Depuis un an, les travaux de réhabilitation du collecteur Lajaunie sont en cours. Un réseau d’assainissement qui permet de déverser les eaux pluviales en Garonne au niveau de l’agglomération bordelaise. Pour ce chantier, Bordeaux Métropole a choisi de faire notamment appel à la société Amiblu, spécialisée dans la fabrication de canalisations en PRV.
Construit au
début des années 1960 à Bordeaux, le collecteur Lajaunie permet de déverser les
eaux pluviales vers la Garonne depuis la station de pompage
« Saint-Émilion ». Situé à proximité du fleuve, sur la rive droite,
ce collecteur représente 780 mètres de canalisations enfouies à environ 5
mètres de profondeur.
Une première
réhabilitation a eu lieu en 1994, suite à la construction de la station de
pompage « Saint-Emilion ». Il s’agissait alors de modifier le
fonctionnement hydraulique du collecteur (évolution d’un collecteur gravitaire
vers une conduite forcée), et de créer un exutoire en direction de la Garonne.
L’étanchéité de l’ouvrage a été obtenue par la mise en œuvre de plaques de
polypropylène, collées aux parois des canalisations.
En raison d’une
mise en œuvre défaillante, les plaques ont commencé à cloquer au fil du temps
sous les effets de la pression et de la nature des eaux environnantes. Des
travaux réalisés en urgence en 2006 ont permis de limiter les problèmes
d’étanchéité et la propagation des désordres mais de nouveaux travaux devaient
être entrepris.
Fin 2017,
Bordeaux Métropole lance alors un appel d’offre pour débuter une nouvelle
réhabilitation. Un chantier qui présente de nombreuses contraintes, liées à sa
localisation dans un milieu urbain dense : les canalisations passent sous
différents axes de circulation, notamment des voies ferroviaires et la route du
quai de Brazza en bordure de la Garonne, l’ouvrage traverse en outre un domaine
privé sur l’une de ses sections, et les canalisations changent de direction en
un endroit pour rejoindre la Garonne.
Un chantier caractérisé par de nombreuses
contraintes
Le chantier
présente par ailleurs plusieurs contraintes environnementales : le réseau
de collecte est soumis aux régimes des marées, le terrain est tourbeux donc
extrêmement meuble, une nappe phréatique est présente à faible profondeur…
Pour mener à
bien les travaux, la maitrise d’ouvrage opte pour la solution qui consiste à
rénover le collecteur existant par la technique du tubage avec espace annulaire,
en employant des canalisations en PRV, entre la station de pompage
Saint-Emilion et le quai de Brazza, ainsi que la construction d’une
canalisation pour constituer un nouvel exutoire au droit du quai de Brazza vers
la Garonne.
Cette technique est
choisie pour des raisons techniques et économiques : compatibilité avec le
maintien d’un faible débit d’eau pour restreindre les coûts de pompage, travaux
d’excavation réduits pour limiter la gêne pour les riverains et la circulation,
impact moins conséquent pour l’environnement…
Bordeaux
Métropole a retenu la proposition élaborée par le bureau d’études Cabinet
MERLIN, dont la réalisation des travaux a été confiée au groupement
d’entreprises SADE, GTM et SOGEA.
« Le collecteur était très dégradé, avec des
embâcles, un risque d’obstructions et de blocage de l’eau. Il fallait donc le
réhabiliter. Nous avons fait beaucoup d’investigations préalables avant de
choisir la solution adaptée, et nous avons opté pour cette proposition par
tubage »
explique Isabelle Thomas, Chef de projet à la direction de l’eau de Bordeaux
Métropole.
« Le choix de cette technique de réhabilitation
implique forcément d’utiliser le PRV, puisqu’on ne connaît pas de matériau
équivalent pour ces conditions. Il présente des avantages de faible poids par
rapport à son diamètre, et a aussi une bonne tenue à la poussée. Il possède une
bonne résistance physique pour les charges de circulation, ainsi qu’une bonne
résistance chimique face aux effluents potentiellement corrosifs. Nous
sommes sur un ancien site industriel, nous avions ici des industries chimiques,
notamment pour la production d’engrais. Nous avons fait une dépollution des
couches de surface, mais il y a probablement des terres polluées en profondeur,
avec des résidus chimiques potentiellement véhiculés par la nappe affleurante », précise
Isabelle Thomas.
La société
Amiblu a fourni les canalisations en PRV, idéalement dimensionnées pour
résister à une pression hydrostatique externe de 3 bars et à une pression
interne de 1,5 bars. Les tuyaux, livrés par section de 3 mètres linéaires, ont
été introduits à partir de puits d’accès puis assemblés les uns aux autres.
