De l’automne 2018 au printemps 2019, Eau de Paris a lancé un appel à solutions innovantes en partenariat avec le Comité Richelieu. Objectif : solliciter des expertises externes pour développer des réponses opérationnelles à des problématiques métiers non résolues, ni par les équipes internes, ni par des solutions de marché identifiées.
Plusieurs thématiques ont été proposées aux entreprises
participantes parmi lesquelles l’inspection des ouvrages sans présence d’agent
en espace confiné, le diagnostic de l’intérieur les conduites d’eau potable en
fonte, la mesure automatisée et fiabilisée du débit de certaines sources
atypiques ou encore le rafraîchissement des usagers avec une fontaine double
usage, boisson et brumisation.
Un jury composé d’experts internes et externes a
auditionné 20 candidats proposant une quarantaine de solutions innovantes.
Parmi eux, 11 lauréats ont été retenus avec lesquels seront menées des
expérimentations pour tester les solutions et codévelopper une réponse adaptée
aux besoins d’Eau de Paris.
En matière d’inspection des ouvrages sans présence
d’agents en espace confiné, c’est la solution de Lynxdrone qui développe un
drone pour les milieux contraignants qui a été retenue. Lynxdrone et ses partenaires, Akeros et Mav Solutions,
expérimenteront le Lynx1, un drone qui sera envoyé depuis le sol pour inspecter
les ouvrages. L’appareil sera doté de capteurs spécifiques qui, couplés à une
intelligence artificielle, permettront un pilotage semi-autonome ainsi que la
détection automatique de certaines dégradations. Ces technologies de pointe
permettront de garantir la sécurité du personnel mais également d’améliorer le
processus de contrôle et d’entretien des infrastructures (détection des
détériorations, fissures, effondrements, infiltration d’eau...).
Pour diagnostiquer l’intérieur des conduites d’eau potable en fonte, Eau de Paris recherchait des solutions non destructives, avec un arrêt de service limité et sans l’intervention physique d’un agent en espace confiné. L’objectif du diagnostic étant de fournir l’emplacement et l’étendue des pertes d’épaisseur dues à la corrosion (interne et/ou externe). Sur cette problématique, c’est l’analyse transitoire inverse développée par Digital Utility qui a été retenue. La solution proposée repose sur la création d’une brève surpression de quelques mètres dans le réseau d’eau et d’en mesurer la réflexion sur les discontinuités comme les vannes, les jonctions…
Les résultats
obtenus renseignent alors sur la vitesse de propagation de l’onde de
surpression, l’épaisseur résiduelle des tuyaux, l’entartrage du réseau ou la
présence de poches d’air perturbatrices. Réalisée sur les points de tirage
comme les poteaux incendies ou les ventouses, la réalisation de ce "mini
coup de bélier" est sans danger pour l’intégrité des canalisations.
Pour l’inspection et le contrôle de conduites
immergées, Roboplanet, spécialiste français des robots d’accès aux
environnements difficiles et de contrôle non destructif, a proposé la
conception d’un robot capable de se mouvoir dans une conduite d’eau potable par
"effet de vissage". En forme de vis, ce robot, muni d’une caméra,
d’un bras tournant et d’un capteur de mesure d’épaisseur, se faufilera dans des
conduites pouvant aller jusqu’à 300 mètres de longueur. Il peut progresser en
marche avant/arrière, revenir à son point de départ et passer des coudes. Le robot
muni d’une caméra sera contrôlé depuis la surface, le pilote pouvant ainsi
affiner le contrôle sur les zones plus complexes.
Dans un tout autre domaine, Eau de Paris recherchait des solutions pour mesurer le débit de certaines sources atypiques de façon automatisée et fiable, pour disposer d’informations précises et continues sur les volumes qu’elle prélève au milieu naturel, au plus proche des points de captage. Et ce, sans recourir à l’intervention physique d’agents afin d’éviter les contraintes suivantes : intervention longue durée, accès impossible aux périmètres sourciers à certaines saisons, imprécision du relevé visuel et traitement de l’information difficile dû à l’absence de centralisation.
AH2D et Techniprocess ont proposé une solution reposant à la
fois sur l’utilisation de l’application SOLICES et sur une modélisation
numérique 3D dynamique des écoulements d’eau. L’application fonctionnera à
partir d’un réseau de balises et de capteurs connectés qui transmettront en
temps réel des mesures de pression vers une plateforme métier accessible en
ligne. En complément, Techni Process construira un modèle numérique 3D de
chaque source atypique. Les simulations permettront à la fois d’établir les
relations hauteur/débit et de trouver le positionnement judicieux des capteurs
de pression qui seront installés à demeure. Trois expérimentations seront
menées en parallèle à la source de La Joie, la source de la Vicomté et la
sources de Villeron aux écoulements tumultueux.
Autre problématique, pour lutter contre les îlots de chaleur et fournir aux Parisiens de nouvelles solutions de rafraîchissement, Eau de Paris envisage d’expérimenter un nouveau modèle de fontaine rafraîchissante qui offrirait un double usage : boisson + brumisation/aspersion. L’expérimentation va consister à analyser le fonctionnement, la robustesse et l’usage de la fontaine 2 en 1 Coolil’O.
Ce
nouveau concept propose à la fois l’accès à l’eau potable, y compris pour les
personnes à mobilité réduite et une brumisation pour se rafraichir, notamment
en période de canicule. Entièrement autonome en énergie, connectée, elle peut
être programmée à distance et permet des remontées d’informations telles que la
consommation d’eau, la température et l’arrêt de la brumisation en cas de
pluie.
Le détail des innovations proposées peut être
consulté à l’adresse : https://www.defis.eaudeparis.fr/defis/