Les piscines publiques peuvent être un gouffre financier pour les collectivités. Les performances du traitement de l’eau participent à la réduction des coûts de fonctionnement, comme le suivi de la désinfection ou le pilotage prédictif des installations. Tour d’horizon des solutions proposées sur le marché.
C ’est l’une des conséquences
de l’explosion des prix de
l’énergie: à la rentrée scolaire 2022, des dizaines de piscines
publiques ont été contraintes de fermer
leurs portes. Certaines temporairement,
d’autres annoncent déjà qu’elles n’ouvriront pas à l’été 2023. Souvent chauffées au gaz, les piscines sont en effet
des équipements très énergivores pour
les collectivités et leur délégataire qui
gèrent les 4000 établissements publics
implantés en France. Si l’eau potable a
un coût, il faut prendre en considération
que l’eau de la piscine est une eau chauffée et traitée. Son coût de revient se
situe entre 8 et 11 € HT/m3
soit presque
trois fois le coût de l’eau de ville.
La performance du traitement des
eaux de piscine participe fortement à la réduction des coûts de fonctionnement du site. D’après le rapport publié
conjointement par EDF et l’Association
nationale des élus en charge du sport
(Andes) en 2021, l’écart peut représenter entre 7000 m3
et 9000 m3
d’eau
annuelle en moins, soit environ 25000
à 30000 € d’économie globale. Quelles
sont les technologies de traitement les
plus efficaces ? Et quels avantages économiques peut-on en attendre?
DES ÉCONOMIES DE LAVAGE SUR LE MÉDIA FILTRANT
Pour répondre aux normes de la réglementation, l’eau doit subir plusieurs
étapes de traitement: filtration, désinfection, déchloramination. Pour la première étape, le filtre à sable équipe
encore 80% des piscines devant les
diatomées ou les granulés de verre et
désormais la céramique ou les filtres à
perlite. «Il y a 15 ans, nos clients optaient
exclusivement pour le sable. Désormais,
ils sont plus nombreux à plébisciter
d’autres médias filtrants comme les
granulés de verre qui offrent l’avantage
d’être faciles à laver, et donc plus économiques en eau de lavage», commente
Daniel Koessler, président de la société
Procath qui en tant que spécialiste de la
protection cathodique interne de filtre
propose une technologie favorisant la
maitrise des coûts d’exploitation avec
une garantie à vie de non-corrosion
interne.
Gaches Chimie a publié une étude comparative sur deux piscines équipées de son procédé GARO®Filtre en remplacement du filtre à sable, et permettant une optimisation de l’efficacité de filtration à 15 µm. Créée en 1948 et spécialisée dans la distribution de spécialités chimiques, cette société fabrique depuis 2005 des granulés de verre à partir de verre recyclé, et compte déjà plus de 500 piscines publiques équipées. Ces deux piscines phare, celle de Chartresde-Bretagne (35) et celle de Muret (31), sont passées en GARO®filtre respectivement en 2015 et 2010. «Certes, ces références sont anciennes, mais nous avons eu beaucoup de difficultés à trouver des sites qui pouvaient fournir suffisamment de données sur le débit, l’efficacité de traitement et la consommation énergétique pour permettre une comparaison. L’évolution des marchés publics vers des marchés globaux de performance énergétique et la mise en œuvre du décret tertiaire, on l’espère, permettra la mise en place de plus d’indicateurs de suivi des consommations (eau, énergie) ce qui facilitera le comparatif», commente Carinne Mangeruca, ingénieur chez Gaches chimie. D’après cette étude, les économies moyennes en consommation électrique réalisées par rapport à un filtre à sable s’élèvent à 28% pour la piscine de Chartres-de-Bretagne (35), et 21% pour la piscine de Muret (31). «Les filtres équipés de GARO®filtre présentent des pertes de charges moindres qu’avec des masses filtrantes comme le sable ou du verre moins calibré. La montée en pression au cours du cycle de filtration est plus progressive qu’avec du sable, ce qui s’accompagne d’une réduction de la consommation électrique des groupes de pompage», justifie Carinne Mangeruca.
