Dans un contexte de transition énergétique, Ter’Green joue un rôle essentiel de catalyseur de projets de méthanisation territoriale. La nouvelle PPE remet-elle en question l’économie générale des installations ? Non, argumente Aurélien Lugardon, CEO Ter’Green et co-fondateur du Groupe Keon. A condition de cultiver une approche multi partenariale des projets.
Dans un contexte d’instabilité énergétique, quel rôle peut jouer Ter’Green dans le développement de la production et valorisation du biogaz ?
Si nous pouvons observer une mega tendance favorable au développement de la filière biométhane en raison d’un certain nombre de sujets devenus majeurs pour la France (l’indépendance énergétique, la transition écologique, la réduction des gaz à effet de serre, ou encore la substitution d’engrais chimiques par des engrais organiques), la micro-tendance actuelle illustre surtout que le développement de projets de méthanisation est fortement corrélé aux mécanismes de soutien des pouvoirs publics.
Revus à la baisse fin 2020 pour tous les contrats signés après le 24 novembre, non inflatés alors que les coûts d’investissement et d’exploitation ont augmenté de plus de 20 %, les nouveaux tarifs de rachat de biométhane démontrent qu’il faut s’adapter à un environnement de plus en plus complexe, donc investir beaucoup de temps, à la fois pour trouver l’équilibre économique des projets mais aussi pour les faire fonctionner, les financer, les sécuriser. C’est là qu’intervient Ter’Green.
Pure player de la filière biogaz, Ter’Green a pour objectif d’accompagner à l’échelon territorial les projets de méthanisation en créant des synergies fortes entre les acteurs locaux : agriculteurs, collectivités, industriels, énergéticiens.
Co-conçues, co-développées, co-financées, les solutions de production de biométhane que nous mettons en œuvre depuis plus de 15 ans démontrent que le défi ne concerne pas uniquement l’offre de technologies mais qu’une bonne coordination conduit dans tous les cas à rendre le développement des installations économiquement et écologiquement accessible.
Dans quelle mesure le groupe Keon intervient-il sur toute la chaîne de valeur ?
Le groupe Keon est une entreprise française indépendante dont l’objectif est de promouvoir la production et l’utilisation d’une énergie durable à partir de biomasse.
Organisé autour de trois filiales que sont Ter’Green, pour le développement et le financement des projets, Naskeo, pour la conception et la construction des installations, Sycomore pour l’exploitation et la maintenance, il dispose de toutes les ressources pour étoffer le parc des unités de méthanisation français dans une perspective de long-terme.
Ter’Green s’affirme aujourd’hui comme le chef d’orchestre dans la conception et le développement d’unités de méthanisation territoriale. Nous intervenons comme investisseur et avons comme caractéristique, ce qui est loin d’être le cas de tous les acteurs, d’accueillir au capital, de façon significative voire majoritaire, les collectivités territoriales et les agriculteurs.
Nous défendons un modèle qui, grâce à nos exigences tant métier que techniques, incite à inscrire tous les acteurs autour de la table dans une véritable dynamique de coopération, d’agrégation de compétences pour favoriser des schémas d’alliance locale vertueux, et ce tout au long du cycle de vie de l’installation.
La méthanisation est un métier qui se gagne heure par heure ! Il faut que ça tourne, il faut que ça produise si possible 8 760 heures par an. Et en même temps, il faut optimiser les coûts de production en actionnant différents leviers.
De par notre organisation métiers, matérialisée par Ter’Green, Naskeo et Sycomore, nous intervenons depuis la recherche du foncier, le financement, la typologie des réseaux de gaz, les gisements de déchets locaux, jusqu’à la construction, l’exploitation et la maintenance de l’installation.
Grâce à ce corps de conception et à l’agilité du groupe, nous disposons de tous les outils nous permettant d’assurer le bon développement de tous les projets de méthanisation portés par les territoires : qu’il s’agisse de projets de 100 Nm³ CH4/h, pour lesquels nous avons designé une offre standardisée Mono-Métha® visant à réduire les coûts de production, ou de projets collectifs à l’image de Dole Biogaz qui alimente 3 800 foyers et produit 27 000 tonnes de digestats/an.
En quoi le projet Dole Biogaz est-il emblématique ?
L’unité de méthanisation Dole Biogaz située à Brevans dans le Jura a injecté ses premiers mètres cubes de gaz vert le 10 juin 2021 dans le réseau de gaz naturel.
C’est une première pour le département du Jura et c’est un projet pour Ter’Green qui incarne véritablement notre modèle de fonctionnement. Autour de la même table, nous avons réuni la collectivité territoriale du Grand Dole, qui est actionnaire majoritaire, 19 exploitations agricoles localisées dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres et GRDF. Opérationnellement, la solution repose sur Ter’Green qui co-finance le projet, Naskeo qui a construit l’installation et sur Sycomore qui l’exploite en gestion déléguée.
Le gisement de matières organiques est estimé à 30 150 t/an dont 70 % du volume apporté par les actionnaires. La production annuelle vise 25 Gwh de biogaz et injectera 261 Nm³ de biométhane par heure, soit l’équivalent de 10 % de la consommation de la ville de Dole en hiver et 100 % en été.
On y développe également un certain nombre de procédés susceptibles de valoriser des intrants qui ont pour but d’optimiser l’existant ou d’améliorer le rendement de l’installation. Via la production de chaleur et d’électricité, l’unité pourra fournir la production d’engrais organiques stables issus du pré-traitement des digestats et devenir une source d’énergie renouvelable neutre vis-à-vis du CO2.
Sur les territoires et notamment dans le Grand Dole, nous notons l’intérêt croissant des industriels pour le biogaz provenant directement des unités. Ceci afin d’alimenter leur consommation de gaz combustible (générer de la chaleur). Cette démarche souligne l’accélération du besoin d’une offre de gaz compétitive et maîtrisée.
Quels objectifs vous fixez-vous à l’horizon 2026 ?
La production de biogaz est considérée comme le moyen d’atteindre l’objectif initial de 7 % de gaz renouvelables dans la consommation totale de gaz en France à horizon 2030, selon la PPE de 2020. Le nombre de projets en cours enregistré par Naskeo, la hausse de la demande en gaz vert et de BioGnv, sans oublier l’impérieuse nécessité de construire notre indépendance énergétique, favorisent la dynamique de cette activité.
En offrant une démarche parfaitement organisée, en totale synergie avec les acteurs territoriaux, Ter’Green a réussi à co-financer et à co-développer 13 projets depuis 2019. Nous souhaitons investir dans 50 nouveaux projets d’ici 2026 et doubler le parc d’activité de Naskeo d’ici là.
Je suis donc convaincu de l’avantage concurrentiel de notre modèle industriel.
