La même appellation de data logger recouvre des réalités très différentes en termes d’utilisations, de fournisseurs et d’orientation technologique. A chaque besoin son enregistreur autonome.
Puis ces appareils ont évolué car on leur a demandé, d’abord, de communiquer par radio les données à l’agent releveur, et ce même à travers le sol, une plaque de fonte ou la paroi bétonnée d’un château d’eau, puis de les transmettre à distance vers des outils de supervision via des réseaux de télécommunication, lesquels évoluent eux-mêmes de plus en plus vite. Dans le même temps, ils devaient avoir une autonomie toujours accrue et accepter des entrées de types variés : 4-20 mA, modbus, etc. « Aujourd’hui, un data logger gère le capteur, l'alimentation du capteur, sa propre alimentation, la transmission de données, et de plus en plus leur prétraitement. Il envoie des alarmes, communique l'état de santé des capteurs… Potentiellement, on lui demandera bientôt d'actionner une vanne ou un préleveur d'échantillon. Le terme est resté le même mais l'appareil a beaucoup changé » résume Christophe Magniez, responsable produit des data loggers chez Lacroix. « Initialement on demandait simplement à l’enregistreur d’acquérir des données brutes mais on va de plus en plus vers une “intelligence” intégrée : prises de mesure à pas de temps différents en fonction de seuils, envois d’alarme, gestion de l’énergie » renchérit Joan Pétringer, directeur commercial “Hydrologie” chez Paratronic.
Partir des besoins du terrain
Avant d’opter pour tel ou tel appareil, il convient donc de s’interroger sur ce que l’on veut vraiment faire avec. S’agit-il de réaliser une campagne de mesures (recherche d’eaux parasites, impact des précipitations sur un réseau d’assainissement, par exemple, ou topographie d’un réseau de distribution d’eau potable) ou au contraire veut-on suivre en continu, voire piloter son installation ? Alain Cruzalebes, dirigeant de Perax Technologies distingue ainsi trois catégories de produits ayant chacune leur place, représentant trois marchés avec leurs propres fournisseurs et leurs propres applications. L’enregistreur pur, que l’on “décharge” en y branchant un PC, est adapté aux campagnes de mesure des bureaux d’études. L’appareil que l’on peut interroger sans fil en passant à proximité est plutôt destiné au relevé des compteurs, lorsqu’il s’agit de “lire” automatiquement des appareils nombreux et densément répartis. Enfin le data logger transmettant ses données vers des postes centraux via les réseaux de télécommunication est indiqué pour les installations isolées où l’envoi régulier d’un agent coûterait bien plus cher que l’installation d’un appareil.
VonRoll hydro, qui est fabricant de matériel de recherche de fuites, propose ainsi au sein de sa gamme une série de data loggers dont la particularité est de pouvoir interfacer n’importe quel type de capteur (pression, débit, hauteur de réservoir…) pour surveiller des réservoirs isolés et transmettre les données enregistrées via GPRS. IP Systems s’appuie sur la technologie RTU de son partenaire Ovarro pour garantir le fonctionnement des automates dans n’importe quel environnement. PLM Equipement offre quant-à-lui un kit de location de datalogger afin d’analyser de la qualité de l’air intérieur d’une installation et de mesurer les paramètres de température, d’humidité relative, de pression atmosphérique, de CO2 (dioxyde de carbone) et de CO (monoxyde de carbone).
Une évolution convergente ?
Ijinus a ainsi présenté à Pollutec sa nouvelle gamme V4. Si l’apparence extérieure reste la même, le nouveau LOG est doté d’un modem compatible avec la 4G, voire la 5G, en LTE-M ou NB IoT. Sa mémoire passe à un million de mesures et Ijinus garantit désormais une autonomie de 10 ans, l’appareil étant de plus doté d’une jauge numérique de consommation énergétique. Simplification de la gamme également : alors que la génération précédente (V3) comportait une référence par type d’entrée (4-20 mA, modbus… ), le même appareil a désormais toutes ces capacités. « Au total, le data logger se transforme en une sorte de mini-automate. Les clients nous demandent en effet de pouvoir brancher plusieurs capteurs sur un même appareil et de recevoir une alarme en cas de dépassement de seuil. Ils souhaitent aussi que le logger règle lui-même la fréquence des mesures, en l'augmentant en cas d'anomalie. Le tout en consommant moins d'énergie, en communicant plus vite et en étant capable de s'adapter aux nouveaux canaux de télécommunication » énumère Matthieu Zug. Ijinus étant essentiellement focalisé sur l’assainissement urbain (et les eaux superficielles) avec cette nouvelle gamme, le fabricant entend renforcer ses positions sur l'eau potable. Ses clients restent les mêmes : les grands traiteurs d’eau, des bureaux d’étude réalisant des opérations de diagnostic et bien sûr les distributeurs/installateurs. A cela s’ajoutent de grandes collectivités en régie directe comme Rennes, ou des SPL (société publique locale) et des EPCI (Établissement public de coopération intercommunale).