La consommation d’eau au lavage du filtre par rapport au volume total de l’eau de renouvellement est aussi réduite. Pour la piscine du Muret, les économies d’eau correspondent à 30% d’eau par jour et par baigneur. La piscine de l’Île Bleue à Seynod-Annecy (74) équipée par la société Hydraco présente elle aussi des résultats satisfaisants. En 2020, la société a remplacé les anciens filtres à diatomées par ses filtres de nouvelle génération. Depuis, les consommations d’eau sont réduites de plus de 40% indique la direction de la piscine. «Notre procédé breveté de décolmatage consiste à introduire de l’air pulsé par une turbine à l’intérieur des éléments filtrants. Ainsi, l’équilibre des pressions Air et Eau s’établit de manière à rompre le gâteau constitué de diatomées et des matières retenues et de l’expulser dans le fond du filtre pour être évacué vers l’égout» explique Bruno Quardon, président de la société Hydraco. Tout ce process est entièrement automatisé hormis l’opération de chargement de la diatomée qui doit être remplacée toutes les deux semaines.
La poudre de diatomée, bien que performante, oblige le personnel à prendre des précautions particulières, lors de la manipulation des sacs et du chargement des filtres, en se protégeant des émissions de poussières nocives pour la santé. Le fabricant étudie d’ailleurs en ce moment une alternative qui à terme pourrait remplacer la diatomée dans ses filtres. «Nous avons réalisé dans nos filtres, sur le site pilote de la piscine de Colombes (92) et également à la piscine du Polo de Paris (75) des essais comparatifs entre la diatomée et une autre solution biosourcée, complètement novatrice en France. Les résultats observés sont très prometteurs : sur le plan physico-chimique, les performances sont identiques à celles de nos filtres à diatomées, mais ce nouveau produit qui est biodégradable, s’avère plus économique et surtout n’est pas dangereux sous sa forme volatile» révèle le directeur.
Car contrairement au sable, les filtres à diatomées ou à perlite consomment moins d’eau grâce à la suppression des opérations de rétrolavage. Les fournisseurs ancrés dans le domaine sont bien connus. On peut citer notamment Cifec, Evoqua, Pentair ou encore Tecnofil Industries, qui, pour réduire le coût global des projets propose des filtres à diatomée avec démontabilité inférieure totale. En 60 ans, Cifec a équipé des centaines de piscines publiques de filtres à plateaux permettant de filtrer avec une finesse au micron, en ne consommant pas d’eau de lavage et avec une perte de charge très faible. «Pour la nouvelle piscine AquaLens, l’un des filtres d’un débit de 700m3 /h et d’un diamètre de 2,5 m permet d’économiser par rapport à un filtre traditionnel: 63 m2 au sol, 9000 m3 /an d’eau, 96 MW/an d’énergie, soit un gain de 77 k€/an, avec un retour sur investissement de seulement 2 ans» fait valoir Luc Derreumaux, président de la Cifec. Le même souligne: «ces filtres, garantis 10 ans, sont maintenant en inox pour une durée de vie supérieure à 30 ans et intègrent de nombreuses innovations permettant de faciliter l’exploitation comme le décolmatage à l’air, ou l’AspiSecur (breveté) permettant le chargement du filtre en toute sécurité, sans avoir à s’exposer au média filtrant, qui peut-être des diatomées ou de la perlite».
Evoqua, de son côté, défend la Perlite, dont les filtres Defender équipent déjà plusieurs milliers de bassins dans le monde. «La perlite est composée de roche volcanique absolument neutre sur le plan de la santé. Elle ne nécessite, elle non plus aucun contre-lavage, portant la consommation annuelle d’eau de filtration d’un bassin olympique à seulement 40 m3 pour un débit de filtration de 520 m3 /h, et à seulement 11 m3 par an pour un bassin ludique ayant un débit de filtration de 180 m3 /h, ce qui est drastiquement moins qu’une filtration à sable ou aux granulés de verre, assure Jérémie Machemy, directeur commercial. Le différentiel de pression dans le filtre étant moins important que dans un filtre à sable ou billes de verre, la consommation électrique des pompes est réduite d’environ 50%. Autre avantage, la perlite doit être changée toutes les 6 à 8 semaines, en une demi-heure à peine par une manœuvre quasiment automatique (hormis l’ouverture de quelques vannes), puis est évacuée par le système d’eaux usées pour un retraitement classique ».
