C’est ce qui ressort d’une étude menée par Irstea de 2013 à 2016 auprès de 300 stations d’épuration françaises qui a permis de quantifier et d’évaluer les consommations énergétiques des cinq principales filières de traitement des eaux usées en France : boues activées, réacteur biologique séquentiel, bioréacteur à membranes, biofiltre, lit fluidisé sur supports plastiques.
L’objectif
de cette étude était de dresser un état des lieux des consommations, d’étudier
les principaux facteurs expliquant ces consommations et d’élaborer une démarche
pour identifier les actions d’optimisation éventuelles. Pour ce faire, une base
de données des consommations énergétiques de quelque 310 stations d’épuration
françaises d’une capacité supérieure ou égale à 2.000 EH a donc été constituée
et rapprochée d’une base de données des consommations énergétiques de 1000
installations étrangères issue d’une revue bibliographique.
Résultat :
la France se différencie du contexte international par des consommations
d'énergie significativement supérieures. En boues activées, par exemple, la
moyenne étrangère s’établit à 2,2 kWh/kg DBO5 éliminée, soit 30 % de moins que la
moyenne française… En France, les stations exploitant un procédé boues activées
consomment en moyenne 3,2 kWh/kg DBO5 éliminée avec toutefois des variations
importantes : de 1,5 à 6,8 kWh/kg DBO5
éliminée.
Le
taux de charge, la concentration en DBO5, le rapport C/N et la présence d’un
sécheur, seraient les principaux facteurs de variation. En boues activées, le
surdimensionnement des équipements et des ouvrages a des conséquences
importantes sur les consommations énergétiques. « Une construction des
stations par tranches, telle qu'elle est déjà pratiquée dans d'autres pays,
permettrait d'adapter la capacité disponible aux évolutions de la charge
entrante, et ainsi de maintenir un taux de charge plus élevé et plus stable »
souligne l’Irstea.
Le
choix du procédé influence cependant largement les consommations énergétiques :
le procédé boues activées apparaît ainsi comme le procédé le plus économe,
tandis que les MBBR et BRM seraient les plus énergivores. Ces différences seraient
pour partie attribuables au procédé secondaire lui-même et donc aux niveaux de
rejet obtenus mais aussi aux contraintes de conception et aux conditions de
fonctionnement qui caractérisent chaque procédé. Les technologies innovantes
(SBR, BRM, MBBR), ne devraient donc être envisagées, selon cette étude, que si
que les technologies traditionnelles (boues activées ou biofiltres) ne peuvent
pas répondre à l'ensemble des contraintes imposées.
En
comparaison avec les données étrangères, les auteurs estiment cependant que le
parc de stations d’épuration français peut être optimisé d’un point de vue
énergétique, tout en respectant la qualité de traitement demandée au niveau
européen et local. « La maîtrise de la consommation énergétique du
traitement est une préoccupation relativement récente en France, et les outils
de suivi de la consommation en supervision ne sont pas encore suffisamment
développés, alors qu'ils sont indispensables pour sensibiliser et alerter
l’exploitant », indiquent-t-ils.
L’étude
Irstea peut être téléchargée à l’adresse : https://energie-step.irstea.fr/wp-content/uploads/2018/02/2017-Rapport-NRJ.pdf