Pour John
Peperiot, Responsable de division chez Amiblu, « Sur ce genre de diamètre il est très difficile de trouver un autre
type de tuyaux que le PRV. Sur ce chantier nous avons opté pour des tuyaux très
épais avec un SN 32000, qui supportent la pression, en PN 3, avec des manchons
non-débordants pour bien s’adapter au collecteur. Et nous avons choisi des
tuyaux fabriqués en centrifugation. »
Le PRV présente
plusieurs avantages, notamment dans le cas de ce chantier qui regroupe de
nombreuses contraintes : il est inerte, il ne craint donc pas les
agressivités du terrains et l’abrasion. Il permet une grande facilité de manipulation
des tuyaux sur les chantiers grâce à sa légèreté. Le PRV est 5 fois plus léger
que le béton.
Autres
avantages, étant semi-rigide, il supporte certaines imperfections du terrain,
et peut ainsi être posé plus facilement. Enfin, la surface intérieure du
matériau étant lisse, l’écoulement de l’eau est largement facilité. « On a un liner à l'intérieur, en
résine pure, qui permet un très bon écoulement. Le coefficient de rugosité est
ainsi très faible » précise John Peperiot.
Amiblu est issue
du regroupement des entités européennes de Amiantit et Hobas. Depuis la fusion,
Amiblu regroupe les deux techniques de fabrication qui étaient mises en œuvre
par les deux sociétés : par enroulement filamentaire et par
centrifugation.
« L’enroulement filamentaire permet de faire
des linéaires très importants, et très résistants à la traction, notamment en
cas de pression. Avec la centrifugation, le tuyau présente une linéarité
exceptionnelle du début à la fin, il peut donc être coupé à tout endroit, ce
qui permet une grande capacité de manipulation et d’adaptation » explique John
Peperiot.
Le PRV : un matériau bien adapté à la
rénovation
Les tubes Amiblu
de la gamme Hobas utilisés sur le chantier du collecteur Lajaunie, sont
fabriqués par centrifugation (classe C selon la norme NF T 57-200), ce qui permet
la production de canalisation du DN 150 au DN 3600. Dans ce procédé, les
matières premières sont introduites dans un moule en rotation. Le pilotage par
ordinateur des machines permet d’adapter la fabrication aux exigences de
l’utilisation du tube et une parfaite reproductibilité des produits.
Les tubes sont
fabriqués en longueur unitaire de 6 mètres puis recoupés à la longueur désirée
: 1, 2 ou 3 mètres en général. Les pièces de raccord nécessaires sont
fabriquées en usine par « chaudronnerie » plastique et ont les mêmes
caractéristiques et propriétés que les tubes.
Le PRV est
encore peu utilisé, mais en croissance car il permet des applications
multiples, et il est de plus en plus connu. Son plus grand désavantage est d’être
un matériau assez coûteux, les canalisations sont assez onéreuses en
comparaison aux autres types de canalisations, et on l’installe seulement quand
les critères techniques l’imposent. Autrement le PVC reste souvent plus
intéressant.
« Le PRV est adapté particulièrement aux
réseaux de réhabilitation » précise John Peperiot. « On souhaiterait maintenant proposer
des tuyaux pour l’eau potable, des réseaux pour lesquels le PRV serait très
adapté, mais en général ce sont de petits diamètres qui sont utilisés et nous
ne sommes pas encore prêts pour cela ».
Les tubes en PRV
répondent à un ensemble de normes aussi bien nationales qu’internationales. Les
tubes et raccords produits par Amiblu sont notamment conformes à la norme
Européenne NF EN 14364, qui porte sur les systèmes de canalisations pour
l’évacuation et l’assainissement avec ou sans pression, ils sont proposés selon
la norme NF T 57.200 du point de vue de la fabrication, et relèvent de la
classe C.
En France, les
tubes Amiblu bénéficient en outre de plusieurs certifications : la certification
CSTBat, ainsi que les certifications ISO 14001 & ISO 9001 version 2000. Les
tubes Amiblu sont conformes aux normes EN1796, EN14364, ISO10639, et ISO10467
et remplissent l’ensemble des exigences renforcées selon MUC-KSP-A2000.
Sur le chantier
du collecteur Lajaunie, le coût global de l’opération s’élève à 5,4 millions
d’euros, comprenant les études préalables, les honoraires de maîtrise d’œuvre,
le coût des travaux et des contrôles. Aujourd’hui, tous les forages sont
terminés, et les puis réalisés. Certaines parties du collecteur doivent encore
être installées. Les entreprises impliquées sur ce chantier ont dû faire face à
différentes complications au cours des travaux, notamment climatiques, mais la
fin du chantier est prévue pour cet été.
Antoine
Bonvoisin