«La procédure du Tiers demandeur, qui permet à un promoteur de se substituer à l’industriel propriétaire du site pollué, a fait évoluer la profession. Des friches abandonnées depuis longtemps reviennent sur le marché immobilier» affirme Sylvain Petit, responsable métier SSP (partie industrielle) chez Ginger Burgeap.
Ce type d’opération
exige toutefois de disposer d’emblée de fonds importants, donc
limite sérieusement le nombre des acteurs. « Depuis l’introduction
du dispositif de Tiers demandeur, seule une quarantaine de dossiers ont été concrétisés en France ! Ces projets nécessitent en effet
d’importants investissements et un « portage » sur une durée assez
longue, ce qui limite de fait le nombre d’acteurs à quelques sociétés privées spécialisées. Toutefois depuis 2021, la loi Asap prévoit
la possibilité pour un tiers-demandeur de se substituer à un autre
tiers-demandeur sous condition que ce dernier dispose de capacités techniques et de garanties financières suffisantes pour couvrir
la réalisation des travaux de réhabilitation. Ces nouvelles dispositions devraient élargir le nombre d’acquéreurs potentiels dont les
aménageurs publics. Ce dispositif devrait donc à terme participer à
l’accélération de la requalification des friches industrielles » espère
Amélie Rognon, directrice du développement chez Ortec Soleo.
« Nous montons des partenariats avec des promoteurs immobiliers
pour accompagner les industriels, qui ne sont pas forcément spécialistes de la valorisation foncière… De cette manière, ils n’ont qu’un
seul interlocuteur » rappelle à ce propos Olivier Sibourg, directeur
technique adjoint de Sarpi Remediation (Veolia).
Une autre nouveauté vient modifier les pratiques des prestataires d’exécution de travaux de réhabilitation : la traçabilité des
déchets, dangereux ou non, est désormais dématérialisée. En
effet, depuis le 1 janvier 2023, au lieu de remplir un classique
bordereau de suivi des déchets dangereux (BSDD), il faut maintenant entrer les données dans Trackdéchets, la nouvelle application du ministère de la Transition Ecologique. Quant aux terres
excavées, elles doivent être signalées dans le Registre national
des déchets, terres excavées et sédiments (RNDTS), une autre
base de données gouvernementale. « C’est une révolution dans le
métier » affirme Christophe Chêne (Ortec Soleo). « Cela se répercute sur nos logiciels, qui émettent actuellement les registres. Nous
avons dû faire des développements pour intégrer Trackdéchets
et le RNDTS à nos outils actuels. Nous travaillons encore sur de
nouveaux développements afin de nous adapter à l’évolution de
ces dispositions réglementaires » explique pour sa part Amélie
Rognon (Ortec Soleo). Franck Bouché qui assure la présidence
depuis 2 mandats de l’UPDS, qui défend la norme métier, propose un modèle original clé en main de réhabilitation de friches
industrielles qui intègre l’audit et le diagnostic du site, comme
l’ingénierie du projet et les travaux de réhabilitation nécessaire
à leur changement d’usage. A titre d’exemple le projet d’envergure (70 ha) réalisé sur l’ancienne raffinerie Petroplus à PetitCouronne a été entièrement valorisé depuis sa reprise en 2014
sur ce concept. Ce modèle intégré permet aux grands comptes
et organismes publics de réhabiliter les sites dégradés pour des
projets durables avec une logique économique maîtrisée.