Usine digitale, industrie 4.0, quatrième révolution industrielle… Le numérique réinvente l’industrie. L’apport potentiel du digital, énorme, doit permettre aux industriels d’acquérir des avantages stratégiques et opérationnels avant de les transformer en performance financière. L’un de ces apports consiste à faire interagir les machines et les produits ainsi que les machines entre elles pour optimiser les ressources matérielles, énergétiques et humaines. Les briques technologiques existent déjà, comme le démontre ifm electronic, dont la stratégie, intimement liée à l’usine digitale, repose sur le développement de capteurs intelligents, de solutions de maintenance prédictive, de traçabilité, de vision 3D et de systèmes de collecte de données. Explications.
Fondée en 1969, ifm electronic Gmbh est l’exemple typique de ces entreprises allemandes de taille intermédiaire (ETI) dotées d’un capital essentiellement familial, dont la gestion repose sur une approche patrimoniale qui consiste à privilégier le développement et la valeur de l’entreprise.
Sa devise, « croitre en sécurité », la distingue nettement de ces start-ups à la recherche d’une croissance effrénée mais trop souvent éphémère, au profit d’un développement plus régulier reposant sur une large gamme de produits conjuguant les solutions standard avec des solutions capables de répondre aux exigences plus spécifiques de nombreux secteurs industriels.
Une démarche qui implique des efforts importants en termes de recherche et développement. « Chez ifm electronic, plus de 650 personnes travaillent à la R&D sur un total de 6.000 salariés, indique Jan-Rémi Fromentin, CEO ifm electronic South West Europe, et responsable à ce titre de la filiale française. Cet effort représente de 8 à 12 % de notre chiffre d’affaires, selon les années ». Mais il porte ses fruits. « 30% du delta de notre chiffre d’affaires repose sur des produits lancés dans les trois dernières années » souligne-t-il. L’innovation, vitale dans le domaine des automatismes industriels, fait bien partie de l’Adn de l’entreprise.
Mais au-delà de
l’innovation pure, c’est sans doute la capacité à conjuguer innovation et
démarche de long terme qui fait la force de l’entreprise.
Inscrire l’innovation dans le long terme
Comment s’inscrire dans une démarche de long terme ?
D’abord en garantissant la pérennité de l’entreprise. Début 2015, le
groupe s’est donc restructuré en devenant une fondation de droit allemand, une
forme juridique sans équivalent en France qui présente le double avantage de
verrouiller le capital tout en offrant la possibilité d’intégrer des salariés non-actionnaires
au sein du Conseil d’administration. Une démarche qui a par exemple permis
d’intégrer au sein de cet organe stratégique le directeur marketing du groupe ainsi
que le responsable en charge de l’industrie 4.0.
Cette restructuration a également été l’occasion de réorganiser le
groupe autour de 4 filiales aux contours bien délimités : ifm electronic (au
sein de laquelle évolue la filiale française) chargée de commercialiser les
produits du groupe dans le monde, ifm position et ifm process qui regroupent
les activités de capteurs de position et de capteurs pour les fluides, et ifm
network control, filiale dédiée au contrôle commande et systèmes de câblage.
En élaborant ensuite un modèle de développement associant croissance
organique et opérations de croissance externe lorsque des opportunités se
présentent. « Notre stratégie repose essentiellement sur la croissance
interne, explique Jan-Rémi Fromentin, mais l’on ne s’interdit pas le rachat ponctuel
de start-up lorsque nous jugeons utile d’acquérir certaines technologies dont
nous avons besoin ». De fait, l’entreprise multiplie les acquisitions
depuis 2004 : I-for-T, spécialiste du diagnostic vibratoire devenue depuis
ifm diagnostic, puis Pmdtech devenue le fer de lance d’ifm dans la vision 3d, et
Handke Software devenue ifm datalink. Plus récemment encore, ifm electronic a
racheté 2 entreprises, GIB, Qosit, toutes deux spécialisées
dans le software qui occupe une place de plus en plus importante au sein du
groupe. « La logique de ces rachats repose sur notre vision de l’industrie
4.0 et du futur d’ifm electronic, explique Jan-Rémi Fromentin. Les acteurs du monde
industriel nous demandent aujourd’hui de développer des solutions communicantes
de A à Z, c’est-à-dire du capteur ou de l’actionneur jusqu’à leur ERP, ceci pour
optimiser les ressources machines au sein des sites de production ».
Cette numérisation de la chaine de production est porteuse d’une vraie
révolution culturelle.
