En 2050, les villes auront adapté leur gestion de l’eau. Connectée, écologique… et chère sont les adjectifs qui caractériseront cette ressource vitale.
La création d’offres connectées au service de la politique environnementale des acteurs publics et tertiaires fait son chemin. Birdz, filiale de Veolia et Adeunis, deux acteurs reconnus pour leur succès dans la fourniture de solutions IoT (Internet des Objets), ont tout récemment annoncé la signature d’un contrat cadre de trois ans visant à compléter les offres Birdz de capteurs et solutions IoT Adeunis. L’objectif : digitaliser les bâtiments et équipements afin de mieux piloter l’efficacité énergétique du parc et fluidifier le facility management.
Ces solutions proposées et installées par Birdz, intégrant les capteurs Adeunis, permettront de modéliser des tableaux de bord dynamiques sur l’efficacité énergétique des bâtiments pour guider les gestionnaires vers les actions correctrices à mettre en place. L’objectif étant d’éviter le gaspillage, de permettre des économies d’énergie et ainsi d’améliorer le confort des bâtiments. « Afin d’offrir à ses clients des solutions complètes répondant à de multiples cas d’usages pour l’efficacité énergétique de leurs bâtiments, Birdz a fait le choix de s’entourer de partenaires de confiance. En choisissant Adeunis, Birdz continue d’offrir à ses clients des solutions IoT intégrant des produits de qualité et répondant à leurs besoins » commente Xavier Mathieu, CEO de Birdz dans le communiqué. Et Frank Fischer, PDG d’Adeunis d’ajouter. « Nous sommes ravis de la signature de ce contrat avec Birdz, c’est la concrétisation de plusieurs années de collaboration réussies entre nos deux sociétés, dont les solutions combinées permettent d’œuvrer en faveur de l’efficacité énergétique, du contrôle de la qualité de l’air et de l’optimisation des opérations de maintenance ».
Si la smart city peut donc déjà compter sur les experts en ingénierie des systèmes d’information et de monitoring, tels que C2AI, Ewon, Geomod, Itron, Perax Technologies, Nogema Technology, Sensus et bien d’autres, cela va prendre du temps tant le secteur de l’eau est fragmenté et l’investissement nécessaire élevé. De plus, cet équipement technologique va générer une baisse du nombre d’agents de terrain. Or ceux-ci ont les connaissances indispensables au bon fonctionnement des réseaux. Pas facile alors d’atteindre un haut rendement dans ces conditions surtout dans les réseaux des petites communes qui n’ont pas les moyens de financer de lourds investissements.
Sans compter que « les gestionnaires de réseaux d’eau font également face à l’enjeu de l’arrêt de la technologie filaire RTC (Réseau Téléphonique Commuté) programmé à partir de 2022, rappelle Georges Dupont, Expert IoT chez Matooma. La technologie GSM avec l’utilisation d’une carte SIM M2M associée à une remontée en IP (données remontées à travers le canal Data) constitue l’alternative la plus crédible pour les services techniques. Elle offre, en plus, une fiabilité et une sécurité optimale. Grâce aux solutions multi-opérateur, comme celles proposées par Matooma, les gestionnaires peuvent ainsi bénéficier d’une couverture maximale et d’une continuité de service renforcée ».
Changement climatique oblige
Des solutions plus naturelles
Pour EcoBird, ces solutions fondées sur la nature (SFN) apportent des solutions efficaces, économiques et écologiques à ces problématiques et offrent une réelle opportunité de repenser les villes de demain afin d’accroître leur résilience face aux contraintes du réchauffement climatique et de l’augmentation de l’urbanisation. « Ça prend de la place, mais ça coûte moins cher que la réhabilitation du réseau par exemple », complète Stéphane Troesch. Vincent Jauzein est moins enthousiaste. Il prévient de faire attention aux infiltrations souterraines. ImaGeau, une filiale de Saur, a montré que l’eau souterraine capte les polluants et les répand. La ville de Grenoble a tout de même choisi cette solution pour son parc Ouagadougou. Les pluies de ruissellement se concentrent dans ce parc récréatif ouvert au public. Ce type de bassin a de plus l’avantage de refroidir la ville. La Nouvelle Aquitaine a mis en place des démonstrateurs avec des toitures végétalisées, des noues enherbées, des cours d’école et des parkings désimperméabilisés. Ces solutions qui n’utilisent pas le réseau d’épuration peuvent amener à isoler certains quartiers comme en Belgique dans d’anciennes friches industrielles réhabilitées. « Le concept se diffuse petit à petit, déclare Fabien Christin. Dans le Parc du Luberon, 15 communes bénéficient du programme de désimperméabilisation. Ça crée de l’émulation ».
Les oasis de fraîcheur et les nouveaux usages de solutions de tri des effluents et des eaux usées font également progressivement leur chemin.
Nereus qui conçoit, développe et construit des solutions permettant d’agir face au changement climatique, a mené en collaboration avec ses partenaires F-Reg, Qista et la Compagnie du paysage, le projet Greenbow qui vise à lutter contre les effets d’îlots de chaleur urbains.
Lauréat de l’appel d’offre porté par la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques, Greenbow intègre l’expertise de Nereus en filtration dynamique sur disque céramique qui permet d’extraire une eau hygiénisée pour assurer un arrosage sans impact sur les ressources en eau et une maîtrise du risque sanitaire dû à la potentielle présence de moustiques.
Réorganisation des services
En même temps, le retour en régie, politiquement souhaité, va coûter cher aux collectivités, et donc aux usagers, car il faudra embaucher beaucoup de personnel et avoir les moyens pour investir dans l’entretien des réseaux et dans la protection des ressources. « En conséquence, le coût de l’eau devrait nécessairement croître, avertit Kevin Caillaud, sociologue chargé de recherche à l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Mais qui pourra dire ce qu’il en sera en 2050 ? De multiples trajectoires sont possibles. L’histoire de Bordeaux et Lyon va servir d’exemple positif ou négatif. Nous aurons une réponse dans les cinq années qui viennent ».
Les usagers vont décider
Par cette baisse de consommation et par le manque d’eaux pluviales dans les réseaux d’assainissement dû à la création de bassin de rétention, les réseaux pourraient s’engorger par l’absence d’effet de chasse et devenir des nids à moustiques. Si ces réseaux ne sont pas entretenus, comme c’est le cas actuellement, on pourrait voir apparaître une gestion de l’eau à deux vitesses. « Les familles aisées pourraient se créer des systèmes autonomes, tandis que le reste de la population aurait un service dégradé », estime Kevin Caillaud. Pour ce faire, elles pourraient bénéficier des tentatives actuelles d’autonomie de bâtiments ou d’ilots en les isolant des autres quartiers. Le concept de “reuse”, la réutilisation de la chaleur des eaux usées ou des eaux pluviales, avance même si, pour l’instant, l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, semble un peu frileuse en ce moment.
À suivre donc, même si l’avenir n’est jamais écrit.