Les eaux des 4.135 piscines publiques françaises font l’objet d’une réglementation très stricte quant à leurs caractéristiques. Elles doivent subir toute une série de traitements dont le coût est assez variable puisqu’il se situe entre 5 et 8?euros le m3 traité et chauffé. Plusieurs solutions existent pour limiter ces dépenses.
« Le coût du traitement par m³ d’eau est très variable, selon l’âge de la piscine, sa vétusté, la température de l’eau sur le site » précise Jean-Michel Velay, Service Manager & Aquatic Manager chez Evoqua Water Technologies. « Mais le coût se situe généralement autour de 5 à 8 euros ».
Optimiser la mesure et la régulation des paramètres physico-chimiques
Les appareils sont communicants, ce qui permet d’avoir un accès en ligne et en temps réel aux suivis des différents paramètres.
Limiter le taux de chloramines
La première méthode de traitement consiste à utiliser les UV pour détruire les chloramines. UVGermi, Bio-UV, Abiotec, Cifec, Comap, Eufor Inter (Hanovia) proposent des réacteurs UV dédiés aux piscines recevant du public. « Les UV ont deux propriétés : la désinfection (la destruction des bactéries, des virus, etc.), et la destruction des chloramines » précise Delphine Cassan, Responsable scientifique piscines publiques de BIO-UV France. « Pour respecter le seuil des 0,6 mg/l de chloramines, les piscines rajoutent souvent de l’eau potable dans les bassins, dont le prix du m³ se situe entre 5 et 10 euros, ce qui est évidemment très onéreux. Pour éliminer les chloramines, BIO-UV propose des destructeurs de chloramines. Tout le débit de la piscine passe à l’intérieur de cet appareil, toutes les 30 min, 1h, 1h30, en fonction des types de bassins » ajoute Delphine Cassan.
En fonction de la capacité de la piscine, les économies réalisées peuvent représenter plusieurs milliers d’euros, et l’appareil peut être amorti entre 6 mois et 3 ans. BIO-UV a été la première entreprise en France à avoir proposé ce type de produit et à obtenir l’agrément du Ministère de la Santé. Aujourd’hui, BIO-UV a équipé plus de 3.000 établissements avec ce type d’installation.
UV Germi s’est également spécialisé dans l’utilisation des UV pour éliminer les chloramines. « Nous travaillons sur la technologie UV basse pression, dont l’avantage est de consommer moitié-moins d’énergie pour un résultat équivalent » explique Guerric Vrillet, Directeur technique. « Et nous avons développé depuis 3 ans un dispositif de régulation en continu en fonction du taux de chlore combiné. Cela permet d’abaisser encore la consommation électrique de 20 à 30 % ».
Autre technologie possible pour éliminer efficacement la formation de sous-produits : l’ozone, qui est le désinfectant le plus puissant pour détruire le chlore combiné dans l’eau. C’est notamment la méthode proposée par le groupe BWT, ProMinent ou Xylem à travers sa marque Wedeco. « Ce traitement est la solution optimale car l’ozone détruit efficacement les bactéries, virus et chlore combiné avant de revenir à sa forme initiale qui est l’oxygène » explique Claude Klein, Responsable Marketing et formation chez ProMinent France. « L’ozone ne créé donc aucun sous-produit dans l’eau et la qualité de l’air au bord des bassins est remarquable car quasi absente de trichlorures d’azote ».
L’ultrafiltration
L’ultrafiltration permet ainsi de réutiliser les eaux de lavage de filtre à lit épais pour re-laver ces mêmes filtres, ce qui permet des économies d’énergie et donc de limiter les coûts de fonctionnement. Cette méthode est notamment proposée par Evoqua Water Technologies, Syclope Electronique, ou encore ProMinent.
« Evoqua Water Technologies est la première société à avoir reçu l’autorisation du gouvernement pour utiliser cette technologie » explique Jean-Michel Velay. « On récupère l’eau, on la nettoie, et nous l’utilisons à nouveau pour laver les filtres ». Intervenir sur les filtres peut ainsi permettre de grandes économies. Pour aller plus loin, Evoqua Water Technologies s’apprête à importer un nouveau genre de filtres mis au point aux États-Unis : il s’agit des filtres Defender, qui présentent de nombreux avantages. En premier lieu, ces filtres qui utilisent la perlite comme méthode de filtration, n’ont pas besoin d’être retro-lavés, permettant ainsi de faire des économies considérables en eau : jusqu’à 90 %. En outre, ces filtres impliquent de faibles coûts d’exploitation, un faible encombrement, ne nécessitent pas de floculant, et permettent une haute qualité de filtration (<1µm) (cf encadré).
Optimiser le pompage
Grundfos a ainsi développé une approche qui consiste à optimiser l’utilisation des moteurs, pour qu’ils ne tournent pas en permanence à 100 % mais qu’ils s’adaptent aux besoins de l’installation pour économiser ainsi de l’électricité. Grundfos propose des pompes avec des moteurs type MGE, des moteurs à très haut rendement de classe IE5. « Ces moteurs, qui ont de très hauts rendements par rapport aux moteurs classiques asynchrones, intègrent des fonctionnalités innovantes uniques et permettent de faire de substantielles économies d’électricité » précise Spyridon Kranias, Chef de Marché Eau chez Grundfos. Le retour sur investissement peut être ainsi de quelques mois, et ce genre de matériel permet d’économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’année.
