être déclaré adjudicataire d'un premier appel
d'offres en France qui le conduira à déployer sur le terrain de 8 à 10.000
unités sur 4 ans. « Notre
offre répond bien aux attentes des consommateurs qui attendent plus de souplesse
et de transparence vis-à-vis du service de l'eau, estime Michel
Jacquet. Elle
est porteuse de progrès aussi bien pour les élus que pour les consommateurs et
les agents d'exploitation, pour autant que l'impact social ne soit pas négligé
lors de sa mise en œuvre».
Vincent
Johanet