Le sens littéral de la gestion «?alternative?» signifie aussi de «?laisser faire la nature?». La nature peut en effet dégrader les micropolluants qui lui sont apportés par les eaux pluviales. C’est souvent vrai et parfois faux. Il s’agit surtout de ne pas dépasser en quantité ce que la nature peut «?digérer?».
Dans la réalité opérationnelle, les procédés « alternatifs » déjà développés associent à la gestion « fluidique » de l’eau une gestion de « dépollution ». Des charbons actifs, des sorbants minéraux, organiques ou plastiques sont mis en place. Il faut en effet aider la nature lorsque les apports sont localement importants voire très importants en accidentel.
Si la nature sait elle-même métaboliser, c’est-à-dire « digérer » de nombreux composés organiques, le cas des métaux lourds est différent. Ces derniers s'accumulent dans le sol et perturbent le process de métabolisme naturel. Certains métaux seront retenus par des composés organiques présents dans les sols par réactions chimiques de complexation. Mais ces molécules complexantes peuvent elles-mêmes ensuite être métabolisées et donc disparaître et libérer de nouveau le métal toxique qui se fixera un peu plus loin.
Il y a donc un problème spécifique lié aux ions lourds métalliques qui s’accumulent dans les sols.
Pour lutter contre les panaches de micropolluants métalliques qui diffusent dans les sols et rejoignent les nappes phréatiques ou les cours d’eau, il existe un procédé de barrière perméable réactive (BPR) qui utilise l’injection de particules de fer de valence nulle (Fe0) dans le sol et notamment en tranchée. Des phénomènes Red-Ox s’opèrent et la réduction des ions métalliques en particules solides va freiner leur entraînement à l’eau. Mais cette situation ne sera pas pérenne et les particules de métaux toxiques vont progressivement se dissoudre de nouveau sous forme d’ions qui reprendront leur circulation dans les sols.
Pour arrêter cette propagation, il faut appliquer des méthodes de fixation plus forte sur des supports qui eux, à leur tour, ne seront pas dispersables.
La société Ajelis a développé des matériaux textiles, proches dans leur apparence de géotextiles, et pouvant s’appliquer de la même façon : les nappes GEOCAPT® d'Ajelis qui sont drainantes et laissent circuler l’eau librement pour ne retenir/capter que les éléments chargés positivement comme les ions métalliques. Encore plus intéressant, ces nappes ont des propriétés capables de sélectionner préférentiellement les ions de métaux lourds comme le cuivre, le zinc, le nickel, l’arsenic….
Même en présence de calcium ou de sodium, qui sont des ions métalliques chargés positivement présents naturellement dans les sols, les nappes GEOCAPT® cationiques vont retenir sélectivement les métaux lourds dans une forte proportion. Des expériences en laboratoire ont montré que 100 fois plus de calcium (à 100 mg/L) et 1.000 fois plus de sodium (à 1.000 mg/L) ne modifiait pas l’affinité de ces nappes pour le cuivre même à seulement 1 mg/L.
GEOCAPT® représente un outil supplémentaire pour gérer plus efficacement l’élimination des métaux lourds polluants présents à proximité des voies de circulation routières très empruntées, de bassins de stockages de déchets industriels par exemple.
Pascal Viel – co-fondateur d’Ajelis/chercheur CEA