De par leur conception et leur principe de fonctionnement, les nouveaux filtres régénératifs à perlite de Syclope offrent d’importantes économies d’eau, d’énergies, de réactifs chimiques tout en réduisant considérablement l’encombrement au sol nécessaire pour une qualité de filtration optimale. Comparés aux filtres classiques, Julien Moussin, directeur commercial entend exposer leurs avantages : «équipés d’un système de décolmatage breveté permettant de ne plus consommer d’eau pour les rétro lavages, ils réduisent jusqu’à 90% les consommations d’eau, 50% des dépenses énergétiques associés à des pompes à variation de fréquence et jusqu’à 30% d’économies de produits chimiques, grâce à sa meilleure qualité de filtration (1 µm vs 30 µm pour le sable), qui permet de limiter la consommation de produits chimiques (chloration, correction pH) et de s’affranchir de floculant. Sans compter le gain de place, estimé à 75% pour traiter des débits allant de 8 m3 /h (ø 315 mm) jusqu’à 514 m3 /h avec un seul filtre (ø 1600 mm)».
APRÈS LA FILTRATION, LA DÉSINFECTION
Même si l’eau utilisée dans les piscines a été traitée et que les premières mesures telles que la douche obligatoire et l’hygiène des baigneurs ont été respectés, il faut limiter les précurseurs des chloramines et désinfecter l’eau. Plusieurs produits ou procédés de traitement sont mentionnés dans la réglementation, mais in fine c’est majoritairement du chlore qui doit être injecté dans le réseau hydraulique du bassin, sous forme gazeuse ou d’eau de javel. «L’usage du chlore gazeux sous vide a été généralisé depuis que la Cifec a introduit, dans les années 70 sur le marché français, le chloromètre qui n’est pas un appareil de mesure, comme son nom pourrait le faire croire, mais un appareil permettant de doser (régler) la quantité de chlore injectée, en le soutirant en sécurité d’une bouteille que s’il est raccordé à une source de vide, l’hydroéjecteur. La facilité d’exploitation et la faible maintenance de cette technique permet de faire des économies d’exploitation et de fiabiliser le traitement» rappelle Luc Derreumaux.
Le taux de chlore actif doit être maintenu entre 0,4 et 1,4 mg/l. Le taux de pH doit lui, se situer entre 6,9 et 7,7. «Contrairement à d’autres produits désinfectants, le chlore gazeux est pur à 99,9% et n’entraîne pas de surconsommation de produit régulateur de pH. La désinfection au chlore gazeux est la spécialité d’Eurochlore depuis plus de 30 ans. Nous proposons un service complet, approuvé par les piscines en régie, comprenant la distribution de chlore gazeux, la fourniture d’équipements de chloration, la pose, la mise en service et l’entretien. Nos chloromètres assurent une distribution du chlore en dépression. Ce qui permet une aspiration du chlore et le maintien d’une étanchéité parfaite des conduites de chlore gazeus. Il s’agit pour l’utilisateur d’avoir un équipement fiable et facilement manipulable pour assurer le traitement en continu de sa piscine.
Notre savoir-faire s’étend également à la formation sécurité chlore et au conseil dans l’application des réglementations en vigueur», défend Yannick Chaffraix, responsable commercial et administratif chez Eurochlore. Spécialiste du chlore gazeux depuis plus de 75 ans, Gazechim Gaz Liquéfiés possède un véritable savoir-faire et un service de proximité qui s’appuie sur cinq plateformes de distribution, trois centres de production et une organisation de transport en mode tournée. La filière chlore gazeux française possède une grande capacité de production en France de 1400000 Tonnes réparties sur 9 sites de fabrication. Le chlore gazeux est conditionné dans des bouteilles en acier forgé sans soudure équipées de robinets à ouverture manuelle. Retenu par les nouveaux centres aquatiques modernes et écoresponsables en raison de sa simplicité et sa sécurité d’utilisation, le procédé chlore gazeux est installé dans plusieurs nouveaux établissements qui ouvrent leurs portes ce mois-ci: AquaMédoc, La Salamandre à Vitry Le François, Le stade Nautique de St Raumain en Gal, Nancy Thermal.
La CIR propose un ensemble complet de chloration gazeuse avec sa gamme Clorus. Les équipements sont pré-montés au maximum sur panneau pour faciliter l’installation et l’exploitation. «Le chlore gazeux a l’avantage d’être un produit stable, inaltérable et très efficace, rappelle Stéphane Audic. Il ne nécessite pas de générateur in situ ce qui simplifie l’installation et surtout l’exploitation. Avec le Clorus, nous travaillons sur la précision de nos injections de chlore gazeux et sur la qualité de la régulation en nous associant avec des fabricants d’analyseurs de chlore ampérométriques ou photo-colorimétriques proposant une mesure de qualité. Une bonne boucle de régulation chlore repose sur un chloromètre fiable, une analyse précise et une bonne programmation de régulation. Vous pouvez ainsi maintenir un taux précis et régulier de chlore dans le bassin ce qui tend à diminuer la consommation de chlore et d’eau de renouvellement.
