C’est une première en France : une station d’épuration d’un nouveau genre, intégrant notamment le procédé Nereda®, va être construite à Fleury, dans l’Oise (60), pour le compte du Syndicat Mixte d’Assainissement des Sablons. Moderne, compact, fiable, pleinement intégré à son environnement, ce projet avant-gardiste repose sur un tout nouveau concept de station d’épuration baptisé « Villa Calypseau », développé par la société Sources, qui ambitionne de le promouvoir en France. Rencontre avec Antoine Legrand, Directeur commercial de l’entreprise.
Revue L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : En quoi consiste le
concept de « Villa Calypseau » que vous mettez en œuvre à Fleury
(60) ?
Antoine Legrand : « Villa Calypseau » vise à proposer
un nouveau genre de station d’épuration, tout à la fois plus esthétique, plus intégré
et plus respectueux de son environnement grâce à une réduction de son impact
environnemental global. Il se distingue des stations d’épuration
traditionnelles sur trois points principaux : l’intégration des ouvrages
et des locaux en un seul et même ensemble, plus compact et plus esthétique,
réduisant ainsi son impact visuel et foncier et améliorant l’ergonomie globale
des installations pour le personnel exploitant ; la mise en œuvre de plusieurs
files de traitement, assurant un traitement optimisé et une fiabilité maximale ;
et enfin un impact environnemental minimisé grâce à une réduction des
consommations d’énergie de 30 à 50% et une consommation en réactifs quasi nulle.
Le concept « Villa Calypseau » propose ainsi une
nouvelle vision de la station d’épuration, en osmose totale avec son
environnement, autant sur le plan visuel qu’écologique.
Revue EIN : Quel est l’origine de ce concept ?
A.L. : Ce concept est né d’un premier projet que nous
avons été amené à développer il y a quelques années à Saint Martin, dans les
Antilles, qui avait pour objectif de répondre à de fortes attentes
architecturales. Nous avons pu constater qu’il était possible d’exploiter
différents outils orientés vers le développement durable pour promouvoir un
nouveau genre de station d’épuration, plus compact, mieux intégré dans son
environnement, plus efficient mais aussi plus sobre. « Villa
Calypseau » associe ainsi des matériaux nobles, toitures végétalisées,
lanières végétales et lignes architecturales innovantes avec les avantages du procédé
de traitement Nereda® qui permet, du fait de sa compacité, sa modularité, et de
ses coûts d’exploitation réduits, de proposer aux collectivités un concept
totalement novateur.
Revue EIN : En quoi consiste le procédé Nereda® ?
A.L. : Nereda® est le nom d’un procédé breveté qui
appartient à notre partenaire historique Royal HaskoningDHV, dont nous avons la
licence exclusive en France. Ce procédé révolutionne le traitement des eaux
usées tel que nous le connaissons traditionnellement. Il repose sur un
traitement biologique aérobie classique mais s’en distingue par l’utilisation de
bactéries spécifiques, élevées et maintenues dans des conditions particulières,
qui permettent d’obtenir des bactéries auto-granulaires. Cette forme granulaire
se différencie nettement des flocs du procédé à boues activées conventionnel et
confère aux bactéries granulaires de très bonnes
caractéristiques de sédimentation. Ces granules décantent en effet
beaucoup plus rapidement que les flocs dans un procédé à boues activées
conventionnel. Toutes les étapes de traitement biologique ont lieu simultanément
au sein de ces granules, et la clarification se fait dans le même ouvrage.
Revue EIN : Comment fonctionne ce procédé ?
A.L. : Sa mise en œuvre repose sur une conception
particulière du bassin qui se distingue des bassins classiques par le fait que
l’effluent arrive au fond de bassin tandis que la récupération de l’eau traitée
se fait à la surface par le biais de goulottes spécifiques.
