Le "ServO", le centre de pilotage intégré du plus grand service d'eau en France, celui du Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (SEDIF) soit 150 communes et 7 départements autour de Paris pour 4,5 millions d'habitants, a été inauguré le 14 octobre dernier. Cet outil, qui marque l’entrée des grands services d’eau urbains dans l’ère du big data, vise à centraliser la gestion de l’ensemble du service, de la ressource au robinet.
Conçu par Veolia Eau d’Ile-de-France pour le compte
du SEDIF, le ServO consolide et met en relation l’ensemble des données de
l’exploitation, pour superviser et optimiser la gestion du service et répondre
efficacement à tout événement impactant la production, la distribution ou la
qualité de l’eau.
Il coordonne donc toutes les composantes du service
de l’eau, de la production à la distribution, en passant par la qualité de
l’eau, la relation clientèle, le reporting de l’activité ou la maîtrise des
risques. Son rôle est non seulement de gérer le service au quotidien, mais
également de mesurer et surveiller les indicateurs de performance.
Fruit d’un investissement de 6,3 M€, ce centre
d'hypervision a été développé autour de trois concepts : une
interopérabilité avec tous les composants du système d’information, une analyse
en continu des flux d’évènements et de données hétérogènes et la capacité à
déclencher et suivre les différents processus du service de l’eau. Doté de
puissants moteurs d’analyse, il permet de traiter un volume considérable de
données en temps réel ou dans un pas de temps extrêmement réduit, et ceci
indépendamment de leur origine, de leur mode de transmission ou de leur
fréquence d’acquisition. « Des
données qui proviennent de l’instrumentation du réseau, du relevé des
compteurs, de l’informatique industrielle, ou de provenances plus hétérogènes
encore comme par exemple des appels téléphoniques, des messages sur les réseaux
sociaux, etc… », comme le souligne Christelle Laloi, Chef de projet
chez Veolia. Au total plus de 1,2 milliard de données collectées par des
milliers de capteurs chargés de surveiller la ressource, d’assurer un suivi en
temps réel des prévisions météo ainsi que les données de fonctionnement issues
des systèmes de conduite automatique de chacune des usines, stations de
pompage, stations de chloration, réservoirs, etc… Toutes ces données permettent
de surveiller l’ensemble des process de production et de distribution en
optimisant et en sécurisant chacune de ces étapes. L’ergonomie de ce système d’information,
très intégrée, se décline sous la forme d’une IHM évoluée au sein du mur d‘image
de la salle du ServO, d’un portail web doté d’une solution cartographique
avancée et d’éléments de modélisation en 3D, et de systèmes interactifs autour
de différents supports tels que tablettes tactiles, Smartphones, etc...
En amont, le ServO surveille ainsi la ressource à
partir des données transmises par les stations d’alerte et évalue l’empreinte
eau du service sur la ressource. Au stade de la production, il permet d’adapter
les traitements à la qualité effective de la ressource tout en organisant d’éventuels
transferts. De même, il cartographie les événements d’exploitation qui
affectent le réseau, tels que les arrêts d’eau, les alertes issues des capteurs
et les résultats d’analyse et permet ainsi de diagnostiquer les causes
d’incidents potentiels et d’anticiper les risques.
Au-delà de l’aspect surveillance, le ServO assure également
une fonction de pilotage en planifiant au sein d’un système centralisé
l’ensemble des interventions (préventives et curatives) sur les ouvrages pouvant
avoir un impact sur la production, le stockage ou le transport de l’eau. À
partir de ce planning et des événements d’exploitation, les capacités de
production disponibles sont évaluées et comparées à la demande en eau prévisionnelle,
estimée à partir de l’historique des volumes produits et du contexte
météorologique.
Outre les aspects optimisation et sécurisation de
la production, le ServO permet aussi de produire de manière plus responsable : « des stratégies d’exploitation sont générées
de manière à répondre à un objectif de développement durable, au regard de
l’énergie électrique consommée, des produits chimiques utilisés, de l’autonomie
en eau et des indicateurs de performance du contrat », souligne
Christelle Laloi.
L’anticipation des risques est également l’un des
points forts de cet outil. En évaluant l’impact qu’aurait l’indisponibilité
d’un équipement ou une modification de configuration hydraulique sur la
sécurité d’approvisionnement, le ServO limite la probabilité d’une crise.
Sa capacité à surveiller les données de production,
à prendre en compte les différents événements d’exploitation, tout en
s’appuyant sur le savoir-faire et les bonnes pratiques issues de l’expérience
des exploitants, en fait une aide essentielle pour anticiper, sécuriser la
continuité du service dans toutes les configurations d’exploitation, garantir
la performance technique du réseau (traçabilité de l’eau, maîtrise des pertes),
assurer la maintenance prédictive du réseau et des usines.
C’est aussi un outil de planification des
investissements et de contrôle. Car au-delà même de l’exploitation, le ServO
est accessible 7 jours sur 7, 24 h sur 24, aux équipes du SEDIF. L’objectif est
de permettre à l’autorité organisatrice d’exercer une surveillance directe de
l’exploitation du service délégué à Veolia Eau d’Ile-de-France.