Au sein de l’entreprise tout d’abord, ou les mentalités et les habitudes
doivent changer : il ne s’agit plus de vendre des composants mais des
solutions. Des mini-solutions reposant sur des capteurs capables de s’intégrer
dans une solution globale, des solutions plus évoluées intégrant des outils logiciels
permettant par exemple de faire du monitoring, de la gestion d’énergie, de
l’analyse vibratoire, ou encore des solutions connectées capables de s’intégrer
directement dans un ERP.
Cette révolution concerne également les clients dans la mesure ou les
OT (Operation Technologies, ou technologies de production) doivent
désormais apprendre à collaborer avec les technologies de l’informatique
(IT) pour alimenter une chaine d’automatisation devenue exigeante en données
provenant de sources diverses : capteurs, machines, progiciels, achats…etc.
Mais pour que ces solutions soient correctement alimentées, encore
faut-il qu’au niveau du terrain, les capteurs puissent assurer la collecte et
le transfert des données. C’est la raison pour laquelle ifm electronic s’est
activement impliquée dans la promotion du protocole IO-Link, cette interface
de communication point à point qui permet de raccorder tout capteur ou
actionneur à un système de contrôle. Objectif : exploiter l’intelligence
des capteurs.
Exploiter l’intelligence des capteurs
« IO-Link est une interface standardisée permettant de raccorder des capteurs tout ou rien et des capteurs analogiques sur des systèmes de bus de terrain, explique Laurent Carlion, directeur Marketing et Technique chez ifm electronic. Cette interface est capable de transmettre tous les signaux des capteurs à l'automate et inversement les données de l'automate au niveau des capteurs et actionneurs ». Avec, à la clé, des conséquences importantes. Chaque capteur, chaque actionneur devient d’office digital et communicant dans les deux sens.
On peut remonter l’information mais aussi paramétrer le capteur à distance. Mieux encore : avec le logiciel LR Device, on peut centraliser les capteurs et les paramétrer en un point du réseau. On peut localiser précisément un capteur en panne, le reparamétrer automatiquement après un échange standard, mais aussi remonter des informations diverses jusqu’aux systèmes de gestion : alarmes, encrassement, dérives de mesures, etc. De quoi suivre l’état des équipements et leur disponibilité d’encore plus près, en exploitant les remontées d'informations pour faire de la maintenance préventive par exemple, et augmenter la flexibilité du parc.
Autre avantage de l’IO-Link,
le signal ne subit aucune influence extérieure et les pertes de valeurs
mesurées sont minimisées. La neutralité de l’interface IO-Link par rapport aux
bus de terrain et sa compatibilité avec la base installée protègent les
investissements déjà réalisés par les exploitants. Les capteurs existants
incompatibles peuvent fonctionner sans problème sur des entrées/sorties
IO-Link. « Et tout ceci sans aucun surcoût, comme le souligne Laurent
Carlion. Le coût d’un port IO-Link est identique au coût d’une entrée/sortie
analogique ».
Tous les capteurs produits par ifm electronic sont donc désormais équipés
de l’interface IO-Link. Et même si une part importante de la valeur ajoutée de
l’IO-Link se concentre au niveau du capteur, elle ne se limite pas à cela. Ifm développe
une large gamme de masters dont certains, en Ethernet IP ou Profinet par
exemple, sont déjà d’ores et déjà disponibles. De nombreuses solutions sont également
proposées qui permettent de transformer un capteur analogique en capteur
IOL-Link, de même que des solutions d’affichage ou encore de protection de
circuits.
Pour promouvoir cette technologie, ifm electronic mène une stratégie
d’alliance active qui a permis de mettre en place un collectif hébergé par le
Gimelec et qui rassemble aujourd’hui 14 partenaires.
Cette stratégie d’alliance concerne également d’autres axes de développement de l’entreprise, comme par exemple la continuité numérique. Objectif : homogénéiser les pratiques et les technologies en favorisant la construction de chaines numériques complètes, de la prise de commande à son exécution. « L’usine du futur se caractérise par une communication continue et instantanée entre les différents outils et postes de travail intégrés dans les chaînes de production et d’approvisionnement », souligne Laurent Carlion.
Pour en expliciter tous les enjeux et détailler l’ensemble des
solutions proposées sur la plupart des grands thèmes de l’industrie 4.0, ifm
electronic a ouvert un site Internet dédié, accessible à l’adresse https://ifm40.fr/.
De quoi apprécier l’apport potentiel du digital et répondre à la plupart des
grandes problématiques rencontrées par les industriels dans le cadre de leur
transition numérique.
Vincent Johanet