Le procédé en lui-même se déroule en trois phases : la première
est celle de l‘alimentation en effluent brut par le fond du bassin, ce qui a
pour effet de créer un flux qui chasse en partie haute l’effluent traité au
cours du cycle précédent. La deuxième phase repose sur une aération séquencée via
des diffuseurs d’air permettant à la réaction biologique (de traitement du
carbone et des nutriments) de se produire. La troisième phase est celle de la
décantation qui se réalise bien plus rapidement – 30 minutes au lieu d’une
heure et demi – que dans les procédés SBR. Une fois le traitement terminé, on
réalimente par le bas avec des effluents bruts ce qui permet de chasser l’eau
traitée via des goulottes de récupération fixes qui se trouvent en surface.
Le bassin ne fonctionne donc pas en continu mais en batch,
sur la base d’un cycle qui va durer en moyenne 5 heures.
Revue EIN : Quels sont les avantages du procédé Nereda® ?
A.L. : Ces performances d’abord, qui permettent d'affecter
une grande partie du temps de cycle au traitement biologique, ce qui permet d’exploiter
des bassins plus petits et donc des installations environ 50% plus compactes
qu’une station classique ! D'autre part, les processus biologiques
complexes qui se déroulent au sein de chaque granule – aérobie en surface et en
anoxie au cœur de la granule – permettent d’éliminer la pollution carbonée et azotée
tout en atteignant un taux de traitement biologique du phosphore très élevé, de
l’ordre de 90 à 95 %, sans même utiliser de réactif. On a donc affaire à un
procédé compact, flexible, facile à exploiter, qui permet de traiter l’ensemble
des substances biodégradables et tout ceci à basse consommation en ressources énergétiques et chimiques.
A Fleury, la mise en œuvre de ce procédé permet de proposer
un projet performant, innovant, sobre et parfaitement intégré à son
environnement.
Revue EIN : De quel recul dispose-t-on sur le procédé Nereda® ?
A.L. : Ce procédé est né aux Pays-Bas il y a plus de 15
ans. Il a, depuis, été mis en œuvre avec succès sur plus d’une cinquantaine de
stations d’épuration, et est, depuis quelques années en pleine expansion
partout dans le monde, avec notamment des réalisations construites ou en cours
de construction en Irlande, au Brésil, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, en
Suisse,…etc.
En France, il va être prochainement mis en œuvre sur les
trois files de traitement biologique de la station des sources de la Troësne à Fleury, (12.700 EH) mais aussi en Seine et Marne, suite à un appel
d’offres que nous venons de remporter pour la construction d’une nouvelle
station d’épuration de capacité équivalente.
Revue EIN : A quel typologie de station d’épuration s‘adresse le concept de « Villa Calypseau » et y-a-t-il un surcoût à prévoir par rapport à une station d’épuration classique ?
A.L. : « Villa Calypseau » a été conçu pour s’adresser
d’abord aux stations d’épuration dont la capacité se situe entre 10 000 et 500
000 EH qui sont les plus à même de tirer toute la quintessence du concept.
Quant au surcoût d’investissement associé à ce concept, il n’est pas
systématique et dépend du contexte de chaque projet. Les surcoûts liés aux
attentes architecturales sont ainsi parfois compensés par la compacité du
procédé Nereda® qui permet de faire des économies sur l’emprise foncière et la
construction des ouvrages, par exemple. Par ailleurs, la réduction significative
des coûts d’exploitation permet à Villa Calypseau de présenter un coût global,
sur toute la durée de vie de l’installation, inférieur à une station classique.
Propos recueillis par Vincent
Johanet
En savoir plus : villa-calypseau@sources.fr
Un projet qui associe modernité et coûts d’exploitation réduits
A Fleury (60), la société Sources a remporté un appel
d’offres passé sous la forme d'un marché global de performance, plaçant ainsi
le savoir-faire des traiteurs d'eau au cœur de ce concours.
Quatre candidats ont déposés une offre afin d'être
départagés par les innovations proposées et les performances garanties par
leurs procédés. Ainsi, en plus de la conception et de la construction de
l'usine, la société Sources, attributaire du marché, exploitera les
installations avec des objectifs de résultats qui portent sur la qualité de
l'eau, mais aussi sur les consommations en énergie et en réactifs. Outre son aspect
qualitatif, le projet associe donc modernité et coûts d’exploitation réduits.