Éviter la sur-stabilisation de l’eau
Le groupe Lonza est le premier fabricant mondial d'hypochlorite de calcium. « Beaucoup de piscines sont traitées de cette façon en France et ailleurs actuellement » explique Caroline Beauval, Responsable Marketing Europe. « On observe un gain immédiat sur les renouvellements d’eau. Par ailleurs, le traitement à l’hypochlorite de calcium offre une bien meilleure préservation des équipements et des revêtements vis-à-vis de la corrosion ».
Une piscine traitée avec des chlores organiques libérant du stabilisant se trouve sur-stabilisée au bout de 5 mois de traitement environ, durée après laquelle il faut vidanger au moins la moitié, voire la totalité du bassin. Le traitement à l’hypochlorite de calcium peut donc permettre de faire des économies d’eau conséquentes et évite également la fermeture temporaire du bassin.
La chloration au chlore gazeux : la sécurité avant tout
L’utilisation de vanne modulante telle que celle proposée par Eurochlore permet un dosage précis et automatique (en fonction du taux de chlore résiduel mesuré par l’analyseur). Contrairement à d’autres produits désinfectant, le chlore gazeux n’entraîne pas de surconsommation de produit régulateur de pH. Sa manipulation est facilitée et sécurisée grâce à l’utilisation des chloromètres de sécurité développés par Eurochlore : le passage de l’eau à désinfecter sous pression créée un vide qui permet d’aspirer le chlore de la bouteille. Tout manque d’étanchéité entraîne alors la fermeture du système et interdit toute fuite de chlore. Les bouteilles de chlore sont stockées dans des armoires de sécurité indépendantes réservées à cet usage. Le personnel intervenant sur une bouteille de chlore doit suivre une formation spécifique. Eurochlore propose également des solutions techniques sur mesure, notamment des armoires de sécurité chlore sur mesure avec l’ensemble des équipements de chloration et de sécurité.
Chez Lutz-Jesco, les chloromètres C2213 pour bouteille de 49 kg à raccord par écrou fou, les vannes modulantes C7700 à pointeau équipées de rotamètre et à commande 4-20 mA sont des matériels sûrs et fiables pour le dosage du chlore gazeux de 80 g/h à 4 kg/h. Le détecteur de fuite EasyCon GW, associé au dispositif ChlorStop, assure quant à lui la sécurité au niveau du stockage et la protection de l’installation de dosage aval.
Grundfos propose ainsi une solution sécuritaire avec sa gamme d’électrolyseurs Selcoperm pour le traitement de désinfection de l’eau. Le Selcoperm assure une exploitation plus aisée et sécurisée puisque l’opérateur ne manipule que de l’eau et du sel de qualité alimentaire, utilisés pour générer la solution de désinfection d’hypochlorite de sodium diluée sur site et à la demande. Malgré un investissement initial plus important en équipement, cette solution s’avère, au global, moins onéreuse, car elle supprime le besoin de réapprovisionnement en réactifs chimiques, donc des coûts d’achats et de transports.
Dinotec propose également une gamme complète d’électrolyseurs, à cellule tubulaire ou à membrane, susceptibles de produire une solution désinfectante in situ. La nouvelle technologie Marathon, développée par Dinotec et brevetée, permet d’augmenter notablement le rendement des systèmes à cellules à membrane. Elle contribue à augmenter nettement la durée de vie des installations tout en abaissant jusqu’à 15 % de la consommation d’énergie en réduisant non seulement le courant mais aussi la tension d’électrolyse et ainsi les cycles de montée et de baisse de régime. Cette gamme bénéficie d’une garantie totale de 5 ans, y compris sur la partie de la membrane, le composant le plus essentiel du système.
La législation française, un frein persistant
Pour Jean-Michel Velay, « En France, quand on veut mettre en place un nouveau produit, il faut être conforme à une législation très ancienne qui date de 1981, c’est très compliqué, Il faut généralement de nombreuses autorisations pour proposer un nouveau produit, ce qui rend l’innovation difficile ».
Même constat pour Claude Klein, ProMinent : « D’autres réglementations ailleurs dans le monde sont plus flexibles. En Allemagne par exemple, il est possible de réduire le débit de filtration la nuit quand il n’y a pas de fréquentation dans le bassin ou de réduire la consigne de chlore avec un traitement complémentaire à l’ozone, ce qui permet de réduire les coûts ». Pour pouvoir proposer de nouvelles technologies dans les piscines publiques qui pourraient permettre d’optimiser les coûts sans générer de perte de qualité ni augmenter les risques, il faudrait donc que la réglementation puisse évoluer.
D’autant que ce statu quo réglementaire ne garantit pas un bilan sanitaire satisfaisant.
Malgré les nettes évolutions technologiques intervenues depuis 20 ans, le bilan sanitaire des piscines reste médiocre. « La fiabilité des techniques est rarement en cause, ce qui pèche c’est la maintenance des équipements, la formation des exploitants et la gestion de la fréquentation, estime Patrice Dupuis chez Consult’eau, entreprise de conseil, d’expertise et de formation en gestion de l’eau. Pire, l’entretien se situe bien souvent très en deçà des besoins, faute de personnels, et l’hygiène des baigneurs n’est pas suffisamment contrôlée : une simple douche à l’eau claire, sans savon, élimine 80 % des polluants apportés. Or, l’ennemi absolu, dans une piscine, ce n’est pas le germe en-soi, mais bien la matière organique qui le nourrit et forme plus de 600 sous-produits de chloration dangereux ». Certains pays, comme l’Allemagne, par ailleurs très stricts lorsqu’il s’agit de qualité de l’eau, offrent de bons exemples sur ce qu’il serait possible de faire en la matière.