Nous complétons toujours par un service d’entretien expérimenté afin de pérenniser l’efficacité des installations au cours des années». La gamme Osec de chez Evoqua est également bien adaptée pour la chloration de l’eau des piscines car elle transforme directement sur place du sel de cuisine inoffensif en chlore, en hydrogène et en hydroxyde de sodium en toute sécurité. « Souvent, nous rencontrons des collectivités ou des établissements privés qui nous font part de deux principales problématiques : la manipulation et le stockage de produits chimiques, dont ceux à base de chlore qui mettent en danger les agents techniques sur place, l’approvisionnement en chlore qui devient de plus en plus difficile. Pour ces raisons, et parce que les désinfectants à base de chlore restent indispensables pour le bon traitement de l’eau des bassin, les générateurs de chlore in-situ de Syclope prennent tout leur sens, confirme Julien Moussin. Le générateur de chlore in-situ produit de l’hypochlorite de sodium à partir d’une saumure saturée en sel via le phénomène physique d’électrolyse. Cela permet de désinfecter les piscines par le chlore de façon toujours aussi qualitative mais en évitant toute manipulation de produits chimiques dangereux ».
La société MP Technic, en partenariat avec Fluidra, a conçu Chlor’In, un électrolyseur innovant, qui s’est vu décerné le 2ème prix du «Pool Innovation Award» au Piscine Global Europe 2022. Le sel est directement placé dans une chambre d’électrolyse, ce qui permet de diviser sa consommation par 10 par rapport à un électrolyseur classique: 30 kg de sel permettent de traiter un bassin de 100 m3 pendant 6 mois sans utilisation ni stockage de produits chimiques. Le système breveté assure également la teneur en sel dans l’eau la plus basse du marché (0,2 à 0,3 ppm), ce qui diminue considérablement la corrosion et prolonge ainsi la durabilité des équipements. «Pour la santé des utilisateurs, et notamment des enfants qui peuvent avaler plusieurs litres d’eau de baignade, cette diminution du sel est aussi un avantage.
De même qu’en cas de rejet, une eau moins salée a un impact réduit sur l’environnement» souligne son concepteur Michel Poyet, ingénieur dans ce domaine depuis près de 30 ans. Déjà installé dans de nombreuses piscines privées, Chlor’In s’adapte parfaitement à tous types de bassin et trouve de nouvelles applications pour la désinfection naturelle dans tous les domaines y compris municipal. Inovative Water Care solution piscine, qui est producteur d’hypochlorite de calcium depuis plus de 95 ans, a développé un chlore sous forme solide ultra concentré (de 60 à 70% de chlore actif) qui présente l’avantage d’une manipulation moins risquée, mais aussi un très grand gain en stockage, et la lutte contre la sur-stabilisation (Isocyanurates). Pour un traitement de l’eau optimal, la marque propose ainsi un doseur de chlore de la gamme easifloTM couplé avec des briquettes l’hypochlorite de calcium au dispositif anti-calcaire. Evoqua a opté de son côté pour des systèmes d’électrolyse à technologie membranaire qui eux produisent un chlore avec un très faible taux de chlorures, permettant de respecter facilement la réglementation qui impose de rester en deçà de 250 mg par litre.
SUIVI DES CONSOMMATIONS
«Pour faire des économies de gestion, la première chose à mettre en place, ce sont des compteurs et un suivi des consommables», rappelle Carinne Mangeruca chez Gaches Chimie. Sur ce marché, Endress+Hauser propose notamment le capteur numérique avec la technologie Memosens CCS51D pour la mesure du chlore libre, et un nouveau modèle intitulé CCS53D dédié au chlore total. «Nos capteurs ont gagné en qualité de conception sur la membrane et les soudures. La maintenance en est nettement réduite. Désormais, les membranes ne doivent être remplacées qu’une fois par an, contre tous les 3 à 6 mois auparavant», résume Matthieu Bauer, chef de marché environnement chez Endress+Hauser. Autre avantage, la qualité de l’électrolyte utilisé dans la cellule ampérométrique réduit le risque de dépolarisation, garantissant ainsi une réponse rapide et précise même après plusieurs semaines sans présence de chlore, pour le dosage des désinfectants. Chauvin Arnoux recommande son stylo pH-mètre CA 10101 qui en quelques clics mesure et affiche instantanément les valeurs de pH compensée en température (°C ou °F) grâce à son extrémité munie d’une électrode combinée avec sonde de température intégrée, de 12 cm de long. La calibration est automatique (jusqu’à 3 points) et par un seul appui sur la touche CAL.
