Pour assurer son développement à long terme, le numéro un mondial des services à l'environnement va s'attacher à développer un concept qui se développe rapidement et qui permet de mettre sur le marché de nouveaux services plus vite, à un coût moindre et plus fréquemment : la co-construction.
« L’année
2015 a été la dernière année de notre plan de transformation. Paru tenu : le
nouveau Veolia défini en 2011 est devenu réalité en 2015 ». Lors d'une
rencontre avec la presse le 9 février dernier, Antoine Frérot, le PDG du
groupe, n’a pas caché sa satisfaction. Pourtant, Veolia doit poursuivre le travail de transformation engagé.
Car au cours des trois prochaines années, le numéro un
mondial des services à l'environnement table sur une croissance essentiellement
organique, de 2% par an en moyenne sur le marché municipal et de l'ordre de 5%
sur l'industriel, ce qui représente, toujours en moyenne, une croissance
globale de 2 à 3% par an.
Pour assurer son développement à plus long terme, le
groupe va s'attacher à développer un concept qui se développe et qui permet de
mettre sur le marché de nouveaux services plus rapidement, à un coût moindre et
plus fréquemment. Car le monde est plus ouvert et offre des opportunités de
travail collaboratif plus larges dont Veolia entend bien profiter. « Il n’est pas nécessaire de disposer en
interne de tous les savoirs pour produire , estime Antoine Frérot. Certains d'entre eux peuvent avoir été
développés ailleurs. Ce qui est important, c'est de pouvoir associer ces
savoirs et les combiner pour les commercialiser ».
L’intérêt de la co-construction repose sur un
réservoir d'idées plus large, des coûts moins élevés, une mise sur le marché
plus rapide et des process moins risqués. Mais avec qui co-construire ?
Antoine Frérot ne ferme aucune porte et évoque des
profils très différents : des partenaires disposant d'expertises
complémentaires, des concurrents comme cela s'est produit dans l'aérospatiale,
des clients, qu'ils soient consommateurs à l'image des utilisateurs de
logiciels open source ou acteurs sur le modèle Wikipédia, voire même des
acteurs éloignés du monde de l'entreprise comme des ONG.
Une mutation
importante
Pour Veolia, la mutation est importante. Elle implique
la nécessité d'être ouvert pour collaborer avec un partenaire. «Il faut changer la culture de
l'entreprise et accepter l'idée de ne pas maîtriser l'ensemble de la chaîne de
valeur » souligne Antoine Frérot, ce qui n’est forcément évident pour un
grand groupe qui a construit son histoire, ses références et sa force sur une
logique différente ».
Le groupe va donc devoir inventer de nouveaux modes de
collaboration, rechercher des expertises, voire devenir lui-même source de
co-construction. Des expériences ont d'ores et déjà démarré, notamment dans le
domaine de l'eau. Veolia a en effet déployé dans plusieurs grandes villes du
monde un nouveau mode de gestion de services d'eau reposant sur un partage des
bénéfices réalisés.
A New York, Veolia a ainsi épaulé le service d'eau
pendant 5 ans pour optimiser les dépenses évaluées 1 milliard de dollars. L’action
du groupe a permis de réaliser une économie de 10 %, soit 100 millions de
dollars par an, et c'est sur cette économie qu'il a été rémunéré. Ce type de
contrat n’a pas encore été déployé en France mais Veolia recherche de nouveaux
modes de collaboration qui se situent entre le modèle de gestion déléguée qui
dominait jusqu'à présent et le classique contrat de moyens. L’accord noué avec
IBM dans le « smart water » est un autre exemple de co-construction.
Il concerne le développement du premier système
d'hypervision des données et des éléments d'exploitation des services d'eau et
intègre notamment des algorithmes d'exploitation intelligents qui doivent
permettre de passer d'un mode d'exploitation réactif à un mode prédictif des services.
La première implantation a eu lieu l'an dernier à Lyon et une deuxième est en
cours de déploiement à Lille.
De même avec Danone, Veolia a conclu un accord portant
sur un périmètre mondial (170 sites dans le monde) avec pour objectif la
réduction, à l'horizon 2020, de 60% de sa consommation d'eau, le recyclage de
25% de sa consommation de polyéthylène, la réduction de 50% ses émissions de
carbone avec une suppression totale à l'horizon 2050.
Intégrateur de
solutions de résilience urbaines
Avec le réassureur Swiss-Re, Veolia s'apprête à
fournir des solutions de résilience globales et intégrées à des villes telles
que la Nouvelle-Orléans ou New-York, dans le cadre de plusieurs partenariats.
Mais au-delà de ces villes déjà sensibilisées à
l'impact des catastrophes climatiques, les trois partenaires visent un marché
bien plus large constitué de métropoles aux infrastructures vieillissantes
confrontées à des menaces environnementales avérées.
Il s'agit de passer d'une logique d'intervention,
d'urgence, et de réparation, à une logique de réduction des risques en
utilisant les outils adaptés. « La résilience sera, dans les années qui viennent, un
élément essentiel de la mesure de la performance et de l'attractivité des
villes », analyse Laurent Auguste, Directeur innovation et
marchés chez Veolia. Les
enjeux économiques sont majeurs : on évalue à 300 M€ par an la perte économique
liée à ces événements majeurs. Les villes qui auront le plus de succès demain
seront celles qui auront su accroître leur résilience ».
C’est ce que propose Veolia en appréhendant l'ensemble
de l'impact d'un événement pour favoriser une gestion plus active du risque
climat et réduire les coûts liés à ces aléas. Tout ceci nécessite une approche
plus large et l'ambition de Veolia est de se positionner comme un intégrateur
des solutions de résilience urbaines.
Vincent Johanet