Dans la catégorie des automates autonomes et connectés, Hydreka propose le DTU2 4G/3G/2G dédié à l’autosurveillance des réseaux d’eau potable, d’assainissement, industriels et des milieux naturels. De conception robuste, IP68 et autonome jusqu’à 5 ans via batteries internes, le DTU2 permet la connexion d’une multitude de capteurs en simultané (vitesse, radar de niveau, pluviomètre, préleveurs, physico-chimie…). « Facilement déployable et programmable via l’Ecosystème Winfluid NG, les fonctionnalités de gestion d’alarmes, d’envoi des données sur la majorité des systèmes de supervision et de rapports automatiques en font une solution efficiente dans la réduction des coûts opérationnels et la gestion de plusieurs sites d’exploitation », assure Korentin Jolivet, responsable marketing et communication.
Lacroix présent sur toute la chaîne du capteur à la supervision centrale, a également profité de Pollutec pour présenter la nouvelle génération de ses enregistreurs autonomes, les DL4W. Sans grande surprise, ils gardent la même plateforme matérielle que la génération précédente mais communiquent désormais via la 4G, plus précisément les réseaux LTE-M et NB IoT. « Leur capacité de calcul a augmenté, de manière à pouvoir envoyer des informations “prémâchées” au niveaux central et gérer au mieux leur énergie » ajoute Christophe Magniez. « Les premiers data loggers de cette génération ont été expédiés en Espagne et en Arabie Saoudite où il y a une attente forte pour de la communication machine to machine en 4G. Dans les deux cas, nous en avons fourni plusieurs centaines » précise Benoît Quinquenel, chef de projets Digital & communication chez Lacroix.
Paratronic s’est lancé dans le data logger communicant pour la surveillance de la ressource en eau : nappes phréatiques puis eaux de surface. Depuis deux ans, la firme propose son enregistreur multiparamètres LHC. Au menu, des mesures de niveau, de température, de pression et maintenant de conductivité. Initialement conçu pour la 3G, le LHC évolue lui aussi vers la 4G. « Nous équipons le Conseil départemental des Landes pour le suivi de la ressource en eau (nappes). Le Conseil départemental de l’Hérault utilise aussi des enregistreurs LHC : la mesure de conductivité permet de suivre l’évolution des intrusions salines dans les nappes » précise Joan Pétringer.
Pour le suivi de la qualité de l’eau en bassin aquacole notamment, Aqualabo propose la solution autonome de communication sans fils LoRa Aquaconnect. Sur les chantiers de dragage ou cours d’eau naturelle, son Log-Aqua permet de connecter jusqu’à 4 capteurs numériques dont les données sont visibles sur un Cloud sécurisé. L'utilisateur peut en outre régler des alertes et être averti en cas de dépassement de seuil.
Le data logger Transfer de Chauvin Arnoux permet quant-à-lui de piloter les mesures de conductivité et de température du CA 10141. Il offre toute une librairie de formats de fichiers afin de sélectionner le format le plus adapté à l’application d’analyse visée.
Une autre vision
Perax propose son logger DeltaX, capable de communiquer en 4G (LTE-M) mais toujours opérationnel avec la 2G pour s’adapter au réseau présent sur chaque site. Il utilise le protocole standard MQTT, le rendant interopérable avec de nombreux objets connectés, superviseurs et plateformes IoT. Le même appareil peut être déployé sur les réseaux d’eau potable, d’eau usée ou pour tout autre application, ce qui facilite la maintenance du parc. Au-delà des applications classiques de sectorisation et de surveillance des déversoirs d’orage, Perax vend des data loggers à des fabricants de petites stations de retraitement de l'eau destinées à l'exportation vers l'Afrique. « La ville de Mont-de-Marsan utilise aussi le DeltaX pour surveiller un système quasi autonome de chloration de l’eau potable : vérifier le remplissage du réservoir, suivre le taux de chlore injecté, les fuites de chlore… » ajoute Alain Cruzalebes.