Chez Hanna Instruments, le BL122 est un instrument de régulation automatique tout en un, avec pompes doseuses, spécialement conçu pour piscines privées et publiques jusqu’à 200 m3 . «C’est le seul contrôleur au monde équipé d’une électrode combinée pH/rédox numérique avec capteur de température intégré et entrée différentielle», souligne Eric Ulrich, marketing et communication. De son côté, le constructeur de matériel d’analyse Swan privilégie la technologie colorimétrique pour les mesures du chlore en piscine. Ses solutions, couramment utilisées dans le milieu industriel, font partie de l’offre historique du fabricant. Contrairement aux capteurs ampérométriques, la technologie ne nécessite pas de calibrage. «Un capteur ampérométrique nécessite une intervention au minimum une fois par semaine, alors que notre technologie implique juste un changement mensuel des réactifs», explique Guillaume Schneider, responsable des ventes chez Swan. Les moniteurs AMI Codes-II CC sont des photomètres en ligne pour le contrôle automatique et continu du chlore libre, de la chloramine, et du chlore résiduel total. «À partir du résultat des mesures, le gestionnaire peut piloter le dosage des produits ou de ses équipements de désinfection, et ainsi réduire ses coûts de fonctionnement», poursuit-il. «Les analyses ponctuelles des eaux de piscines sont importantes réglementairement et pour garantir une eau de qualité notamment pour les installations dépourvues de systèmes d’analyses en continu. Elles peuvent être réalisées de manière simplifiées et rapides grâce à l’utilisation du SL1000. L’utilisation des clés chimiques (chemkey) évite toutes manipulation de produits chimiques et facilite grandement les manipulations aux opérateurs qui peuvent ainsi gagner du temps et supprimer l’utilisation de produits chimiques en bord de bassin. L’appareil est polyvalent puisqu’il permet aussi les connections d’électrodes pH par exemple» rappelle Dominique Conjard, spécialiste marchés et produits gamme laboratoire chez Hach. Le fabricant propose également deux technologies pour mesurer le chlore en continu pour en asservir le bon dosage: la méthode ampérométrique et la méthode normalisée colorimétrique. «L’expérience nous amène à favoriser la seconde méthode.
En effet, l’absence totale de dérive, l’absence d’étalonnage, l’autonettoyage de la cellule et l’insensibilité au pH, qui représente une maintenance additionnelle, justifie naturellement ce choix d’un point de vue de fiabilité, de maintenance et surtout d’optimisation de procéder» Pour assurer la stabilité du taux de chlore libre, Cifec propose des analyseurs régulateurs automatiques d’injection, tels que l’analyseur AM10 équipé de sonde ampérométrique à faible maintenance, sans réactif consommé et avec une interférence du pH diminuée. L’intérêt est d’espacer les maintenances (1 fois par an) et les contrôles de l’étalonnage (1 fois par mois). La désinfection par le chlore comporte cependant des inconvénients : la présence des baigneurs produit des chloramines dans l’eau par réaction au chlore lorsqu’il agit comme un désinfectant sur les matières organiques apportées par les nageurs (sueur, crème, salive, urine, etc.). En forte concentration, les chloramines génèrent de la trichloramine dans l’air, l’odeur forte caractéristique des piscines. «Pour respecter le seuil des 0,6 mg/l de chloramines, les exploitants des piscines rajoutent souvent de l’eau potable dans les bassins. Une alternative économique et écologique consiste à mettre en place un traitement UV pour réduire le taux de chloramines en plus d’assurer une désinfection supplémentaire de l’eau», commente Delphine Cassan, responsable technique piscines publiques chez Bio-UV Groupe. L’eau étant de meilleure qualité, les économies réalisées peuvent représenter jusqu’à 12 m3 d’eau par jour, soit environ 3600 € par mois en fonction de la capacité de la piscine. Aujourd’hui, BIO-UV Group a équipé plus de 6000 bassins publics dans le monde avec sa solution: une technologie UV moyenne pression, équipé d’un système de régulation de puissance pour optimiser le fonctionnement des lampes et leur durée de vie.
CONTROLE ET REGULATION
Pour contrôler et gérer simultanément plusieurs paramètres d’un bassin, trousses d’analyses ou mallettes fournies notamment par Aquacontrol, Bamo Mesures, Cifec ou encore MachereyNagel doivent compléter le dispositif de traitement. L’analyse en continu ne dispense pas des mesures ponctuelles obligatoires avec une méthode colorimétrique sur photomètre ou comparateur à disque. Mais même les photomètres les plus précis sont soumis à une dérive dans le temps. Pour garantir la conformité des résultats, lors des analyses par les laboratoires externes, Cifec propose un contrôle et étalonnage des photomètres, avec certificat chiffré de conformité, dans son laboratoire certifié ISO9001. Syclope, acteur historique dans les domaines de l’analyse et la régulation des paramètres physicochimiques des eaux de piscine, proprose une large gamme d’équipements multi ou mono bassin avec une mesure claire des chloramines. La société française propose également sa gamme des unités d’ultrafiltration pour le recyclage des eaux de lavage de filtres générant des économies d’eau et d’énergie importantes. Pour faciliter l’enregistrement quotidien des analyses de l’eau, des apports d’eau, des actions de maintenance et des incidents sur leur carnet sanitaire, Cifec, met à la disposition des piscines ce carnet sanitaire en ligne cette année sur le site bassinfo.fr.
L’IA S’INVITE DANS LE GRAND BAIN…
Depuis plusieurs années, le fabricant et distributeur européen de produits et d’équipements de piscine CF group, travaille avec Purecontrol qui fournit des solutions de pilotage des équipements en temps réel et prédictif basées sur l’intelligence artificielle. En mars 2023, les deux sociétés ont signé un protocole d’exploitation exclusif sous le nom de CF Control pour accélérer le déploiement de cette solution de pilotage. La première étape consiste à collecter les données des capteurs à partir des automates du site. Les données sont ensuite transférées par réseau sécurisé pour être traitées et corrélées dans un datacenter. Le modèle intègre ensuite des paramètres extérieurs qui ne sont pas pris en compte par les automates, comme le vent, la température extérieure, les heures creuses ou pleines, le cycle de vie des équipements, etc. «L’IA va au-delà de la supervision en garantissant le traitement et l’optimisation des paramètres de contrôle. Pour le chauffage par exemple, l’IA suggère directement à l’automate comment optimiser la consommation d’énergie » souligne Ewen Maguer, chargé de projet chez Purecontrol. Une plate-forme est mise à disposition de l’exploitant pour suivre en temps réel son installation, contrôler ses différents postes d’énergie et assurer le pilotage des équipements. En parallèle, Purecontrol assure un suivi avec des alertes qui sont remontées directement auprès du gestionnaire. Cette solution permet d’économiser en moyenne 19% du coût énergétique des piscines. «Cette nouvelle alliance résulte de notre volonté d’apporter plus largement et plus rapidement une solution efficace auprès des piscines sur l’ensemble du territoire français et européen. L’enjeu est double : maîtriser les coûts et décarboner », commente Geoffroy Maillard, directeur général chez Purecontrol. …
LA QUESTION DES VIDANGES AUSSI
Enfin, en marge de ces solutions,
l’Andes défend la fin de l’obligation
réglementaire de vidange annuelle
qu’elle considère comme du gaspillage. Dans un communiqué de presse
du 31 mars 2023, les élus du sport
regrettent en effet qu’aucune mention n’ait été faite à ce sujet parmi les
53 mesures du Plan eau. En 2015, l’association avait obtenu le passage de
deux vidanges à une vidange obligatoire, avec comme plaidoyer le « passage d’une obligation de moyens à une
obligation de résultats, calquée sur
les modèles suisse et allemand ». Une
vidange correspond à environ 10 % de
la consommation en eau d’une piscine.
Pour Anne-Marie Heugas, présidente de
la commission sport durable de l’Andes,
« cette demande de suppression est une
réponse adaptée au contexte de sobriété
énergétique et d’économie immédiate sur
la ressource en eau», car près de 30 millions d’euros d’économies pourraient
ainsi être assurés.